Malot-femme

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Tout, je me résignerai à tout, j’accepterai tous les sacrifices, un seul excepté, celui dont tu parles : la rupture. Cela est impossible. Je le voudrais, je ne le pourrais pas, et je le dirais que j’accepte cette rupture, que je pars, je reviendrais. – Il faut partir cependant. – Tu n’as donc jamais compris, tu n’as donc jamais senti combien je t’aime et ce que tu es pour moi, que tu parles de rupture ? Plus que la vie, plus que l’honneur, plus que tout au monde. Vienne une circonstance où je puisse t’offrir cette vie ou cet honneur, et tu verras si j’hésiterai, si ce ne sera pas avec joie que je te les sacrifierai. Tu disais tout à l’heure que tu avais été irrésistiblement attirée vers moi. Par quoi ? Si ce n’est par cet amour que tu as vu si grand et si profond que tu en as été touchée, qui était si puissant que de moi il est passé en toi, assez fort encore pour t’entraîner. Est-ce que si nous nous sommes aimés, ce n’a pas été parce que nous étions faits l’un pour l’autre ? Je l’ai senti, moi, alors que je n’étais encore qu’un enfant, qu’un gamin ; quand tu venais au collège voir Lucien et que je te regardais, je t’admirais dans la beauté, me disant que tu étais la plus belle des femmes, t’aimant déjà avant de savoir ce que c’était que l’amour d’une femme, mais le devinant par toi. Combien de fois ai-je rêvé de toi, non seulement endormi, mais éveillé, bâtissant mon avenir et me disant que si j’étais aimé un jour ce serait par toi ; 106


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