Bazin-terre

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– Mon pauvre gars, dit-il, il n’y a chez nous que Mathurin et Rousille. – Et François, où est-il ? – Figure-toi... Tu ne t’attends pas à ce que je vais te dire : il a quitté la Fromentière, voilà quinze jours depuis hier, pour entrer dans les chemins de fer, à la Roche... Éléonore est partie avec lui... Il paraît qu’elle va tenir un café. Si tu crois ! – Vous les avez donc chassés ? fit le jeune homme, en retirant son cigare de sa bouche et en regardant les yeux du père. Ils ne sont pas si fous que de vous quitter pour ça ? Le père, en entendant ces mots-là, eut un frisson de joie : son Driot le comprenait ; son Driot était avec lui ! Et il dit : – Non : des paresseux tous les deux, qui veulent gagner de l’argent sans rien faire..., des ingrats qui laissent les vieux... Et puis, tu sais que François aime à s’amuser... Depuis le régiment, il a toujours eu le goût de la ville... – Je le sais bien, et je comprends qu’on aime la ville, répondit André, qui toucha la Rousse de la mèche du fouet ; mais graisser des roues de wagon ou servir à boire... Enfin, chacun va de son bord, en ce monde. Tant mieux s’ils réussissent... Seulement je ne peux pas 130


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