Galopin-sergent

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par les boulets. Nous étions étendus sur de la paille. Un soldat russe, fusil sur l’épaule, se tenait dans l’encadrement de la porte... Nous étions prisonniers. Je voulus me soulever, une horrible douleur me rabattit sur le sol. Je me tâtai par tout le corps, et ressentis à la poitrine du côté droit, une vive cuisson en même temps que je ramenais ma main pleine de sang. Quand je ne bougeais pas, je ne souffrais pas trop, mais au moindre mouvement c’était une affreuse torture qui m’arrachait des cris. À côté de moi, Rebattel, étendu sur le dos, le visage aussi blanc qu’un linge, la bouche entrouverte, demeurait immobile. Je l’appelai. Il répondit par un grognement. Ah ! ils étaient tristes nos débuts dans la Garde ! Les quatre autres grenadiers qui étaient avec nous geignaient à fendre l’âme, et l’un d’eux répétait sans cesse : « De l’eau ! de l’eau ! » La sentinelle qui nous gardait ne semblait pas l’entendre. Le canon tonnait au loin, et quand il s’arrêtait on percevait le bruit d’une fusillade. Je n’avais pas la moindre idée de l’heure qu’il pouvait être. Cela n’avait nulle importance, mais, par une sorte d’aberration 185


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