Dumas-horoscope

Page 199

Il était loin de se croire vaincu, l’orgueilleux champion d’amour, et si, cachée derrière les rideaux de sa fenêtre, la jeune fille eût vu, au clair de lune, une seconde larme, larme de bonheur, celle-là, briller au bord de la paupière du prince, elle eût compris sans doute que ce mouchoir, au lieu de sécher les pleurs, avait le privilège de les faire naître, et que les larmes de regret avaient été effacées par les larmes de bonheur. Au bout de quelques minutes de ces transports d’amour et de ces baisers frénétiques, un des sens du prince, qui n’était point occupé, pour se venger sans doute de ce délaissement où le laissait son maître, fut réveillé en sursaut par un bruit inattendu. Ce sens, c’était celui de l’ouïe. Le bruit partait évidemment des plis du mouchoir. On eût dit la danse des feuilles mortes au premier souffle du vent d’automne ; ou bien une petite peuplade d’insectes rentrant en foule dans le creux de son arbre après la fête du jour ; ou bien encore les notes mélancoliques que font entendre les gouttes en tombant des fontaines au fond des bassins. C’était enfin un petit froissement pareil à celui que rend sous la main une robe de soie. D’où venait-il ? Évidemment, ce charmant petit mouchoir de batiste 199


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.