Dumas-Monsoreau-3

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jamais manqué l’occasion de me dire ou de me faire une chose blessante. Et demain même, – Bussy baissa la voix, – je vous dis cela, mais je le dis à vous seul, comprenez-vous bien ? demain je vais risquer ma vie pour humilier Henri de Valois dans la personne de ses favoris. – Ainsi, demanda Monsoreau, vous êtes résolu à subir toutes les conséquences de votre attachement au duc d’Anjou ? – Oui. – Vous savez où cela vous entraîne, peut-être ? – Je sais où je compte m’arrêter ; quelque motif que j’aie de me plaindre du roi, jamais je ne lèverai la main sur l’oint du Seigneur ; je laisserai faire les autres, et je suivrai, sans frapper et sans provoquer personne, M. le duc d’Anjou, afin de le défendre en cas de péril. M. de Monsoreau réfléchit un instant, et, posant sa main sur l’épaule de Bussy : – Cher comte, lui dit-il, le duc d’Anjou est un perfide, un lâche, un traître, capable, sur une jalousie ou une crainte, de sacrifier son serviteur le plus fidèle, son ami le plus dévoué ; cher comte, abandonnez-le, suivez le conseil d’un ami, allez passer la journée de demain dans votre petite maison de Vincennes, allez où vous voudrez, mais n’allez pas à la procession de la Fête318


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