Boisgobey-main

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Ce fut dit avec un accent de sincérité chaleureuse qui toucha Paul Cormier, sans le convaincre tout à fait. Il se défiait encore un peu des intentions de la dame et le rôle effacé qu’elle semblait lui réserver ne le tentait guère. Mais elle était, comme a écrit La Bruyère, si jeune, si belle et si sérieuse, qu’il se laissait aller à la croire. Il allait peut-être s’ouvrir pour lui ce grand monde qu’il rêvait et Paul n’était pas homme à refuser d’y entrer, même par une porte secrète. L’inconnue en était certainement et elle lui offrait d’emblée une sorte de traité d’alliance. Après l’amitié, l’amour viendrait peut-être et cette chance valait bien qu’il acceptât le compromis qu’elle lui proposait. Et pourtant sa réponse se fit attendre. Il lui en coûtait de décliner son nom roturier à une femme qui connaissait à fond l’armorial du Languedoc où figurait si brillamment l’aristocratique famille de Mirande. Il s’y décida cependant. C’était le seul moyen de la revoir, puisqu’elle ne voulait pas lui dire le sien. – Je m’appelle Paul Cormier, dit-il brusquement, comme un homme qui prend tout à coup son parti de 33


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