FABIEN SOLUTIONS CAMBI
E n q u e^ t e de sens
Au de R au x
LE TEMPS
DE VIVRE EN QUÊTE
Fabien Cambi, 32 ans, a fait le choix d’un mode de vie décroissant. Cet ancien ingénieur informatique, désormais installé à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), vit dans une sobriété heureuse avec un budget de 450 euros par mois. Un modèle inspirant alors que la crise économique et financière se profile.
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as à pas, Fabien Cambi se dépouille pour ne garder que l’essentiel. Après avoir exercé, pendant six ans, la profession d’ingénieur informatique, ce Monégasque de 32 ans a décidé de quitter le salariat et de dépenser le moins d’argent possible pour prendre le temps de vivre. D’une voix douce et posée, il confie : « Suite à une rupture amoureuse, en 2014, j’ai tout remis en question. J’ai réalisé que je ne m’étais jamais vraiment senti à ma place. J’étais un privilégié qui n’avait pas eu besoin de faire des efforts pour obtenir un confort matériel. Conscient des inégalités de richesse, j’étais animé par une profonde quête de justice sociale, mais je ne savais pas comment contribuer à améliorer la société. »
TROUVER UNE PLACE DANS CE MONDE Fabien Cambi vivait alors à des milliers de kilomètres : au Canada, à Montréal, où il travaillait pour un groupe américain. Dans un premier temps, il est parti en vacances. Sac sur le dos, il a découvert le Pérou. Et s’est découvert. « Ce voyage m’a ouvert l’esprit, raconte-t-il. J’y ai trouvé des valeurs différentes. La principale étant que l’on peut être heureux dans une simplicité de vie. » De retour au Québec, il s’est inscrit à un stage de permaculture, sous la houlette de Bernard Alonso, cofondateur de l’Université collaborative internationale de la transition [devenue Permaculture humaine internationale, N.D.L.R.] Il se souvient : « Son approche globale m’a beaucoup inspiré. En nous accueillant, il a indiqué que son objectif était 56
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de nous permettre de tenter, tous ensemble, de trouver une place dans ce monde. » Des mots qui faisaient écho à son propre vécu. Pendant deux semaines, Fabien Cambi a fait l’apprentissage d’un panel d’outils qui allaient se révéler précieux pour sa transition. Parmi lesquels, l’agriculture respectueuse de l’environnement, la gouvernance partagée, l’écoconstruction et les monnaies locales. « Comme nous l’a conseillé l’animateur du stage, j’ai écouté ma voix intérieure et j’ai eu l’envie d’expérimenter, concrètement, toutes ces techniques qui résonnaient si fort en moi. »
CHEMINER VERS L’AUTONOMIE C’est ainsi que le jeune homme a choisi de se reconnecter à l’enfant qu’il avait été en s’envolant pour un nouveau voyage. Cette fois auprès de son grand-père, retraité dans sa maison de campagne qui donne sur un potager ensoleillé de 300 mètres carrés à Roquebrune-Cap-Martin (AlpesMaritimes). « Malgré son grand âge, 92 ans, remarque Fabien Cambi, c’est lui qui, dans ma famille, s’est montré le plus compréhensif par rapport au virage que j’ai pris pour cheminer vers l’autonomie. » Un virage à 180 degrés mûrement planifié : « N’ayant jamais été un consommateur acharné, j’ai toujours réussi à épargner la moitié de mon salaire. Lorsque j’ai démissionné, j’avais ainsi près de 120 000 euros de côté. J’avais de quoi prendre le temps de vivre. Restait à approfondir mes connaissances agricoles, ce que j’ai fait en travaillant bénévolement dans une ferme bio, pendant six mois. » De son séjour au Québec,