Modularité, Mutabilité, Flexibilité, une approche prospective du logement

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MODULARITÉ, MUTABILITÉ, FLEXIBILITÉ Une approche prospective du logement



MODULARITÉ - MUTABILITÉ - FLEXIBILITÉ Une approche prospective du logement

Juliette Marmonier Encadrant Joan Casanelles Septembre 2016 École Nationale Supérieure d’Architecture de lyon

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SOM MAIRE


INTRODUCTION

7

MUTABILITÉ

45

Présentation du code graphique

FAIRE AUTREMENT 9

Le logement en France aujourd’hui 11

La bande active et la re cherche typologique

15

L’espace double

ÉTUDES DE CAS 51 Quinta da malagueira 55 Quinta Monroy

DÉCOMPOSITION 19

Modularité, mutabilité, flexibilité

23

Contextualisation, abstracton, confrontation

MODULARITÉ

59

Tila Open building project

63

La Mémé

SYNTHÈSE ET RÉSULTAT

FLEXIBILITÉ

69

Présentation du code graphique 25

ÉTUDES DE CAS 73

Cité manifeste Mulhouse

77

Rue des Maraîchers

ÉTUDES DE CAS

81

Maison Moryama

29 Habitat 67

85

La Sècherie

33

Nakagin capsule tower

SYNTHÈSE ET RÉSULTAT

37

Logements à Kitagata

41

La Nérac

Présentation phique

du

code

SYNTHÈSE ET RÉSULTAT

gra-

CONCLUSION

91

BIBLIOGRAPHIE

97

ANNEXES

101

5



INTRO DUC TION 7


LOGEMENT < Un local utilisé pour l’habitation, séparé, c’est-àdire complètement fermé par des murs et cloisons, sans communication avec un autre local si ce n’est par les parties communes de l’immeuble (couloir, escalier, vestibule) ; indépendant à savoir ayant une entrée d’où l’on a directement accès sur l’extérieur ou les parties communes de l’immeuble, sans devoir traverser un autre local (...) Les logements sont répartis en quatre catégories: les résidences principales et les résidences secondaires, les logements occasionnels et les logements vacants > source INSEE


FAIRE AUTREMENT Le logement en France aujourd’hui Cette définition française du logement introduit déjà les grandes lignes de l’état actuel: description uniforme des lieux de vie, catégorisation des usages et individualisation forte de l’habitat. Si la société a considérablement évolué ces dernières décennies, il semble que hormis du point de vue des normes - le logement soit à la traîne. Si désormais l’accessibilité PMR et la RT2012 sont au rendez-vous, qu’en est-il des familles recomposées, monoparentales, accueillant un parent âgé, cohabitant avec un jeune adulte ou travaillant à domicile?

< L’évolution de la cellule est pour une grande partie liée à la réglementation de l’accessibilité des personnes en situation de handicap. Sans parler de standardisation, nous pouvons observer une tendance générale à la réduction de la taille des séjours et à une augmentation des surfaces dédiées aux circulations, pièces d’eau et chambres. > in Un état des lieux du logement aujourd’hui, AMC janvier 2011, p.40

La maison individuelle reste le type d’habitat préféré des français - 87% des interrogés pour le sondage Formes

d’habitat et densités urbaines: quelle opportunités pour les villes de demain? février 2007. Il

semble pourtant aujourd’hui nécessaire de penser la ville de manière durable, et donc de rechercher des alternatives à la consommation de foncier et à l’appauvrissement de l’urbanité des villes.

< La situation française en termes d’habitat est quelque peu schizophrénique, mettant l’accent sur l’exceptionnel, souvent réussi, dans des opérations périmètrées et maîtrisées, et un laisser-aller patent sur la production de la ville ordinaire. Celle-ci est écartelée entre des modèles répétitifs et quelques opérations pilotes - généralement de logement social, qui ne rencontrent pas toujours l’adhésion des habitants - voire des opérations privées, étendards des groupes de promotion qui poursuivent une production banale et souvent médiocre au prétexte de leur connaissance du marché. > Ariella Masboungi, in Bien habiter la ville, p.8

Comment faire autrement la ville ordinaire? En axant la recherche sur l’habitat, il est question de repartir de ce qui fait à proprement parler la ville. Durant l’exercice du rapport d’étude, la piste du renouveau de l’habitat participatif a été étudiée. Si la pratique et les intentions sont louables, ce mode opératoire - tant de conception, construction et usage est rapidement discutable quand il se confronte à l’institutionnalisation. Analyser ce faire autrement presque utopique, bien que concrétisé, a cependant permis d’alimenter une réflexion sur les usages et l’habitat, sur la longue durée et le parcours résidentiel.

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< La bande active cellule-type

Š Yves Lion


FAIRE AUTREMENT La bande active, la recherche typologique Le champ de recherche étant encore très large, il est nécessaire d’affiner l’angle par lequel le logement contemporain va être analysé et décortiqué. Les innovations sur la cellule du logement sont de premières pistes. Il semble évident de regarder à la fois dans la production actuelle, mais aussi dans celle des décennies passées. Bien que de nombreuses innovations et expériences soient restées à l’état d’expérience ou de projet, étudier la production des années 50 à aujourd’hui, en France comme ailleurs, est une nécessité pour porter un regard critique sur la production actuelle. Le travail d’Yves Lion sur le logement est riche et varié, à la fois dans la théorie et dans la construction. Deux propositions récurrentes dans ses projets - construits ou non - sont à étudier avec rigueur. En 1984, en collaboration avec François Leclerq, Yves Lion renverse la position conventionnelle des sanitaires au centre des logements pour les passer en façade. Le concept est assumé et poussé jusqu’aux cuisines, la bande active est née. Au-delà de ce renversement presque provocateur - les pièces sales mise en scène en façade ! - cette bande est le résultat d’une réflexion sur l’évolution, l’optimisation et la durabilité des logements.

< Pour l’élaboration de Domus demain, Lion et Leclerq inversent l’opposition conventionnelle entre le centre du logement et la façade, en

spatialisant l’antagonisme entre un gros œuvre imprécis, sinon grossier, formant l’assise pérenne des bâtiments et un second œuvre plus sophistiqué, évolutif et susceptible d’être préfabriqué en usine. [...] placée en façade, la salle de bain est multipliée par le nombre de chambres; le couloir conduisant habituellement à la salle de bains commune n’est plus nécessaire; la position des pièces humides en façade fait l’économie de la VMC. > Jean-Michel Léger in Yves Lion - Logements avec architecte, p.76

En intégrant les éléments techniques du logement, la bande active dégage le volume habitable de tout point fixe. Si la question de l’intimité et du rapport public/ privé dans le logement devient primordiale avec ce principe, les nombreuses combinaisons possibles dans un même volume et le potentiel d’évolution futur sont des pistes riches et prometteuses. Yves Lion concrétise la bande active dans 78 logements sociaux à Villejuif, au sein de la ZAC des HautesBruyères. Le passage du concept à la réalité est en demi-teinte: les simplex deviennent des duplex s’imbriquant entre étages, ne permettant plus de positionner les WC dans la bande active. Les balcons filants sont transformés en terrasse au cœur des logements, de fait de la morphologie d’immeuble-villa. La simplicité du croquis se perd un peu - et avec, les potentiels de flexibilité pressentis - tout en proposant de nombreuses typologies.

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< Plan perspective d’un logement du PAN 7

< Différentes possibilités d’aménagement au sein de la recherche sur les maisons Phénix < Variantes possibles pour l’étude sur un logement économique

© Yves Lion


FAIRE AUTREMENT La bande active, la recherche typologique Face à un principe à moitié assumé, il en résulte des logements généreux, avec un système de chambre/ bain à double tranchant. Cet exemple démontre néanmoins l’importance de la recherche d’innovations typologiques, permettant d’aboutir à des logements habitables, loin des modèles répétés en série. Tout au long de sa carrière, de façon ponctuelle, une autre expérimentation d’habitat est poussée par Yves Lion. Apparaissant pour la première fois en 1975 lors de la 7ème édition du PAN Programme d’Architecture Nouvelle ce plan symétrique sera ensuite repris lors d’études pour les maisons Phénix (1993-1994).

< On peut accéder au logement par deux entrées, rien ne les différencie vraiment pour le moment. Chacune de ces entrées permet d’accéder au séjour, mais aussi à deux pièces de 9m2 séparées par un élément sanitaire. [...] La position des gaines devrait permettre de choisir la position de la cuisine, un tel choix pouvant conditionner tout le reste, selon que l’on voudra garder la possibilité de rendre une chambre plus indépendante, la louer à un célibataire ou son voisin, en faire un bureau, etc. L’espace central a la dimension maximale et sensiblement la même pour chaque logement.> La flexibilité des usages devient l’enjeu de ce travail, l’intérêt de la trame est évident. Le plan du PAN 7 s’assouplit

pour l’étude Phénix, permettant davantage de combinaisons de l’espace central, ainsi qu’une variation possible de la taille des quatre pièces. La transposition de la cellule de logement collectif de 1975 en une maison individuelle influence certainement cette malléabilité du plan, de même que l’expérience acquise par Yves Lion en plus de 20 ans d’expérience sur le l’habitat. C’est d’ailleurs ce que confirme l’étude de logement économique réalisée en 2002 pour Bouygues. Si le plan symétrique des maisons Phénix n’est pas repris dans la forme, cette recherche vise à rationaliser un 3 pièces de 60 m2, en partant sur un schéma de 4 carrés de 15m2 chacun. Une circulation verticale dessert 2 appartements par palier. La mis en place de balcons filants faisant office de coursives privatives permet de donner son indépendance à chaque pièce, accentuant la flexibilité du plan. Ces différentes hypothèses sont la démonstration qu’avec un système constructif simple et rationalisé, une même typologie - ici donc le 3 pièces peut cependant adopter de nombreuses configurations. Laissant aux habitants la possibilité de trouver la configuration qui correspond le mieux à leur mode de vie. Si ce travail théorique de recherche par le plan permet d’esquisser de nouveau mode de faire autrement le logement, leur confrontation à la réalité construite est essentielle. Étudier l’œuvre d’Yves Lion permet de faire un premier choix quand au corpus d’analyse: les projets construits seront privilégiés, afin d’ancrer la recherche dans un contexte concret.

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LACATON & VASSAL < En tant qu’architectes nous avons nos propres intentions, mais il est important d’intégrer que les habitants font une partie du travail après nous. Il est question de savoir ou s’arrêter, ou finir le projet, quelle liberté donner aux habitants. L’espace ne devrait pas imposer un mode d’habiter particulier. Il n’est pas nécessaire de tout concevoir; il faut juste donner un espace potentiel à habiter et à s’approprier. En donnant suffisamment de qualités et de potentiel, le maximum d’opportunités est assuré pour tout le monde, et le projet pourra assumer d’être changé, transformé et réapproprié. > El Croquis n°177/178


FAIRE AUTREMENT L’espace double Les questions d’usage et d’évolutions possibles du plan dans le travail d’Yves Lion ont permis de diriger l’investigation sur le logement vers le travail d’Anne Lacaton et Jean-Phillipe Vassal. Sans refaire un historique de leur agence depuis son origine - l’exemplaire maison Latapie - il faut ici mettre en avant leur profond engagement pour le logement, social ou non. Et notamment leurs recherches et expérimentations sur l’espace double.

< Au lieu de définir un espace banal, sans aucuns attributs, il est beaucoup plus intéressant de créer des situations; un panel avec différentes profondeurs, transparences et relations avec l’extérieur, générant des espaces intermédiaires et des connections avec les autres niveaux, du sous-bassement au ciel. Les mouvements dans l’espace permettent la liberté mais aussi la surprise, ajoutant une variété spatiale. La liberté au rez-de-chaussée est différente de celle possible au premier étage ou sur le toit terrasse > Jean-Philippe Vassal , in El Croquis n°177/178

< Ainsi dans la plupart de leurs projets s’opposent : d’un côté, un espace strictement pensé et organisé qui pourrait s’inscrire dans la continuité du projet moderne ; de l’autre, un espace supplémentaire, un espace inassignable. D’un côté, l’espace du probable ; de l’autre, l’espace de l’improbable et des possibles.> Richard Scoffier, Université populaire du Pavillon de l’Arsenal, cours #3 Lacaton & Vassal: l’espace et son double

L’interprétation que fait Richard Scoffier de cet espace double dévoile la générosité qu’offrent Lacaton & Vassal aux habitants et usagers; et pointe également comment l’économie permet non pas de faire un projet au rabais, mais plutôt d’offrir deux fois plus d’espace pour le même prix. Dans les projets de logements sociaux, c’est un bras de fer avec les bailleurs pour pouvoir baser le loyer non pas sur la superficie, mais sur le coût de construction.

Concevoir le logement depuis l’intérieur, voilà ce qui régie la conception du projet depuis leurs débuts. La maison Latapie est la première expérience. En discutant de longues heures avec la famille, sans support de dessins ou maquettes, s’est esquissé cet espace double. Par sa taille, il transforme la nature initiale de l’espace, une maison de 80 m2.

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Première de couverture des résultats Europan 12 La ville adaptable France © Europan


FAIRE AUTREMENT

ADAPTABILITÉ < Capacité que présente un organisme de s’adapter au cours de sa vie à de nouveaux milieux ou à de nouvelles situations.> source Encyclopédie Larousse

Dans ces deux approches de la conception et pensée du logement, un dénominateur commun apparaît: le rap-

port au temps.

Timidement évoqué dans les projets d’Yves Lion, il est pourtant sous-jacent dans sa recherche de flexibilité du plan. Beaucoup plus assumé, voire même fer de lance de la pensée de Lacaton & Vassal, ce rapport au temps dans l’architecture, et plus généralement dans la ville est un enjeu majeur aujourd’hui. En témoigne le thème d’Europan 12, la ville adaptable, décrit en ces termes par Alain Maugard, président d’Europan France

< La ville adaptable correspond aux interrogations sur la transformation des villes et des territoires en orbite autour de celle-ci et, plus encore, de notre société. Le thème s’appuie sur des transformations sociétales en cours, et pose, sous l’angle de la chronotopie, la question des modes de vie, des usages, des adaptations nécessaires. >

La définition brute de l’encyclopédie évoque une étymologie en lien avec la biologie, référant à l’organisme vivant. Bien que l’objectif de la thématique Europan soit plus orienté vers une approche urbaine voire territoriale, la description du sujet peut aider à mieux cerner cette dénomination.

< L’adaptabilité est indissociable de la crise et de la mutation. Elle prouve aussi sa capacité à profiter d’opportunités en mettant en avant le projet en tant que processus, plutôt qu’en démontrant par le dessin. De la même façon que la prospective s’appuie sur le mouvement, le projet ne vise plus une cible formelle, car on ne dessine pas 2030 ou 2050. En revanche on peut cibler la ville durable et la construire au gré des opportunités, en avançant. >

L’introduction du terme adaptable pour désigner l’enjeu de la recherche semble pertinent. Mais qu’est-ce que l’adaptabilité dans le logement à proprement parler? 17


AxonomĂŠtrie de la Nagakin Capsule Tower, Kisho Kurokawa


DÉCOMPOSITION Modularité, Mutabilité, Flexibilité Si chercher à désigner la recherche par un terme spécifique, adaptabilité, semble dans un premier temps une méthode possible, il apparaît rapidement que la définition et l’acceptation de ce terme appliqué au logement reste floue. Certes des écrits existent, certains architectes comme Nicolas Michelin l’emploient. Cependant il est difficile de constituer un cadre précis d’investigation. De plus, le terme adaptabilité dans le champ du logement renvoie notamment à l’accessibilité des logements, et donc les normes PMR. Or l’interprétation personnelle et subjective qui en est faite questionne plutôt l’évolutivité possible du logement. Face à cette ambiguïté, un revirement de méthode semble nécessaire. Au lieu de viser immédiatement un terme générique permettant de désigner l’objectif de la recherche, il est proposé de disséquer et décomposer en plusieurs qualificatifs mieux définis - tant du point de vue littéraire qu’architectural. Presque spontanément modularité, mutabilité et flexibilité sont évoqués. Leur application au logement peut être englobée par la définition subjective faite de l’adaptabilité. Il deviennent les trois axes qui vont venir structurer l’approche du logement. Afin de peut être faire émerger un ou des dénominateurs communs aux projets analysés.

MODULARITÉ < Qui est constitué d’un élément de base, le module, à partir duquel tout se construit.>

MODULE

n.m. (latin modulus, mesure) < Élément juxtaposable, combinable à d’autres de même nature ou concourant à une même fonction (Arch.) Mesure adaptée pour régler les proportions des diverses parties d’une construction ; plus petite commune mesure que doivent posséder les dimensions des différents éléments entrant dans la composition d’un bâtiment pour que ces éléments puissent se superposer et se juxtaposer dans l’espace, sans retouche lors de leur pose. (Bât.) Unité de coordination modulaire, aboutissant à une trame, pour permettre l’emploi d’éléments standardisés industriels. > source Encyclopédie Larousse

Si l’origine latine et sa définition architecturale renvoient à l’architecture antique et classique, le module voit son sens évoluer, nous orientant plutôt vers un mode combinatoire et industriel de la modularité. Laissant une éventuelle place à l’évolution?

19


Les logements de Quinta Monroy à Iquique au Chili, ELEMENTAL © Cristobal Palma


DÉCOMPOSITION Modularité, Mutabilité, Flexibilité

MUTABILITÉ

FLEXIBILITÉ

< Aptitude à subir des mutations, caractère de ce qui peut se transformer. >

< Qualité de quelque chose qui peut s’adapter aux circonstances.

MUTATION

(Arch.) Aptitude d’un espace construit à se plier à

n.f. (latin mutare, changer):

une utilisation évolutive ou différente. >

< Changement radical, conversion, évolution profonde.

source Encyclopédie Larousse

(Biol.) Apparition brusque, dans tout ou partie des cellules d’un être vivant, d’un changement dans la structure de certains gènes, transmis aux générations suivantes si les gamètes sont affectés. > source Encyclopédie Larousse

La question de l’évolution est centrale, et permet de supposer des changements de programme, comme d’espace. Le caractère fort de la transformation laisse entendre une évolution dans la forme. Comment cela peut-il s’appliquer au logement?

Si de nouveau il s’agit d’évolution de l’espace, ce sont des usages possibles dont il est question. La géométrie même du lieu étant constante, quelle spatialité permet la variation des usages au sein de l’habitat?

Trois axes sont désormais introduits. Dans un souci de rigueur méthodologique, ces trois pistes vont permettre de venir réajuster l’angle de lecture et d’analyse sur l’habitat.

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Un des jardins d’hiver de la Cité manifeste de Mulhouse, Lacaton & Vassal © Lacaton & Vassal


DÉCOMPOSITION Contextualisation, Abstraction Confrontation

Puisqu’il est question d’étudier des projets de logements - intermédiaires à collectifs - réalisés, un travail sur le plan et la coupe est mis en place. Des schémas - selon un code graphique précis pour chaque axe - sont réalisés afin de comprendre comment chaque caractéristique est présente dans les projets. La sélection des bâtiments se fait au hasard des découvertes et références. Bien que le logement en France soit notre contexte de départ, il est évident que la production international est à prendre largement en compte. Avec pour objectif une recherche prospective sur l’habité, il n’est pas envisageable de rester auto-centré sur la production nationale.

Cette lecture est ensuite orientée selon l’axe qui correspond à première vue au projet. La production des schémas rend compte des critères spécifiques, et permet une certaine abstraction du plan et de la coupe. Pour chaque catégorie, l’objectif est de produire une planche de synthèse, présentée dans un tableau. En confrontant les différentes analyses graphiques d’une même catégorie, des similitudes et divergences vont constituer des sous-catégories. L’enjeu est de faire émerger une synthèse permettant de statuer sur le lien entre logement et modularité/ mutabilité/ flexibilité.

Dans un premier temps, chaque projet est étudié et présenté sous tous ses aspects. Une ‘fiche identité’ de chaque étude de cas est effectuée en introduction, accompagnée d’une synthèse du contexte dans lequel s’inscrit le projet.

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MODU LA RITÉ 25


Système constructif

Constructif

Sanitaires

Cloisons

Cuisine

MODULE

Espace extérieur

Murs/ Cloisons Espace extérieur

Aménagements fixes

Spatial Cuisine

Sanitaires

Usages

X

T: terrasse B: chambre S: salon C: cuisine

ASSEMBLAGE Trame

Module

Extérieur

Logement

Accès logement


MODULARITÉ PRÉSENTATION DU CODE GRAPHIQUE

C’est au cours des nombreuses investigations et expériences architecturales des années 60 et 70 que la modularité dans le logement fait son apparition. De l’échelle du mobilier jusqu’à celle de l’immeuble, il est alors question de sortir du carcan de la ville planifiée, fixe. La notion même de modularité venant du module, il paraît évident de commencer chaque étude de cas par son identification. Il est décidé de distinguer deux grandes catégories de modules: constructif, ou spatial.

Différentes logiques peuvent apparaître: superposition, emboîtement, déclinaison, plugg. La trame fait bien souvent son apparition, armature abstraite permettant d’organiser les différents modules entre eux. Le plan, la coupe et la façade sont décortiqués et retranscrits ou non en schéma, suivant leur pertinence vis à vis de chaque projet étudié.

Le premier n’est que structurel, et différents aménagements et usages peuvent ensuite y prendre place. Le deuxième relève de différentes échelles: pièce, logement, bloc... Il accueille différents usages dans une même configuration spatiale, permettant une distinction entre aménagements pérennes et usages divers. Comment le module génère l’habitat? Il est alors question de mettre en évidence les modes d’assemblage de un ou plusieurs modules, aboutissant à la constitution d’un ensemble de logements, groupés ou collectifs. 27


Š (2001) Canadian Architecture Collection, McGill University


MODULARITÉ

Symbole de l’Exposition internationale de Montréal, l’Habitat 67 est l’archétype de la recherche modulaire et industrielle pour le logement. L’origine du projet est la thèse de Safdie, développée à l’université de McGuill, ‘A Case for City Living’.

HABITAT 67 Date: 1967 Localisation: Montréal Architecte: Moshe Safdie Logements:

148 construits, sur les 1000 projetés initialement

Module: 11,7 x 5,3 m Typologies: 2, 3 ou 4 modules pour un logement, qui peut s’organiser sur un ou deux niveaux

Introduisant un ‘système constructif modulaire en trois dimensions’, il est question de mettre le logement à l’épreuve de l’industrialisation. Le grand nombre étant nécessaire à la rentabilité du processus, l’assemblage de 1000 modules est projeté. Malheureusement, le gouvernement canadien réduit à 354 le nombres de modules mis en œuvre pour la concrétisation d’Habitat 67. Et ainsi les potentiels de réduire les coûts de construction. L’assemblage des modules entre eux ne répond à aucune logique particulière, Safdie souhaitant justement produire un système proliférant, exact opposé aux déjà décriées barres monolithiques d’habitat.

< The public recognised in Habitat the possibility that high-rise living could be more like living in a village and have the quality of life of a house than what they associated with the negatives of apartment housing. While there were many theoretical proposals floating in the air at the time, the fact that we had the opportunity to realise Habitat, and for 50 million people to experience it during Expo as a real and living environment, suggested that this was a possible future reality. > Moshe Safdie pour Dezeen magazine, 2014 29


< MODULES


MODULARITÉ HABITAT 67

> ASSEMBLAGES

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MODULARITÉ

NAKAGIN CAPSULE TOWER Date: 1970 Localisation: Tokyo, Japon Architecte: Kisho Kurokawa Logements: 144 unités Module: 2,3 x 3 x 2,1 m Typologies: Chaque module est une unité de vie autonome et indépendante, destinée au travail ou à l’habitat La possibilité d’en associer plusieurs pour obtenir des logements plus familiaux n’a finalement pas été mise en œuvre

Kisho Kurokawa est l’un des membres du groupe métaboliste japonais. Bien qu’héritier du Mouvement Moderne et des CIAM, le groupe élabore une tout autre vision de la ville. L’idée génératrice est qu’il n’est plus possible d’envisager chaque bâtiment comme une entité propre, étrangère aux autres éléments qui composent la ville. Dans son texte Metabolism, The porposal for a New urbanism, Fumihiko Maki introduit les trois formes collectives de la ville,

< We have established three major approaches: - Compositional Form, compositional approach - Mega-Structure, structural approach - Group-Form, sequential approach > Kurokawa avec la Nakagin capsule tower se réfère clairement à la mégastrucure, tout en développant le concept de la capsule < L’image à la base de cette vision, est celle de la cellule, englobant des notions de base telles que : la croissance, la division, l’échange, la transformation, l’autonomie des parties, la déconstruction, les cycles de renouvellement et l’équilibre dynamique. Le but principal de cette démarche ne visait donc pas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, la fabrication de masse, mais plutôt d’offrir à l’architecture des nouvelles possibilités de combinaisons et de flexibilité. > Patrick Ayer in, Métabolisme | Tokyo entre saturation et décroissance, diachronie d’un espace urbain fragmenté, p.13

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MODULES


MODULARITÉ NAKAGIN CAPSULE TOWER

ASSEMBLAGE

35


© SANAA


MODULARITÉ

Logements à KITAGATA Date: 2000 Localisation: Gifu, Japon Architecte: SANAA Logements: 107, répartis en deux phases de construction

Module: 2,6 x 4,8 m Typologies: 11 4 à 7 modules assemblés en un logement, plusieurs configurations pour une même typologie

La simplicité apparente du travail de SANAA cache évidemment un processus et une méthode de conception complexe et riche. Leur travail de maquettes, de recherches et manipulations spatiales est toujours foisonnant, quelque soit l’échelle du projet.

< A lot of discussion and work is required to make a simple project. We never start from a simple base, even in the schematic design phase. We seem to start from very complicated things that gradually become simple. > Kazuyo Sejima, in El Croquis n°177/178, p.13

Les logements de Kitagata n’échappent pas à cette rigueur de simplicité. En repartant de la pièce comme élément générateur, les architectes tentent de proposer le maximum de variations possibles d’un logement.

< les immeubles collectifs contemporains ne sont pas uniquement pour les familles mais également des lieux où les habitants vivent collectivement de mille manières. Autrememnt dit, l’unité de base n’estpas l’appartement mais la pièce unique. > Kazuyo Sejima, in 100 logements collectifs du XXe siècle, p.206

La linéarisation de l’enchaînement des pièces devient possible avec la présence d’un espace de transition en façade - l’engawa. L’indépendance des habitants d’un même logement est rendue possible avec pour chaque pièce un accès direct depuis la coursive commune, ouvrant le champ aux nombreux usages du logement contemporain. 37


MODULES


MODULARITÉ LOGEMENTS A KITAGATA

> ASSEMBLAGE

plan

coupe 39


Š Marco Crettol


MODULARITÉ

LA NÉRAC Date: 1978 Localisation: Boussy Saint-Antoine, France

Architecte: Jacques Bardet Logements: 163 Module: 4,8 x 4,8 m Typologies: du T2 au T6, composés de 3 à 7 modules

En 1963, le concours d’idée ‘Villages urbains’ est lancé en France. Sans site particulier, il vise à faire émerger des propositions nouvelles sur le groupement d’habitat individuel en milieu urbain. Jacques Bardet y répond, convaincu qu’il est possible de faire de la densité sans tomber dans le ‘logement continu’, de la barre ou la tour. En prenant appui sur une grille carrée, il met en place des maisons individuelles superposées. L’utilisation de la grille est la base de sa conception. Il lui donne un rôle à la fois constructif et spatial. Ainsi elle permet une préfabrication du système constructif, poteaux/ poutres, et de le démultiplier à moindre coûts. La pièce donne l’unité de la grille, qui en juxtaposant plusieurs modules forme le logement. Cet intérêt pour la pièce comme origine de la conception montre bien l’importance donnée par Bardet aux usages des habitants. Le projet théorique devient concret sur le lieu dit de La Nérac, dans l’Essone. Ce passage de la théorie à la pratique est magistral. Le principe partant de la pièce, l’adaptation à un site réel se fait sans impact sur la qualité du projet. Un ajustement sur les dimensions du module est nécessaire, ainsi que l’étendue du projet. Loin des potentiels 1000 logements projetés, 163 sont véritablement construits au sein d’un parc. Les logements sont imbriqués par 2 ou 3, formant des blocs desservis par un escalier. L’accès a chaque logement est privé, faisant de La Nérac un des premiers projet d’habitat intermédiaire en France.

41


< MODULES


MODULARITÉ LA NÉRAC > ASSEMBLAGE

43


Module consructif

Habitat 67

Nakagin

Kitagata

La NĂŠrac

Module Spatial

Industrialisation

Évolution des usages

Moins de 20 ans

Trame constructive


MODULARITÉ SYNTHÈSE

SI la thématique de la modularité dans le logement est clairement marquée par les expériences des années 60-70, elle n’en reste pas moins une piste de réflexion tout à fait actuelle. En confrontant les différents résultats obtenus grâce à l’étude graphique, les projets de Kitagata et de la Nérac se démarquent. Si le rôle du module est évident et nécessaire pour ces deux réalisations, il n’en est cependant pas l’enjeu majeur.

L’usage à la pièce est poussé encore plus loin par Kazuyo Sejima et Ryue Nishiwaza. Côté coursive collective, l’accès direct à chaque pièce permet une indépendance presque totale par rapport au reste du logement. De l’autre côté, ‘l’engawa’ fait le lien et offre un espace de contemplation et d’unité à chaque pièce. Image d’une nouvelle façon d’envisager l’habitat, indépendant mais ensemble?

La pièce et les usages qui y sont rattachés, est dans les deux cas génératrice du projet construit, rendant envisageable l’évolution des usages? Le rapport au temps est en fin de compte inhérent aux logements de La Nérac et de Kitagata. La rigueur et l’industrialisation du système constructif chez Jacques Bardet permet d’envisager des transformations spécifiques aux besoins des habitants.

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MUTA BI LITÉ 47


PLAN

COUPE

Murs/ Cloisons Cloisons remplaçables Sanitaires

BASE CONSTRUCTIVE

Volume maximal du logement

Cuisine

Espace extérieur

Base construite

Accès logement

Surface aménageable

ESPACE À CONSTRUIRE

Trame constructive Pièce à créer au fur à mesure

Volume mutable

X

Étape d’aménagement


MUTABILITÉ PRÉSENTATION DU CODE GRAPHIQUE

L’évolution du logement est au cœur de cet axe de recherche. Donner la possibilité à la fois d’adapter le logement à chaque mode de vie, ainsi qu’aux transformations de la famille habitante. Hors aujourd’hui la notion de foyer n’a jamais était aussi pluréiforme. Dans le prolongement des recherches sur la modularité et une vison parfois organique de la ville, les recherches de Nikolaas John Habraken dans les années 60 et son système SAR représentent une première approche de la mutabilité du logement.

< Le SAR (Stichting Architecten Research) avait été créé vers 1965 et financé par quelques grandes agences d’architectes hollandais et par leurs organisations professionnelle, pour chercher des standardisations de superstructures ( les supports, bâtiments ou urbaine ) Ces standardisations devaient permettre l’emploi d’éléments industriels (les apports), faciliter la diversité des habitations de série et rendre possible une évolution pas extension ou remplacement (longévités différentes). >

Si ce rapport industrialisation/habitat s’est essoufflé au cours des décennies, les nombreuses démarches CASCO, Pays-Bas, ou encore les logements « prêt à finir » prônés par Patrick Bouchain montrent que la philosophie du SAR est en passe de trouver un écho contemporain fort. Renvoyant également à une autre démarche ancestrale: l’auto-construction. Identifier les différents éléments spatiaux fixes de chaque projet devient indispensable. Que ce soit ensuite un volume à construire laissé libre, ou une série de cloisons légères à déplacer, enlever ou ajouter, la mutabilité peut être guidée ou non dans le projet de base.

Lucien Kroll, Composants, faut-i industrialiser l’architecture? p.62

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Š architectural review


Le point de départ du projet est une décision politique de la ville d’Évora. Construire un nouveau quartier, mais en continuité avec la ville historique. L’enjeu urbain devient alors majeur.

MUTABILITÉ

C’est dans cette logique de continuité que Siza oriente le logement vers des maisons en bande. La gestion des infrastructures et des réseaux devient l’épine dorsale de ce vaste aménagement. Les maisons s’adossent aux aqueducs en parpaings, qui eux-même structurent le quartier et ses espaces publics.

QUINTA DE MALAGUEIRA Date: 1973-1977 Localisation: Evora, Portugal Architecte: Alvaro Siza Vieira Logements:

1200,

répartis

en

deux types

Dimensions: 8x12 m pour chaque maison

Typologies: Maisons en bandes à patio, 8 typologies différentes, allant du T3 au T6

< Je crois que ce qui m’intéresse dans la construction d’une ville, c’est sa capacité de transformation, quelque chose qui ressemble au développement d’un homme qui, dès sa naissance, a certaines autonomie suffisante, uns structure de base, pouvant accueillir ou résister aux changements de la vie. Cela ne signifie pas une perte d’identité. Ce qu’on a construit à Malagueira, c’est comme le point zéro d’un secteur de ville. > Alvaro Siza, l’Architecture d’Aujourd’hui n°298, 1991

Ce ‘point zéro’ se retrouve également dans les maisons à patio. Une base de 8 x 12 x 6m, commune a tout les logements, se décline en deux types. Type A avec patio à l’avant, type B avec patio à l’arrière. Autour de lui, l’habitat se construit, sur un à deux niveaux, laissant la possibilité aux habitants d’agrandir et modifier leur lieu de vie.

51


RDC


MUTABILITÉ QUINTA DA MALAGUEIRA >

R+1 Base et ses évolutions possibles

Organisation des évolutions en coupe

53


© ELEMENTAL


MUTABILITÉ

QUINTA MONROY Date: 2004 Localisation: Iquique, Chili Architecte: ELEMENTAL Logements:

93, répartis en grou-

pement de 5

Dimensions: 3x6 m comme base

simplex 54 m2 avec extension duplex 72 m2 avec extension

Typologies: Simplex et duplex imbriqués, le nombre de chambres dépend de chaque foyer et de ses besoins

Ce projet «phare» de l’agence chilienne ELEMENTAL prend place dans un contexte bien particulier. A la demande de la ville d’Iquique, une recherche sur le relogement des habitants d’un bidonville est menée. L’expérience méconnue PREVI - Proyecto Experimental de Vivienda - mise en place en 1966 au Pérou est une des références. Ce programme avait été créé pour tenter de lutter contre le développement galopant des bidonvilles en Amérique latine. Coordonné par l’architecte britannique Peter Land, il a orienté une réflexion sur le logement social à une échelle humaine, et notamment sur le potentiel d’évolution que représente la maison, en lieu et place de la barre de logements. Et ainsi tenter de réinvestir la capacité d’incrémentalisme des bidonvilles.

< That was the genius of the PREVI: it was designed as a plateform for change. The houses were not the end but the beginning. As frameworks for expansion, they evinced one of the key principales oth ‘barriadas’, which is that a house is a process and not a static object. [...] Here, even though some of the architects tried to stipulate how the houses could grow, growth was the whole idea.> Justin McGuirk in RADICAL CITIES - Accross Latin America in Search of a new architecture, p.75

La réflexion d’ELEMENTAL reprend donc les principes du PREVI, bien que dans une approche extrêmement pragmatique. Au-delà de la capacité d’évolution héritée des années 60, à Iquique l’enjeu économique conduit les architectes à proposer une demi-maison, sans finitions. L’acte architectural devient élémentaire.

55


Principe en coupe


MUTABILITÉ QUINTA MONROY

RDC

R+1 57


REPORT ON THE TILA OPEN BUILDING PROJECT IN HELSINKI

The architect’s dwelling

11


MUTABILITÉ

TILA HOUSING PROJECT Date: 2010 Localisation: Helsinki, Finlande Architecte: TALLI architects Logements: 39 Dimensions: 102 m2, 68 m2 et 50

m2, trois superficies de base

Typologies: Un volume maximal permettant la construction de deux niveaux au sein de chaque logement La partition des pièces est laissée au choix des habitants

Le TILA housing project est une des concrétisation de la démarche d’Open Building. S’appuyant sur la base théorique du SAR de John Habraken, ce réseau s’officialise sous le nom d’Open Building Network en 1996. Organisation internationale, elle prône divers principes à pousser et mettre en œuvre dans le secteur de la construction, afin de cultiver une qualité de notre environnement quotidien. - Affirmer la distinction entre les niveaux d’interventions dans le monde du bâtiment, mettant en opposition les supports et les remplissages. - Les rôles que peuvent jouer les habitants dans la conception de leur lieu de vie est mis en avant. - La conception d’un projet étant un processus à plusieurs, il est nécessaire de travailler avec tout les acteurs, quelque soit leur champ de compétence - L’interface entre différents systèmes techniques permet le remplacement ou l’échange de l’un de ces système par un autre de la même fonction - Tout ce qui est construit fait cependant partie d’un processus créatif qui n’est jamais terminé,où tout change au fur et à mesure Dans ce projet, le principe des deux niveaux d’interventions est clairement repris, enclenchant un processus d’incrémentalisme, cher à John Habraken. 59


Principe en coupe


MUTABILITÉ TILA HOUSING PROJECT

Schéma d’organistation

61


©Lucien Kroll


MUTABILITÉ

LA MÉMÉ (maison médicale) Date: 1970 - 1972 Localisation:

Woluwe-Saint-Lambert, Belgique

Architecte: Lucien KROLL Dimensions:

Trame constructive de 30 cm, contre-trame de 10 cm

Typologies: Chambres étudiantes, colocations étudiantes, petit studio

Le travail de Lucien Kroll étant basé sur l’incrémentalisme, il est nécessaire de présenter une de ses réalisations. Bien que la Maison Médicale de l’Université de Louvain soit un projet d’habitat étudiant, son histoire et son principe font sens dans cette recherche. En 1969, les étudiants en médecine de l’UCL demandent à Kroll de reprendre intégralement le plan de la zone sociale de leur nouveau campus. En opposition avec le projet souhaité par les instances dirigeantes, Les étudiants et leur architecte tiennent bon.

< Deux politiques d’habitat étaient possible: l’une est celle de l’autorité maternante dont les spécialités calculent les besoins, fabriquent des objets à habiter, rationnels, confortables, hygiéniques, et renforcent la division industrielle des rôles et le désintérêt des étudiants; l’autre est participative, pluraliste, elle englobe chaque interlocuteur comme une personne et non comme une fonction, elle suppose une compréhension, une pédagogie, un échange des responsabilités, un partage des rôles. Elle est contagieuse par avance; en vue d’accueillir les décisions des habitants, elle doit rester mobile, ouverte, transformable et amorcer la créativité sans la contraindre. > Lucien Kroll, in Simone & Lucien Kroll, une architecture habitée, p.89

Reprenant les propositions de John Habraken - supports/ apports - une trame structurelle et organisatrice est adoptée. Derrière ce ‘militarisme’ extrême, apparaît en fait une liberté totale dans l’agencement des espace de vie. Les cloisons sont disposés selon le bon vouloir des étudiants/ habitants, suivant la contre trame de 10 cm. 63


Un amĂŠnagement possible, cloisons modulables


MUTABILITÉ LA MÉMÉ

Éléments structrels - supports Grille de base aux cloisons et aménagements - apports 65


Transformation spatiale Nécessaire

Malagueira

Monroy

Tila

La Mémé

Libre

Trame constructive

Moins de 20 ans

Logement collectif


MUTABILITÉ SYNTHÈSE

La confrontation entre les études de cas aboutie à une première impression: la démarche prônée par l’Open Building Network regroupe la majorité des enjeux pour un logement mutable. Construit en Finlande, le TILA Housing Project est issu d’un contexte européen, rendant l’expérience d’autant plus transposable en France. Et pourtant, une autre impression se dessine; le principe de mutabilité de l’habitat perd de sa richesse dans ce bâtiment. La nécessité d’engager des travaux d’aménagements avant même de pouvoir s’installer dans son logement pose question. Bien sur les principes de l’Open Building sont louables et pertinents, mais leur concrétisation n’est pas suffisamment convaincante. Revenir sur les autres études est essentiel à la compréhension d’un tel ressenti.

Similaire dans le principe, le quartier Quinta Monroy d’ELEMENTAL prend néanmoins place dans un site et un contexte très différent. Tout en mettant en avant le PREVI, injustement oublié. PREVI dont le principe d’évolution potentielle de chaque logement fait écho à l’approche menée par Siza à Évora: ouvrir le champ des possibles, sans pour autant réduire la conception à une strcture et des blocs techniques optimisés. La grille de Lucien Kroll en est la concrétisation même. Lui qu’on a si souvent décrit comme l’architecte des ‘villages de schtroumphs’, fait de la Mémé un superbe paradoxe, union du tout maîtrisable et du grand n’importe quoi. Trouver la juste mesure entre la conception des espaces et la possibilité d’aménagements futurs, là est l’enjeu pour un logement mutable qualitatif.

67



FLEXI BI LITÉ 69


Mur, système porteur

Distribution

Cloisons

ÉLÉMENTS S PAT I A U X FIXES

Espace en plus

Sanitaires

Espace extérieur

Cuisine

Accès logement

Escalier

Accès multiple

Espace du logement Trame constructive

Espace flexible

TX

Typologie

USAGES Unité de vie Non fonctionnalisation de l’espace

Accès indépendant

Trame spatiale


FLEXIBILITÉ PRÉSENTATION DU CODE GRAPHIQUE

La question des usages dans l’habitat a longtemps été ignorée dans la production du logement. Pourtant il a été vu précédemment que plus que jamais l’habitat est le théâtre de nombreux usages et interactions sociales. Comment permettre une adaptation, une appropriation, sans pour autant évoquer une transformation matérielle du cadre de vie?

Permettre aux habitants de jouir d’un espace supplémentaire, qu’une fonction lui soit attribuée ou non à la base. Dans un souci de rigueur, cet espace est clairement identifié, ainsi que celui du logement, inscrit dans sa trame constructive. La deuxièle catégorie est celle de la non fonctionnalisation des pièces.

Étudier les systèmes fixes et pérennes au sein du logement est le point de départ de la méthode d’analyse. En identifiant clairement les différentes entités - sanitaires, cuisine, cloisons, système porteur - les espaces se qualifient, et la répartition des usages se révèlent. Une fois cette étape réalisée, qu’en déduire sur la flexibilité, et donc les usages au sein du logement? En décortiquant différents projets à la marge, deux catégories se distinguent. La première est résumée comme celle de la ‘pièce en plus’.

71


ŠLacaton & Vassal


FLEXIBILITÉ

CITÉ MANIFESTE Date: 2005 Localisation: Mulhouse, France

C’est à l’occasion des 150 ans de la construction de la cité ouvrière de Mulhouse que la SOMCO - Société Mulhousienne des Cités Ouvrières - lance le rojet de la Cité Manifeste. 5 équipes d’architectes se répartissent un total de 61 logements à construire sur les anciens terrains Schoettlé. Dans la continuité de leurs recherches sur l’espace double, Lacaton & Vassal décident d’aller au-delà des standards du logement social.

< Convenir avec le maître d’ouvrage que puisque le coût de construction était le même que celui d’un appartement standard, le prix de location pouvait être sensiblement le même, et pas deux fosi plus cher. >

Architecte: Lacaton & Vassal

Anne Lacaton, in PLUS- Les Grands Ensembles de loge-

Logements:

Ils décident de remplir intégralement leur parcelle avec une structure poteaux/poutres en béton, sur laquelle trois serres horticoles sont posées.

médiaires

14 logements inter-

Dimensions: Trame constructive

de 7,5 m pour les poteaux bétons, 2 m pour les supports des serres

Typologies: Duplex imbriqués variant du T2 au T5

ments, territoire d’exception, p.61

À partir de là, ils définissent trois règles nécessaires à la répartition des logements au sien de ces structures. Tous sont en duplex, chaque salon comporte 6 à 7 m de linéaire de façade, chaque chambre 3 m. Au-delà de l’espace du jardin d’hiver qui est offert aux habitants, ce sont l’intégralité des surfaces qui sont ‘plus’ que les standards, laissant aux habitants la possibilité de vivre ensemble comme ils l’entendent.

73


Schémas plan RDC et R+1 Éléments pérennes et équipements


FLEXIBILITÉ CITÉ MANIFESTE

Schémas plan RDC et R+1 Volumes des logements et espace flexible

75


©Stéphane Lucas/ Hervé Abbadie


Rencontrer en France un immeuble de logements collectifs prenant en compte l’évolution dans le temps n’est pas aisé. Mais une fois trouvé, il redonne courage, face à l’accumulation grandissante des réglementations et des normes qui régissent l’habitat.

FLEXIBILITÉ

LOGEMENTS RUE DES MARAÎCHERS Date: 2006 Localisation: Paris, France Architecte:

tectes

Badia-Berger

archi-

Logements: 47 Dimensions: Trame constructive 3m

Typologies: du T1 au T4, avec regroupement ou non permettant d’obtenir des typologies remarquables

Cet immeuble de Marie-Hélène Badia et Didier Berger prend place au sein de l’aménagement d’anciens terrains de la RATP, cordonné par l’architecte Pierre Berger. Devant une façade plutôt conventionnelle - pas d’extravagance de couleurs ou de revêtement - on devine déjà le rôle essentiel de la trame. Rabattue sur le plan, elle régie l’organisation des logements, permettant entre autre de faire varier l’affectation des espaces. L’assemblage des logements est un autre aspect particulier du projet. Entre chaque grand logement - T3 ou T4 - un studio ou T2 est intercalé. Bénéficiant d’un accès indépendant, il peut être intégré à un grand logement ou non,ouvrant de nombreuses perspectives d’usages et d’habitabilité.

< Nous cherchons systématiquement des continuités spatiales et de la fluidité dans les logements: agrandir l’espace, lui donner plusieurs lumières, permettre des usages différents. Nous avons utilisés pour cela des dispositifs simples et mobiles, qui permettent de faire varier la destination d’un même espace [...] La recherche d’une neutralité des espaces du logement, de leur non-fonctionnalisation est rapidement devenue une base de travail. > Marie-Hélène Badia, in Bien habiter la ville, p.63

77


Schémas plan étage courant Éléments pérennes et équipements


FLEXIBILITÉ RUE DES MARAÎCHERS

Schémas étage courant Volumes des logements et assemblages

79


©SANAA


FLEXIBILITÉ

MAISON MORIYAMA Date: 2002 Localisation: Tokyo, Japon Architecte: SANAA Logements: 1 à 6 Dimensions:

Pièces de 10 à 20 m2 en moyenne

Typologies: Espaces de vie pour une à 6 personnes indépendantes

Insérée au milieu d’un tissu urbain encore majoritairement traditonnel, cette maison individuelle en mimétise la morphologie. En lieu et place d’un unique volume habitable, Nishizawa et Sejima démultiplient les espaces, jouant sur le rapport plein/vide et public/privé, venant circoncir des espaces extérieurs intimes pourtant non limités.

< In Japan, especially in Tokyo, it is difficult to design a big space. If four people, two parents and two children, live together, we automatically think that the house needs three bedrooms, two for the children and one master bedroom. Then the rest would become the living-dining-kitchen area, i.e., the public space for the family. Even if I had tried to minimize the bedrooms, the rest would still have been too small, so I decided not to make one big space but many small spaces.> Kazuyo Sejima in El Croquis n°177/178, p.21

Si cette citation ne décrit pas la maison Moriyama en particulier, elle permet d’éclairer le principe de sépararation par la multiplication des lieux. Au final, 5 cuisines/ salles à manger, 7 pièces de vie, 2 bureaux et 4 chambres s’égrennent sur le site. Bien que le projet soit à l’origine destiné à M.Moriyama et sa mère, les architectes leur offrent la possibilité d’accueillir d’autres habitants dans certains blocs, renforçant l’usage multiple de chaque pièce.

81


< Schémas plan RDC et R+1 Éléments pérennes et équipements


FLEXIBILITÉ MAISON MORIYAMA

Schéma RDC Volumes des logements et usages

83


©BOSKOP


FLEXIBILITÉ

< Comment partir sur de nouvelles bases pour rendre possible ce qui est actuel? En expérimentant: l’expérimentation suppose des protocoles, permet des adaptations, admet des corrections. Ce n’est pas le lieu de la certitude, où il conviendrait d’innover pour innover, mais plutôt un laboratoire où les catégories de pensée mêmes sont remises à plat. >

François Delhay, in La réponse de Boskop aux comportements contemporains mobiles et flexibles, Le courrier de l’Architecte, le 27.10. 10.

Architecte: BOSKOP Architectes

La volonté expérimentale des architeces amène le projet vers une configuration dense et inédite. Situés dans la ZAC de la Bottière-Chênaie - quartier Est de Nantes - les logements accompagnent la pente douce du terrain, permettant d’épanneler la volumétrie et d’offrir des vues orientées Sud au maximum de logements.

Logements: 55

4 paramètres - appelés ‘motifs’ - génèrent l’habitat

LA SÈCHERIE Date: 2008 Localisation: Nantes, France

Dimensions: Bande habitée de 55 m de long par 4,6 m d’épaisseur

Typologies: T2 à

- Un famille variable Créer l’individualité et le vivre ensemble pour des habitants aux schémas de vie de plus en plus variés. - Un jardin secret dans la ville Mesurer l’intimité donnée aux habitants au sein de la ville contemporaine. - Densité du tissu urbain Inverser la tendance. Penser dédensification d’un tissu maximal - creuser - en lieu et place d’une densification d’un tissu maximum - juxtaposer. - L’attitude du concepteur Ne pas rester en marge des changements, prôner la précision en parallèle de la réserve dans le dessin.

85


< Schémas plan RDC et R+1 Éléments pérennes et équipement


FLEXIBILITÉ LA SÈCHERIE Schéma RDC Volumes des logements et usages

87


Espace en plus

Inclu

Cité Manifeste

Rue des Maraîchers

Moriyama

La Sècherie

Annexe

Neutralité de l’espace face aux usages

Trame Constructive

Spatiale

Logements collectifs


FLEXIBILITÉ SYNTHÈSE

La flexibilité semble être une thématique récente dans l’étude du logement. Bien que le principe du loft existe depuis plus de 15 ans, les projets étudiés ici exploitent différemment ce rapport au temps. L’immeuble de Badia-Berger, ainsi que l’ensemble de logements de BOSKOP sont particulièrement remarquables.

met en place. Ce type de proposition, perçue comme radicale pour certains, présente un vaste potentiel pour le logement contemporain. Enrichi par une pièce supplémentaire, commune à 3 logements. Le travail sur la pièce devient central, rejoignant les préoccupations modulaires vues plus haut.

Le premier propose avec presque rien une trame constructive rigoureuse et un accès supplémentaire pour chaque studio - une richesse d’usages et de modes de vie. Il nous viendrai presque l’envie de dire ‘pourquoi ne pas y avoir pensé avant? ‘, face à l’évidence du plan. Cette apparente simplicité - faisant écho au travail de SANAA - est évidemment le fruit d’une recherche ardue sur la mesure à donner pour chaque logement.

À la Sècherie, les architectes disposent les pièces de manière à caractériser chacune d’entre elles. Non pas par sa fonction, mais par con emplacement vis à vis de l’ensemble. Avec un point de vue lointain ou non, en lien avec le reste du logement ou séparé par le jardin central... En lieu et place des surfaces standards donnant la fonction des pièces pour ensuite aboutir au plan du logement, la situation devient une composante essentielle au choix des usages.

Le travail de BOSKOP à Nantes reprend cette finesse du dessin. En basant l’intégralité du plan sur une trame rectangulaire délimitant des pièces de 15 m2 chacune, la neutralité des espaces se

L’individualisation neutre de certains composants du logement, une solution pour un logement flexible?

89



CON CLU SION 91


MODULARITÉ

TRAME

MUTABILITÉ

FLEXIBILITÉ

GRAIN

T RA N S FORMAT I O N S P A TIALE


TRANSVERSALITÉS

Suite à la synthèse de chaque axe de recherche, il faut à présent analyser si des transversalités émergent. Sur la modularité, trois aspects ressortent. L’importance de la trame dans la conception du logement, mais aussi comme moyen d’étendre dans le futur un projet déjà construit. L’habitat comme équilibre entre l’individu et le groupe, théâtre du ‘vivre ensemble mais indépendemment’. Une réflexion à l’échelle de la pièce comme générateur d’espace. Sur la mutabilité, une conclusion majeure s’impose; travailler la juste mesure entre les espaces conçus et les possibilités d’aménagements par les habitants. La question de la place de l’architecte dans ce processus de conception est donc sous-jacente. Sur la flexibilité, deux pistes de ‘mise en œuvre’ sont identifiées. Cependant, les études de cas croisant leurs richesses propres, une piste générale est définie: l’individualisation neutre de certains composants du logement comme méthode de projet permet d’envisager la ville contemporaine sous un nouvel angle.

Trois caractéristiques du tableau recoupent le plus d’études de cas, devenant de potentielles pistes de transversalités. Quelque soit l’axe auquel appartient l’étude de cas, la trame joue un rôle important dans la conception pour une large majorité - 10 sur 12. Quelle soit spatiale et/ ou constructive elle est armature à l’habitat.

< La grille constitue les fondations de l’élaboration d’un projet graphique. Elle permet au graphiste d’organiser de manière efficace les divers éléments sur une page. Elle constitue en somme le squelette d’une œuvre. Les grilles apportent ordre et structure aux projets graphiques. > Gavin Ambrose & Paul Harris, in Grilles, p.6

Si cette citation concerne le projet graphique, l’analogie, bien que naïve, avec le projet architectural permet de mettre en évidence le rôle de squelette de la trame. Avec la trame est la base en filigrane, la pièce apparaît comme l’élément générateur d’espace, commun à la moitié des études de cas. L’appellation de

Afin de croiser les trois synthèses, un tableau récapitulatif est effectué [voir Annexe 1]. Il regroupe tout les projets, et les croisent avec les caractéristiques les plus probantes de chaque axe. 93


Répétition

Connecte semble. C Pour illus la proprié tailles ou fiable en

Parcours

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Répétition

Sélection

Connecte être suffi ©Patrick Ayer


TRANSVERSALITÉS

‘grain’ est choisie, en référence à la pensée métaboliste, qui l’utilise dans ses processus d’assemblage

< Répétition Connecter en introduisant un facteur commun aux différents éléments présents dans l’ensemble. Ce facteur commun peu être formel, matériel, ou même fonctionnel. Pour illustrer ce cas, Maki fait appel à la notion de « grain » telle que l’a définie Kevin Lynch, soit la propriété d’un groupement de bâtiments (cluster), à présenter des similitudes dans leurs tailles ou leurs formes, et qui les différencie de leur contexte. Il s’agit donc d’un groupe identifiable en plan par son grain particulier. > Patrick Ayer in, Métabolisme | Tokyo entre saturation et décroissance, diachronie d’un espace urbain fragmenté, p.57

Dans le cas de la recherche, il n’est pas question d’un ensemble de bâtiments, cependant l’utilisation du ‘grain’ renvoi avant tout à un dénominateur commun. Une fois la base et le grain identifié, la transformation spatiale est la troisième caractéristique majeur - 8 études de cas sur 12. Elle implique différents degrés et temporalités d’aménagement. Les extensions peuvent englober les évolutions possibles, en annexe du logement construit. Le réaménagement est plutôt considéré pour les transformations internes à l’habitat. Le cas des travaux nécessaire à l’habitabilité des lieux est possible, bien qu’il ne soit pas majoritaire.

Il apparaît désormais clair que les projets séparés par thématique d’analyse peuvent en fait être lu selon une décomposition commune en trois strates. La grille Le grain La transformation Évidemment chaque projet étant unique et spécifique, chacune de ses trois strates va être amplifiée ou non selon le cas. Cette recherche absolu d’un dénominateur commun générique n’aura donc pas eu lieu. Et c’est bien là l’intérêt de cette recherche. Il n’est pas question de réussir à pointer une catégorie, un type, bien vite contraignant, mais plutôt de faire émerger un processus. Avec ce processus en main, quel impact potentiel sur le logement en France? Certes il est issu de nombreux projets construits à l’étranger qui ne sont donc pas concernés par les réglementations en vigueur. Cependant la composition en trois paramètres permet d’imaginer une certaine souplesse du processus. La prochaine étape évidente dans cette recherche du faire autrement le logement serai la confrontation active à l‘espace. Concevoir intégralement un projet basé sur ces trois paramètres, afin d’en vérifier la pertinence et le potentiel de résultat. 95



BIBLIO GRA PHIE 97


OUVRAGES

Le logement contemporain 1995/2012 - Entre confort désir et normes Monique Eleb et Philippe Simon, Collection Architecture, Éditions Madraga, Bruxelles, 2013, 303 pages

Bien habiter la ville Sous la direction d’Ariella Masboungi, Collection projet urbain, Éditions Le Moniteur, Paris, 2010, 176 pages

Penser l’habité - le logement en questions Monique Eleb, Anne-Marie Chatelet, Thierry Mandoul, Éditions Madraga, Liège, 1988, 183 pages

Simone & Lucien Kroll, une architecture habitée Sous la direction de Patrick Bouchain, Éditions Actes Sud, 2013, 357 pages

100 logements collectifs du XXe siècle Yves Lion - Logements avec architecte Jean-Michel Léger, Éditions Creaphis, 2006, 269 pages

Hilary French, Edition du Moniteur, Département Architecture, 2009, 240 pages

PLUS- Les Grands Ensembles de logements, territoire d’exception

RADICAL CITIES - Accross Latin America in Search of a New Architecture

Frédéric Druot, Anne Lacaton & Jean-Philippe Vassal, Éditions Gustavo Gili, Barcelone, 2007, 264 pages

Justin McGuirk, Éditions VERSO, Londres, 2015, 296 pages

Lacaton & Vassal - 1993/2015 El croquis n°177/178, Madrid, 2015, 372 pages


THÈSE ET TRAVAUX ÉTUDIANTS

Sites internet

Métabolisme | Tokyo entre saturation et décroissance, diachronie d’un espace urbain fragmenté

http://open-building.org/ob/hist.html

Patrick Ayer, Énoncé théorique de Master EPFL, Janvier 2011

Site internet du CIB W104 Open Building Implementation

La Nérac, témoin d’une conception- De l’idée à l’objet Delphy Huart, Master Habitat & Énergie 2010-2011, mémoire dirigé par Paul Landauer, École d’architecture, de la ville et des territoires de Marne-la-Vallée

ARTICLES La réponse de Boskop aux comportements contemporains mobiles et flexibles François Delhay in Le courrier de l’Architecte, le 27.10. 10. https://www.lecourrierdelarchitecte. com/article_448

Alvaro Siza - Mesure d’un parcours Laurent Beaudoin in l’Architecture d’Aujourd’hui, n°298, 1991, pages 53 à 68

99



ANN EXES 101


ESPACE EN PLUS INCLUT

Habitat 67

Nakagin Kitagata La Nérac

Malagueira Monroy Tila La Mémé Cité manifeste Rue des maraîchers Maison Moriyama La sècherie

ANNEXE

TRAME SPATIALE

CONSTRUCTIVE

TRANSFORMATION LOGEMENT COLLECTIF

NÉCESSAIRE


SPATIALE POSSIBLE

PRÉFABRICATION

PIÈCE COMME ‘GRAIN’

MOINS DE 20 ANS

LOCALISATION FRANCE

ANNEXE 1

TABLEAU RÉCAPITULATIF GÉNÉRAL

MODULARITÉ

MUTABILITÉ

FLEXIBILITÉ

103


PLAN HABITAT 67 ©McGuill Univerity


ANNEXE 2

PLAN ORIGINAUX DES 12 ÉTUDES DE CAS

PLAN NAKAGIN CAPSULE TOWER

105


PLANS DES DIFFÉRENTES TYPOLOGIES DES LOGEMENTS À KITAGATA ©SANAA


PLAN SCHÉMATIQUE DE LOGEMENTS DE LA NÉRAC ©Delphy Huart

107


PLANS COUPES ET FAÇADES D’UN LOGEMENT DE QUINTA DA MALAGUEIRA ©Alvaro Siza


PLANS DES TROIS NIVEAUX D’UN BLOC DE LOGEMENTS À QUINTA MONROY ©ELEMENTAL 109


PLAN D’UN ÉTAGE DU TILA HOUSING PROJECT ©TALLI Architects

A drawing of two levels of the building showing how the units have been filled in by the occupants.

4


PLAN D’UN ÉTAGE DE LA MÉMÉ ©Lucien Krolll 111


PLAN RDC ET R+1 DE LA CITÉ MANIFESTE DE MULHOUSE ©Lacaton & Vassal


PLAN D’ÉTAGE COURANT LES LOGEMENTS RUE DES MARAÎCHERS ©Badia-Berger

113


RDC DE LA MAISON MORIYAMA ©SANAA


RDC DE L’ENSEMBLE DE LOGEMENTS LA SÈCHERIE ©BOSKOP

115


RÉSUMÉ Face à la standardisation grandissante des espaces du logement en France, se pose la question suivante: Comment faire autrement ? En décortiquant l’habitat selon trois axes - modularité - mutabilité - flexibilité- une méthode se met en place. Afin de retranscrire au mieux les dispositifs spatiaux étudiés, une analyse par le schéma est choisie. La recherche de dénominateurs communs et de points de convergences devient l’enjeu essentiel à cette approche prospective du logement. Logement - Schématisation - Modularité Mutabilité - Flexibilité Juliette MARMONIER - Encadrant Joan Casanelles - ENSAL Septembre 2016


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