L'interdiction

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– Monsieur le président, s’agit-il d’une affaire sérieuse ? – Une niaiserie, dit le président. Le garde des sceaux, avec qui j’ai eu l’honneur de dîner hier, m’a pris à part, dans un coin. Il avait su que vous étiez allé prendre le thé chez Mme d’Espard, dans l’affaire de laquelle vous avez été commis. Il m’a fait entendre qu’il est convenable que vous ne siégiez point dans cette cause... – Ah ! monsieur le président, je puis affirmer que je suis sorti de chez Mme d’Espard au moment où le thé fut servi ; d’ailleurs ma conscience... – Oui, oui, dit le président, le tribunal tout entier, les deux cours, le Palais, vous connaissent. Je ne vous répéterai pas ce que j’ai dit de vous à Sa Grandeur ; mais vous savez, la femme de César ne doit pas être soupçonnée. Aussi ne faisons-nous pas de cette niaiserie une affaire de discipline, mais une question de convenance. Entre nous, il s’agit moins de vous que du tribunal. – Mais, monsieur le président, si vous connaissiez l’espèce, dit le juge en essayant de tirer son rapport de sa poche. – Je suis persuadé d’avance que vous avez apporté dans cette affaire la plus stricte indépendance. Et moi130


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