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Les deux rives du fleuve depuis le golfe ont un aspect imposant, mais triste. Sa grande largeur à son embouchure, quatre vingt dix milles, les dangers de ses nombreux écueils et ses brouillards, en en faisant un lieu redoutable pour les navigateurs, contribuent encore à augmenter cette tristesse. Les côtes escarpées qui le bordent pendant l’espace de plus de cent lieues ; les montagnes couvertes de sapin noir, qui resserrent au nord et au sud la vallée qu’il descend et dont il occupe par endroits presque tout le fond ; les îles aussi nombreuses et variées par leur forme, que dangereuses aux marins, et dont la multitude augmente à mesure qu’on avance ; enfin tous ces débris épars des obstacles qu’il a rompus et renversés pour se frayer un passage à la mer, saisissent l’imagination du voyageur qui le remonte pour la première fois, autant par leur majesté que par la solitude profonde qui y règne. Mais à Québec la scène change. Autant la nature est âpre et sauvage sur le bas du fleuve, autant elle est ici variée et pittoresque, sans cesser de conserver un caractère de grandeur. À peine d’anticiper sur le temps, reproduisons le tableau qu’en fait un des auteurs qui aient le mieux écrit sur l’Amérique britannique, aujourd’hui que la main de la civilisation a répandu partout sur cette scène l’art, le mouvement et la vie. 67


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