Dumas-Savoie-1

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C’était un des serviteurs de son père qui venait lui dire que le duc Charles avait besoin de le voir à l’instant même. On venait de recevoir d’importantes nouvelles de France. – Tu vois, Leone, dit Emmanuel à l’enfant, il faut que je te quitte ; ce soir je te reverrai, et si tu persistes dans ta résolution, Leone, eh bien ! tu sera libre, mon enfant : tu me quitteras demain et même ce soir, si tu ne crois pas devoir rester plus longtemps près de moi. Leone ne répondit pas ; il retomba à genoux avec un profond gémissement ; on eût dit que son cœur se brisait. Emmanuel s’éloigna ; mais, avant de quitter l’église, il ne put s’empêcher de retourner deux ou trois fois la tête, pour savoir si l’enfant avait autant de peine à le sentir s’éloigner qu’il en avait à s’éloigner lui-même. Leone resta seul, pria encore une heure. Puis, plus calme, il rentra chez lui. En l’absence d’Emmanuel, sa résolution, chancelante, tant que le jeune prince était là, lui revenait conduite par cet ange au cœur de glace que l’on appelle la raison. Mais, une fois dans sa chambre, cette idée qu’Emmanuel allait apparaître d’un moment à l’autre pour faire une dernière tentative sur lui, troubla 164


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