© Juliana Marin Taborda. Édition, Andrés Echavarría et Juliana Marin Photographies Juliana Marin Imprimé au site Lorient, EESAB, Janvier 2019.
Au vent, à la vague, à l’étoile. À tous ceux qui ont marché avec moi, de qui je n’avais pas conscience et jusqu’à ce moment donc, je pense que maintenant j’ai un peu. À l’amour inconditionnel de ceux qui m’ont donné leur sourire et leurs larmes. À mes amis de l’école de philosophie, ceux de l’atelier d’écriture, ceux qui ont marché avec moi avec une bouteille du vin dans les rues de Medellín, Bogotá, Guatapé, Lorient, Hamburg. À mes familles dans les chorales. À mes professeurs d’esthétique, de sociologie et de thèse. À mes parents et ma sœur pour leur compagnie et leurs leçons indirectes. À Juan Esteban Londoño pour soutenir ma folie.
À Monica Pérez et Joëlle Gallimard qui m’ont appris cette magnifique langue et par laquelle j’écris ce mémoire, à mon enseignant Georges Peignard et tout l’équipe pédagogique de l’EESAB pour leur soutien.
Ce livre est l’ensemble de ce qui est vraiment important pour moi dans la vie, et vous tous qui êtes des fragments dans cette construction de mon travail, et que je suis.
AVANT PROPOS Les Hébreux ont un mot qui fait référence au Connaître, qui n’implique pas seulement le discernement intellectuel, mais aussi celui de l’expérience : Yadah. Celui qui connaît, est dans la possibilité de se mettre dans le territoire de l’autre et en même temps est disposé à se perdre dans ses paysages. On connaît le monde et les gens qui l’habitent par le milieu, les différentes formes du langage, du regard, de la peau, des symboles et des signes. Cette connaissance ne fait pas attention au règne de la pensée calculatrice, laquelle mesure les processus et les résultats, soumis aux statistiques et aux chiffres, mais à un univers habitable, une pensée de celui qui enlève ses chaussures pour sentir la terre avec les pieds nus. Le mémoire de Juliana Marín c’est le carnet de voyage d’une femme qui arrive dans la ville de Lorient avec des questions,
Los hebreos tienen una palabra para referirse al conocer que implica no solamente el discernimiento intelectual sino también la experiencia: Yadah. Quien conoce, se adentra en el territorio de lo otro y está dispuesto a perderse en sus paisajes. Se conoce al mundo y a las personas que lo habitan a través de las diferentes formas de lenguaje, de las miradas, de la piel, de los símbolos y los signos. Este conocer no obedece al reino del pensar calculador, el cual mide procesos y resultados, sometido a estadísticas y cifras, sino al universo del pensar habitable, un pensar de quien se descalza para sentir el camino con los pies desnudos. El cuaderno de memorias de Juliana Marín es la bitácora de una viajera que llega a la ciudad de Lorient con preguntas que el trasegar de las lecturas había despertado en ella:
résultats des lectures qu’elle avait faites : c’est quoi l’identité ? Est-ce que l’identité est permanente ou est-elle mobile ? Est-ce qu’il y a une essence de l’être, ou chacune des choses existantes est une construction imaginée ? Est-ce que les accidents de l’âme reflètent ceux de la matière ? L’artiste peut-il pénétrer le cœur des endroits et sauver leur essence ? Après être mouillé par la pluie du port, après avoir dansé les danses bretonnes, après avoir regardé dans les yeux les habitants de la ville française et incarner leurs espoirs et leurs douleurs, Juliana a intériorisé la question de l’identité et comprend que cette question est aussi une recherche personnelle, un parcours ouvert à la découverte. Elle ne peut pas trouver l’essence de Lorient comme on trouve les racines d’un arbre, en creusant, ou comme on peut trouver le nombril d’un bébé, en coupant avec un ciseau, cependant elle découvre les odeurs des coins de la ville, les saveurs de la nourriture dans les cafés et les cuisines des habitants, les tonalités de l’aube quand le silence parle.
¿qué es la identidad? ¿Es permanente o móvil? ¿Hay una esencia del ser o cada nombre que damos a las cosas es un constructo imaginado? ¿Reflejan los accidentes el alma de la materia? ¿Puede un artista adentrarse en el corazón de los espacios y rescatar su esencia? Después de mojarse con la lluvia del puerto, de bailar las danzas celtas de Bretaña, de mirar a los ojos a los habitantes de la ciudad francesa y encarnar sus esperanzas y dolores, Juliana internaliza la pregunta por la identidad y comprende que esta es también una búsqueda personal, un caminar abierto a la sorpresa. No puede hallar la esencia de Lorient como se halla la raíz de un árbol, excavando, o el ombligo de un recién nacido, cortando con una tijera, pero descubre los olores de los rincones citadinos, el sabor de sus comidas en los cafés y las cocinas de los habitantes, las tonalidades de su amanecer cuando el silencio habla.
Juliana s’ouvre elle-même et découvre que l’identité signifie aussi le fait de s’ouvrir au monde que l’être humain est un animal du temps, que dans la promenade aveugle de se sentir perdue, apparaît aussi la question, et que la question c’est déjà une réponse. C’est pourquoi son travail artistique se remet en question. Son travail n’est pas ici pour donner des réponses ou pour donner des statistiques. Le rythme de son écriture suit le rythme des prises de vues photographiques. Son ouvrage c’est ce qui a été écrit pour être chanté, ce sont des méditations, se sont des miroirs blessés qui montrent l’être humain brisé, qui montrent cet humain qui se reconstruit lui-même au milieu du brouillard. Elle se regarde elle-même comme un reflet de ses propres questions, comme une voix et un symbole de l’existence inépuisable. Fernando Pessoa dit par la voix de son hétéronyme Álvaro de Campos qu’il s’est un jour déguisé pour faire face à la vie, et que les autres l’ont pris pour ce qu’il n’était pas. Il essaya d’enlever le masque qu’il s’était mis, mais le masque restait collé à son visage.
Juliana se abre y descubre que la identidad es un abrirse, que el ser humano es un animal de la intemperie, que en el caminar sobre el saberse perdido aparece la pregunta, y que la pregunta es ya una respuesta. Por esto su obra de arte sigue cuestionando. No está allí para ofrecer soluciones ni para presentar estadísticas. El ritmo de su escritura sigue el compás de los disparos fotográficos. Su obra visual y lo que fue escrito para ser cantado, es meditación, un espejo herido que muestra al ser humano roto, el cual reconstruye los pedazos de sí en medio de la niebla. Ella se ve en el arte como reflejo de sus propias preguntas, como voz del misterio que la llama desde un más hacia un más. Dice Fernando Pessoa en la voz de su heterónimo Álvaro de Campos que una vez se puso un disfraz para enfrentar la vida y otros lo tomaron por quien no era. Trató de quitarse la máscara que ya se había puesto, pero la máscara estaba pegada a su rostro. Cuando finalmente logró quitar su máscara y se vio en el espejo, ya había envejecido. Y es que tal
Quand il est finalement arrivé à l’enlever et qu’il s’est regardé face au miroir, il était déjà vieux. Tel est le jeu des masques, ils servent à modeler notre identité, pour dire que nous sommes une chose ou une autre. Nos visages et nos comportements sont conformes à leurs structures et nous finissons par incarner la vie que d’autres figures ont tracé, car elles étaient vraiment authentiques. Mais notre vocation n’est pas celle des masques ou de l’imitation. Notre vocation, et c’est de cela que Juliana nous parle avec son œuvre, c’est dévoiler les structures du masque pour nous démasquer. Il s’agit de l’appel du temps, de la nudité et du néant, au point de révéler cette identité, c’est ce que nous soulignons dans l’art alors qu’il a déjà disparu au même moment. L’œuvre dirige son regard sur ce qui s’en va, la laissant aussi, laissant l’artiste.
Juan Esteban Londoño Poète et Philosophe Hamburg janvier 2019
es el juego de las máscaras. Ellas sirven para moldear nuestra identidad, para decir que esto somos o que somos aquello. Nuestros rostros y comportamientos se amoldan a sus estructuras y terminamos encarnando las vidas que otras figuras trazaron porque fueron violentamente auténticas. Pero nuestra vocación no es la de las máscaras ni la de la imitación. Nuestra vocación, y es a lo que apunta Juliana con su obra, es develar las estructuras de la máscara para desenmascararnos. Se trata del llamado de la intemperie, la desnudez y la nada, hasta el punto de desasirse y revelar que la identidad es aquello que señalamos en el arte cuando ya en ese mismo instante se ha ido. La obra dirige su mirada a lo que se va, yéndose ella también, yéndose el artista.
Juan Esteban Londoño Poeta y filósofo Hamburgo, Enero de 2019
Sommaire 15 25
Présentation Introduction
CHAPITRE 1
Des notions, à propos de la recherche d’une identité
La nécessité de nommer La nécessité de l’unité Le monde en Effondrement
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APPENDICE DU CHAPITRE 1
Des notions, à propos de la recherche d’une identité
Des Antécédents Homo Aetatis
71 74
CHAPITRE 2
Études d’un lieu, la ville du bruit intérieur
95 105 115 123
La découverte La ville en papier La matière Lorientaise L’esprit d’une ville
CHAPITRE 3
Réflexions plastiques, de la forme à la parole
Des référents
147 147 150 153 156
Tomás Saraceno Gabriele Basilisco Valérie Jouve Michel de Broin
CHAPITRE 4
Conclusion, la fin du début
Appendice Bibliographie Bibliographie annexe
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Pour la première fois, je suis sortie de la Colombie. Pour la première fois, j’ai voyagé dans un avion pendant 14 heures. Pour la première fois, j’ai dû payer 30 euros pour le transport d’une année complète. Pour la première fois, j’ai eu l’obligation de parler français et anglais en même temps. Pour la première fois j’ai n’ai rien écouté dans la rue, seulement le silence total qui envahit Lorient tous les matins dans le quartier de Kerentech. Pour la première fois, je suis allée aux bureaux de la mairie et je n’ai pas pris 2 h en attendant un tour pour être prise en charge. Pour la première fois, une voiture qui venait à grande vitesse s’est arrêtée pour me laisser passer dans la rue. Pour la première fois, j’ai connu les appareils de chauffage. Pour la première fois, je me suis promenée dans une ville sans connaître personne, sans connaître la localisation, toute seule et dans la nuit, et en ayant la sensation de sécurité. Pour la première fois, j’ai vu un tapis des feuilles qui couvrait complètement la rue. Pour la première fois, j’ai connu le bateau bus. Pour la première fois, j’ai connu une tente de deuxième main Pour la première fois, je me suis sentie confortable en travaillant avec 15 personnes autour de moi. Pour la première fois, je suis allée à une laverie. Pour la première fois, j’ai connu un bunker allemand et une base sous-marine. Pour la première fois, j’ai connu une plage où il faisait 13 degrés. 15
Pour la première fois, j’ai laissé mon pc, mon téléphone portable, mon appareil photo et mon portefeuille seuls sur une table pendant 4 h et je n’ai pas eu peur de les perdre. Pour la première fois, j’ai connu un train. Pour la première fois, j’ai vu des pianos dans les stations de train. Pour la première fois, j’ai connu une vraie personne autochtone indienne et arabe. Pour la première fois, j’ai connu un château. Pour la première fois, je suis sortie pour voyager avec des étrangers. Pour la première fois, j’ai dansé le Forro, une dance brésilienne. Pour la première fois, j’ai mangé du camembert. Pour la première fois, je n’ai pas eu peur de faire une mauvaise combinaison avec mes vêtements. Pour la première fois, je me sens vraiment ouverte au monde. Je suis née en Colombie en 1997, une époque de dépassement de la guerre dans le monde entier. J’habitais dans un petit village du département de Chocó, un des plus beaux endroits de la Colombie, mais malheureusement, plein de corruption et de pauvreté. Parce qu’on est éduqué sous la consigne de dominer les autres, d’avoir le pouvoir, de conquérir le monde comme nous avait conquis nos amis européens. La Colombie est un pays si contradictoire ! il a l’air d’être éclectique mais il a un cœur conservateur. Jamais la Colombie n’a pu se reconstruire complètement après avoir dépassé une guerre ou une catastrophe naturelle. On s’est construit des 16
couches sur les idéologies imposées, venues du monde occidental, on habite encore dans une guerre qui divise fortement le pays. On a perdu la caractéristique principale de notre propre identité. La langue. Donc on a construit de grosses et hautes églises à Marie, à Jésus Christ, à Dieu. On s’est laissé contaminer par tout ce qui vient du dehors, on a changé l’utilisation des propriétés hallucinogènes de la nature en une chose mauvaise pour l’humanité. On est devenu un des plus grands producteurs et distributeurs de drogue. Notre culture est américanisée, francisée, espagnolisée... Tout cela à la Colombienne, ce qui veut dire, avec de la couleur, de la musique, la tonalité, le bonheur, et la résilience qui caractérise notre parcours de peuple. On est devenu de bons et résilients travailleurs. Une journée à Medellín c’est se lever avec les rayons du soleil qui traversent toute la maison. Et se doucher avec l’eau chaude ou froide en chantant avec les petits oiseaux qu’inaugurent toujours les beaux matins. Il s’agit de s’ordonner face au miroir en essayant d’être la plus belle version de ce que je suis visuellement, de manger un bon repas avec du fromage, des œufs, et du chocolat chaud et arepa. C’est sortir en moto vers l’université, et regarder les beaux nuages et le ciel bleu à 7 h 30 du matin. C’est saluer avec un sourire le surveillant avant garer la moto. Et sourire à nouveau pour saluer les autres surveillants du bâtiment d’Extension – c’est l’endroit où je travaillais-, c’est saluer encore avec un sourire n’importe qui je croise, arriver au poste de travail, saluer à haute voix tout le monde et se mettre à travailler avec 17
de la musique et une bonne tasse de café. C’est regarder pleuvoir et faire soleil en même temps trois fois dans la même journée, et donc entendre que Maritza est arrivée en retard parce que le métro s’est arrêté à cause d’une tentative de suicide d’une personne épuisée de ce système. C’est saluer Sébastian avec un grand bisou et recevoir toute sa belle énergie, c’est arrêter mes fonctions pour écouter LuzMa qui me lit ses articles pour le journal Alma Máter sur la dialectique, la politique et le Marxisme. C’est se promener dans les couloirs et saluer Clarita qui m’offre plus de café, saluer « Doña Rosi » qui ordonne toujours le bureau, saluer aussi mes amis du bureau de TV. C’est me lever du poste du travail et regarder par la fenêtre les petites voitures qui passent au rez-de-chaussée, et sortir pour aller dix fois dans la même journée jusqu’à la citadelle universitaire de l’autre côté de la rue. C’est alterner entre travail et cours toutes les deux heures. Puis sortir du bureau à 18 h, se rencontrer avec les amis, prendre un café avec eux, parler du temps, de l’air, des jolies femmes, des jolis hommes, des copines, de la fin du monde par rapport aux problèmes environnementaux, de politique, de la manière avec laquelle ces cons qui contrôlent notre société veulent tuer l’éducation publique ; parler aussi des professeurs, des études, des problèmes qu’on a, et des rêves qu’on a, de nos projets personnels, des pigeons et des choses à venir. C’est aller au théâtre à 19 h, changer mes vêtements pour ressembler à une femme élégante, faire l’animation du spectacle, après devenir photographe, et en faire les supports 18
visuels en même temps que je profite d’une bonne pièce de théâtre, ou de piano, ou de danse, ou de n’importe quoi. Presque toutes les oeuvres qui sont présentées là sont de bonne qualité. C’est sortir du théâtre avec des vêtements sportives et tourner trois fois au tour de la citadelle, puis s’étirer, faire des abdominaux, manger une pomme, aller récupérer mes affaires, et m’asseoir avec une bière pour lire Zygmunt Bauman et les essais sur l’histoire de Walter Benjamin. Après, quand j’ai « les yeux carrées » a 22h, reprendre la moto, saluer les surveillants avec un sourire et un air fatigués, arriver chez moi, manger, et me coucher.
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Recuerdo cuando amaba dormir, dormir y comer, cuando estar ausente de mi razonamiento, vagando por los caminos del recuerdo era, mi mayor deseo. Amaba sentirme ya no una parte de este mundo terreno, Sino otra estrella del universo. Era para mí el reposo la clave de la felicidad; – ¡Ah! y que no falten las delicias que sacian nuestros cuerpos, volviéndonos momentáneamente más fuertes e inmediatamente más titubeantes – . De pronto en esa póstuma inocencia hallaba el regocijo del colibrí, al penetrar con su pico la flor, sintiendo dentro de sí aquél preciado maná que le brindaba la energía para batir con mayor potencia sus alas. Así era entonces cuando yo amaba dormir, cerrar mis ojos y sentirme no más yo, y mejor aún, convertirme en la heroína de mis sueños. Ahora tal júbilo es imposible de hallar, Y quizá aquella inocencia sea hoy producto de alucinaciones, Pues aquellos espíritus que adornaban mis sueños Me acompañan también en la vigilia. Entonces, ahora sueño más que cuando sueño; Entonces no quisiera ya más entregarme a caminos desiertos Con sorpresas que se lleva el viento, No quisiera ya más tener que decidir encontrar el sosiego;
Como si para soñar, aunque sea despierta, No irrumpiera el viento Desplazando las dunas desde lo más íntimo y lo más profundo A la sublime desnudez del humano, Que sentado, acariciando su lecho, Decide controlar sus sueños y sus deseos. Entonces ahora no puedo recordar con nostalgia eso que tanto amaba, Pues ya sé que los campos de flores en los universos alternos podrían ser equiparables A los campos de almas donde yacen aquellos que si duermen. Entonces recuerdo luego, que lo que más amé es ahora un amor en reverso, dónde ya no me pierdo en ese desierto y puedo soñar despierta.
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Je me souviens quand j’aimais dormir, dormir et manger, Quand l’absence de mon raisonnement, en errant vers les chemins des souvenirs était mon désir majeur . J’aimais ne pas me sentir une partie de ce monde matériel, Sinon une étoile de l’univers. La clé du bonheur c’était pour moi le repos ; - Ah! ils ne peuvent pas manquer les délices qui apaisent nos corps, en nous retournant momentanément plus forts et tout de suite hésitants-. D’un coup dans cette posthume innocence, je trouvais la joie du colibri, quand il pénètre avec son bec la fleur, en sentant dans son propre intérieur cette manne appréciée qui lui donne toute l’énergie pour qu’il puisse battre plus fort ses ailes. C’était donc comme ça quand j’aimais dormir, fermer mes yeux et ne pas me sentir plus moi-même, sinon, devenir l’héroïne de mes rêves. Maintenant telle joie est impossible à trouver, Et peut-être que cette innocence est aujourd’hui un produit des hallucinations, Parce que ces esprits qui décoraient mes rêves Me font compagnie aussi dans ma lucidité. Alors, je rêve plus que quand je rêve ; Alors, je ne voudrais pas me donner à des chemins déserts Avec des surprises qui volent avec le vent, Alors, je ne voudrais plus avoir la nécessité de trouver la calme ; Comme si pour rêver, bien que je sois éveillée, N’arriverait pas brusquement le vent En déplaçant les dunes du désir depuis le plus intime et le plus profond de mon intérieur Jusqu’à la sublime nudité de l’être humain, Lequel assis, en caressant son lit, Choisit de contrôler ses rêves et ses désirs. Alors maintenant je ne peux pas me souvenir avec la nostalgie de ce que j’aimais beaucoup, parce que je sais déjà que les champs de fleurs dans les univers suppléants pourraient être similaires aux champs des âmes où reposent ceux qui dorment. Alors, je me souviens, que ce que j’ai beaucoup aimé c’est maintenant un amour à revers, où je ne me perds plus dans ce désert et je peux rêver même éveillée. 22
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INTRODUCTION Ce qui est charmant et qui fait peur en même temps, c’est l’inconnu. L’humain dès l’enfance sent la nécessité d’aller à la découverte du monde, de sortir pour voir, toucher et gouter tout ce qui est nouveau pour lui. Il a découvert le ciel, les étoiles, les courants d’eau, les animaux, le soleil... Il a essayé de comprendre leur logique par rapport à la pensée mythique, et de cette manière il a établi sa faiblesse dans le soutien des Dieux... Fatigué d’être soumis au pouvoir de ce qu’il ne peut pas toucher, l’humain est devenu matérialiste, il a créé un nouveau dieu qui contrôle le monde : un dieu physique, de papier, en espèce. Avec le dépassement du temps, l’humain est devenu une machine stable dans un territoire spécifique ; par conséquent, il a eu la nécessité de nommer tout ce qu’il y a autour de lui, il a établi des règles pour vivre en coexistence, il a inventé la « société ». Un des mots les plus agressifs par rapport à l’individu. « Société » veut dire un ensemble de personnes qui se rattachent d’abord à des règles et à une culture spécifique. « Société » veut dire aussi l’effacement de l’individu comme être libre et autonome. « Société » implique nécessairement la conjonction des gens dans un même espace. L’identité est un petit mot avec une grande responsabilité, parce qu’elle entoure, selon le dictionnaire de la langue française : « le caractère permanent et fondamental de quelqu’un, d’un groupe, qui fait son individualité, sa singularité ». Ce mot vient du Latin « idemtais » qui veut dire : la même chose, ce qui a qualité d’identique,
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ce qui ressemble à un autre sujet ou chose. « Identique » est une approximation, est un point commun entre une multiplicité des choses. L’homme, est celui qui créé le monde par rapport à ce qu’il est. « Le monde est ma représentation », c’est la grande sentence avec laquelle Schopenhauer commence son oeuvre maître « Le monde comme Volonté et Représentation » 1. Dans ce gros volume, l’auteur exprime sa pensée dans laquelle les individus sont des esprits qui nomment le monde, qui le représentent, qui se représentent eux-mêmes comme matière dans un espace qui est relatif, puisque tout ce qui est dans l’espace-temps est relatif en raison de qui est attaché aux causes ou aux motifs qui sont modifiés pour chaque individu 2 (sujet matériel habitant dans l’espace-temps, ou l’univers).
C’est-à-dire, le monde est une construction des
subjectivités qui sont toutes liées nécessairement en faveur de la coexistence, de la création d’une « société » qui est composée des millions des individus. De la même manière que l’homme a besoin de nommer les choses, il a besoin aussi de s’approprier le monde. C’est pourquoi il a créé un monde qui est en harmonie avec les règles désignées pour leur groupe social. C’est ainsi qu’on peut observer des différences esthétiques,
politiques,
culturelles,
sociales,
idéologiques,
1. Schopenhauer, Arthur (18, livre premier p. 133) Le Monde Comme Volonté et Représentation. 2. Cela constitue la loi de la causalité inscrite dans le principe de raison de Schopenhauer, où chaque connaissance du monde, est médiée en premier lieu pour la connaissance à priori et la connaissance intuitive de cet espace-temps. L’intuition est liée à l’intellect, en devenant une compréhension entre cause et effet.
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Dans les sièges de l’église se trouva une petite enfant des cheveux blonds et bouclés, penchée sur les genoux toute statique en contemplant le dieu crucifié. Elle qui n’avait plus que 8 ans regarda avec ses grands yeux verts directement les jeux verts et les cheveux aussi dorés et bouclés du Dieu Juif. Qu’est-ce qui atteint ce pauvre enfant pour se mettre dans une église, seule et sombre quand dehors il faisait beau, et les enfants criaient de joie en jouant au basket sur le terrain municipal ? -Que faisons-nous ici ? Se disait-elle. -Toi qui peux tout savoir, dis-moi pourquoi je suis venue ici te parler ? Peut-être que la pauvre se sentait un peu solitaire, et que sans rien savoir, elle cherchait l’aide de celui, qu’on lui avait appris, était le seul et le plus sage homme de l’univers. Elle cherchait sa Phytia, la vérité. Parce que rapidement elle a compris que les adultes ne méritaient pas sa confiance. -Si c’est toi, mon Dieu, le seul qui connaît la vérité, je vais te suivre, je vais toujours te chercher. Parce qu’ici, chez toi, je me sens calme, tu m’écoutes et tu me guides. La petite enfant fît une révérence au Dieu, et sors avec l’idée dans la tête, qu’elle a découvert son maître, qu’elle allait le suivre, et qu’il ne pouvait pas avoir d’autre chose dans le monde que croire, à ce Dieu juif aux yeux verts et aux cheveux dorés et bouclés. Elle est sortie de l’église avec l’idée qu’elle serait toujours accompagnée par la présence de son Dieu, donc elle n’aurait pas de la peur et pas de solitude. Elle a fait sa première représentation de l’amour et de l’espoir dont elle avait besoin pour vivre sa vie. Elle a laissé sa vie, dans les mains d’un dieu qui était tout pour elle, mais qu’elle ne connaissait pas, et qu’elle ne comprenait pas, mais qui est arrivé dans sa vie grâce à la conquête de l’Amérique latine.
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folkloriques, etc... Entre chaque lieu du globe terrestre. Les réflexions qui vont suivre cette introduction ne sont que le fruit des études que j’ai faites pendant ces deux dernières années après avoir ressenti un grand doute. C’est ainsi, comme j’ai pris un chemin de solitude, en autodidacte par lequel j’ai ouvert ma pensée et mon âme aux gens, au monde extérieur, à la contemplation, à la lecture et à la musique. Je suis devenue depuis tout ce temps une personne «méditative», qui ne fait que regarder avec les yeux des enfants tout ce qu’il y a en dehors moi avec l’intention d’analyser la manière dont tout cela intervient en moi. J’ai essayé de comprendre le comportement humain ; les choses qui nous poussent à agir d’une certaine manière et pas d’une autre, et donc, la manière dont on se définit ou par laquelle on établit une identité. J’ai choisi l’art comme espace d’expression parce que l’humain est surtout visuel, nous vivons dans une époque d’images, on pourrait même dire que le monde est composé pour les images, des images qui ont quantité d’information tous les jours, des images qui entourent notre pensée et qui modèlent notre manière de comprendre l’existence. Dans son livre « L’éducation artistique n’est pas faite de bricolage» Maria Acaso, parle de la place qu’ont les images dans la vie actuelle, et l’importance d’éduquer les gens à la culture visuelle dans laquelle nous vivons . L’importance d’avoir une pensée critique qui puisse se confronter au monde sans recevoir passivement tout ce qui vient du dehors, et remarque, que l’art contemporain est celui qui 3.
Acaso, (p. 126) « El arte contemporáneo es el que nos presenta nuestro mundo, con
nuestros contenidos”
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dépasse l’analyse jusqu’à la compréhension, jusqu’à réactiver et à utiliser notre connaissance, Acaso (p :126) 3 « L’art contemporain c’est celui qui nous présente notre monde avec nos contenus ». Dans les grandes villes où on peut sentir vivement et immédiatement les effets de la mondialisation, c’est plus facile d’identifier le pouvoir des images. Elles sont partout ! les couleurs, les voitures, les messages de développement personnel, le dépassement de la crise, les messages qui encourageant le monde de la consommation, etc. Ce sont toutes des images, ou pour mieux dire, des informations qui commencent à configurer une manière de penser et qui définissent le monde que nous-mêmes construisons. Ces images font partie des constructions politiques, morales, exprimées aussi par l’architecture, dans ce que les gens mangent, dans le silence, les arbres, et la couleur des maisons, etc... Cette mémoire est une compilation des pensées, des divagations, des sentiments, faite depuis mes observations sur le monde ; c’est un effort pour désigner des conditions humaines et sociales dans ce moment contemporain. Dans ce cas spécifique, j’ai choisi quatre points par lesquels je vais essayer de cerner «une identité des Lorientais « 4 : la découverte d’un nouvel endroit, d’un point de vue subjectif, l’histoire du territoire, les gens qui l’habitent, et leur façon de l’habiter par l’architecture.
Acaso (p. 148) “… que el estudiante desarrolle a partir de una dinámica crítica un pensamiento emancipado”. (p. 151) “El estudiante debe identificar y analizar los elementos de opresión que están tan fundidos en nuestro entramado social”. 4. Adjectif avec lequel on nomme les gens qui habitent ou qui sont nées dans la Région de Bretagne, département du Morbihan dans le nord-ouest de la France.
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Cette identité n’est qu’une reconnaissance que je fais sur un lieu et ses citoyens; laquelle peut bien être nomé comme l’identification que je fais sur un endroit, ou dans d’autres mots, cela pourait être aussi l’identité subjective que je trouve sur l’esprit de Lorient; puisque dans le monde où j’habite, avec tous ces contrastes, ses singularités et ses péripéties ; j’ai souhaité construire un ensemble de subjectivités par lesquelles je désigne l’univers où je suis plongée. Voici une introduction générale à mon travail dédié aux curieux qui veulent faire partie des différents moments de ma création artistique. Par mon approche de la pédagogie, mon prélude c’est la théorie, je vous propose trois manières par lesquelles on peut chercher une connaissance de chacun dans ce monde : d’abord la langue, l’unité, donc la création des groupes, ou par le monde de la consommation en lequel nous vivons. Pendant ce parcours je traverse quelques pensées des auteurs qui m’aident à regarder la vie quand je suis seule dans ma chambre, assise en contemplant le monde depuis le bord de mes fenêtres.
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CHAPITRE 1 Des notions À propos de la recherche d’une identité
LA NÉCESSITE DE NOMMER Quand j’étais petite, tout était mélangé dans un incroyable brouillard qui faisait ressentir la vie « belle ». Je bougeais avec les vagues calmes comme les poissons, je vivais dans des univers imaginaires qui me permettaient de croire aux histoires de fantômes, de princesses, de sorcières. J’avais la sensation de que tout était possible dans la vie. Je croyais aux adultes, je croyais qu’ils avaient de la sagesse, je croyais que la vérité existait et qu’on pouvait avoir dans la vie tout ce que l’on voudrait. Ce n’est pas aussi différent le monde des adultes. Chaque temps a sa maladie, chaque âge a ses préoccupations et ses croyances. Chacun a sa chimère. On marche dans un monde déjà construit par des millions des règles. Les enfants, ils doivent s’habituer à chaque société où ils sont nés, parce que les humains ont établi un monde sous des règles anciennes, venues des spiritualités qui sont devenues des principes. On marche et on avance avec la direction fixée dans les yeux d’autres personnes. De qui ? Ceux qui ont créé le monde. Et puis on se pose la question sur qui a créé le monde ? Et, pour cela, il existeaussi des milliards des réponses dépendant de l’idéologie dans laquelle vous êtes nés. Dites-moi athée, catholique, musulmane, scientifique, agnostique, indigène, etc... Qui je suis, d’où je viens ? D’où tu viens ? connais-tu tes racines ? Peux-tu me dire d’où viennent tes pensées ? La vie, est-elle seulement présente ? Seulement passée ? se construite elle par rapport au futur ?
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Jose Luis Pardo, fait mention à la nécessité de nommer le monde et les choses qui sont en nous et hors de notre compréhension, dans son livre « La Métaphysique, des questions sans réponses et des problèmes sans solutions » il parle du plongement des anciennes sociétés dans diverses cosmogonies. Celles que de la même manière, il appelle sociétés mythiques, parce qu’elles n’ont pas d’écriture et ont dans leur cœur culturel des idées « construites » pour nommer le soleil, la pluie, les animaux, les nécessités de reproduction, etc... « Le mythe c’est l’expression culturelle d’une société originellement orale, sans tradition d’écriture. En effet, c’est une histoire qui raconte la fondation d’une société et la fondation du monde. Et au milieu de laquelle le groupe se rejoint avec lui-même, communique avec son propre être et avec l’être des choses. »
Pardo, (p :40) Traduction propre. 5 La pensée mythique est née comme la première expression de pouvoir et de consolidation des sociétés sous le manteau d’une même pensée, c’est par la tradition orale que les sociétés ont pris forme et sont devenues des agloméras. La parole comme mentionne Pardo (p:52) ... c’est un «mot qui sert à la réflexion argumentaire et à la matérialisation du pouvoir» 6
5. “ El mito es la expresión cultural de una sociedad predominantemente oral, sin tradición escrita. Como tal, es una historia que relata la función de una sociedad y la función del mundo. Y mediante la cual el grupo humano se reúne consigo mismo, se comunica con su ser y con el ser” 6. “... Una palabra que sirve tanto a la reflexión argumental como al ejercicio del poder.”
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Chacun sa chimère Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés. Chacun d’eux portait sur son dos une énorme Chimère, aussi lourde qu’un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d’un fantassin romain. Mais la monstrueuse bête n’était pas un poids inerte ; au contraire, elle enveloppait et opprimait l’homme de ses muscles élastiques et puissants ; elle s’agrafait avec ses deux vastes griffes à la poitrine de sa monture ; et sa tête fabuleuse surmontait le front de l’homme, comme un de ces casques horribles par lesquels les anciens guerriers espéraient ajouter à la terreur de l’ennemi. Je questionnai l’un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu’il n’en savait rien, ni lui, ni les autres ; mais qu’évidemment ils allaient quelque part, puisqu’ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher. Chose curieuse à noter : aucun de ces voyageurs n’avait l’air irrité contre la bête féroce suspendue à son cou et collée à son dos ; on eût dit qu’il la considérait comme faisant partie de lui-même. Tous ces visages fatigués et sérieux ne témoignaient d’aucun désespoir ; sous la coupole spleenétique du ciel, les pieds plongés dans la poussière d’un sol aussi désolé que ce ciel, ils cheminaient avec la physionomie résignée de ceux qui sont condamnés à espérer toujours. Et le cortège passa à côté de moi et s’enfonça dans l’atmosphère de l’horizon, à l’endroit où la surface arrondie de la planète se dérobe à la curiosité du regard humain. Et pendant quelques instants je m’obstinai à vouloir comprendre ce mystère ; mais bientôt l’irrésistible Indifférence s’abattit sur moi, et j’en fus plus lourdement accablé qu’ils ne l’étaient eux-mêmes par leurs écrasantes Chimères.
Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, 1869
Maintenant nous avons un concept essentiel pour l’humanité, le langage. Cette notion a désigné une des plus grandes différences entre les êtres humains et les animaux, et qui peut aussi nous aider à la compréhension de la représentation que les êtres humains se font du monde, d’abord un système pas seulement d’écriture et d’oralité, mais aussi des images, des sons et des signes. Du point de vue de la psychologie, si on lit Vygotsky qui s’est occupé d’étudier les processus psychologiques supérieurs surtout chez les enfants, et qui dans son livre « Pensée et langage » analyse l’interrelation des processus psychiques liés à l’apparition de la parole. Avec ce point en tête je commence mon analyse sur la recherche de notre identité, parce que ce que nous sommes est en même temps, ce avec quoi nous nous identifions. Et comme cela a été déjà mentionné, la parole soit écrite ou parlée est une représentation symbolique de notre pensée. C’est pourquoi, Vygotsky mentionne que les paroles sont des signes généralisés, parce qu’elles configurent en première instance, une représentation symbolique du monde extérieur. Laquelle, liée aux perceptions et aux sensations, configure aussi la pensée. Donc, notre pensée devient finalement un reflet de notre réalité non matérialisé. De manière telle que nous puissions construire une signification des choses et une signification du monde avec l’aide des paroles et des pensées. Mais cela deviendra nécessairement une construction hors de l’individu, parce qu’en lui, comme déjà exprimé par Vygotsky (1934 : p. 13) ... « l’expérience individuelle réside uniquement dans sa propre conscience, et n’est pas communicable » 7. Pour faire qu’une expérience de la pensée 7.
La experiencia individual reside unicamente en su propia consciencia, y no es
comunicable.
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individuelle soit communicable, il faut l’objectiver, de manière telle qu’elle soit compréhensible et acceptée par les codes communs d’une société ou d’un groupe. La parole est donc une représentation symbolique de cette abstraction que nous appelons Pensée. La construction du langage, permet aux êtres humains de trouver une communication rationnelle qui les différencie des autres êtres vivants, parce que nous avons la possibilité d’abstraire les connaissances dans des généralisations, des signifiés associés à des symboles que nous établissons en accord pour vivre en coexistence. C’est ainsi que nous créons des imaginaires pour guider d’autres êtres humains dans un même sens de la vie ou pour les guider dans une recherche des vrais chemins dans son existence. Je parle à ce moment de l’influence des groupes de foi, mais aussi dans ces temps, de l’influence des réseaux sociaux, de la publicité, du monde néolibéral avec son consumérisme, des idées de libérer la vie et d’aller à la découverte, en favorisant la grande industrie de tourisme et commerce, etc... En d’autres mots, ce qui nous fait différents des animaux, ce la manière dont nous saisissons le monde, Vygotsky (1934 : p. 13) « Les formes supérieures des échanges humains sont possibles seulement parce que la pensée des hommes reflète une réalité conceptualisée. » Vygotsky considère que chaque parole doit avoir une signification, et si on pense que la parole est une pensée objectivée et une action d’introspection que construisent ensemble la communication, ou pour mieux dire, le langage rationnel. - en prenant en compte que pour Vygotsky la rationalisation du langage implique nécessairement
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On a toujours discuté par rapport aux paroles, Que moi j’aime tout le monde. Que toi, tu peux seulement m’aimer moi, que vouloir et aimer ne sont pas la même chose, que «petit ami» à une signification différente si on le traduit littéralement en espagnol. La nuit en Colombie commence depuis 7 h du soir en France. La religion implique pour moi un système, tandis que pour toi elle implique un dieu. À mon égard le dieu est une énergie, pour toi on ne peut pas le dépersonnaliser. -Mais allez, nous sommes Colombiens. -Mais on vient de différents contextes ! Tous les langages ont les mots sexe, dieu, mort, vie. Et c’est la même chose, la mort en Chine qu’aux États-Unis ? ou est-ce la même chose la mort pour moi que pour ma mère ? Cette femme attachée toujours aux symboles religieux... -Mais vous deux venez du même contexte ! -Mais non !! Ma mère elle habitait dans la montagne, moi aussi, mais ma montagne est en béton. En Colombie dire que quelqu’un n’est pas mal c’est dire qu’il n’est pas bon aussi... I’m not cold, yo tengo frio! J’ai froid. En espagnol les ans ne nous habitent pas ; on les a, de la même manière que j’ai un appareil photo, j’ai 21 ans. I’m not 21 years old. J’ai 21 ans. Ni toi et moi, mon cher ami, venu d’un même lieu, on ne parle pas le même langage. On a des représentations similaires pour une grande partie des choses. Mais quand je te dis : Regarde le ciel. Tu le vois, tu ne le regardes pas. Et je le sais, parce que tu dis seulement, il est beau. Mais non ! Il est plus que beau, il a de la profondeur, il chante avec le vent, on peut se perdre en lui, en ses nuages, il n’est pas seulement beau, et toi, tu n’es pas seulement un sujet, tu as milliers sujets en lui. On a besoin toujours de discuter par rapport aux paroles, parce qu’on ne parle pas le même langage, mais on a des symboles communs. 41
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l’objectivation de celui-ci comme matière symbolique - On peut faire une comparaison entre la représentation des symboles que mentionne Vygotsky, et la symbolisation du monde par rapport à la représentation mentionnée par Schopenhauer plus d’un siècle avant, où il dit qu’on apprend le monde premièrement par l’intuition : où se jouent les sensations et l’intellect (qui pour Vygotsky est similaire à l’étude des émotions comme première phase de la découverte du langage 8) qui après deviennent une construction intellectuelle du monde par rapport à la compréhension (chez Vygotsky : l’internalisation de la pensée, devenue intellect objectivé, c’est le langage verbal rationnel 9). En finissant pour dire que le monde devient aussi rationnel par une interjection entre l’intuition sensible et intellectuelle comprise et acceptée comme l’imaginaire symbolique d’une collectivité, puisque selon Schopenhauer les relations entre sujets sont connexes par la loi de causalité dans laquelle chaque matière qui modifie un espace intervient aussi dans l’espace d’autres matières qui sont conjointes à la première. C’est-à-dire, et pour ne pas confondre le lecteur, l’idée qui vient d’être exprimée ici fait référence à la manière dont les êtres humains ont construit leur monde et la symbolisation de ce monde, par rapport au langage, aux idées et aux connaissances homogénéisés dans des symboles qui résument une reconnaissance des individus par rapport au contexte. Cela implique que l’identification du
8.
”Dans l’âge du chimpanzé (Premier 10 et 14 mois de vie) se produisent les premières
inventions primitives, mais vraiment importantes pour son développement mental” 9.
Vygotsky pensait qu’avant la communication, étaient la pensée et langage, liés aux
émotions en premier instance et après aux relations entre objets et signification. (p. 42) Dans le développement de la parole chez les enfants, nous pouvons établir avec la certitude une étape pré-intellectuel et une étape pré-linguistique”.
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monde ne peut pas être faite en solitaire parce que ce sont les groupes sociaux qui sont chargés de standardiser les symboles. Et donc de donner au reste de la société les règles déjà construites pour que les individus puissent essayer de trouver un espace et un point commun avec un environnement, qu’ils n’ont pas créé, mais qui est maintenant le lieu où ils habitent. On pourrait donc penser que pour l’individu apparemment tout est subjectif, parce que comme il est indivisible, il ne peut pas discuter avec lui-même, et les choix qu’il fait font référence seulement à ses propres goûts. Mais si on pense aux scissions des êtres humains, on peut se rendre compte que l’individu est perdu en lui-même et qu’il trouve aussi une unité dans l’unité objectivée de leur champ social.
Somos lo que nos dejamos hacer del mundo On apprend à se modeler en concordance avec ce que notre filtre de la réalité permet d’arriver à notre intérieur, Vygotsky mentionne que le comportement et la pensée verbale, sont liés directement aux principes du matérialisme historique, ce qui veut dire : La pensée n’est pas exactement définie par un processus biologique, ou filogenetique, sinon, pour des conditions, des manières d’être qui se rapprochent des changements culturels et historiques d’une société déterminée 10. En d’autres mots, la société est un ensemble de rénovations symboliques et conceptuelles, liées à ses propres « maladies » spatiales temporelles. Dans la lignée de l’histoire sociale, tout marche d’abord par les ruptures et les continuations des événements. Le matérialisme historique pour lequel Marx est très connu, nous parle d’une 10. Vygotsky (1954) Pensée et Langage, (p.48)
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société qui se construit par rapport à l’histoire de la conservation et de l’accumulation du capital. Marx parle d’un sujet que n’est plus que matière, qui n’est plus que sujet aliéné dans le travail, dans une ardeur pour survivre et pour exécuter les exigences de cette nouvelle société qu’il habite. Les sujets sont fils de leur société, et dans le temps de Marx (XIX éme siècle), où avait commencé la révolution industrielle, il est apparu une nouvelle classe sociale - la bourgeoisie- dont la vie se tournait vers les grandes villes. Marx a réussi à définir sa société, parce qu’il avait observé et expérimenté les problèmes du prolétariat. Les individus vendaient leur force de travail afin de pouvoir subsister dans le nouveau système économique (Le capitalisme). La société du XIX siècle était définie selon Marx par et pour le travail, mais par un travail aliéné qui éloigne les êtres humains de leur vie générique, et qui les rend égal à la conception de l’argent, une valeur d’échange. Marx décrivait le sujet de travail ainsi: «...Le travailleur est réduit à la marchandise, à la plus misérable de toutes les marchandises ; que la misère de l’ouvrier c’est la raison inverse de la potence et magnitude de sa production, que le résultat obligé de la compétence c’est l’accumulation du capital en de petites mains »
Marx (p :104) Traduction propre.11 À nouveau les humains sont devenus des objets, premièrement avec le langage et la symbolisation du monde et de la matière, où selon Schopenhauer, le corps est aussi représentation, une représentation 11. “El trabajador se rebaja a mercancía, a la más miserable de todas las mercancías; que la miseria del obrero está en razón inversa de la potencia y magnitud de su producción, que el resultado necesario de la competencia es la acomulación de capital en pocas manos…”
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objectivée par rapport aux autres objets et aux autres sujets. À nouveau on doit faire appel à la pensée mythique; au moins aux beaux-arts, pour essayer de trouver un autre point de vue, moins instrumentalisé, plus sensible et abstrait qui nous fait sentir que dans la vie existent d’autres mondes que nous ne connaissons pas, d’autres choses différentes d’autres formes de vivre et de regarder la vie. Je pense que le monde et le système que nous avons créé se ressentent de plus en plus dans «une fatigue de l’existence»12. La conception matérialiste est transversal à la vie des êtres humains, à la manière dont ils prennent leurs racines et créent de nouvelles matières et de nouveaux liens sociaux. Aujourd’hui comme l’avait dit Walter Benjamin, l’idée du passé et du présent sont liés par la rédemption 13, on change en méthodologie les erreurs du passé. On ne crée pas, on fait une rénovation des objets et des actions avec d’autres noms. Mais au fond, l’essence sociale du rendement et de la consommation demeure immobile depuis les temps de la construction des pyramides, et le gaspillage du luxe au MoyenOrient dans les temples de Luxor. Baumann disait qu’on vit aujourd’hui dans le phénomène de la vie liquide. Mais plus que dans un courant en mouvement, on est aujourd’hui dans l’univers. Presque tout est universel, les régles et les goûts d’une société n’appartiennent pas uniquement à cette
12. Expression utilisée par Byun-Cul Hang dans son livre “La société de la Fatigue” 13.
Walter Benjamin, “Le concept d’Hisoire” (p. 24 et 25) «Il y a un tableau de Klee
appelé Angelus Novus. Il montre un ange, apparemment au moment de quitter quelque chose qu’il regarde. Ses yeux sont grands ouverts, sa bouche est ouverte et ses ailes sont déployées. L’ange de l’histoire doit ressembler à cela. Son visage s’est tourné vers le passé. Dans ce qui nous apparaît comme une chaîne d’événements, il voit une catastrophe unique, qu’il jette à ses pieds, ruine sur ruine, les empilant sans cesse.
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société, ils peuvent être partagés et mélangés avec d’autres goûts à d’autres endroits du globe terrestre. On est dans une espèce de brouillard plein de pensées, de déterminations et d’innovations. On finit par ne faire partie d’aucun lieu. Les langages qui nous entourent et la quantité d’informations qui appellent nos sens, sont pourvus pour faire partie de ce que chaque sujet est en essence. Vygotsky fait mention, concernant le langage, que les enfants apprennent en premier à dominer les syntaxes du langage plus que celle de la pensée 14. C’est pourquoi, quand nous sommes petits, nous avons dans notre connaissance, a priori, l’idée d’être liés aux autres dans un acte de concordance sociale, qu’implique nécessairement une prise de conscience de ce que nous faisons. Dans notre vie, chaque évènement est interconnecté avec d’autres. Le passé ne peut pas exister sans un présent, ou un futur, ou vice-versa, parce que chaque décision prise est une réponse à un problème ou à une nécessité. Maintenant nous avons, comme sujets individuels et comme société, une immense liaison entre objets et pensées. Jamais nous n’avons été plus liés à la matière que dans cette époque, parce que nous assistons à une époque de reproduction insatiable où selon Bauman, la figure de marchandise modèle les gens jusqu’à faire partie de chaque état de la vie personnelle et publique 15. De la même manière qu’il était difficile pour les sociétés mythiques de vivre sans la parole, est difficile pour nous de vivre sans objets ; parce qu’au fond on s’identifie par rapport aux choses qu’on utilise.
14. Lev Vygotsky (Pensée et Langage, p. 44) 15. Zygmunt Bauman ( vida líquida, p. 22)
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Logiquement il y a des choses matérielles associés à la pensée des êtres humains, qui même dans l’imaginaire individuel n’ont pas de concordance avec d’autres aspects de la personnalité. Les carrières professionnelles font un imaginaire psychologique pour celui qui l’exécute, les préférences marquent aussi les idées des gens, etc. C’est grâce aux goûts que par exemple les grosses industries de commerce par l’intermédiaire de la publicité peuvent nous étudier et créer tout un système qui modèle les gens vers une nécessité et vers une identité. « Dans notre monde tout est possible, parce que de quelque manière la distinction entre la vie et la mort, au moins concernant les choses, a déjà perdu sa signification, et est subjugué à la sentence irrévocable de « jusqu’à nouvel avis » » 16
Bauman 2005 Vida líquida, traduction propre. Maintenant nous n’avons pas la responsabilité de créer le monde. Chaque fois on déplace cette responsabilité des individus aux groups sociaux, parce que le monde devient chaque fois plus collectif dans la manière de se construire. Mais dans cette collectivité, les individus ont le devoir de comprendre et d’appréhender l’univers qui est face à eux, et dans le cas qu’ils n’arrivent pas à comprendre la manière par laquelle bouge une société; la collectivité a la permission de prendre ce sujet en qualité de subversif ou de malade mental, et simplement le font d’un côté, les rendent invisibles ou les condamnent jusqu’à ce qu’ils changent d’opinion.
16. En nuestro mundo todo es posible, porque de alguna manera la distinción entre la vida y la muerte, al menos concerniente a las cosas, a perdido ahora su significación, y está subyugado a la sentencia irrevocable de « hasta nuevo aviso»
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Si le manteau est noir et que la femme utilise des chaussures à talons hauts, avec des
chaussettes noires, avec une jolie coiffure, des cheveux bien attachés. On pense qu’elle est une femme élégante et qui a probablement de l’argent. Mais on ne considère pas
que dans un autre cas, la femme est vêtue comme ça parce qu’elle va vers un entretien
de travail, et que sa cousine lui a prêté le joli manteau parce qu’elle n’avait pas. Et que
c’était sa sœur qui l’a coiffée, parce que, en fait, elle ne savait pas s’attacher les cheveux d’une forme élégante, parce qu’elle ne les peigne jamais.
Dans un autre cas, si vous êtes en Colombie, et vous regardez deux hommes sur une
moto de haute cylindrée « enduro 250 » qui ne portent pas des casques ; les gens vont avoir peur, parce qu’ils vont penser qu’il s’agit de deux « racailles » qui peuvent
probablement voler vos affaires, parce qu’ils ne travaillent pas, car ils n’ont pas étudié. Mais ils ne vont pas penser qu’il s’agit de deux médecins qui profitent de leur temps
libre, qui s’habillent fraîchement et qui adorent parcourir la ville sans casques sur leur moto pour écouter le moteur et sentir la brise du vent sur leur tête.
Ceux qui aiment les couleurs sont des gens heureux, ceux qui aiment la musique clas-
sique sont des gens cultivés, ceux qui aiment les carrés sont des gens très fermés, ceux
qui aiment la cigarette ont de l’anxiété, ceux qui achètent beaucoup des chaussures sont des compulsifs qui cachent ses problèmes dans leurs achats, ceux qui s’habillent en noir sont plus fermés, ceux qui se regardent dans les miroirs tout le temps ont un problème de sécurité d’eux-mêmes, ceux qui décorent leur maison en bois sont des gens chaleu-
reux, ceux qui achètent « Apple » sont perdus dans la consommation, ceux qui n’ont pas de téléphone portable intelligent sont des anticapitalistes, etc.....
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On est plein de règles et de recettes. Il y a un monde comme une espèce de coffre qui garde tous les trucs avec lesquels on peut se construire. Rien n’est déterminé parce que nous avons la possibilité de changer et de nous transformer entre la diversité de nos univers. Comme ça nous avons des millions des possibilités de nous créer de différentes manières, également que des millions des possibilités des combinaisons génétiques de notre ADN. On pourrait avoir des millions d’identités et demeurer toute la vie dans la recherche de la définition d’un monde qui est mobile et liquide.
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LA NECESITÉ DE L’UNITÉ Si nous étions seuls au monde - je veux dire comme espèce humaine-, nous aurions comme meilleurs amis les animaux avec lesquels nous croyons nous entendre mieux, nous essayerions de vivre avec les orangs-outangs ou les chimpanzés, et nous éprouverions qui est l’animal le plus fort et le plus puissant pour être capable de conduire le monde ou du moins les règles de ce groupe. En voyant que nous n’arrivons à rien dominer, on prendra la décision d’essayer de dominer une race plus faible ; les chiens, les oiseaux, les poules, etc... N’est-ce pas la cause de ce que ces prèmiers soient nos amis parfaits? L’être
humain, comme
nécessité de faire partie état de
simplement protection,
et
être de
animal de
il
animal, a toujours
quelque aura
respecter
chose.
besoin ses
de
nécessités
Dans
la un
compagnie, sexuelles.
-Comme le mentionnait Sigmund Freud à propos des instincts naturels du « Moi » 17, cette partie de chacun qui fait attention aux désirs immédiats des humains- D’autre part, Jacques Gervet (1965) dans son essai sur l’interaction entre individus, fait une distinction entre les types de relations des animaux où existent des nécessités directes et indirectes de s’approcher des autres, qui répondent aux comportements par stimuli, par des facteurs physiques ou pour des modifications de l’univers habité. Et qui 17. « On suppose en chaque individu une organisation logique de ses processus psychiques, cette organisation on la considère comme le moi, ce moi intègre la conscience… dans le moi il y aussi une partie inconsciente, quelque chose qui conduit jusqu’à la répression, c’est-à-dire, à l’extériorisation de certains affects sans en prendre conscience. »
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soulignent les raisons qui nous emmènent à rechercher le groupe. Dans la constitution actuelle de notre univers, c’est facil de penser que nous sommes libres et indépendants, mais nous ne nous rendons pas compte qu’en étant attaché tout le temps a un appareil électronique, à la musique, à un livre, à contempler la nature, etc. Nous avons créé aussi une liaison avec quelqu’une chose d’extérieur à nous-mêmes. En d’autres mots, nous cherchons la manière d’être unis à un sujet qui nous corresponde, qui nous confronte ou qui nous plaise. Les groupes sociaux sont ceux qui rendent possible le monde systémique que nous avons conçu. Mais c’est la croissance de la population depuis les premières sociétés, ce qui rend nécessaire l’organisation sociale. C’est-à-dire, la création de groupes pour classifier les différences, et les circonscrire dans des petits mondes homogènes, unis par rapport aux rêves, aux désirs à une technique ou à un système des valeurs. Dominique Oberlé dans son essai des Groupes en psychologie social (p.10) mentionne que « Le groupe ne peut être sans rapport d’extériorité », parce que c’est l’extériorité précisément qui répond à la raison de signaler les différences et donc la raison de créer des groupes qui accueillent ces différences. Prenant en compte cela, il faut ajouter le développement de l’ego qui se crée quand on habite en société, et qui a lieu parce que la coexistence en groupe favorise la compétence des parties, grâce à la nécessité qu’a un individu de constituer un élément essentiel pour le groupe, et de la même manière avoir une raison qui donne sens à l’existence et la permanence des individus dans tel 56
groupe. Dans l’ego les sujets sont apparemment autonomes, là ils peuvent créer les liens entre leur propre vie et la vie sociale. C’est dans l’ego, que chacun prend la responsabilité de lui même pour définir une identité individuelle par rapport au groupe. Mais comme nous le savons déjà, ce groupe configure aussi une manière spécifique par laquelle cet individu doit se développer. C’est pourquoi nous avons de multiples identités quand nous sommes soumis à l’environnement social. On cherche toujours à s’adapter aux changements, et ses adaptations forment des scissions et rendent mobile notre propre identité. Voici une clé du système néolibéral : Plus le travailleur est compromis avec l’environnement de l’entreprise, plus souhaitera aider à grandir ce système. Cela implique qu’en même temps les employés vont bénéficier d’une meilleure qualité de vie et de meilleure qualité matérielles dans son ambiance de travail. C’est ainsi que Baudry y Juchs nous font souvenir d’une phrase de Bernard le Petit à propos des identités sociales, où elles « n’ont pas de nature, mais seulement des usages18 », mais les questions de faire se sentir importants aux éléments qui font partie d’une entreprise c’est n’est pas notre but maintenant. On remarque sur la nécessité que nous avons comme animaux intellectuels d’être ensembles. Et jusqu’à ce moment, j’ai parlé des nécessités physiques, névrotiques, de surveillance et égocentriques qui nous ont fait toujours rechercher le groupe. Mais dans ces temps de faiblesse il est nécessaire de remarquer aussi la nécessité de rechercher la compagnie, ou simplement de rechercer une idée d’unité qui est à nous, pour régler nos actions.
18.
Baudry et Juch en « Définir l’identité »,hypothèses 2007/1(10), p.166.
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On cherche l’unité sans savoir exactement qu’on essaie de la rechercher, on pense à l’intimité, mais ce concept est totalement fictif dans ce monde, parce que la chaîne des causalités qui nous pousse à agir nous rend nécessairement des êtres sociaux, c’est-à-dire que nous sommes mis déjà dans la nécessité d’avoir l’approbation des autres pour faire partie de cet organisme social. D’autre part, dans le groupe on peut configurer une idée d’identité, qui est en fait traversé par les objectifs du groupe et mis en opposition avec les conceptions des sujets individuels, c’est ainsi qu’est toujours en jeu « le moi », le « sur moi » et « le ça » pour essayer de trouver une identité propre, c’est-à-dire une unité dans notre propre intérieur, comme le signale Freud, et l’identité formée grâce à ses différences qu’on trouve dans le groupe, et qui le forment aussi à nouveau, en créant une identité collective qui va être confrontée
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On a toujours une tendance à chercher de la compagnie
Comment nous arriverons à être seuls et à nous comprendre dedans cet univers sans avoir un soutien physique ? les soutiens physiques sont si superflus comme le matérialisme dans lequel nous vivons, mais des fois nous ne savons pas quoi faire, ou sans doute, la plus part du temps.
Le matérialisme c’est la montre vivante de notre incapacité pour nous connecter vraiment avec le monde autour. Mais… Ce quoi le monde autour ? Maintenant, c’est matérialisme Peut-être que cela soit la raison par laquelle nous ne nous connectons pas avec d’autre chose, parce que nous ne connaissons d’autre que les jouissances matérielles
Peut-être que nous croyons « être » en concordance avec notre univers ; mais nous ne
savons pas que nous pourrons être en concordance avec les univers des autres, ou avec
des univers que nous ne connaissons pas. Ou que par notre cécité nous n’arrivons pas à distinguer.
Parfois il nous manque aller dans la recherche du confort dans nous-mêmes. Entrer
sans perdre la capacité de sortir, de sortir spécialement en pureté et tranquillité ; pour
pouvoir aller à la rencontre du monde, pour avoir les yeux plus ouverts et les oreilles plus disposés.
Pour n’avoir pas besoin des autres physiquement, mais pour profiter réellement de ce
qu’ils sont, et la manière dans laquelle ils se montrent envers nous. Et de la même façon pour le reste de la nature.
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avec d’autres collectivités de ce système nommé comme monde.
Pero es que siempre tendemos a buscar compañía.
¿Cómo llegar a estar solos y a entendernos en este universo sin tener un apoyo físico?
Los apoyos físicos son tan prescindibles como el materialismo en el que vivimos, lo que pasa es que no sabemos que hacer a veces. O tal vez, casi siempre.
El materialismo es la muestra viviente de nuestra incapacidad para conectarnos verdaderamente con el mundo circundante.
Pero... ¿Qué es el mundo circundante? Ahora, es materialismo.
Quizá es por eso que es con lo único con que alcanzamos a conectarnos, porque no sabemos que hay otras cosas más intensas que los goces materiales.
Quizá creemos ser en concordancia con nuestro universo; pero no nos enteramos que
podemos ser en concordancia con los universos de otros, o con universos que no conocemos. O que por nuestra propia ceguera no alcanzamos a distinguir.
A veces faltaría un poco ir a la búsqueda del confort de nosotros mismos. Entrar sin
perder la capacidad de salir, de salir especialmente en pureza y en tranquilidad; para
poder ir a reencontrarse con el mundo, para tener los ojos más abiertos y los oídos más dispuestos.
Para no necesitar especialmente de los otros físicamente, sino para poder disfrutar de
realmente quienes son ellos, y la manera en la que se nos presentan. Y así con el resto de la naturaleza.
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LE MONDE EN EFFONDREMENT Les perceptions subjectives sont marquées par l’époque à laquelle elles appartiennent, ainsi que les changements esthétiques, économiques et donc sociaux. Petit à petit chaque nouvelle addition dans notre système a contribué au monde que nous concevons actuellement. C’est pourquoi en première instance nous avons développé un système des croyances économiques liées aux idées du rendement. Un système social uni à l’idée d’agglomération, mais non de groupe social. Les gens sont unis par rapport aux normes qui sont dehors d’eux . Qui en général sont des normes qui essaient de rendre possible la vie en coexistence, mais qui ne marchent plus, loin du concept de l’agglomeration. L’effondrement est un concept pris de Yves Cochet, un politicien français lié à la pensée écologique comme milieu pour dépasser les problématiques sociales . Qui fait référence à la décadence du monde matériel et naturel que nous habitons, et qui influence également notre développement personnel. Qui est le résultat de la révolution industrielle et selon lui, « c’est le processus à l’issue duquel les besoins de base de la population ne sont plus fournis par des services encadrés par la loi, et moins de manières durables ». Il ne s’agit pas seulement d’un problème écologique, mais d’un problème social, dont les individus continuent attachés au monde du travail et pires aliénés aux idéaux de compétence dans leur petit univers (par rapport à une question égocentrique comme déjà mentionné).
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Comme une nécessité naturellement humaine on pense toujours au dépassement de notre monde, mais avant de dépasser le monde que tous nous habitons, on essaie de dépasser notre propre monde, dans une exigence d’avoir chaque jour plus de succès. Ce succès s’est traduit par une contribution à la formation de notre univers néolibéral. Byung Chul Hang 19 le mentionne en disant que nous sommes une société habituée au positivisme, par exemple avec la formidable acceptation la notion de résilience, et que nous croyons avoir la responsabilité de guider le monde vers son grandissement. Avec notre propre autonomie face aux événements de notre société. Mais en fait nous ne sommes que des parties qui répondent aux stimul de l’économie, en étant de bons travailleurs qui créent sous la consigne du « je peux » . La société du rendement se caractérise par le verbe modèle positif pouvoir (können) -avoir la capacité de- sans limites. Et son pluriel affirmatif et positif, yes we can exprime précisément leur caractère de positivisme.
Byun-Chul Hang (2010 p :26) . Le monde c’est un univers fait des particules, également comme chaque système que les humains inventent. Parce qu’eux en dedans, sont faites des parties venues de plusieurs coins de cet espace social
19. C’est un Philosophe coréen, spécialiste de Heidegger qui étudie la société en laquelle nous vivons, en reconstruisant une idée sur ce qu’est l’esprit de notre monde actuel. Dans La société de la fatigue, la thèse principale du livre parle du fait que les sujets ne sont pas des êtres libres parce qu’ils ont construit une relation d’auto-exploitation par le milieu positivisme dans lequel ils habitent. Il parle des sujets fatigués à cause de sa maxime sur le rendement et la réussite d’être toujours la meilleure version de ce qu’est chacun.
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Je me souviens des conversations dans ma patrie en Colombie, où j’habitais dans
une grande ville et je voyais tous les jours comme il était si important pour les gens de parler des objets, des qualités, des tendances, comme si on avait une nécessité
plus marquée d’être au courant de tout ce qui se passait dans le monde et la vie des
célébrités venues de tous les domaines, seulement pour sembler cultivée et liée aux idées communes et être bien référencé.
Je crois que nous avons le droit de dire, je ne sais pas, je ne connais pas. D’entre toutes les choses que je peux choisir pour m’amuser, je ne vais pas choisir par
rapport aux goûts des autres, parce que je ne me sens pas d’affinité avec cela. Mais
j’adore regarder comment les autres se reconnaissent entre eux. Et j’apprends leurs goûts, et j’apprends à faire une identification de la manière dont ils conçoivent la vie.
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que nous appelons terre. À mon avis l’identité que nous avons aujourd’hui est une identité traversée par un grand brouillard d’éléments, venues de toutes les parties de notre planète. Ici je vais exclure les communautés autochtones qu’il y a dans notre monde, qui cherchent à préserver leur propre culture, qui ne laissent pas arriver chez eux les dynamiques de la mondialisation, qui sont protégées par les gouvernements et qui sont aussi dans quelques cas nommés comme patrimoine social et culturel de l’humanité. Prenant le parti de Zygmunt Bauman qui selon moi a bien à défini, avec une espèce d’air tragique, la vie que nous vivons aujourd’hui: on parle de ces individus «.. Dont leur seule préoccupation est pour ce qui peut être consommé et profitable dans l’ici et le maintenant » Bauman (2005, p :16) du point de vue de quelques théoriciens comme Bauman, Maria Acaso 20 et Byung Chul Hang, il y a une tendance à définir la société comme une société de l’action, une société bruyante qui est en état liquide ou gazeux, mais qui a seulement un air d’être solide parce qu’attachée au fardeau de l’Histoire. Une Histoire aussi comprise comme un ensemble de changements. Chaque
temps
à
sa
maladie,
chacun
sa
chimère.
Ces personnes nomment un monde qui n’est pas séparé du monde de la consommation, fait qui nous parle d’une société qui s’est définie depuis qu’elle existe, par rapport aux choses matérielles 20 . « el hiperdesarrollo visual ha contribuído a la formación de experiencias hipervisuales que acarrean hacia una felicidad comercial » « L’ hyperdéveloppement visuel a contribué à la formation des expériences hyper visuelles qui finissent dans un bonheur commercial » (traduction propre)
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qu’elle crée. C’est à ce point que fait référence l’effondrement, la vie liquide et la fatigue de l‘existence. Ces concepts constituent un ensemble qui parle d’une vie et d’un sujet contemporain qui ne peuvent jamais être séparés du groupe parce que c’est dans ce groupe qu’il construit sa propre idée de ce qu’il est ; qu’il parle d’un sujet qui est mobile, qui ne peut pas se définir parce qu’il se construit lui-même par rapport aux changements d’un monde qui change avant que l’individu ne se soit habitué à ce renouvellement de la mode, de l’économie, de l’idéologie, de la technologie, de la marchandise, du consumerisme. En essayant de ne pas me rendre fataliste, le monde que je regarde, je le regarde un peu avec mélancolie... De savoir si au moins ces formes que nous avons créées rendent la vie plus facile pour toutes les personnes, mélancolie de savoir si avec ce brutal système que nous construisons nous pourrions vivre ensembles et connaître les raisons pour lesquelles nous agissons ; ou du moins la mélancolie de savoir que les division sont des conditions naturelles pour les êtres humains. Et que comme tel nous ne pourrons jamais agir par rapport à nous-mêmes, sinon par rapport à une masse avec laquelle nous ne sommes pas tout à fait en accord, mais avec laquelle nous apprenons à nous modeler.
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La lumière des illuminés comme une étoile c’est la lumière du bonheur, Qui allume chaque coin d’un bruyant monde. Celle qui emmène les yeux
Jusqu’à l’épouvantable perte des êtres humains Jusqu’aux chaînes De la trompeuse beauté
Comme s’il s’agissait d’une femme Qui se promène ravissante Comme le seul soleil Qui allume la ville en ciment. Noire, la nuit tombe calme
Mais dérangée par ses étonnants grondements Une bête de poudre remplit le ciel Qui se montre plein
Comme des amants quand ils sont arrivés jusqu’à la glorieuse fin de leurs bises; Comme le soleil qui, fier de son rougissement, Nous donne des vues sublimes
Quand il se couche sur la douce mer. Comme cela, est la lumière fait par la machine pensante Qui veut tout remplir de bruit, Qui comme cette lumière Veut tout savoir
Veut tout découvrir,
Aucun secret ne peut se cacher dans son sillage Aucun mystère ne dépasse sa sagesse.
C’est comme cela, l’homme éclairé qui a créé la belle lumière.
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Nous sommes d’incroyables bêtes sensibles,
Moi je suis un poisson de terre, je marche à côté de tout ce que je ne connais pas, en ayant l’envie de savoir comment cela fonctionne.
An Orient, deux ou un mot, Lorient; une composition, L’orient.
Un piano au loin joue une douce mélodie qui se croise avec la musique de mon
ordinateur ou une femme chantait « everybody here i’ts whatching you cause you feel
like home, you’re like a dream come true. But if by chance you’re here alone, can i have a moment... Before i go ? »
Et un oiseau noir avec des yeux jaunes que je n’ai jamais vu se promène sur le toit d’une vieille maison maternelle, et reste, me regardant en même temps que je le regarde à travers la lenteur de mon appareil photo.
Le soleil rentre doucement dans le salon et réchauffe mes jambes blanches et violettes de froid.
13 h 27 je dois partir, j’ai des responsabilités, je pars vers une réunion dont je viens de me rendre compte et qui traverse ma journée d’une manière imprévue.
Mais c’est toujours comme ça. C’est ainsi qu’arrivent les pires et les meilleurs
moments de la vie, au hasard, parce que finalement, c’est notre logique de vie. Nous
construisons nos rêves sur le hasard d’un système que nous ne pouvons pas contrôler.
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APPENDICE DU CHAPITRE
1 Des Notions À propos de la recherche d’une identité
DES ANTÉCÉDENTS La nécessité inlassable qui tourne dans mon esprit et qui s’est matérialisée grâce à la recherche artistique vient du moment où j’avais 13 ans, et où j’ai essayé de comprendre les attitudes des êtres humains. Mais il était impossible pour moi, d’arriver à quelque conclusion dans cette matière. C’est par les arts que j’ai trouvé une manière d’exprimer ce que je voulais dire, de montrer aux autres la manière dont je les regarde, dont je me regarde moi-même. Après des réflexions sur ma conscience, sur mon passé, et sur l’univers qui m’entoure, je suis arrivée à la conclusion que ce que je cherchais en réalité était la définition de ce qui nous sommes et pourquoi nous agissons comme nous le faisons. Mais le problème est brumeux, il n’y a pas une réponse possible, objective et véritable, plus que celle que chacun a dans son propre intérieur. C’est pour ça qu’après avoir contaminé ma pensée avec d’autres pensées qui avaient concordance avec ce que je sentais sur les êtres humains, j’ai essayé de réfléchir tout ce qui m’était possible sur les choses qui m’entourent; de m’arrêter pour regarder aux autres, de les écouter, et de confronter ma pensée avec eux et avec les grandes voix de l’histoire qui se sont occupées d’étudier ce monde et si on veut, nos esprits. Ces voix dont je parle ont étudié la vie, la pensée humaine, le comportement, l’art, la culture, l’économie, la langue, par le contexte qu’ils habitaient. On se rapproche du monde et le monde se rapproche de nous-mêmes. Ça veut dire en principe que la vie que nous habitons n’est plus que celle que nous créons, et que ce que nous créons est en même temps la seule chose que nous sommes capables de regarder comme totalité du monde. 71
Je suis une matière qui modèle l’espace-temps, qui crée une réalité par quelques imaginaires, qui a une nécessité pour explorer le monde et pour y survivre aussi ; une matière qui est entourée dans une chaîne des matérialismes desquels nous sommes esclaves, une matière qui n’est pas capable de vivre en solitude et qui cherche toujours à être liée aux autres, même si cela signifie pour moi, l’adhésion à quelques conduites ou actes avec lesquels je ne suis pas totalement d’accord. Je suis une matière définie par un monde imaginaire des règles, des rêves, des enjeux, des symboles. J’ai un filtre qui s’appelle conscience et qui agit par un processus d’internalisation du monde extérieur.
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HOMO AETATIS Est de cette manière que j’ai nommé la recherche que j’avais faite avant d’arriver en France, c’est la première étape de mon travail et cela désigne l’état d’un sujet contemporain, où l’humain est affecté par des multiples dynamiques qui bouleversent son état naturel. En laissant place au développement des sujets soumis à des évènements multiples qui deviennent ce qui les définit. J’ai toujours utilisé la photographie comme technique principale pour développer mes œuvres, mais j’ai essayé d’ajouter la sculpture, le dessin et l’installation comme techniques mixtes qui peuvent proportionner au-delà de la contemplation des images, le sentiment d’être entourés par l’œuvre.
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Les noms sont ceux qui nous différencient des autres personnes, leur fonction n’est pas de classer ni d’étiqueter. On les utilise simplement pour différencier une chose d’autre. En Colombie, notre nom devient un code numérique unique et sans répétition. Pour l’état je ne suis plus qu’un chiffre.
« Je m’appelle » Photographie argentique. 33 * 16 cm. 2014
« La dégradation du corps après la mort » Sculpture en viande. 37 * 30 * 15 cm. 2016
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« Le sujet social » Photographie numérique. 30 * 40 cm. 201
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« Gravidité »Photographie expansée, lit de fer et résine. 130 * 90 * 10 cm. 2017
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Enferme un saint avec des pécheurs le reste de sa vie. Quel est le résultat ?
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« Mimétismes » Photographie numérique. 135 * 100 cm. 2017
Quand la marée descend on regarde un dessin avec le sable mouillé, quand la marée arrive et s’envole à nouveau, ce dessin a changé. Comme change notre vie avec marée du temps.
« Oscillations » Vidéo performance. 11’’8’ minutes. 2018
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On va jouer un jeu, je vais me rendre translucide pour que tu puisses me lire. Est-ce que tu as réussi ?
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« Sujet chiffré » Sculpture en résine. 37 * 15 * 45 cm. 2017
« Mimétismes II » Photo – Performance . 30 * 40 chaque photographie – 350 * 150 cm. 2018
On vient de la terre, femme, je te le dis, connais tes racines, laisse-toi emmener dans le chemin des humains, on n’est plus qu’une masse. Allez ! vient à la découverte !
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« Retourne au sentiment générique » Photographie digitale. 30 * 40 cm. 2018
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« Absence » Photographie numérique. Variables. 2018
CHAPITRE 2 Études d’un lieu La ville du bruit intérieur
LA DÉCOUVERTE De beaucoup rêver, le corps et le monde commencent à travailler
Indirectement vers ce qu’on voudrait un jour vu réalité.
C’était le 9 septembre quand après être sorti du métro et après avoir marché 200 mètres avec mon sac à dos et mon appareil photo, j’ai posé les deux mains sur la main courante de la station Odéon, et j’ai regardé en haut pour voir le soleil. J’ai été envahie d’un sentiment de bonheur indescriptible. Je me suis aperçu que j’avais traversé l’océan Atlantique pour arriver jusqu’à la France pendant un voyage de 19 heures. Tout est nouveau pour moi ! Les rues, le langage, la signalétique, l’esthétique des restos, les cafés, les vêtements des gens, le soleil jusqu’à 21 h du soir. Je ne savais pas comment contenir tout le bonheur qui m’a rempli et qui demeure jusqu’aujourd’hui. Chaque jour est une ouverture à la connaissance, aux apprentissages, à la découverte. Je suis venue toute en blanc. Avant de venir, je n’ai pas voulu imaginer comment serais l’arrivé, parce que je ne voulais pas avoir de préjugés, je voulais simplement découvrir tout un lieu, et après, les comparaisons et les émotions viendront comme des sentiments devenus souvenirs de ma ville en Colombie, de ma belle Colombie pleine des couleurs, de musique, des fleurs, de bruit, des voitures, des campagnes, des montagnes et de vert. Combien de choses de ma Colombie ! Voilà que j’ai ouvert les yeux dans un 95
métro souterrain avec de longs couloirs, dans une ville aux rues étroites, confortables et pleines d’architecture classique, baroque, et néoclassique. La France est ce lieu presque au milieu de l’Europe où on peut trouver condensée l’Histoire de l’humanité, avec ses grands théâtres, ses longs et bien construits bâtiments et ses musées. Chaque rue et rempli d’histoire. Après le tour touristique de Paris et de la Méditerranée, je me suis mis à étudier un peu l’histoire de Lorient, la ville où j’habite. La région de Bretagne, une des plus anciennes et autonomes de la France, une région pleine de vestiges de la guerre et de changements vers la modernisation. J’ai parcouru la ville avec mon appareil photo, je me suis fait des amis, j’ai essayé d’intégrer les activités culturelles, sociales et économiques de Lorient, je me suis assise pour contempler le territoire, j’ai pris beaucoup de bières et coups de vins avec mes amis, avec tout le monde ! J’ai dansé, chanté, j’ai écrit, j’ai lu, j’ai fait du sport. Je suis tombée amoureuse de cette ville, des gens, et des sentiments que les gens ont pour ce territoire, de son histoire, de son désir d’autonomie, de son silence et ses couleurs. Je ne peux pas aimer un seul lieu, parce que je ne suis pas seulement une Juliana faite d’un lieu, je suis un sujet fait de millions des sujets, des millions des expériences ; mes yeux ne regardent pas avec nostalgie ce qui est derrièr; parce que tout cela est en moi, c’est ma matière et ma spiritualité. Arriver à Lorient et la découvrir, c’est découvrir un lieu où il y a une
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grande atmosphère de paix, la ville est silencieuse, et en général on ne voit pas du monde dans les rues. On les voit ensemble dans les cafés, les bars, les restos ou les magasins. En général c’est n’est pas commun de regarder les gens assis dans le centre-ville, à moins qu’ils n’aient une cigarette dans sa main, ou sauf, s’ils sont au port de plaisance assis face à la mer en la regardant et en regardant les bateaux. Comprendre la diversité architecturale de cette ville c’est comme essayer de comprendre chaque personne en particulier. Il y a des hautes, basses, grosses, minces, ornementés, simples, vieux, jeunes, remplis ou vides bâtiments dans cette ville. Mais en général il y a aussi une couleur très douce principalement dans les maisons, qui ressemble au calme, parce qu’elles sont claires est sobres, une beauté mesurée, je dirais quand même, timide. Toute cette couleur est intervenue par de longues couches de gris qui remplissent les bâtiments, spécialement les plus classiques ; comme au centre de la France. À Lorient, de mon point de vue, les règles se font sentir partout: dans la manière de conduire des gens, dans la manière dont les individus traversent les rues, dans les files aux magasins, dans les horaires de travail, dans l’heure pour aller manger, avec le silence dans les endroits de travail, avec les horaires presque ponctuels du transport public, dans la lucidité des gens même quand ils ont beaucoup de liberté, avec les poubelles pour recycler le papier et les verres qu’il y a dans toute la ville, avec la responsabilité des gens face aux boîtes aux livres, avec le respect que les gens ont par rapport aux choses qui ne sont pas à eux, avec le temps promis pour les affaires légales.... Je ne vais pas dire que le système est parfait, mais
sous mes yeux, ici les choses marchent, et marchent avec calme et apparemment avec harmonie. Je me suis trouvé dans un espace qui me donne le calme, un lieu où j’ai du temps pour m’asseoir et écrire, pour sortir et profiter du vent, sans penser nécessairement que j’ai une heure pour profiter des amis, parce qu’à l’heure suivante je dois me mettre au travail. Ici je me sens libre. On m’a dit un jour que Lorient est la ville parfaite pour les retraités. Voilà que j’avais besoin de cette solitude à ce moment de ma vie.
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Quai des Indes, Lorient
101 Cours des Chazelles, Lorient
Une journée à Lorient c’est me lever à 7 h du matin, regarder par la fenêtre le ciel gris, aller me doucher avec l’eau très chaude en chantant dans ma tête pour ne pas réveiller mes colocataires. C’est m’habiller face au miroir avec la seule préoccupation de me sentir bien moi-même. C’est faire un petit déjeuner sois du pain avec des œufs et du café, ou arepa avec des œufs ou café, ou céréale avec du pain, ou bien les restes de la nourriture de la dernière journée. C’est sortir avec un grand manteau en regardant heureuse tout l’environnement, et en chantant en haute voix jusqu’à l’arrivée à la gare d’échanges. C’est prendre le bus à 8 h 40 et regarder la ville par la fenêtre en même temps que j’écoute la musique ou une émission de TED sur la psychologie. C’est arriver àl’École de beaux-arts et trouver Charline qui dessine, c’est la saluer avec un sourire et me mettre à travailler pour ce mémoire, c’est saluer Paul et Marion qu’arrivent toujours ensembles, c’est écouter la musique en continuant de travailler, c’est saluer Lucas avec un grand sourire et parler un peu avec lui. C’est m’arrêter pour regarder tout l’environnement de l’atelier, manger une banane et me mettre à écrire. C’est aller déjeuner avec les amis, les écouter parler, faire un peu partie de la conversation, essayer de bien comprendre ce qu’ils dissent, parce qu’ils parlent très vite. C’est me lever, aller prendre quelques photos sur Lorient, c’est me laisser étonner par la beauté et le calme de cette ville, c’est retourner à l’école, récupérer mes affaires et sortir pour la chorale. C’est arriver au conservatoire, après avoir fait plaisir à mes yeux, avec les belles femmes et les beaux hommes que je 102
regarde dans le bus. C’est saluer Chritophe et Roland d’une manière chaleureuse, c’est chanter et avoir une excellent répétition avec des personnes adultes, qui ont chacun une belle histoire et d’excellentes voix. C’est partir avec François qui habite à côté de chez moi, dans sa voiture, et partager des expériences sur nos voyages, et nos intérêts. C’est arriver chez moi à 10 h du soir, préparer la nourriture pour le repas et pour le déjeuner du jour suivant. Manger, lire Schopenhauer et partager toutes ces expériences avec mon petit ami, via WhatsApp ou FB, et après, me coucher et me reposer pour la prochaine journée.
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LA VILLE EN PAPIER Au début j’avais pensé faire une espèce de résumé sur l’histoire de Lorient, Mais en fait, et en sachant que je ne suis pas historienne, Après avoir consulté les documents écrits et audiovisuels du bureau du patrimoine Je me suis rendu compte que vous avez, peut être tous, votre histoire très présente, Et qu’il n’était pas nécessaire qu’une étrangère vienne vous parler de vos expériences, parce qu’elle pourrait bien ne jamais les comprendre. Néanmoins ce mémoire est fait pour conserver tout ce qui a été important pour moi pendant mon séjour à Lorient. Il me manque encore beaucoup de connaissances détaillées sur votre histoire, mais je ne peux que parler de ce que je comprends sur la guerre, sur ce que je comprends comme destruction et tout ce que j’ai lu dans vos archives patrimoniales. L’histoire n’est que le présent d’une société. Un peuple qui se sent éloigné de son passé par manque de connaissance, il ne pourrait jamais dire qui est hors de ces évènements, parce que de manière indirecte, ces évènements font partie de lui et de ses comportements, par la politique qui le fait agir et le reste de la société qui le fait s’approcher au monde. La ville de Lorient (An Orient) et ses citoyens ont des qualités malléables, parce que ce lieu a été toujours un lieu de transition pour les transformations. C’est comme s’il existait un laboratoire d’expérimentation économique et qui se serait installé dans ce coin du Morbihan. Yann Lukas dans son incroyable volume « l’histoire d’une ville » de 1997 nous raconte tout ce qu’il faut savoir pour comprendre de quoi répond la diversité de la population, l’architecture, et le style des Lorientais. 105
Ce laboratoire des activités sociales et économiques a eu son début en 1666 avec la « Compagnie des Indes orientales » une entreprise chargée d’explorer les territoires de l’océan indien pour faire des échanges commerciaux entre l’Asie et la France. Ainsi que pour entrer en compétition avec la compagnie des Indes anglaise et viser le monopole du commerce des épices, nourritures, parfums et matières exotiques dans toute l’Europe. Les années les plus brillantes de Lorient datent de 1734 jusqu’à 1769 avec le climax des marchandises, l’agrandissement de la ville, les touristes et le luxe qui la remplissaient ; maisons en pierre, systèmes d’eau, des cafés, des restaurants, un grand théâtre, un joli centre de commerce, des bâtiments classiques, des amoureux dans les rues, des vaisselles chinoises qui dominaient le marché, des hallucinogènes, le plus grand centre de commerce des épices de toute l’Europe, plus de 18.000 habitants ; une vie à côté du quai. En 1770 les commerçants même n’ont pas supporté le monopole de la Compagnie des Indes, donc, ils ont dédié toutes ces actions au roi. Lorient restait alors comme un port militaire sans beaucoup d’intérêt pour les touristes. D’être le plus grand magasin des marchandises de l’Europe, Lorient est devenu, un centre d’expérimentation maritime pour la marine française. Cette marine appauvrit le peuple, là ne pouvaient pas travailler tous les habitants et l’argent qui entrait dans la ville était inférieur à ce qui venait grâce à la compagnie des Indes. En 1775 Lorient commence à disparaître de la carte du monde. Les gens ont marché jusqu’à Paris pour faire la révolution et exiger de meilleures conditions de vie. Lorient devient un port de la Marine, pas simplement de l’armée française, sinon de l’armée américaine. Le 106
port de Lorient était le port clé du commerce et de ravitaillement avec les États-Unis pendant sa guerre d’indépendance ; fait qui remet Lorient dans la carte et la France dans l’histoire de l’indépendance des États-Unis. Après, Lorient devient un grand port militaire et la ville développe presque toute son économie grâce à la construction et réparation des bateaux de guerre. Lorient demeurait pauvre. En 1807 s’est créée une chambre de commerce pour essayer de revitaliser les activités économiques au moins avec l’intérieur de la France. Cela n’a eu pas des bons résultats et la ville était presque toute consacrée à l’armée et a l’innovation maritime, Lorient était une clé de production en matière première pour la révolution industrielle. En 1870 la production augmente grâce à la machine à vapeur. La ville commence à grandir et en 1905 sont détruites les fortifications qui entouraient la ville depuis 1744, construites pour éviter les attaques de l’Angleterre pendant et depuis la guerre de succession de l’Autriche et la guerre pour le contrôle des colonies françaises et anglaises dans l’Amérique. La ville de Lorient devient aussi une importante industrie de commerce grâce à son port de pêche et la prolifération des bateaux et des échanges entre bateaux de guerre. En 1921 est inauguré le grand port de pêche industriel à Keroman. La ville retourne à ses années glorieuses d’expansion et de modernité, et dépasse la Première Guerre mondiale grâce à ses grands frigorifiques qui permettent la conservation des poisons et qui constituaient la plus grande entreprise de glace de toute la France. En 1939 la France et la Grand Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne à cause de l’invasion de Pologne.
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L’Allemagne envahit les colonnes françaises pendant la bataille de l’Atlantique et s’établit dans le grand port de Keroman en 1940. En regardant, l’histoire précédente de cette ville est un peu différente des autres évènements du passé, le commerce continue, même avec les Allemands. Français et Allemands coexistent dans Lorient sous la tutelle de l’admirant Karl Donitz du troisième Reich. Ils ont construit des abris en béton des blockhaus, pour protéger les soldats des bombardements anglais. Selon les vidéos, les lectures et les récits des gens, on peut constater que la vie n’était pas la meilleure pendant et après l’occupation nazi ; que les gens balançaient tout le temps entre la vie et la mort, entre la vérité et les mensonges, que la peur était une constante dans la pensée des gens. Ironie de l’Histoire, la guerre a eu sa conclusion . Finalement l’Angleterre a détruit complètement Lorient (sans une « mauvaise intention », clairement ils auront pu faire les choses d’autre manière) en bombardant la ville à cause de la base sousmarine de Keroman 3 que les Allemands ont construit pour réparer et protéger leurs U-Boots. Cette basse était indestructible. Jusqu’au point qu’elle existe encore. Le plus ironique c’est, que c’est aussi grâce à cette base sous-marine que la ville a fait sa reconstruction. Comme le phénix, Lorient s’est réveillé de ses poussières. Le bois était pour beaucoup de temps son lieu d’habitation, La
fraternité,
perte, Des Des 108
on
fait
Citoyens citoyens
la
pauvreté,
de
Lorient
qui qui
la une
s’appuyaient
luttaient
tristesse, ville
les
pour sourire
de
et
la
citoyens...
uns
aux
autres,
en
même
temps
... Il y existe aussi une ville d’apparence carrée, haute, pleine des grands couloirs, des avenues, des ponts, des arbres alignés, des pigeons, du béton, du métal.... Habitée par la mort, mais aussi par le mouvement. Là-bas, la mort change tout le temps, mais c’est le continuum de l’existence des êtres étranges qui ressemblent à des objets carrés comme les bâtiments. Là il y a une loi sacrée, celle des « trois » lui, il, celui.
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Les êtres carrés s’aident les uns les autres posés les uns sur les autres, se poussant les uns les autres, tirant les uns sur les autres, se tuant les uns les autres, s’ aidant les uns aux autres, en soutenant cette étrange ville de formes froides, mais qui bouge. Qui bouge en silence avec son froid et ses carrés.
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qu’ils
regardaient
Des
citoyens
sa vie
qui
matérielle
apprécient
réduite
leurs
en
racines
poussières. bretonnes,
Des citoyens qui luttent chaque jour pour leurs droits, ses lois et pour ne pas se laisser imposer d’autres pensées que la sienne. Des citoyens qui aiment la liberté, parce qu’ils ont dans leur mémoire les souvenirs de chaînes, des fumés noires et grises qui couvraient le ciel et rendaient la ville sombre. L’histoire également que l’art est un moteur social qui aide les gens à voir la vie avec plus de clarté. Néanmoins, ni l’histoire ni l’art ne sont totalement transparents, ou ne vont pas donner des solutions sur le présent et encore moins sur l’avenir, parce qu’en fait, il s’agit d’une création ou d’une interprétation de faits depuis un point de vue qui est toujours subjectif. Les Anglais raconteront d’autres histoires sur la destruction de Lorient, les Allemands diront une histoire autre sur l’invasion dans les colonies françaises, etc... Le doute avec l’histoire est que jamais on ne pourra trouver les vrais responsables d’une tragédie, parce que les évènements sont si interconnectés, que chaque côté a toujours sa responsabilité dans une partie de la totalité d’un problème. Ce que je peux conclure ce qu’en France et pour le Lorientais il n’est pas si important se souvenir avec recoure sur le passé, parce que les gens qui ont vécu les horreurs de la guerre ont dépassé tout ce qui lui est arrivé, et commencent déjà à disparaitre ; mais également que l’histoire, cette société restera toujours dans le papier, soit en forme des photos ou des écrits. Néanmoins ce qui est important maintenant ce de soutenir les sentiments de liberté.
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Dans la cité de la Voile Éric Tabarly, est placée dans une plaque faite pour la commémoration du 70ème anniversaire de la libération de la poche de Lorient le 10 mai de 2015 « si la guerre a marqué l’histoire de l’Europe, la paix peut marquer son avenir ». Les hommes sont hommes de l’histoire, même si à Lorient en ce moment il y a une grande partie de la population qui n’est pas exactement née ici. On apprend tous l’histoire parce que dans les politiques de cet endroit est instauré la nécessité de la commémoration, de garder ses évènements, parce que sont eux finalement qui ont permis tous les changements dans la ville. La ville, elle n’est pas Rennes ni Paris, mais est une des villes importantes dans le département de Morbihan. C’est un centre de culture, de reconnaissance et de conservation des racines bretonnes. Maintenant après 73 années de la Libération, Lorient porte à nouveau le regard sur la mer et sur le passé en reconstruisant un moderne enclos du port qui ouvre l’espace de la mer vers la ville et qui est un espace parfait pour profiter du vent, du sol et de la vue, en reconstruisant quelques bâtiments dans le style classique pour préserver la mémoire des lieux où a débuté l’existence de la ville et où cette existence est encore préservée, comme la chambre de commerce et d’industrie, l’enclos du port, la place Alsace Lorraine, l’église de Notre Dame de Victoire, la place d’armes, l’abri en béton de la place Alsace Lorraine, la cité de la voile et la bases sous-marine, l’Hôtel Dieu, le quai des Indes, la citadelle de Port Luis, les quartiers de Merville, Nouvelle Ville, Faouedic, Kerentrech, Keryado. La Chapelle Saint Christophe, la Place de la République, d’Aristide...
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LA MATIÈRE LORIENTAISE Une description de Zaïre telle qu’elle est aujourd’hui devrait comprendre tout le passé de Zaïre. mais la ville ne dit pas son passé, elle le possède, pareil aux lignes d’une main, inscrit au coin des rues, dans les grilles des fenêtres, sur les rampes des escaliers, les paratonnerres, les hampes des drapeaux, sur tout segment marqué à son tour de griffes, dentelures, entailles, virgules. Italo Calvino - Le Città invisivili. On peut bien regarder la matérialité d’un lieu, mais non son essence, comment Aristote avait dit un jour ; les choses ont des accidents qui ne reflètent pas exactement ce qu’ils sont en soi-même. En d’autres mots, Aristote avait une idée de que la matière en soi avait un être en elle, une espèce d’âme, comme on le croit pour les humains. Mais que cette âme n’était jamais accessible aux yeux des humains parce qu’on ne pouvait voir d’autre chose que les accidents. C’est-àdire, l’extériorité d’une chose ou d’une personne. Si on connecte les choses avec l’individu, on peut obtenir probablement une description plus sensible encore que celle déjà écrite dans les livres, parce que cette connaissance est déjà modifiée par une perception personnelle et ne répond pas seulement à un cumul des connaissances hors de cet individu. Voici ce que je me propose à vous partager ; ce sont toutes les observations que j’ai faites pendant que j’ai parcouru Lorient avec mon appareil photo, mon enregistreur et mon carnet de voyage. Une chose n’est pas toujours la même. L’architecture nous montre 115
cela, surtout à Lorient. Dans chaque époque on a conçu des architectures liquides qui se modifient avec le passage du temps, les espaces se transforment à l’égal des gens. Un espace c’est une personne peut-être, et une personne peut se refléter dans un espace. Les espaces prennent la manière du temps donc, d’une époque. Pour parler de la ville en question, on dira. Si je regarde Lorient est-ce que je peux faire un récit de l’époque à laquelle elle appartient ? Il y a en France quelques endroits avec une identité clairement lisible ; en méditerranée par exemple on trouve la vieille France, aussi la France avant d’être France, un lieu vraiment marqué par l’Histoire, jusqu’au point qu’on arrive à se sentir vraiment dans un conte. Je parle des villages comme Uzés et Saint Mamert ; des lieux qui ont gardé leurs murailles et où se mélangent en elles la vie moderne avec l’esthétique du passé comme : Arles, Nîmes et Marseille. Où on arrive à sentir que dedans ces grands dédales on est persécuté par un amant jaloux, ou qu’ils vont courir après des hommes pour essayer d’attraper un voleur de poules. À Lorient on arrive à se sentir de cette manière par instants, dans les fantaisies du passé. Parce qu’en effet on trouve des maisons en pierre, des murs déjà vieux qui parlent de la vie maritime, des passages et noms des rues qui font référence a un héros ou à une personne remarquable ; des bâtiments comme la cathédrale de Notre Dame de la Victoire, l’hôtel Dieu, l’enclos du port, la Chambre de Commerce, les bunkers allemands, la Chapelle de Saint Christophe et le port de pêche qui ont une esthétique vraiment hors de ce temps. Mais cela n’est que le désir de se souvenir du passé, parce qu’en effet ces bâtiments ont plus de 70 ans, et ne sont plus que des 116
Comment bougent ses formes, statiques, carrées, lourdes et silencieuses. On les voit
pendant une vingtaine d’années ou plus dans le même lieu ; Avec ses visages en vitres, ses portes en fer ou en bois
Ses escaliers en escargot, la texture de sa peau.Je les vois et je m’étonne parce qu’elles ont aussi une personnalité. Peu importe sa froideur,
De toute façon elles sont toujours là pour nous protéger du climat, Pour cacher nos secrets, pour témoigner de nos actes.
Il n’est pas obligé qu’elles parlent de nous,
Mais nous sentons toujours une espèce d’affection parce qu’elles gardent de quelque manière nos souvenirs...
Un coin, une fenêtre, une porte, la cuisine, le salon, la chambre, la salle de bains, l’entrée...
Comment nous nous racontons des histoires quand nous le voyons. Et nous, qui les voyons presque tout le temps comme simple matière dans l’espace. Mais non, c’est la matière qui a gardé pendant quelques moments nos espaces. Là on se voit tous, parce qu’on en a tous habité. Elles bougent et se transforment avec le temps,
Et là nous nous regardons, parce qu’elles sont réservées, elles désignent l’intimité de nos rêves.
Elles bougent et se transforment comme se transforme aussi notre vie.
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copies de ce qu’un jour était la ville. Béton, métal, fer, bois, vitres, tuiles, caoutchouc, moisissure, acrylique et quelques éléments similaires forment les couches de Lorient. Une ville pleine de diverses textures, et de tons pastels qui se conforment à un ensemble d’espaces fermés qui entourent des espaces ouverts, comment la place d’Aristide, la place Alsace Lorraine, le parc Jules Ferry, L’hôtel Gabriel et les cimetières. L’ensemble de la Ville de Lorient a un air de calme qui se fait sentir grâce à l’architecture ordonnée et bien peinte, les arbres mis tous en place de manière logique ; par espèce, par zone, dans la même ligne, avec ses branches coupées au même niveau pour n’être pas dangereuses pour les piétons et pour les maisons qui ont en face. Ses grands couloirs de béton en ligne droite qui donnent une attitude rectiligne à ceux qui marchent ou à ceux qui vont en voiture. Lorient est une ville planifiée, reconstruite dès la Seconde Guerre mondiale. Une ville faite à partir de la logique, bizarrement, pour donner aux citoyens tout un espace de relaxation où ils puissent trouver la liberté et le silence en regardant les arbres et les fenêtres des maisons, en brisant aussi la monotonie de quelques bâtiments dans le style de Le Corbusier, avec un bâtiment tout à coup classique et qui est isolé entre deux bâtiments modernes. Ou en brisant avec ses escaliers en forme d’escargot fait en métal qui sont mis à l’extérieur de plusieurs bâtiments dans le style néoclassique. Le plus étonnant c’est celui de la maison des associations Salvador Allende. Ou en brisant aussi la monotonie par exemple avec les maisons toutes blanches d’une rue, et tout à coup une ou 119
deux avec une couleur de fond différent et de détails dans la porte ou dans les fenêtres. En combinant des cercles, des triangles et des cadres pour les fenêtres, des arcs et carrés pour les portes, des chemins en sable, en pelouse ou en ciment, etc.. Si on se balade dans Lorient on peut se sentir de différentes manières, parce que les îlots ont chacun, un style différent, parce qu’ils sont reconstruits par différents architectes dans toute la ville. Donc il y a des maisons personnalisées pour ses propriétaires qui ressemblent à un gâteau ou à des sucreries, parce qu’elles sont peintes en douces couleurs, avec des fleurs, et des mélanges de béton et de bois. Il y en a par contre d’autres si rustiques qui ressemblent à des maisons de vikings ou médiévales, il y en a d’autres qui reflètent le froid ou la chaleur parce qu’elles semblent très fermées et monotones ou bien, très amicales avec ses jardins.... On trouve aussi un trésor caché entre les maisons face aux rivières du Scorff, un bunker allemand, ou une sculpture en honneur aux morts, des graffitis derrière un bâtiment, des arbres qui se battent avec l’architecture ou qui veulent se rejoindre en elle. Si bien que je ne peux pas trouver l’essence de Lorient, je peux trouver à quoi elle ressemble, à quoi ses odeurs appartiennent et comment la ville par rapport à ce qu’elle est physiquement, peut nous faire rêver, peut nous inspirer ou peut nous déprimer. Dans ses jardins rectilignes qui se mélangent avec les bâtiments noirs, en béton, les maisons en pierre, et le silence des rues ; on retrouve toujours l’harmonie, parce que rien n’est exactement la même chose. Il n’y a pas une seule rue égale à une autre, bien que tout se ressemble, chaque bâtiment, également que les gens 120
habitent ici, ont chacun une particulariteĚ qui ne se montre pas au premier regard.
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Les arbres grandissent avec les fenêtres,
Ils tournent leurs branches et les replient grâce au reflet dans les vitres des bâtiments Ils ont aussi un lieu pour profiter d’eux mêmes,
Pour se contempler et se modifier face à chaque fenêtre. Ils sont le bonheur de la ville,
Ils la remplissent toujours de couleur, d’odeurs et de variations. Ce sont eux qui annoncent les changements du temps,
Ce sont eux qui reflètent le froid que l’on ressent. Ce sont eux les ironiques !
Ils se mettent à poil quand il fait froid et se couvrent quand il fait chaud. Ils veulent faire la cour au vent,
Parce que c’est lui qui les fait rougir. Mais quand il y a plein de soleil Ils sont ravissants
ils montrent aux gens et aux fenêtres, ses épaisses coiffures vertes.
Quand on se promène dans Lorient,
On peut facilement avoir l’idée que tout est monotone, Que rien ne change et que rien ne bouge,
Que tout est la même chose,
Qu’il ne se passe rien et que la ville est morte. Qu’à un moment ou un autre on se heurte avec une maison pleine de couleur Qui est digne même d’un prénom
Une maison avec une personnalité, Une maison bretonne en fait.
Petit à petit on se rend compte que la ville est en réalité toute une galerie, Mais une galerie faite pour la contempler, Pour se perdre en elle.
Soit dans ces vides rues, ou dans ses vagues tons,
Ou dans la douceur de quelques maisons, Ou dans les jardins pleins des couleurs.
Lorient c’est un endroit pour faire de la méditation N’importe où :
On peut respirer et se sentir dedans on même,
On peut se transporter en d’autres mondes, à d’autres moments historiques, Parce qu’ils sont ici sont mêlés
Les traces de l’histoire et les espoirs de l’avenir.
L’ESPRIT D’UNE VILLE Aun quedan unos pocos destellos de civilización en este bárbaro matadero que una vez fue conocido como humanidad. M.Gustave H. - Gran Hotel de Budapest Que
les
Français
sont
des
personnes
si
charmantes!
On m’a dit en Colombie que les expériences que j’ai eues ici se sont faites aussi grâce à la manière dont je suis. Que mon énergie était aussi un moyen de me relier aux autres et que nécessairement les Français n’étaient pas toujours comme je vais les décrire, mais que par rapport à moi et à ce que je donnais au monde, les gens autour de moi agissent d’une manière ou d’autre. Les enfants m’étonnent toujours ! Je dans
suis
seulement
un
univers
une un
autre peu
personne,
bizarre,
mais
plongée gentil.
Je ne suis pas si différente d’eux, je m’étonne avec la lumière de l’inconnue, je suis capable de contempler le silence et aussi le bruit, j’ai aussi des peurs, lesquels ? Ne pas pouvoir un jour voir la vie avec les yeux des enfants. Changer
les
affections
qui
me
rendent
particulière,
et
devenir froide, mais je n’y crois pas, cette société est folle, autant tu les regardes, simplement par curiosité, autant tu rigoles, sont drôles, les particularités, les rituels, les actes. Quels animaux si drôles nous sommes ! Comme s’il s’agissait d’un cirque et que j’étais la bizarrerie à contempler, ils se sont approchés par curiosité, et ils ont demandé :
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- D’où viens-tu ? - Tu n’es pas d’ici. En effet ils disaient la vérité, je ne suis pas d’ici et non plus de là-bas. -Je suis une âme qui se promène dans le monde en essayant de connaître comme eux ce monde extérieur. On va jouer ! s’écria Christophe. – Vous devez deviner d’où elle vient. Commence le jeu. - D’Irlande ! parce qu’elle a les cheveux rouges. Non. - D’Allemagne alors ! parce qu’elle a la peau claire. Non. - Je sais, je sais !!! écoutez comme elle parle, parlez-nous ! J’ai murmuré quelques mots sur le sujet de l’histoire de Lorient, dont je parlais avec Christophe et une femme chinoise avant de l’arrivée de nos visiteurs. - Écoutez, je sais, elle vient de la Russie ! Hahahaha ! voilà que Christophe et moi avons ri !! No !!! Ils m’ont demandé donc de parler dans ma propre langue. Je l’ai fait. Ils se sont tous regardés, parlez plus, disaient-ils. - De l’Espagne !! Ils ont conclu. - Non. - Non ? Mais d’où alors ? - Des États-Unis ? De l’Italie ? du Japon ? de Norvège ? de l’Afrique ? Mais chaque fois ils s’éloignaient plus du sujet, ils commençaient à désespérer.
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Mais ils n’ont jamais nommé l’Amérique latine. Ben... ils sont européens je me suis dit. - Je viens de la Colombie, finalement je leur ai dit. Il y avait quelques gestes de reconnaissance avec le pays et d’autres qui ne savaient pas où était la Colombie... Dans chaque lieu où j’arrive, je trouve une particularité dans les choses, une beauté, un sens, où je peux me reconnaître aussi. C’est également vrai que j’ai un voile pour voir le monde, et que dans ce voile joue beaucoup la subjectivité, j’en suis consciente, et j’essaie de l’enlever chaque fois que je vais sortir. Justement pour pouvoir voir. Cela c’est plus facile pour les enfants, mais aujourd’hui on les a préconçus autant que le monde. Que comme un américain plongé dans sa langue croit qu’il n’y a d’autre chose que la France.
Néanmoins, c’est plus facile pour eux, d’enlever ses voiles, et de se mettre à regarder, à toucher, à écouter une chose qu’il ne connaît pas, et sans craindre rien, ils sont capables de donner leur point de vue.
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Les adultes ne sont-ils plus différents des enfants, je me suis trouvé avec beaucoup d’entre eux qui me l’ont fait constater. Ils ont besoin d’attention, ils veulent être écoutés. Comme je suis une petite femme dans un monde de grands, ils veulent toujours me protéger, m’enseigner les vrais chemins, les dangers ; ils veulent me parler de l’histoire, de la politique, sur le fait de lutter pour ce qu’on veut. Ils me racontent toujours leurs histoires. Et moi, je ne me plains pas. J’adore les écouter. Comme ça je peux essayer de les connaître, j’écoute aussi leurs silences, et je les regarde.
Dans le bar de Charli’s entre la rue Paul Guieysse et Jules Simon, je suis rentrée un bel après-midi de l’été pour acheter une bière, m’asseoir dehors avec la bière en lisant une histoire pour enfants intitulée, « la légende du roi errant » de Laura Gallego García. Et comme d’habitude quand le monsieur du bar à entendu mon drôle accent il a demandé: d’où tu viens ? Après, on a parlé sur la situation politique de la Colombie et la haine que nous partageons avec nos actuels présidents.
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Il y avait quelques femmes, autour de 50 ans, dans le bar qui nous regardaient très intéressées pour faire partie de la conversation, on les a accueillies et on a parlé aussi de la Bretagne, de Lorient, ils m’ont parlé très fiers de leur culture bretonne : - “les gens en France nous appellent des régionalistes, mais non ! nous aimons ce que nous sommes, nous voulons maintenir nos racines pures, nous sommes des gens très chaleureux, ici c’est normal de saluer les gens dans la rue, de parler fort, d’être sincère. On est juste pour tout le monde! on est très amicaux. Si tu as besoin de quelque chose, n’hésite pas à venir nous parler, on vient souvent ici, nous sommes très amis, on se connaît depuis 30 ans.” - “Moi, je suis professeur de breton dans une école à Keryado”. A dit une femme. ...“Et ma copine, elle a voyagé par toute la France et grande partie de l’Europe”. - “Je n’ai trouvé rien de mieux que la Bretagne. Ici la pluie on la passe tous ensemble”. A répondu la copine de la première femme. - “Les Bretons on parle beaucoup et très vite ! ......” - “on trinque en breton ! yec’hed mat!” Et on a bu les verres. Quand j’allais sortir pour m’enfermer dans mon livre, elles m’ont appris, kenavo ! - “Kenavo et yec’hed mat ! ne l’oublie pas ! c’est essentiel ici.” Elles ont dit finalement.
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La vie ici se passe différemment. Mes amis de l’atelier par exemple, ils s’élèvent contre l’idéologie de la consommation. Ils veulent rester dans leur cercle parce qu’ils se sentent bien comme ça. Par rapport à la matière, ils apprécient ce qu’ils ont et ils veulent le faire demeurer comme ça, un vieux téléphone portable par exemple, ne veut pas dire qu’ils n’ont pas les moyens pour en avoir un. Mais signifie qu’ils s’en fichent de tout cela, et qu’il ne reste que les messages d’un ancien portable pour communiquer avec les personnes qui vraiment ont quelque importance pour eux. Et pas avec une grande masse des gens qui les entourent dans un vaste réseau social comme Facebook ou Instagram ou Twitter. Peut-être qu’ils avaient compris que la vie est plus simple, qu’on n’a pas besoin de tout partager, sinon de trouver l’harmonie dans cette vie que chacun vit.
À Lorient il y a beaucoup des gens qui ne sont pas exactement nés ici, il y en a beaucoup qui viennent d’autres parties de la France, en échappant à leur propre pays, à cause d’une mère qui a décidé de se
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marier avec un français. Pour faire ses études, pour passer une vie de retraité, pour se reposer pendant l’été de la vie dans les grandes villes, à cause d’un emploi, etc... J’en connais beaucoup qui habitent ici parce qu’ils cherchent la tranquillité, parce qu’ils cherchent la simplicité de la vie, parce qu’ils veulent venir ici pour s’échapper des bouleversements passés. Étrange paradoxe surtout ici dans cette ville. Mais il y en a aussi ceux qui habitent ici parce que n’ont pas les moyens pour sortir de la Bretagne. Une ville où chaque fenêtre parle de la vie passée et cachée sous les nouveaux murs des maisons pleines de béton, aux murs qui commencent à vieillir maintenant, qui restent silencieux et méditatifs comme les gens qu’y habitent. Je ressens ici un air de mélancolie ; je vois que les gens prennent leur temps pour regarder la vie qui les entoure, les arts forment une bonne partie de leur vie. C’est la cinquième fois que je trouve par hasard quelqu’un dans la rue qui se met à me parler et qui finit pour me raconter qu’il est inscrit dans un cours de peinture ou quelque chose comme ça, ou que sa fille est artiste plasticienne, ou son oncle ou que son beau-père est journaliste de musique à Paris, ou même qu’il est un luthier, etc...
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Il était 18 h du soir, il pleuvait et malgré ça il ne faisait pas si froid, il faisait 13 degrés. Nous attendions, bercés par la musique de la machine à laver pendant les 40 minutes du processus de lavage, assis dans ces gênantes chaises de salle d’attente en jouant aux échecs et en regardant de temps en temps comment la pression de la machine laissait voir tous les vêtements que j’ai mis dans le fond de l’appareil. Nous avons été surpris par un monsieur qui y est rentré brusquement en jetant le sac plein des vêtements vers la petite table qui est toujours dans le centre de la salle. Nous l’avons regardé, nous nous sommes regardés, nous nous sommes fait une grimace, qui signifiait : voilà le fou ! et nous nous sommes mis à jouer. Bref ! le monsieur était si violent, il a mis en premier tout dans la machine pour sécher, après, il a tout sorti et l’a mis brusquement dans une machine à laver. On jouait. On le regardait, on regardait la machine avec mes vêtements, je regardais mon sac loin de moi sur la petite table du centre de la salle à côté du sac du monsieur, j’ai regardé Andrés et je lui ai demandé de me donner mon sac, parce qu’en deux secondes à regarder cet homme, m’ont traversé
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la tête toute sorte de bouleversements concernant le fou qui venait d’arriver. Et s’il sortait un couteau ? Et s’il sortait en courant avec mon sac et tous mes documents dedans ? Et s’il commence à crier ? Et s’il frappe les machines ? Que ferais je ? Que fera Andrés ? On jouait. Le monsieur était si insupportable ! Il voulait avoir du savon, mais ça ne marchait pas. Je lui ai offert le mien. Il ne savait pas comment le mettre dans la machine.... Il s’enfichait ! Andrés l’a aidé mettre le savon dans la machine. Il allait payer, mais il n’avait que 20 euros, il ne voyait pas que le service ne fonctionnait pas avec des billets, il avait même la porte de la machine à laver ouverte. Finalement on lui a parlé, on lui a dit qu’il fallait qu’il change son billet parce que le service là-bas ne fonctionne qu’avec des pièces. Il a tourné brusquement dans toute la salle en ridant le billet. Il nous regardait, nous le regardions. Il est sorti, il pleuvait. On a pu se concentrer sur les échecs. Et dans le jeu il y avait aussi la tension, mon cheval regardait fixement la reine ennemie, il essayait de la faire sortir de mes terres. Elle a reculé. Le cheval a bien joué. La reine ne pouvait rien faire parce qu’elle était menacée par le cheval et les pions. Les pions ils la regardaient : une reine avec les bras croisés, à côté d’eux sans rien pouvoir faire. Ironique, on rêverait que ça arriverait dans la vie.
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Quelqu’un frappait la porte, c’était le monsieur qui venait d’arriver, il ne réussit plus à l’ouvrir. Nous y faisons attention. Nous nous regardâmes, et nous nous fîmes des grimaces. Finalement Il est rentré, il a jeté l’argent sur la machina à laver et s’est lancé vers le contrôle des machines pour obliger l’appareil à fonctionner. Nous commençâmes à nous énerver et nous l’avons aidé à tout faire. C’était la partie d’échecs la plus longue du monde. Mais très bonne malgré tout, pleine de tension, on se battait fortement. Il
s’est
passé
du
jouions,
le
regardait
jouer,
nous
parler.
temps,
monsieur Il
de
temps
nous
les
machines
tournait en
dans
temps
dérangeait
il
toutes
lavaient, la
salle,
nous
s’approchait les
cinq
nous pour
minutes.
Nous jouions. Le
monsieur
était
vraiment
décalé
il
voulait
mettre
en
fonctionnement le sèche-linge sans rien dedans, seulement pour
le
simple
goût
de
contempler
la
machine
tourner.
Comme s’il s’agissait d’un enfant on lui a aidé avec ce but, il restait content, on jouait aux échecs il y avait de la tension, on était à égalité dans la partie, on était sur le même piédestal. Et le monsieur... jouait en regardant la machine, il tournait avec elle. D’ici jusqu’à la fin de l’histoire, le seul fait remarquable fut que ce soit moi pour la première fois qui ai gagné la partie. Le monsieur était toujours fou. Mes vêtements étaient prêts, Andrés et moi nous nous sommes salués et on est sortis, moins le monsieur qui tournait par toute la salle.
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À nouveau dans l’atelier, mes amis sont un peu émus, ou un peu bouleversés, ils parlent des manifestations, des « gilets jaunes ». C’est Lundi, Lucas était plus distrait que d’habitude, il a mis la musique en haut volume, il s’est assis pour travailler, mais il n’arrivait pas, également que moi, qui n’ai pas trouvée d’autre solution que me mettre à décrire ce que je regarde. Depuis que je suis arrivée à 11 h du matin, Valentin a tourné par tout l’atelier, il m’a lu une belle partie d’un livre de pierre Bonnard intitulé « paroles d’artiste » où la conclusion était : ce qui est beau est simple. Il y avait Paul et Marion qui ont tourné une et cinq fois dans une moitié d’heure. Lucas après avoir pris son déjeuner, il sort pour acheter du pain. Marion rentra en mangeant du pain. J’écoute Loraine qui dit au loin « moi, je suis dans la merde » elle se lève pour aller prendre une cigarette. Charline après avoir parlé, hurlé et ri sans s’arrêter pendant 1 heure, est maintenant calme en dessinant. Les gars s’approchent de la table de Charline pour parler d’une exposition, une galerie, je ne sais pas, de sculptures... et la réunion s’est finie avec l’arrivée de Paul qui est entrée en silence jusqu’à sa table. Loraine à dit, je ne sais pas et tout à coup, tout le monde s’est levé, tous synchronisés, et se sont approchés au Paul, en prenant exactement les mêmes positions qu’ils y avaient quand ils parlaient des gilets jaunes. Lucas est arrivé, Marion a ri. La fête commença à nouveau.
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Aujourd’hui je me suis fait un nouvel ami, je marchais autour l’enclos du port pour première fois, avec mon appareil photo comme d’habitude. Je suis restée un moment en regardant le bunker allemand qu’il y a là, posé seul au milieu de la petite colline. C’était la première fois que je voyais un bunker. Pendant que je le regardais me traversait la tête tous les films que j’ai vus sur les Nazis, me traversaient la tête les histoires que j’ai lues sur la période de l’occupation allemande ici à Lorient. Je voyais ces forts murs et j’imaginais les gens en rentrant par cette petite porte, tous de pieds comme des sardines dans une boite, en écoutant les explosions qui détruisait tout au milieu d’eux.... Il y avait un chien qui me regardait, et un monsieur qui s’est approché en me disant : Prenez-le en photo ! Il les aime ! les gens le prennent des photos, parce qu’il est très beau. Je lui ai souri et j’ ai pris une photo du chien, qui n’est pas très bien sorti, mais le monsieur était content. Il m’a commencé à parler de lui et sur le bunker. On est resté à côté du bunker, en parlant sur l’Histoire, les métiers, et la religion. Le monsieur il était ouvrier, fils d’un charpentier qui a aidé à reconstruire la tour de la découverte, il m’a raconté toute l’histoire. Ce qui m’as étonné le plus c’est que le monsieur n’avait pas eu beaucoup d’éducation, mais il était vraiment lucide, il aimait l’Histoire, c’est par les livres et en regardant l’extériorité qu’il s’est construit une idée de ce que sont les êtres humains et les raisons qui nous emmènent à agir d’une manière spécifique... «- C’est le désir de pouvoir ce qui fait agir les hommes sans en
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mesurer les conséquences, et dans cette entreprise de gérer le pouvoir, ce sont les religions celles qui ont fait le pire mal au monde. La guerre de succession d’Autriche, au milieu de laquelle la France s’est battue avec l’Angleterre il y a longtemps, n’était pas qu’une guerre pour le pouvoir aux mains d’une idéologie, mais construite au fond pour la même raison – Trouver la compagnie irréfutable d’un dieu qui puisse juger les humains, qui puisse donner aux hommes la capacité de régner les uns sur les autres. Qui donne les lois naturelles de la vie et du monde- mais qui avait unsymbolisation différente, et qui était entre les mains de différents territoires. Les uns et les autres voulaient régner sur tout. Et maintenant ce n’est pas si différent.» A
conclu
le
monsieur....
Et
moi,
j’étais
étonnée
!
Je me suis fait un nouvel ami, que je peux chercher chaque fois que j’en ai envie. En me promenant sur les jardins de l’enclos du port.
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CHAPITRE 3 Réflexions Plastiques De la parole à la forme
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Prémiers résultats - Exposition à l’EESAB
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L’homme est marqué par l’Histoire, mille et une réalités habitent la vie de chaque sujet, mais ce ne pas l’Histoire la seule qui puisse raconter les hommes, les hommes ne sont pas que l’Histoire, ils sont des traces, ils sont des coupures, ils sont de longs espaces vides et remplis de matière, ils sont aussi ce que la brise du vent du nord leur donne, ils sont bretons et français, et arabes et africains, et aussi colombiens. Mais surtout, les hommes sont des expériences, c’est ça qui forme des sujets, et des os, et de l’eau, et de la viande. Les hommes sont toujours des réflexions les uns sur les autres en créant des couches, matière et esprit, des contrastes qui jouent toujours dans le même espace-temps.
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DES RÉFÉRENTS Tomas Saraceno: (1973) San Miguél de Tucumán - Argentina Malgré sa naissance en Argentine, il a vécu en Italie toute son enfance, c’est un individu marqué par les temps de la dictature qui n’a jamais su se reconnaître comme Argentin, parce que son contexte était autre et qu’il ne pouvait pas identifier la procédure de sa culture. Cette caractéristique de l’échange, l’a amené à la question de la construction des nations, dont sa conclusion s’est faite grâce aux influences de la biologie, comme les particules. Saraceno pense que les villes ne sont pas du tout un lieu d’habitation, parce qu’elles bougent. C’est pourquoi son travail se place du côté des architectures imaginaires où il peut créer de nouvelles expériences sensibles et motrices, liées à la physique et à la décomposition de la matière. Il y a des villes qui volent, c’est comme ça qu’apparait son œuvre « Cloud cities » exposée à Berlin en 2011 au le muséum de Gegenwar.
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Avec son travail artistique il essaie de faire prendre conscience de la manière par laquelle nous vivons et avec laquelle nous construisons le monde, en disant que nous ne l’habitons pas en harmonie avec la nature, mais que nous arrivons en la brisant. Il dit que notre système d’habitation du monde se fait en voyageant, et que nous sommes des êtres naturels qui sont des parties de cet univers et donc nous pouvons coexister avec lui. « Sollar bell » Rotterdam 2013.
Son oeuvre cosmic life, « The spides session » in Genoa 2014, pose des questionnements autour des connexions de la vie, est-ce que nous sommes toujours liés à quelque chose ? Est-ce que la forme organique de la vie est faite par de fils qui nous connectent ?
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«On space time foam» (Milan) 2012. Le mouvement de chacun affecte le mouvement d’autrui. La manière par laquelle les relations des gens affectent la totalité d’un groupe et comment on bouge de manière inconsciente vers la vie des autres personnes. On est responsable de chaque mouvement, parce que nos actions vont modifier celles des autres.
Gabriele Basilico (1994) Milán – Italia Architecte de formation, qui commence par la recherche dans la construction architectonique de la zone urbaine industrielle de Milan à regarder avec profondeur ces formes carrées et isolées qui composent la ville. Il est devenu un des photographes le plus reconnus d’architecture dans le monde ; sa recherche implique les changements architectoniques de l’Europe en général, son travail est lié à la création éditoriale, on pourrait dire documentaire aussi, puisque l’image sert aussi à raconter dans le cas de Basilico, la réalité d’un lieu, où la pensée et l’esprit d’une époque de modernité dépassaient une époque bouleversée par l’histoire de l’homme attaché au désir de contrôler le monde par rapport au territoire, jusqu’au désir de contrôler le monde par rapport l’économie. Par ses photos, Basilico raconte l’identité des lieux, parce que c’est
Porti di mare Hamburg, 1998 40 * 80 cm
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dans l’architecture que se lisent avec le temps, les empreintes des humains, les traces silencieuses d’avoir été habitées. Dans ces photos il n’y a pas de personne, parce que c’est l’absence, celle qui parle aussi des secrets, celle qui en même temps crée la possibilité de la fiction de la réalité, et que parmi son esthétique en blanc et noir il nous emmène aussi comme spectateurs à regarder non seulement le lieu qui est traité dans la photo, mais aussi la pensée ou les intérêts de l’artiste qui a fait ce portrait.
Berlin, 2000
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Valérie Jouve (1994) Saint-Étienne, France Est une plasticienne française qui avant d’être artiste, avait étudié l’anthropologie. Et qui se saisit de ce rapport à la vie sociale comme tissu pour étudier le monde, elle a acquis aussi une vue plus méditative depuis qu’elle a fini ses études de photographie à Arles. Son travail plastique conjugue donc ces deux approches et nous parle de la société que nous construisons d’abord par l’œil attentif de l’artiste. Elle met en scène des personnages qu’elle a connus presque toujours d’une manière spécifique. Cela donne à son œuvre, principalement en celle des corps en résistance une approche plus intime de la prise de vue, la capacité des modèles à ne pas ressembler comme des modèles, mais pour montrer vraiment une psychologie du moment de la capture photographique.
Vue de l’exposition « Valerie Jouve. Corps en résistance » Jeu de Paume, 2 Juin - 27 Septembre 2015 156
Elle part à la découverte des lieux, elle écrit des carnets de voyage sur ce qu’elle vit pendant ces voyages, elle veut montrer une réalité par son appareil photo, avec lequel elle construit des images où l’on regarde des paysages, des rues, des objets, vides ou accompagnés de la présence humaine. Les images sont celles qui peuvent capturer un moment, mais en même temps le laissent s’en aller avec ce qu’il y a de passé dans l’image prise. Elle montre le comment d’un lieu et un pourquoi, qui parle et qui cache, et en même temps montre les secrets de celui qui a pris la photo. Une photo n’est pas seulement une capture de la réalité, mais est aussi le comment et le pourquoi de cette capture, l’invitation faite aux spectateurs, à regarder ce qu’il y a derrière l’apparente simplicité de l’image prise.
Sans Titre « les figures avec Tania Carl » 2011 - 2012 157
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les Architectures 2017
Michel de Broin (1970) Montreal, Canadá C’est un artiste contemporain qui travaille sous la consigne du chaos et de l’entropie. Pour lui cela n’implique rien de mauvais parce qu’il considère que c’est la distorsion du monde qui fait bouger les humaines. Si le monde était parfait, nous aurions besoin de ne rien faire. Son travail entoure toutes sortes d’objets trouvés et transformés, ainsi comme des objets créés généralement d’une manière industrielle et qui cherchent à bouleverser et en même temps faire s’étonner les spectateurs en tant qu’ils puisent regarder des paradoxes de l’œuvre. C’est ce qui attire mon attention par rapport à cet artiste, la magnitude des œuvres, la complexité et sa manière ironique de regarder la vie et de la mettre en scène par ses objets. Malgré qu’il ait un vocabulaire plastique en constante expansion, on peut dire que ses travaux sont des installations, ses œuvres pendant la plus grande partie de sa carrière ont été faites pour des espaces spécifiques et en plein air. Par rapport à son travail, il mentionne dans un entretien : Too much light keeps us from seeing the night. Not everything can be explained with reason, and there are still gray areas to be preserved Mathematical formulas that describe the physical world are incomprehensible to our external stimuli: our faculties of sight, smell, hearing, taste, and touch. A great loneliness separates man from the world described by science. Even for the more advanced conceptual thinking, sculptures and language are inextricably linked to the world of the senses. Art is an attempt to evoke the world, but
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there is such a difference between the equations that describe the physical world and the experience we have of things. Scientists will never find a way for man to happily cross the threshold of a black hole; art is for me a way to make black holes that our senses can poetically slip into, escaping the normal order of things. I questioned the idea of progress and brought the idea of time as a continuous and repetitive cycle, returning upon itself.
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Dentrites 2017
La disparition sur le virage 2015
La maĂŽtresse de la tour Eiffel 2009
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CHAPITRE 4 Conclusion La fin du début
Mon travail ce n’est pas un ensemble objectif sur l’identité des Lorientais, mais un ensemble fait depuis les observations d’une ville, de son histoire, ses gens et sa construction physique, liée avec une promenade autour la manière dont je regarde le monde ; auxquels concepts à priori venus de la pensée des auteurs et des artistes qui m’ont aidé à nommer ma propre pensée, et qu’au même temps soutient, avec leur regard du monde, les définitions que je configure sur ma réalité. J’ai commencé ma recherche d’abord le mot « identité » et j’ai pensé que j’allais découvrir ce qu’est l’identité d’une ville ou des gens qui en habitent. Mais je n’ai trouvé d’autre chose que la reconnaissance que je peux faire d’un contexte hors tout ce que j’étais jusqu’à ce moment. Après certains parcours, je suis arrivée à une réponse clé autour la question sur notre identité. À mes 21 ans je ne peux pas définir ce que c’est l’identité d’un groupe, de quelqu’un, et non plus de moi-même. Parce que j’habite une réalité qui change constamment et qui ramasse les lois sociales et les personnes dans une courant en mouvement. Je ne pourrai pas même dire qu’est-ce que ce l’identité d’un lieu quand je m’aventure dans un territoire tout à fait inconnu pour moi. Ce pourquoi, à ce moment je vous partage mes perceptions, et mes manières de regarder ce nouveau contexte avec ses particularités, ses péripéties et ses détails. En fait ce sont ses caractéristiques qui font un lieu différent d’autre, ou à une personne différente d’autre etc... Ce que finalement entoure la définition du mot identité, la qualité de se reconnaître entre personnes et de se ressembler. C’est à dire, si une chose est
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pareil à autre, ce parce qu’il y a une troisième qui ne ressemble pas aux deux premières ; qui fait le contraste entre ces premières, les accords et les désaccords. D’après moi, sont le langage et la nécessité de l’unité ceux qui nous obligent à configurer une présence dans ce monde. C’est-à-dire, ce que nous appelons Identité. Un concept à la fois mobile et variable lequel je n’arrive pas à conclure, mais que je peux exprimer par mes paroles et mon œuvre plastique. Je commence avec ce qui est général, comme l’histoire, et je fais une promenade autour la ville en recherchant ce qu’elle exprime avec son passé et son présent. Jusqu’à ce moment j’ai réussi à me faire une idée sur ce qu’à mon avis rend unique l’esprit de Lorient comme un espace social habité. La simplicité, le silence, le rythme et la tranquillité sont au même temps des adjectifs avec lesquels j’identifie ce lieu et les personnes qui en habitent ; la lumière et ce qui est caché derrièrre elle. Plus que le regard d’une étrangère sur cette ville, je vous présente les sensations que la ville même m’évoque et je vous donne mon œuvre, comme une matière fait pour la contempler et pour se regarder soi-même en tant que le silence et la calme arrivent et sont à la fois déranges pour le bruit de notre mouvement, toujours jouant avec les contrastes : entre matière et signification, douceur et sévérité. Des contrastes qu’on regarde aussi de qu’on se réveille jusqu’à qu’on se couche. Avec ses inquiétudes dans la tête, j’arrête ici et je vous partage ce que j’ai compris jusqu’à ce moment de ma vie, je vous invite à contempler le pas du mot à l’image, ou à la création artistique avec cet ensemble des objets par milieu lesquels je ressens Lorient.
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APPENDICE
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Partie de l’installation finale
Mélanger les choses, transformer la réalité, montrer ce que je sens. Il y a partout une lumière très claire qui me fais penser à la pureté. Mais dans la terre, pourrons nous avoir de la pureté ?
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La ville est un ensemble des lignes. Les promenades des piétons désignent aussi des lignes, qui vont souvent au centre-ville, Qui s’éloignent vers le chemin de bois de château Qui tremblent dans l’eau quand les piétons vont vers Port Luis. Qui s’arrêtent quand la pluie ne permet plus de marche aux piétons.
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Il n’y a pas que la pureté, il y a les traces de l´humanité Il y a les contrastes, et les changements d’atmosphère Il y a la vie qui coule dans les silencieuses rues de Lorient. Il y a les empreintes.
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