Henry Gréville - Péril

Page 13

– Minuit, dit Raffaëlle en souriant. C’est l’heure de Cendrillon et d’André Heurtey. Allez-vous-en. Vous m’avez raconté que vous ne faites jamais attendre votre mère ; vous avez raison, c’est d’un bon fils. Prenez votre thé, qui est froid, et allez-vous-en. On ne savait jamais quand elle cessait de parler sérieusement, son ironie étant complètement cachée par l’apparente conviction des paroles. André hésita, puis la reprit dans ses bras. – Vous êtes un grand peintre, André, dit-elle en dénouant sans violence les mains qui s’attachaient à ses épaules. Vous avez plus que du talent, vous êtes célèbre, vous serez illustre... Il l’écoutait, grisé autant par les louanges que par l’amour. – Entre ma fortune et votre gloire, il n’y a pas d’inégalité ; je vous aime, André, et je suis fière d’être aimée de vous. Elle tourna un peu la tête sur son épaule, et leurs lèvres se rencontrèrent. – Allez-vous-en, dit-elle. Ne faites pas attendre votre mère. Voyons, André, ajouta-t-elle d’un ton plus sévère, vous êtes un enfant ! Vous allez causer de l’inquiétude à Mme Heurtey ; et pourquoi, je vous le demande ? 13


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.