Sand-elle

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comme tu ne peux pas m’y accompagner, il faudra donc que je te laisse seule ! – Dans le jour, puisque je suis forcée de travailler làbas dans ce palais ! – Dans le jour, on se rend des visites et on fait des projets pour le soir. C’est le soir qu’on s’amuse en tout pays ; ne le sais-tu pas ? – Eh bien ! sors quelquefois le soir, puisqu’il le faut ; va au bal, aux conversazioni : Ne joue pas, c’est tout ce que je te demande. – Et c’est ce que je ne peux pas te promettre. Dans le monde, il faut se donner au jeu ou aux femmes. – Ainsi tous les hommes du monde se ruinent au jeu ou se jettent dans la galanterie ? – Ceux qui ne font ni l’un ni l’autre s’ennuient dans le monde ou y sont ennuyeux. Je ne suis pas un causeur de salon, moi. Je ne suis pas encore assez creux pour me faire écouter sans rien dire. Voyons, Thérèse, veuxtu que je me jette dans le monde à nos risques et périls ? – Pas encore, dit Thérèse ; patiente un peu. Hélas ! je n’étais pas préparée à te perdre si tôt ! L’accent douloureux et le regard déchirant de Thérèse irritèrent Laurent plus que de coutume. – Tu sais, lui dit-il, que tu me ramènes toujours à tes 132


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