Malot-femme

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Pour lui, il quitterait Paris, il quitterait la France ; sans doute c’était sacrifier la fortune et cette position qu’il avait été si heureux, si glorieux d’obtenir après quarante années d’efforts, mais mieux valait la misère que la honte ; pouvait-il rester à la tête de la maison Charlemont, pouvait-il être un jour l’associé de l’amant de sa femme ? Tout ce qu’il pouvait accepter de M. Charlemont maintenant, c’était une place d’employé dans leur succursale d’Odessa où une tête intelligente et une main ferme pouvait rendre les plus grands services. Ce serait donc à Odessa qu’il irait avec Lucien et Marcelle recommencer la lutte à cinquante-six ans, travailler pour les siens, leur refaire une petite fortune, après avoir payé les trois cent mille francs que Robert avait volés pour elle. Longues avaient été ses hésitations, cruels avaient été ses déchirements avant d’arrêter ces résolutions si graves pour lui et pour ses enfants. Combien souvent s’était-il demandé si dans l’état de bouleversement où il était jeté, il pouvait s’arrêter à un parti. Et cependant il fallait qu’il se décidât et que le matin il fît connaître sa résolution à ses enfants, puisque le soir même elle allait être mise en liberté. Mais dans son trouble, il y avait une chose qu’il n’avait pas prévue : les raisons qu’il devrait donner à ses enfants pour justifier ces résolutions. 400


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