Bazin-terre

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– Tu les auras. C’est-il pressé ? – Oui, tante Adélaïde : je les ai promises pour demain. – Alors, Véronique, ma fille, si tu allais chez le neveu ? La cape attendra bien une heure. La cadette se leva aussitôt, et elle était si petite debout, qu’elle ne dépassait pas la tête de Marie-Rose assise. Prestement, elle secoua son tablier noir, sur lequel des bouts de fil s’étaient collés, embrassa la nièce sur les deux joues : – Adieu, Rousille ! Demain tu n’auras qu’à revenir ici : ton argent y sera avec nous. Dans la paix du bourg assoupi, on entendit descendre, le long de la ruelle, le pas glissant de Véronique. Celle-ci n’avait pas plutôt disparu, qu’Adélaïde se rapprocha de Marie-Rose, et, pointant sur elle ses yeux toujours indulgents et clairs, mais dont les paupières, en ce moment, battaient d’inquiétude : – Petite, dit-elle vivement, tu as du chagrin ? Tu as pleuré ? Tiens ! tu pleures encore ! La main ridée saisit la main rose de l’enfant. – Qu’as-tu, ma Rousille ? Dis-moi comme à ta mère : j’ai de son cœur pour toi. 73


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