about-oreille

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mains de M. Nicolas Meiser, de Dantzig, cet honnête homme vous devra trois millions au commencement de 1866, ou dans sept ans. Nous vous donnerons ce soir une copie du testament de votre bienfaiteur ; c’est une pièce très instructive que vous pourrez méditer en vous mettant au lit. – Je la lirai volontiers, dit le colonel Fougas. Mais l’or est sans prestige à mes yeux. L’opulence engendre la mollesse. Moi ! languir dans la lâche oisiveté de Sybaris ! Efféminer mes sens sur une couche de roses, jamais ! L’odeur de la poudre m’est plus chère que tous les parfums de l’Arabie. La vie n’aurait pour moi ni charmes ni saveur s’il me fallait renoncer au tumulte enivrant des armes. Et le jour où l’on vous dira que Fougas ne marche plus dans les rangs de l’armée, vous pourrez répondre hardiment : C’est que Fougas n’est plus ! » Il se tourna vers le nouveau colonel du 23e et lui dit : « Ô vous, mon cher camarade, dites-leur que le faste insolent de la richesse est mille fois moins doux que l’austère simplicité du soldat ! Du colonel, surtout ! Les colonels sont les rois de l’armée. Un colonel est moins qu’un général, et pourtant il a quelque chose de plus. Il vit plus avec le soldat, il pénètre plus avant dans l’intimité de la troupe. Il est le père, le juge, l’ami de son régiment. L’avenir de chacun de ses hommes est 127


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