Galopin-sergent

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était proche... J’aimais cet être brutal, mais si franc, si brave, si loyal... je l’aimais comme s’il eût été mon père... Il m’avait dressé, avait fait de moi un grognard comme lui, je lui devais mes galons, ma croix et cet esprit militaire qui me faisait, au début, complètement défaut. Il avait été un rude éducateur, mais je lui étais reconnaissant de l’intérêt qu’il m’avait porté. Sous son apparence rude et grossière, il avait un cœur d’or... c’était un sentimental et certaines confidences qu’il m’avait faites m’avaient appris à le connaître... Il était de ces bourrus qui craignent de paraître ridicules en épanchant leur cœur dans le sein d’un ami, mais je savais bien qu’il avait pour moi une vive sympathie et lorsqu’il me rudoyait en s’efforçant de prendre une mine sévère, on sentait que c’était une attitude qu’il se donnait. Il y avait deux hommes en lui : l’homme extérieur qui sacrait continuellement en roulant de gros yeux, et l’homme intérieur qui avait pour ceux qu’il avait distingués une tendresse de grand frère. J’étais rentré à l’ambulance où venaient d’arriver de nouveaux blessés qui, ceux-là, n’étaient pas tendres pour l’Empereur. Ils l’accusaient d’avoir, comme en Russie, abandonné l’armée lorsqu’il avait vu que cela tournait mal. Ils ignoraient les raisons qui avaient poussé Napoléon à se diriger sur Paris. Cependant, à notre grand étonnement, il était 227


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