Bazin-Baltus

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Nominé s’était placé à la droite de Baltus ; la jeune fille, à gauche. Il était moins grand que son ami, et plus épais. Son visage rasé, creusé de rides aux deux ailes du nez et aux coins de la bouche, demeurait d’une grande mobilité et singulièrement expressif : pour un mot drôle, pour un souvenir plaisant, les pommettes rondes se relevaient, les yeux se plissaient, les lèvres, la pointe en l’air, faisaient le croissant, et, sur tout le masque ainsi sculpté, on voyait luire un esprit vif et jovial. Cet homme, vêtu d’un complet de laine grise, coiffé d’une casquette de voyage, la boutonnière décorée du ruban de la médaille militaire, avait, dans la démarche, beaucoup plus de souplesse que le Lorrain. Ils traversèrent la route qui vient de la citadelle, puis, dans la demi-ombre, ce qui fut jadis les jardins de Verdun, les bosquets humides, à présent bien abandonnés, qui poussent dans les fossés de Vauban. Tout à coup, ayant franchi les remparts, ils rentrèrent dans la nuit éclairée, au débouché de la porte Saint-Paul, où commence la principale rue de Verdun. De vieux grands édifices, échappés au canon des Allemands, disaient la noblesse de la ville. Au delà, c’étaient les rues qui montaient, les îlots de maisons rebâties ou réparées, et, à côté, des amoncellements de décombres, des façades déchirées du haut en bas, des cheminées dont il ne reste que la suie le long d’un mur et un pot de terre au sommet, des poutres qui ne portent 111


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