JUNKPAGE#37 — SEPTEMBRE 2016

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La galerie Arrêt sur l’image présente le travail à visée documentaire du Danois Christian Vium et celui plus introspectif et symbolique de la Polonaise Marta Zgierska, tous deux lauréats du Prix HSBC pour la Photographie en 2016. Anthropologue de formation, Christian Vium conduit une démarche à la croisée des chemins entre l’art et les sciences sociales. Intitulé « Ville nomade », le projet présenté ici est le résultat d’un travail de recherche au long cours autour des mutations urbaines de Nouakchott, capitale de la Mauritanie. Durant plusieurs années, le photographe a réalisé plus de 4 000 clichés datés et géolocalisés, associés à un ensemble d’archives inédites afin de constituer une cartographie mouvante de cette ville de près d’un million d’habitants apparue dans les années 1950 sur une zone de campement. Un témoignage riche et foisonnant qui donne à voir la place cardinale qu’occupent l’informel, le temporaire et l’instable dans l’histoire de cet étalement urbain habité en grande partie par des peuples nomades en repli. De son côté, Marta Zgierska explore les traces mémorielles d’un trauma dû à un grave accident de la route. La photographe met en scène les réminiscences visuelles de ce « point de rupture figé dans une grisaille morte, dans le silence et dans la tension ». « Comme une incantation à la peur », elle engage un récit de soi distancé et métaphorique où règne une épure glacée. Christian Vium et Marta Zgierska (Lauréats 2016 du Prix HSBC pour la Photographie), du vendredi 9 septembre au samedi 8 octobre, galerie Arrêt sur l’image.

www.arretsurlimage.com

RAPIDO

© Nico Pulcrano

DE SABLE ET DE GLACE

NEW YORK NEW YORK

Le photographe bordelais Nico Pulcrano est à l’honneur au Rocher de Palmer avec une exposition consacrée à la ville de New York. Habitué des salles de concert, il a officié comme photographe de scène pour le Krakatoa ou le Reggae Sun Ska et s’est fait connaître pour ses portraits d’artistes réalisés le plus souvent en noir et blanc backstage ou en studio. On y retrouve Bertrand Cantat, Arthur H, Metronomy, Breakbot, Feu ! Chatterton, Lee Scratch Perry… En 2014, il part à La NouvelleOrléans pour réaliser une galerie de portraits des habitants de cette ville, berceau du jazz si durement frappé par l’ouragan Katrina en 2005. Puis, New York, quelques mois plus tard. Face à cette ville, dit-on, la plus photogénique du xxe siècle, et certainement la plus inspiratrice pour cet art, Nico Pulcrano a choisi de s’intéresser à son décor urbain démesuré et fantasmatique. De Brooklyn à Manhattan, la ville lui a soufflé des clichés de quelques icônes incontournables : Brooklyn Bridge, Empire State Building, Central Park, Staten Island ou encore la statue de la Liberté. À travers ces images immuables saisies à rebours de l’énergie légendaire de la cité, Nico Pulcrano lève le voile sur son atmosphère plus mélancolique. L’usage du noir et blanc et l’absence le plus souvent de figure humaine confèrent aux photographies une dimension paisible et intemporelle. « New York », Nico Pulcrano,

du lundi 12 au mercredi 28 septembre, Le Rocher de Palmer, Cenon.

www.lerocherdepalmer.fr

CONCRETE WAVES

Ça déménage à la galerie Escalier B ! Contraints de quitter leur espace, les artistes Xavier Ferrère et Charlie Devier se sont vu confier par la ville de Bordeaux la programmation de la galerie des Étables pour les six mois à venir. Avec toujours la même énergie décomplexée, l’envie et l’aplomb qu’on lui connaît, Xavier Ferrère affirme vouloir faire « souffler un vent de fraîcheur sur Bordeaux ». Le duo annonce une programmation plurielle résolument tournée vers l’international. Pour leur première exposition, ils ont invité le collectionneur Jean-Tristan Mottier à faire partager sa passion pour l’art concret, ce mouvement du début du xxe siècle englobant des pans entiers de l’abstraction géométrique, organique ou biomorphique. L’exposition propose une mise en regard de dessins ou de sérigraphies de figures majeures du mouvement comme Gottfriech Honneger ou François Morellet avec de multiples peintres minimalistes américains (Robert Mangold, Sol Lewitt et Stephen Antonakos), mais également plus proches de nous, de l’artiste pop Jasper Johns à Damien Hirst ou encore Takashi Murakami. Un casting très accrocheur invitant à mesurer l’influence des enjeux graphiques et spirituels de l’art concret sur ses successeurs. À suivre au mois d’octobre dans le cadre du FAB, un focus sur le Maghreb avec la Tunisienne Yesmine Ben Khelil, puis le Marocain Hicham Benohoud exposé cette année à la Tate Modern de Londres. Art concret,

du vendredi 23 au vendredi 30 septembre, galerie des Étables.

D. R.

François Morellet, Serie Aléatoire © Oniris

DANS LES GALERIES par Anne Clarck

© Christian Vium

EXPOSITIONS

RACINES CUBAINES

Alors que l’art cubain connaît un nouvel essor depuis la réconciliation avec les ÉtatsUnis en 2014, cette ouverture le confronte aux effets de la globalisation et aux inquiétudes quant à la dilution de son « identité » dans les tendances du monde de l’art occidental. Ayant fait le choix de l’exil, les artistes de l’exposition « Desde más lejos se ve más bonito » (De loin les choses semblent plus belles) à la galerie Rezdechausée ont dû apprivoiser ces questionnements pour chercher une troisième voie entre uniformisation et retour aux racines. Marqués par leur culture d’origine charriant des questions liées à la tradition, à la notion d’isolement ou à la condition de négritude, ils se saisissent dans leurs œuvres des codes de la modernité internationale. À travers l’usage de la sculpture, de l’installation, de la peinture et de la vidéo, les artistes réunis ici inventent des œuvres polyglottes et profondément hybrides. Les sculptures d’enfants en terre cuite les yeux rivés vers le ciel de Lisbet Fernández incarnent toutes les attentes que l’on peut avoir dans l’avenir quand plus loin, les têtes flottantes au vent des moutons facettés en carton de Wilber Aguilera offrent une image de l’instabilité et l’incertitude du monde qui nous entoure. « Desde más lejos se ve más bonito »,

du jeudi 8 septembre au mardi 8 novembre, galerie Rezdechaussée.

www.rezdechaussee.org

Avec le projet « Belcier, ce quartier-là », l’artiste Delphine Delas rend hommage à Marguerite Duras, dans le cadre du 20e anniversaire de sa disparition, à travers un parcours ponctué de mapping vidéo, de fresques murales et de collages rythmant les rues du quartier en pleine mutation urbaine. Jusqu’au vendredi 30 septembre. /BELCIER.ce.quartier.la • La bibliothèque Mériadeck expose une rencontre entre poésie et peinture avec l’auteur, critique littéraire et traducteur américain John Taylor et l’artiste peintre Caroline François-Rubino. Du jeudi 1er au vendredi 30 septembre 2016. www.bordeaux.fr • L’artiste Monica Saint Martin présente l’exposition « Fluxus Organico » à la Maison écocitoyenne autour de problématiques des flux et de l’écologie mêlant histoire, géographie, art et sciences. Du mercredi 7 au dimanche 25 septembre 2016. maisoneco.blog.bordeaux.fr • Dans le cadre du projet « Le coureur du Fifib », imaginé par l’association Semer le doute, les artistes Charles Foussard et Thomas Laclaure (alias THTO) du collectif La Plagiste Cie prennent leurs quartiers sur les bords de la Garonne. Deux containers seront utilisés comme supports de création artistique et cinéma pop-up pour des projections publiques et des réalisations in situ inédites. Du jeudi 15 septembre au mercredi 19 octobre. Quai de Queyries. laplagistecie.blogspot.fr

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