Malot-Kalbris

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moment où celui-ci introduisait sa main dans la poche d’une vieille femme, le saisir au collet. Il y eut un grand mouvement dans la foule, une rumeur, et Filasse fut aussi arrêté. Sans chercher à en voir davantage, je me dégageai de quelques personnes qui m’entouraient, et, tremblant de peur, je me hâtai de regagner notre campement, où je racontai ce qui venait d’arriver. Une heure après, des gens de justice arrivèrent pour faire des perquisitions dans nos voitures. Naturellement on ne trouva rien, car mes deux camarades n’étaient pas des voleurs. Cependant on les garda en prison et les explications de Lapolade, tendant à persuader les magistrats qu’il n’y avait là qu’une mauvaise plaisanterie de deux gamins, furent si mal reçues, qu’il ne dut pas insister, de peur d’être arrêté lui-même comme complice, tout au moins comme receleur. La police n’est pas douce aux saltimbanques ; et si un crime est commis dans un pays au moment où ils le traversent, ce sont eux, les premiers, qu’on accuse ; contre eux, il n’est pas nécessaire de prouver qu’ils sont coupables, et c’est à eux, au contraire, de prouver qu’ils n’ont rien fait. Filasse et la Bouillie, surpris les mains dans les poches des paysans, ne purent pas prouver qu’ils ne voulaient pas voler, et ils furent condamnés à la 210


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