Girardin-Balzac

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auparavant – vous devinez – et il avait le bras en écharpe. Le bras droit ! – devinez-vous ? – Il prit donc la canne merveilleuse de la main gauche, et s’en alla tranquillement sans que personne le vît, invisible sans le savoir. Il se promena quelques moments sur les boulevards avec assez d’agrément. Tant qu’il marcha, tout alla bien ; il évitait de lui-même les gens qui venaient à lui, et il cheminait sans obstacle. Mais la curiosité le fit s’arrêter devant les affiches de spectacles, il les parcourut avec attention, le Vaudeville, le Gymnase, la Porte-Saint-Martin ; il voulait tout lire pour mieux choisir ses plaisirs de la soirée ; il en était au CirqueOlympique, et lisait cette affiche remarquable : ASCENSION, CONTRE NATURE, DE LA JUMENT NOMMÉE BLANCHE. lorsqu’un jeune homme, très pressé, rasa le trottoir d’un pas rapide, et vint se briser avec violence contre le roc immobile et curieux qui lui barrait le chemin. L’homme curieux reçut un coup terrible. – Prenez donc garde, monsieur, cria-t-il, je ne suis pas un ciron imperceptible, vous pouviez bien me voir. – Le jeune homme n’avait qu’une idée, éviter toute querelle qui le retarderait ; et comme il ne regardait rien, tant il était préoccupé, il ne s’aperçut pas qu’il n’avait rien vu. 124


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