Henry Gréville - Péril

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Il lui en voulait de sa férocité non déguisée, et l’idée qu’elle tenait André dans ses griffes lui paraissait ce jour-là particulièrement odieuse. Sur le seuil de la porte, il se retourna sans effort, avec sa souplesse de lévrier. – À propos, dit-il, Wueler est donc parti ? Elle se leva toute droite, frémissante, comme enveloppée d’un coup de fouet, tellement l’outrage l’avait cinglée. – Non, répondit-elle ; il part, à ce qu’on dit, la semaine prochaine seulement. Ils se regardèrent, les yeux dans les yeux, souriant tous deux d’un mauvais sourire et se haïssant mortellement. – C’est ce que je croyais aussi, fit-il. Au revoir, chère mademoiselle. Elle le salua d’un signe de tête, souriant toujours ; quand il fut sorti, elle s’approcha de la fenêtre et le suivit des yeux à travers les stores de gaze brodée. – En voilà un, pensa-t-elle, qui a eu tort de ne pas mourir ! Et la haine fit monter des taches livides au visage de Raffaëlle pendant que Mélétis, la tête haute, l’air satisfait, se sachant regardé, traversait le boulevard avec une démarche élégante et paresseuse. 330


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