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s’éveiller, et qu’il accomplissait là son éternité de bonheur. Longtemps cette contemplation fut sans danger : les anges sont moins purs que le cœur d’un homme de vingt ans lorsqu’il aime avec passion ; mais il tressaillit lorsque Valentine, émue par un de ces rêves heureux que crée l’opium, se pencha doucement vers lui et pressa faiblement sa main en murmurant des paroles indistinctes. Bénédict tressaillit et s’éloigna du lit, effrayé de lui-même. – Oh ! Bénédict ! lui dit Valentine d’une voix faible et lente, Bénédict, c’est vous qui m’avez épousée aujourd’hui ? Je croyais que c’était un autre ; dites-moi bien que c’est vous !... – Oui, c’est moi, c’est moi ! dit Bénédict éperdu, en pressant contre son cœur agité cette main qui cherchait la sienne. Valentine, à demi éveillée, se dressa sur son chevet, ouvrit les yeux, et fixa sur lui des prunelles pâles qui flottaient dans le vague des songes. Il y eut comme un sentiment d’effroi sur ses traits ; puis elle referma les yeux et retomba en souriant sur son oreiller. – C’est vous que j’aimais, lui dit-elle ; mais comment l’a-t-on permis ? Elle parlait si bas et articulait si faiblement que 264


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