Henry Gréville - Péril

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malheureux ici ! Le banquier de la famille Mélétis, qui était aussi un vieil ami, fut autorisé à verser cinq mille francs en échange d’un certain billet signé A. Heurtey, qu’il devait envoyer à Niko. Mlle Xandra, pour sauvegarder ce qu’elle considérait comme une part de l’honneur de la maison, lui écrivit de son côté pour lui apprendre que c’était un service rendu à un ami, et que son frère n’avait point affaire aux prêteurs ; après quoi ils déjeunèrent ensemble et se rendirent chez Mme Heurtey, mus par un besoin irrationnel et irrésistible de voir son visage et celui d’Éliette, après le service rendu à André. Quelques amicales taquineries de Niko à sa petite amie, acceptées avec la bonne humeur souriante qu’elle apportait en toute chose, le mirent en si belle disposition qu’il décréta une promenade en voiture. – En voiture ! fit Mlle Xandra ; mais il n’y a ici de voiture que l’omnibus de l’hôtel, qui va à la station du chemin de fer, et pour une partie de plaisir, vraiment... – Il y a une voiture ! déclara Niko ; une belle voiture énorme, une voiture du Sacre ! Elle doit avoir appartenu, avant la Révolution, à une famille d’émigrés ; on en a même fait un drame : ça s’appelait la Berline de l’émigré.

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