Malot-Kalbris

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nord : un douanier avec qui je causai me dit qu’il allait fraîchir encore et probablement passer à l’ouest. Je rentrai à la maison pour porter cette bonne nouvelle, car le vent à l’ouest, c’était la Neustrie au Havre dans la journée ou à la marée du soir. – Vois-tu, dit-elle, que j’avais raison ; je savais bien que le vent changerait ; ah ! le bon Dieu est bon. Sa soeur me dit qu’elle n’avait pas dormi de la nuit, et qu’elle était restée sans bouger, les yeux fixés sur la girouette, ne disant qu’un seul mot, toujours le même : – À quelle heure la pleine mer ? Elle voulut boire un peu de vin ; le médecin avait dit qu’on pouvait lui donner ce qu’elle voudrait ; elle en prit à peine une gorgée, car elle était bien faible, respirant difficilement et haut. – Cela me soutiendra jusque-là, dit-elle. Puis ses yeux se tournèrent vers la girouette, et elle ne dit plus rien. Seulement de temps en temps elle murmurait : – Pauvre Jean, pauvre Jean ! Jean, c’était son fils. Quand le ciel commença à blanchir, elle m’appela près de son lit :

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