segur-07

Page 274

mon pauvre ami ! quel dévouement !... que courage !... Que faire, mon Dieu, pour te secourir ? Je ne puis te laisser seul ! Je ne puis laisser Michel sans surveillance ! » Le pauvre brigadier, en proie à la plus vive émotion et à la plus terrible inquiétude qu’il eût éprouvées de sa vie, tortillait sa moustache, réfléchissait sans rien trouver et priait Dieu de lui envoyer une bonne inspiration. Elle vint, cette bonne inspiration : un rayon de joie éclaira son visage ; il courut à la fenêtre et l’ouvrit. « Prévôt ! cria-t-il, amène ici ton prisonnier ; s’il fait du train, bâillonne-le. » PRÉVÔT. – Je crois bien qu’il en fait ; il jure comme un templier. LE BRIGADIER. – Bâillonne-le et traîne-le jusqu’ici. Prévôt ne se le fit pas dire deux fois ; il comprima la bouche du prisonnier avec son mouchoir et le traîna plus qu’il ne le porta jusque dans la salle où était Gribouille mourant, sous la garde de son ami. PRÉVÔT. – Où faut-il le mettre, brigadier ? LE BRIGADIER. – Par terre, comme un chien qu’il est. Va vite à la prison, raconte à M. le curé le malheur qui vient d’arriver ; prie-le de venir vite, puis cours chercher le médecin et amène-le de gré ou de force. 274


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.