JUNKPAGE#48 — SEPTEMBRE 2017

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À Biarritz, la grande rétrospective estivale dédiée au peintre emblématique du Pays basque Ramiro Arrue se poursuit ce mois-ci.

GOIZIAN ARGI

HASTIAN

certaine forme de lassitude, il choisit de regagner le Pays basque comme le présage en 1920 ses Souvenirs de jeunesse conservés au Musée basque et de l’histoire de Bayonne : « Un jour, mon ami Dunach, le sculpteur catalan, vint me voir et me dit : “Tu sais, Modigliani est mort ; on l’enterre demain.(…)” Je savais que Modi était à l’hôpital de la Charité, et qu’il était très malade ; aussi la nouvelle ne me surprit pas, quoiqu’elle me peina beaucoup. Le lendemain, nous nous trouvions devant l’hôpital, où déjà une foule de personne s’y trouvait. (…) Je vois encore Picasso en chapeau melon et paletot couleur café crème. La période de misère était terminée pour lui et il montrait des signes extérieurs de richesse. Pour Modigliani aussi, la misère était terminée, mais d’une autre façon. Une voix intérieure nous disait : “Voilà ce qui t’attend si tu restes à Paris : la misère, l’hôpital et la mort.” » De retour dans sa terre chérie, Ramiro Arrue va connaître une véritable émulation pour le sujet basque. Dans un style propre, il s’empare © Ramiro Arrue

« Dans la peinture de Ramiro Arrue, il se dégage une mystique de l’innocence originelle associée à la conception d’un âge d’or archaïque. » Ses mots empruntés à JeanFrançois Larralde témoignent de l’atmosphère picturale qui nimbe l’œuvre de cet artiste basque né le 20 mai 1892 à Abando, une commune de la périphérie de Bilbao. Benjamin d’une fratrie d’artistes, il suit sa tante férue d’arts à Paris où antiquaire, elle s’installe en 1907. Initié au dessin par ses frères, le jeune Ramiro va suivre les cours de l’Académie de la Grande Chaumière, école d’art fondée en 1902 par la Suissesse Martha Stettler. De son professeur, Antoine Bourdelle, il retiendra cette leçon : « Ce n’est pas un peu qu’il faut dessiner, c’est constamment. Le dessin, c’est de la discipline et c’est là que résidait la grande force d’Ingres. La base de la beauté, le savoir, c’est le dessin ». Cet amour pour la ligne pure se réverbère dans les œuvres de jeunesse de l’artiste. À Paris, il côtoie Jean Cocteau et ses « éblouissantes conversations », l’avant-garde et tout une flopée d’artistes. Gagné par une

du paysage – l’océan et la montagne –, sublime la vie collective, illustre les hommes et les femmes occupés dans leurs tâches du quotidien (aux champs comme sur leurs barques de pêche), s’arrête sur les festivités, les sports et les loisirs… L’ensemble du folklore et des traditions populaires le fascine comme aussi les différents âges de la vie : la maternité, les fiançailles, le deuil… Tout cela avec l’authenticité et la sincérité d’une esthétique flirtant avec l’image d’Épinal. AM « Ramiro Arrue – Entre avant-garde et tradition », jusqu’au dimanche 17 septembre, Le Bellevue, Biarritz (64200).

tourisme.biarritz.fr


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