Dumas-Harmental-2

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Les deux époux se jetèrent dans les bras l’un de l’autre ; il n’y avait plus de doute, le régent faisait à d’Harmental grâce de la vie, et de plus, c’était évident, il consentait à ne point le séparer de Bathilde. Or, c’était ce que Bathilde et d’Harmental n’eussent jamais osé rêver. Cette vie de réclusion, supplice pour tout autre, était pour eux une existence de délices, un paradis d’amour : ils se verraient sans cesse, et ne se quitteraient jamais ! Qu’auraient-ils pu désirer de plus, même lorsque, maîtres de leur sort, ils rêvaient un même avenir ? Une seule idée triste traversa en même temps leur esprit, et tous deux, avec cette spontanéité du cœur qui ne se rencontre que dans les gens qui s’aiment, prononcèrent le nom de Buvat. En ce moment, la voiture s’arrêta. Dans une semblable circonstance tout était pour les pauvres amants un sujet de crainte. Tous deux tremblèrent d’avoir trop espéré et tressaillirent de terreur. Presque aussitôt la portière s’ouvrit : c’était le postillon. – Que veux-tu ? lui demanda d’Harmental. – Dame ! notre maître, dit le postillon, je voudrais savoir où il faudrait vous conduire, moi. – Comment ! où il faut me conduire ! s’écria d’Harmental. N’as-tu pas d’ordres ? – J’ai l’ordre de vous mener dans le bois de 432


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