2 minute read

L’ÉTONNANTE ÉPOPÉE DE SHANGHAÏ

pays. La partie lituanienne de la Pologne qui abritait les Yéchivot de Vilna, Radin, Grodno, Bialistok, Kamenitz, Slonim, Mir et Baranovitz, était désormais sous occupation russe.

Le traité germano-soviétique se révéla à postériori providentiel. L’invasion russe en Pologne orientale se fit sans effusion de sang. Les Russes et Allemands reconnurent la souveraineté lituanienne sur la ville de Vilna, un détail qui se révélera d’une importance capitale. Un demi-million de Juifs fuirent la zone d’occupation allemande vers la zone soviétique. Certes, beaucoup d’entre eux furent déportés en Sibérie, mais la moitié d’entre eux purent malgré tout survivre à la guerre.

La fuite vers Vilna

Apprenant que les Russes s’apprêtaient à remettre la ville de Vilna aux mains du gouvernement lituanien, conformément aux termes du traité germano-soviétique, les élèves de la Yéchiva quittèrent Mir pour Vilna. Ils furent rejoints peu de temps après par le directeur de la Yéchiva, le Rav Eli'ézer Yéhouda Finkel, son gendre le Rav Haïm Chmoulevitz et le directeur spirituel, le Rav Yéhezkel Levinstein. Des milliers d’autres juifs prirent le même chemin, profitant de ce qu’aucune frontière ne séparait encore Vilna de la zone d’occupation soviétique. Les autorités lituaniennes établirent alors des cartes des réfugiés pour les quelques milliers de Juifs, dans leur majorité élèves de Yéchivot, qui étaient arrivés dans cette ville. Ils exigèrent qu’ils quittent Vilna et se dispersent dans les villes environnantes. Le Rav Finkel lutta de toutes ses forces et acheta littéralement le droit pour la Yéchiva de Mir de s’installer dans la ville de plaisance Keidan, en plein cœur de la Lituanie, seul endroit susceptible d’abriter ses trois cents élèves. Là, loin du tumulte de Vilna et de ses réfugiés, dans l’atmosphère paisible d’une ville de province, la Yéchiva connut une période singulièrement bénie. Conscient que cette solution ne pouvait être que provisoire, étant donné les intentions des soviétiques d'annexer la Lituanie et les menaces de la machine de guerre nazie, le directeur de la Yéchiva chercha par tous les moyens, mais vainement, à obtenir des visas et des passeports permettant de fuir l’Europe.

Sogihara fait tout pour sauver les Juifs

Dans leurs efforts acharnés pour trouver quelque issue de secours, les élèves de Mir prirent connaissance de l’existence à Kovno d’un consulat britannique. Celuici accepta de leur fournir un certificat de bien piètre allure mais qui, faute de mieux, constituait malgré tout le seul document officiel qu’il fut alors possible d’obtenir. L’heure était de moins en moins aux tergiversations.

Au début de 1940, les Allemands envahirent le Danemark et la Norvège, fermant ainsi toute voie maritime pour s’échapper de Lituanie. Les Soviétiques, de leur côté, après avoir établi en Lituanie un gouvernement communiste vassal, s’apprêtaient à procéder à une annexion en bonne et due forme. La menace d’une attaque allemande contre la Russie et les Etats baltes se profilait déjà à l’horizon.

Les élèves de la Yéchiva se tournèrent alors vers le consul du Japon qui venait juste d’arriver à Kovno. Humble fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, Tchona Sogihara n’avait jamais entendu parler de judaïsme ni même du peuple juif. Désœuvré dans son tout symbolique consulat, sachant que l’annexion russe était une question de jours et qu'il lui devait falloir partir,

This article is from: