Choquette-Claude

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S’il s’était amusé, lui, ce jour-là, comme les autres jeunes gens, à courtiser les jolies blondes des alentours... Oui, les jolies blondes des alentours, c’était même à cause de l’une d’elle que le triste vide laissé par son ami Jacques se creusait davantage. ... Jamais à ce moment-là il ne s’y était si fixement arrêté, à toutes ces choses. Et des fois, tout à coup, quand ces impressions d’isolement, d’abandon, de découragement presque se précipitaient en foule dans sa pauvre tête, il lui venait une torturante envie de pleurer. C’est alors qu’il s’était adressé à son chien fidèle comme à un consolateur et qu’ils étaient partis tous deux, l’un devant l’autre. Au milieu des prairies, le long des ravins, dans l’ombre fraîche des bois, au bruit des craquements des branches sèches sous ses pas, Claude avait en effet senti s’adoucir l’amertume de ses pensées. Peu à peu d’anciens souvenirs lui venaient en reconnaissant les sentiers escarpés qu’il avait si souvent parcourus avec Jacques sur les penchants de la montagne. Là, c’étaient des fraises, des framboises, des mûres qu’il se rappelait avoir cueillies autrefois, des merises aussi, des petites merises sauvages toutes pourpres et 117


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