Dumas-Sanfelice-3

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lazzaroni, bien portants, solides, ayant de bons bras, de bonnes jambes et de bons yeux. – De bons yeux, de bons yeux, dit le Beccaio voyant dans les paroles de Michele une allusion à son accident ; cela te plaît à dire. – Eh bien, continua Michele sans se préoccuper de l’interruption du Beccaio, armons-nous chacun de quelque chose, ne fût-ce que d’une pierre et d’une fronde, comme le berger David, et tuons chacun le sixième d’un Français, et il n’y aura plus de Français, puisque nous sommes soixante mille et qu’ils ne sont que dix mille ; cela ne te sera point difficile, surtout à toi, Beccaio, qui, à ce que tu dis, as lutté seul contre six. – Il est vrai, dit le Beccaio, que tout ce qui m’en tombera dans les mains... – Oui, répliqua Michele ; mais, à mon avis, il ne faut point attendre qu’ils te tombent dans les mains, parce que, alors, c’est nous qui serons dans les leurs ; il faut aller au-devant d’eux, il faut les combattre partout où on les rencontrera. Un homme vaut un homme, que diable ! Puisque je ne te crains pas, puisque je ne crains point Pagliuchella, puisque je ne crains pas les trois fils de Basso Tomeo, qui disent toujours qu’ils m’assommeront et qui ne m’assomment jamais, à plus forte raison, six hommes qui en craignent un sont des lâches. 235


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