Dumas-Berthe

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rien appris de bon avec lui. Comme elle voltigeait dans un bois voisin, elle fut très surprise d’apercevoir un kangourou gigantesque, qui faisait de fort grands sauts à l’aide de son énorme queue. Elle le suivit attentivement des yeux. Tout à coup, une grande cigogne bleue sortit d’un coin humide rempli de roseaux, et s’approcha du kangourou. – Oh ! oh ! vous voilà donc, monsieur le sauteur, dit la cigogne. Quelle énorme queue vous avez ! pourquoi ne la portez-vous pas coquettement, au lieu de vous en servir comme d’une jambe ? Au fait, est-ce que ces misérables petites choses que je vois là, sont vos pattes de devant ? je veux parler de ces deux petits bouts qui pendent par devant. – Impudent oiseau ! répliqua le kangourou d’un ton de mépris, auriez-vous la prétention de critiquer la perfection et la beauté de mes formes, supérieures de toutes façons à celles de tous les autres animaux ? ma queue magnifique, qui, à elle seule, est une merveille ; mes charmantes petites pattes de devant, si admirablement adaptées pour l’usage qu’elles me font ? Retourne, ô le plus sot des oiseaux, dans le marais où tu seras le mieux caché, et dérobe à tous les yeux ces longues perches que tu appelles des pattes, et qui, en t’élevant dans le monde d’une manière ridicule, mettent 215


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