sand-valentine

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– Grand Dieu ! madame, avez-vous fini ? Celle dont vous parlez est ma petite-fille, la fille de mon propre fils, la sœur unique et légitime de Valentine. Ce sont des titres qui me feront toujours pleurer sa faute au lieu de la maudire. Ne l’a-t-elle pas expiée cruellement ? Votre haine implacable la poursuivra-t-elle sur la terre d’exil et de misère ? Pourquoi cette insistance à tirailler une plaie qui saignera jusqu’à mon dernier soupir ? – Madame, écoutez-moi bien : votre estimable petite-fille n’est pas si loin que vous feignez de le croire. Vous voyez que je ne suis pas votre dupe. – Grand dieu ! s’écria la vieille femme en se redressant, que voulez-vous dire ? Expliquez-vous ; ma fille ! ma pauvre fille ! où est-elle ? Dites-le-moi, je vous le demande à mains jointes. Mme de Raimbault, qui venait de plaider le faux pour savoir le vrai, fut satisfaite du ton de sincérité pathétique avec lequel la marquise détruisit ses doutes. – Vous le saurez, madame, répondit-elle ; mais pas avant moi. Je jure que je découvrirai bientôt la retraite qu’elle s’est choisie dans le voisinage, et que je l’en ferai sortir. Essuyez vos larmes, voici nos gens. Valentine monta dans la calèche et en redescendit après avoir passé sur ses vêtements une grande jupe de mérinos bleu qui remplaçait l’amazone, trop lourde 53


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