Henry Gréville - Péril

Page 50

arrière, pendant que le joli visage d’Éliette devenait pâle. – C’est trop poivré pour moi, dit-il, lorsque sa toux se fut apaisée, je ne suis pas raisonnable... ni vous non plus, mademoiselle. Éliette le regarda d’un air si navré, dans sa douceur presque enfantine, que Mélétis, en souriant, tapota paternellement la petite main posée sur le bord de la table, dans une attitude pleine de mélancolie... – Voyons, mademoiselle Éliette, ne vous affligez pas ainsi ; ce ne sera pas encore pour cette fois ; vous me ferez manger quelques côtelettes saignantes de plus avant que je m’en aille en paradis. La physionomie d’Éliette exprima une pitié tendre et profonde ; mais elle ne dit rien. Mme Heurtey allait appuyer son doigt sur le timbre pour sonner, lorsque André entra d’un air délibéré. – Bonjour, maman, dit-il en baisant au front sa mère, sans affectation ; bonjour, Éliette ; bonjour, Niko ; tu as cru que je t’avais oublié ? Je vous demande pardon d’avoir dormi si longtemps ; il y a des jours où l’on est plus paresseux que d’autres... Il s’assit et déplia sa serviette, comme à l’ordinaire. Mme Heurtey sonna, la bonne parut avec un plat fumant. 50


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.