Leblanc-Victor

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elle saurait. Autant couper dans le vif. » Gustave Géraume eut un geste de protestation assez déconcertant chez un homme qui s’était dérobé à toute réponse : « Monsieur l’inspecteur, c’est bien grave, ce que vous allez faire. – Pour savoir que c’est grave, il faut que vous sachiez d’avance ce que je vais dire. En ce cas, parlez... » Victor attendit. L’autre se taisant, il commença résolument : « Le soir du crime, Gustave Géraume dîne à Paris avec son ami Félix Devalle. C’est une distraction que les deux amis s’offrent souvent, car ils sont tous les deux amateurs de bons repas et de bons vins. Mais, à ce dîner-là, les libations furent plus abondantes, à tel point que lorsque Gustave Géraume revient, sur le coup de dix heures et demie, il n’a pas bien sa tête à lui. Au Carrefour, il avale un dernier kummel, qui achève de le griser, et, tant bien que mal, il repart dans son auto, suit la route de Garches. Où est-il ? Devant sa maison ? Il en est persuadé. En réalité, il n’est pas devant sa maison, c’est-à-dire devant sa villa actuelle, mais devant une maison qui lui appartient, où, durant dix ans, il a habité, où il est rentré cent fois le soir, en revenant 196


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