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MOI Berganza ! Eh bien ; tu t’interromps ! tu appuies la tête sur ta patte ? BERGANZA Ah, mon ami, rien que d’en parler, j’éprouve déjà l’atonie funeste, l’inexprimable dégoût qui s’emparait de moi lorsque j’entendais les bavardages sur l’art des femmes de cette espèce, ce qui m’affectait au point que je laissais souvent durant des semaines entières, intact et dédaigné, le meilleur morceau de rôti. MOI Mais Berganza, mon ami, ne pouvais-tu pas couper court à ces propos insipides par certains grognements ou aboiements expressifs ? car quand même cela t’aurait fait mettre à la porte, tu aurais du moins été délivré de ce verbiage. BERGANZA Mets la main sur ta conscience, mon ami ! et dismoi franchement s’il ne t’est pas souvent arrivé de te laisser ennuyer et tourmenter sans nécessité, par de puérils motifs. Tu te trouvais dans une société stupide, tu pouvais prendre ton chapeau et t’en aller : tu ne le faisais point. Telle ou telle considération que tu 239


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