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La Gironde dans le sens de la danse Cette deuxième biennale de la danse, co-organisée par l’IDDAC, l’Olympia d’Arcachon et le Centre de développement chorégraphique du Cuvier, souhaite donner à voir les différents visages de la création contemporaine. Soulignons, que subtilement, l’air de rien, l’esprit de Merce Cunningham flotte sur cette édition, trois des artistes invités l’ayant côtoyé de près ou de loin. Didier Théron, Mathilde Monnier et Foofwa d’Imobilité, créent des spectacles-hommages au maître. La soirée d’ouverture qui se déroulera à la Manufacture Atlantique le jeudi 11 avril, est une introduction à ces univers singuliers. Chacun fera son autoportrait inédit, ouvrant la porte à son petit monde. Et à une multitude d’ateliers, rencontres, conférences, animations et spectacles. Carlotta Danse toujours Carlotta Ikeda et Ko Murobushi ont monté la compagnie de danse Butô, Ariadone, au milieu des années 70, et n’avaient plus rien créé ensemble depuis 1999. Leurs retrouvailles se sont concrétisées avec Un coup de don monté en novembre dernier à Automne en Normandie, un spectacle comme un coup de colère doublé d’une envie de donner à réfléchir. Doté d’un titre plutôt sibyllin basé sur des contradictions, il résonne comme un haïku. Don en japonais est l’onomatopée qui désigne une déflagration et cette nouvelle pièce part de la ruine éternelle qu’est Hiroshima jusqu’à celle toute récente de Fukushima. Cinquante ans séparent ces deux drames nucléaires et pourtant rien n’a changé. Toute la société japonaise est fortement marquée par ces événements tragiques, incomparables, et les deux artistes veulent mettre ici le public face à sa propre disparition. Un coup de don chorégraphié par Ko Murobushi est une référence forte au film de Resnais Hiroshima mon amour. Tourné en 1959, il est antérieur à la danse Butô, née en 1960. La vision de ce film fut pour Ko un véri18

JUNKPAGE 0 1 / avril 2013

Mathilde Monnier © Marc Coudrais

Carlotta Ikeda, Mathilde Monnier, Sylvain Émard, Didier Théron et Foofwa d’Imobilité. Ces cinq artistes qui ont, ou non, des liens entre eux, vont cohabiter sur le territoire girondin durant une quinzaine de jours, en 17 lieux, dans le cadre de Danse toujours.

Carlotta Ikeda © Lot

SUR LES PLANCHES

table choc, violent et radical. Il fut à l’origine de sa danse, à travers laquelle il tente d’exprimer l’indicible, de donner à partager l’expérience impossible. Ainsi, il aime reprendre la définition du fondateur du genre Tatsumi Hijikata : « La danse est un cadavre s’efforçant d’être debout au risque de sa vie ». À plus de 60 ans, Carlotta Ikeda et Ko Murobushi sont dans la fleur de l’âge. Chez les artistes japonais, la soixantaine sonne comme la fin de l’apprentissage et le moment de la maturité artistique. Ils ont voulu donner un coup de pied dans leurs propres dogmes, questionner l’esthétique de la compagnie, la vivacité de leur art Butô en remettant, par exemple, en question la présence du maquillage blanc. Carlotta fait partie des sept interprètes de Un coup de don, dont deux hommes, situation inédite au sein de la compagnie Ariadone. Au-delà de cette toute nouvelle création, dont ce sera la première présentation en Aquitaine le 16 avril au théâtre Olympia d’Arcachon, la biennale Danse toujours rend hommage à toute la carrière de Carlotta Ikeda, figure féminine emblématique de la danse Butô, installée depuis plus de trente ans à Bordeaux. Elle programme un large panorama de ses œuvres. Une exposition « Carlotta Ikeda et le Butô, l’itinéraire d’une vie » située dans le hall du bâtiment du Conseil général lui est consacrée, en ouverture de laquelle la chorégraphe dansera un solo. On y découvrira des photos, des documents audiovisuels, le documentaire de Carlos Rego sur la création originelle de Ko Murobushi, Utt, solo qui fit connaître Carlotta au début des années 80. Pièce qu’elle a réécrite et transmise à la danseuse Christine Chu, sous-titrée Work in progress. Cette nouvelle version sera présentée les 26 et 27 avril au Cuvier à Artigues. Mais auparavant, Tampopo, œuvre légère comme un papillon, interprétée par Mathilde Lapostolle, est un solo fleuri sur un tapis de pissenlits (tampopo en japonais), qui surprend dans l’univers plutôt grave du

Butô. Il sera au Cuvier les 23 et 24 avril. Médéa, en revanche est une approche de la figure passionnée et destructrice de Médée. La pièce, violente, qui oscille de la passion à l’effroi a été créée avec l’écrivain Pascal Quignard et le compositeur Alain Mahé, et sera jouée le jeudi 25 avril au Théâtre des Quatre saisons à Gradignan. Foofwa, danseur hyperactif Foofwa d’Imobilité. Toute la folie de ce danseur est dans ce titre de noblesse. Contredisant l’imagerie populaire qui voudrait faire croire que les Suisses sont lents, Foofwa est un coureur affolé, un danseur affolant, un fou dansant, une mémoire vive de la danse… Il ouvrira les festivités le samedi 13 avril avec une course chorégraphiée qui va de la station Bois Fleuri du tram A, à la salle Lagrange, en passant par la rue des Arts, à Lormont. Il rêve de s’approprier une partie de la ville avec ce Dancerun, accompagné de tous les volontaires en bonne forme physique mais qui ont un petit grain côté mental qui l’auront suivi sur différents ateliers. Bref, allier la folie à l’intelligence, tout un programme qu’il développe avec la compagnie Neopost Ahrrrt. Les 16 et 17 avril, ce sont ses Histoires condansées, nourries de

« La danse est un cadavre s’efforçant d’être debout au risque de sa vie ». l’histoire de la danse, que le public découvrira au Cuvier. Des histoires comme un one-manshow plein d’humour et néanmoins rigoureux, ou une conférence fantaisiste et virtuose. Pour le spectacle Pina Jackson in Mercememoriam, tout est dans le titre. Foofwa d’Imobilité,


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