Leroux-double

Page 18

– On a bien fait, répliqua Théophraste ; c’est plus humain. – Sans doute, ajouta Adolphe, mais c’est moins impressionnant. Marceline, du coup, fut de son avis. On n’était pas impressionné du tout. Ah ! ils attendaient autre chose. Quand on passe sur le quai de l’Horloge, l’aspect formidable de ces tours féodales, « dernier vestige » du palais de la vieille monarchie franque, porte un trouble momentané dans l’esprit du plus ignorant. Cette prison millénaire a entendu tant de râles magnifiques et caché de si lointaines et légendaires misères, qu’il semble bien que l’on n’a qu’à y pénétrer pour trouver, assise en quelque coin sombre, humide et funeste, l’Histoire tragique de Paris, immortelle comme ces murs. Or voici que dans ces tours, avec un peu de plâtre, de parquet, de peinture, on a fait le cabinet de M. Le directeur, le bureau du greffier ; on a mis le potard là où autrefois se tenait le bourreau. Comme dit Théophraste, c’est plus humain. Mais, tout de même, comme c’est moins impressionnant, ainsi que l’affirme M. Adolphe, cette visite du vingt-huitième jour de juin 1899 menaçait de ne laisser chez nos trois personnages que le souvenir passager d’une complète désillusion, quand survint un événement inouï et si curieusement fantastique que j’ai 18


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.