pouchkine-capitaine

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d’ordinaire montrait de la complaisance, me déclara net que ma chanson ne valait rien. « Pourquoi cela ? lui demandai-je en m’efforçant de cacher mon humeur. – Parce que de pareils vers, me répondit-il, sont dignes de mon maître Trédiakofski1. » Il prit le feuillet de mes mains, et se mit à analyser impitoyablement chaque vers, chaque mot, en me déchirant de la façon la plus maligne. Cela dépassa mes forces ; je lui arrachai le feuillet des mains, je lui déclarai que, de ma vie, je ne lui montrerais aucune de mes compositions. Chvabrine ne se moqua pas moins de cette menace. « Voyons, me dit-il, si tu seras en état de tenir ta parole ; les poètes ont besoin d’un auditeur, comme Ivan Kouzmitch d’un carafon d’eau-de-vie avant dîner. Et qui est cette Macha ? Ne serait-ce pas Marie Ivanovna ? – Ce n’est pas ton affaire, répondis-je en fronçant le sourcil, de savoir quelle est cette Macha. Je ne veux ni de tes avis ni de tes suppositions. – Oh ! oh ! poète vaniteux, continua Chvabrine en 1

Poète ridicule, dont Catherine II s’est moquée jusque dans son Règlement de l’ermitage.

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