erckmann-conscrit

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15 C’est au fond d’un grand hangar en forme de halle – des piliers tout autour –, que je revins à moi ; quelqu’un me donnait à boire du vin et de l’eau, et je trouvais cela très bon. En ouvrant les yeux, je vis un vieux soldat à moustaches grises, qui me relevait la tête et me tenait le gobelet aux lèvres. « Eh bien, me dit-il d’un air de bonne humeur, eh bien, ça va mieux ? » Et je ne pus m’empêcher de lui sourire en songeant que j’étais encore vivant. J’avais la poitrine et l’épaule gauche solidement emmaillotées ; je sentais là comme une brûlure, mais cela m’était bien égal : – je vivais ! Je me mis d’abord à regarder les grosses poutres qui se croisaient en l’air, et les tuiles, où le jour entrait en plus d’un endroit ; puis, au bout de quelques instants, je tournai la tête, et je reconnus que j’étais dans un de ces vastes hangars où les brasseurs du pays abritent leurs tonneaux et leurs voitures. Tout autour, sur des matelas et des bottes de paille, étaient rangés une foule de blessés, et vers le milieu, sur une grande table de

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