Girardin-Jeannot

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10 juillet 1885. Il a plu toute la nuit du feu de joie, et puis toute la journée et toute la nuit d’après. Il pleut encore au moment où je t’écris. C’est ennuyeux partout, la pluie, mais surtout à la mer. On ne voit dehors que les gens du pays et quelques baigneurs enragés ; toutes les dames restent dans leurs logements ou vont faire de la musique au casino. On ne voit dehors qu’une Anglaise de quatorze ou quinze ans. Il paraît que les petites Anglaises font tout au rebours de nous autres ; par exemple, elles se promènent sans leur bonne et sans leur maman, et elles sortent par tous les temps. Je vois la nôtre par la fenêtre ; elle fait les cent pas toute seule, chaussée de grosses bottines, un grand parapluie à la main, et les cheveux au vent. Jean prétend que tous les Anglais font exprès de se promener à la pluie, et que c’est pour cela qu’ils ont tous les cheveux rouges. Mais je commence à me défier de Jean, et je l’ai bien attrapé en lui disant que j’ai vu à Paris beaucoup d’Anglais qui n’avaient pas les cheveux rouges. Figure-toi qu’elle se promène toujours ! Maman, qui a trouvé ici des personnes de connaissance, a appris que ce n’est pas pour faire de l’effet que la petite Anglaise 15


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