ARIA N°303 (Juillet 2020)

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aria MAGAZINE OFFERT

FOCUS / ART CONTEMPORAIN

# 303 JUILLET 2020

INFLIGHT

CULTURE / PATRIMOINE

LÉNA PIANI, L'ÉCHAPPÉE BELLE

GRANDES DEMEURES DE CORSE

ZOOM / CINEMA

A GENDAS

LA NUIT VENUE, ENFIN...

CORSE/CÔTE D’AZUR/PROVENCE/PARIS




Conception mediani - photo ODARC / J.-C. Attard,


aria Fondateur Dominique Alfonsi

SARL KYRN EDITIONS Le Ricanto Ancienne route de Sartène 20090 Ajaccio e-mail:ariagenda@gmail.com

Sommaire Numéro 303 - JUILLET 2020

AIR CORSICA

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Les infos de la compagnie Découvrez le monde avec Air Corsica - L’Edito - Bienvenue à bord Rendez vous partenaires... CULTURE / PATRIMOINE

Grandes demeures de Corse Directrice de la publication Rédactrice en chef

Sandra Alfonsi Direction technique Conception graphique

Jean Christophe Alfonsi Publicité

Kyrn Editions ariagenda@gmail.com Couverture © Marc CHEHADE Maquette Kyrn Editions Imprimé par IAPCA

Dans la continuité de son travail sur le mobilier en Corse, qui fait désormais référence, le Musée National de la Maison Bonaparte publie aujourd’hui aux Editions Albiana un catalogue d’exposition hors normes intitulé Grandes demeures de Corse, les maisons patriciennes au temps des Bonaparte 1769 - 1870. Si elle annonce effectivement l‘exposition éponyme programmée à partir du 9 octobre prochain, cette publication est aussi et surtout une somme remarquable, qui présente dans toutes leurs spécificités des bâtiments, hôtels particuliers, palazzi ou casone, qui émaillent l’ensemble du territoire insulaire.

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ZOOM / CINÉMA

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La nuit venue, enfin.. Après quelques mois de retard dus à la crise sanitaire, La nuit venue, premier long métrage de l’ajaccien Frédéric Farrucci sort enfin en salles le 15 juillet. Présenté en avant-première nationale à Ajaccio en décembre dernier, cet opus à la fois vif, magnétique et crépusculaire, d’un esthétisme maîtrisé, joue sa partition originale dans la cour des grands. Sur fond de problématique sociétale, le film raconte l’histoire d’amour compliquée entre Jin, chauffeur de taxi clandestin d’origine chinoise, et Naomi, une jeune stripteaseuse - respectivement incarnés par Guang Huo et Camelia Jordana - qui vivent leur romance au coeur de la nuit parisienne. FOCUS / ART CONTEMPORAIN

Léna Piani, l’échappée belle Originaire à la fois de Cannelle d’Orcino, dans la Cinarca, et de Lozzi, dans le Niolu, Léna Piani est une artiste subtile, qui sait aussi s’impliquer « physiquement » dans certaines de ses créations pour saisir l’instant, l’impulsion qui transforme l’objet du quotidien en oeuvre, en symbole à plusieurs lectures ou en message engagé parfois, en signe de libération toujours. D’instinct, avec une acuité déconcertante, elle capte la vibration ou l’éclat de lumière qui dynamise et qui affranchit en un même élan. Son travail - alternant vidéos, photographies, installations, figuration et abstraction - déjà remarqué aux EtatsUnis comme en Europe, a d’ailleurs été récompensé l’année dernière par deux distinctions internationales.

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AGENDA La reproduction et l’utilisation, sous quelque forme que ce soit, des reportages et des informations, sont interdites. La société éditrice se réserve le droit de refuser tout ordre de publicité, annonce ou insertion sans avoir à justifier son refus. Les pages Air Corsica sont intégralement réalisées par la compagnie et sont sous sa responsabilité. Conception & réalisation graphique : Agence AGEP. Comité rédactionnel : Jean-Paul Filippini, Dominique Leca, Marie-Diane Leccia, Jean-Baptiste Martini, Michel Ponzevera et Ghislaine Sansonnetti. Photos Air Corsica : Alexandre Cadel, Michel Ponzevera, Roland Rouget.

Corse

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AGENDA

Provence

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AGENDA

Côte d’Azur

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AGENDA

Paris

32 JUILLET 2020

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SUÈD

LE

RÉS É EAU

2 4 6 1

GÖTEBORG

vers Bastia*

AIRBUS A320neo eo

Capacité 186 sièges

LONDRES

vers Ajaccio*, Bastia*, Calvi* et Figari*

AIRBUS A320ce eo

BRUXELLES CHARLEROI

Capacité 180 sièges

AT A TR 72

vers Ajaccio, Bastia et Calvi*

PARIS CHARLES DE GAULLE vers Ajaccio, Bastia, Calvi* et Figari*

PARIS ORLY

vers Ajaccio, Bastia, Calvi et Figari

Capacité 70 sièges

AT A TR 42

NANTES

DOLE

vers Ajaccio* et Bastia*

vers Bastia

CLERMONT-FERRAND

Capacité 48 sièges

LYON

vers Ajaccio*

vers Ajaccio, Bastia, Calvi* et Figari*

BORDEA AUX vers Ajaccio* et Calvi*

NICE

vers Ajaccio, Bastia, Calvi et Figari

TOULOUSE

vers Ajaccio, Calvi* et Figari*

MARSEILLE vers Ajaccio, Bastia, Calvi et Figari

PORTO

TOULON

Ajaccio* et Bastia*

CAL LV VI

vers Ajaccio

AJACCIO Lignes régulières

*Lignes saisonnières

BASTIA

FIGARI


ÉDITOR RIAL Luc BE ERENI Présiden nt du Directoire Prisidenti di u Dirittoriu

Au nom des 700 salariés d’Air Corsica qui, tout au long de la crise, se sont mobilisés à mes côtés, je veux vous dire notre joie de vous retrouve er à bord, après cette période extrêmement difficile que nous n’oublierons jamais. Dès les premiers jours du mois de mars, malgré l’incerrtitude qui régnait dans tous les domaines, notre priorité absolue était, et demeure, la sécurisation sanitaire de nos clients et de notre personnel. aires recommandées par les Nous continuons d’appliquer toutes les mesures sanita autorités compétentes compétentes, afin d’assurer d assurer notre mission a avec la plus grande sécurité possible. L’ensemble de nos collaborateurs suit des p procédures spécifiques pour renforcer l’hygiène, nos avions sont désinfectés à chaque escale, notre personnel dispose d’équipements de protection et nous imposons le port d’un masque à tous nos clients dès leur entrée dans l’aérogare de départ. Vous trouverez sur notre site aircorsica.com tous les détails sur les mesures adopté ées.

RETROUVER LE PLAISIR DE VOY YA AGER ENSEMBLE.

Tandis que d’autres compagniess aériennes avaient totalement suspendu leurs opérations, no ous avons déployé des efforts considérables pour maintenirr le lien entre la Corse et le Continent. Au plus fort de la crise, nous n’acheminions plus que quelques dizaines de passagers par jour, mais Air Corsica garantissait la continuité de l’a activité économique, sociale et surtout médicale, grâce au trransport de médicaments.

Les conditions de travail, passablem ment dégradées en période de confinement, ont mis à mal notre premier impératif comm mercial, qui est la satisfaction des clients. Nos équipes ont été submergées par le no ombre extrêmement élevé de dossiers à traiter et les délais de réponse aux deman ndes de modifications et de remboursements ont parfois été trop longs. Nous le d déplorons et vous adressons nos excuses pour ces désagréments. A présent que nous retrouvons une activité normale, n nous entendons jouer à plein notre rôle de premier transporteur de la Corse, et favo oriser la relance de l’activité touristique. Nous avons ainsi déployé un programme estival partic culièrement conséquent, qui représente plus d’un million et demi de sièges sur la to otalité de notre réseau. Cette offre garantit l’accessibilité à notre île tout au long de la saison et s’accompagne d’une série d’opérations promotionnelles mises en plac ce depuis la mi-juin. En cet été pas comme les autres, nous nous réjouissons ttrès sincèrement de retrouver le plaisir de voyager ensemble.

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NE EWS & CIE LES MES SURES SANIT TAIRES AU S SOL ET À BORD Depuis que l’épidémie de Coron navirus, dite Covid-19, a frappé l’Europe au cours de l’hiver dernierr, Air Corsica a sans cesse appliq qué des mesures visant à protéger et informer ses clients s et ses personnels, dans le but d’apporrter des réponses appropriées en matière de sécurité saniitaire.

DES MESURES BARRIÈRES S… Le port du masque obligatoire pour to ous les passagers et les membres d’équipage, dès l’entrée dans l’aérrogare de départ jusqu’à la sortie de l’aérogare d’arrivée. d ation physique sont mises en place aux comptoirs de vente et d’enreg gistrement D’autre part, des mesures de distancia dans les aérogares, ainsi que lors des contrôles de sûreté et pendant l’embarquement. d, il est de a dé au co se e leur eu masque asque pendant pe da t tout le e vol, o , de limiter te leurs eu s déplaceme dép ace ents e dans A bord, demandé aux passage passagerss de d conserver les allées des avions, et d’observer les consignes de l’équipage lors de l’arrivée à destination, de manière à débarquer d sans précipitation. Par ailleurs, le service de lecture, de boissons et de collations est suspendu jusqu’à nouvel avis, afin de réduire less contacts entre les personnes et de permettre aux équipes de nettoyage des cabines de se concentrer sur la désinfection de e celles-ci.

… AUX MESURES TECHNIQUES. AIR CORSICA s’est dotée de produits et matériels spécifiques en matière de désinfection afin de s’assurer du plus haut niveau requis en matière de sécurité sanitaire. Le nettoyage des cabines est ainsi plus fréquent et efffectué de manière approfondie pour répondre aux conttraintes et aux besoins actuels.

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LA PLUP PART DE NOS AV AVIO ONS SONT ÉQUIPÉS DE FIL LT TRES « HIGH EFFICIIENCY PARTICULA AT TE AIR (HEP PA A ». LA COMP A) PA AGNIE A D’AUTRE PA PART ACQU UIS DE NOUVEAUX MA ATÉRIELS D DE DÉSINFECTION PA AR NÉBULISA AT TION.

Q Qu’est-ce q qu’un filtre e HEP PA A? La filtration HEP PA est un standard déve eloppé par la Commission de l’Energie Américaine, représentant le moyen le plus efficace au monde pour filtrer l’air des saletés, pollens, bactéries et n’importe quelle particule dans l’air ayant une taille supérieure à 0,3 μm Composé d’une couche de fibres espac cées de 0.3 micron, le filtre agit comme une membrane au passage des p particules. Ainsi l’air en cabine est totalement renouvelé toutes les trois minutes, en passant au travers de ces filtres capables d’extraire plus de 99,9% des virus don nt ceux de type « coronavirus ». Les filtres HEP PA A, qui ont une performa ance similaire à ceux utilisés dans les blocs opératoires, garantissent u une totale sécurité sanitaire à bord. Comment fonctionne un filtre HEP PA A? L’air de la cabine est nettoyé dans les unités d’air conditionné et passe à travers les filtres HEP PA A. Cet air recyc clé propre est ensuite mélangé à l'air extérieur da ans l'unité de mélange et réinjecté dans la cabine par circulation vers le bas pour répéter le processus toutes les trois minutes. Acquisition q de nébuliseurs de type yp DAF 3000 Spécialement conçu pour le secteur ho ospitalierr, des transports et de l’hôtellerie, le DAF 3000 met en œuvre le ttraitement des surfaces par brumisation. Capable d’effffectuer trois types de traitements distincts, le DAF 3000 assure la désinfection bactéricide, fon ngicide et virucide la désinsectisation et la désod virucide, dorisation de l’ensemble des surfaces de contact de la cellule des aéron nefs L’utilisation du DAF 3000 vient en renforrt de l’utilisation de produits spécifiques de nettoyage. Chaque appareil co omposant la flotte d’AIR CORSICA est ainsi traité é tous les quatre à cinq jours lors des immobilisations de nuit. Le traite ement de l’avion se fait cofffres à bagages ouvertss, portes des toilettes ouvertes, obturateurs des hublots abaissés et offic ces vides. Le DAF 3000 est branché sur secteurr 115 volts dans la cockpit de l’appareil et se déclenche par timer, sa ans aucun occupant à bord. La durée de l’ensem mble de l’opération est de l’ordre de 90 minutes avant que l’avion puissse ensuite redevenir disponible pour une utilisation nominale. Ce pro océdé technique de traitement par brumisation permet de répondre e aux contraintes et besoins spé écifiques actuels, assurant ainsi une sécurité é sanitaire e optimale

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Bienvenue dans l’Espace Fidélité d’Air Corsica: Jegagne1billet.com Vous êtes un passager régulier ou occasionnel sur nos lignes Corse – Nice / Corse – Marseille / Corse - Lyon et vice versa? Notre Programme de Récompense JeGagne1Billet.com fait de vous un voyageur privilégié. Vous bénéficiez d’un billet aller et retour gratuit – les taxes sont à la charge du passager – sur les lignes ci-dessus mentionnées dès que 12 voyages allers – retours, ou 24 voyages allers simples, sont effectués dans une période de 12 mois consécutifs.

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CULTURE PATRIMOINE

Grandes demeures de Corse Dans la continuité de son travail sur le mobilier en Corse, qui fait désormais référence, le Musée National de la Maison Bonaparte publie aujourd’hui aux Editions Albiana un catalogue d’exposition hors normes intitulé Grandes demeures de Corse, les maisons patriciennes au temps des Bonaparte 1769 - 1870. Si elle annonce effectivement l‘exposition éponyme programmée à partir du 9 octobre prochain, cette publication est aussi et surtout une somme remarquable, qui présente dans toutes leurs spécificités des bâtiments, hôtels particuliers, palazzi ou casone,

qui émaillent l’ensemble du territoire insulaire d’Ajaccio à Bastia en passant par Bonifacio, Sartène, Corte, la Balagne ou encore le Cap Corse. Abondamment illustré, le catalogue bénéficie de très nombreuses contributions, auxquelles les dessins et aquarelles de Pierre-Alexandre Soulat apportent précision et raffinement. L’ouvrage offre ainsi un éclairage complet sur un aspect méconnu du patrimoine insulaire : l’architecture civile. Entretien avec JeanMarc Olivesi, Conservateur Général du Patrimoine, Musée National de la Maison Bonaparte à Ajaccio. INTERVIEW

JEAN-MARC OLIVESI

ARIA - Tout d'abord, quel est le propos de cet ouvrage, qui est une somme à part entière et va bien au delà du "simple" catalogue d'exposition ? Jean-Marc OLIVESI - Un musée, ce sont bien sûr et avant tout ses collections, mais c’est aussi en amont et en aval la recherche et la médiation sur ces collections. D’abord la recherche, on pourrait se dire : ces collections sont là depuis … il n’y a plus rien à dire dessus … Pas du tout ! Il suffit : - d’une archive inédite qui remette en question tout un historique; - d’un point de vue différent : à la Maison Bonaparte nous regardons l’irrésistible ascension de cette famille ajaccienne depuis Ajaccio et ça change beaucoup de choses ; - de l’intérêt pour de nouveaux domaines : depuis plusieurs années, nous travaillons sur l’histoire du goût des Bonaparte, après leurs demeures parisiennes souvent réalisées par les architectes les plus innovants, après le mobilier nous nous attaquons cette année aux demeures patriciennes en Corse , or l’architecture civile est peu connue dans l’île, surtout l’architecture patricienne, les demeures rurales ont fait l’objet de publications dans les années … 70 ! L’architecture religieuse et l’architecture BASTIA, Départ de l’escalier de la maison Castagnola © Pascal RENUCCI / MB militaire ( les fortifications ) sont bien plus balisées.

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CULTURE PATRIMOINE

AJACCIO, Entrée à portique formant loggia vers les jardins, château Baciocchi © Pascal RENUCCI / MB ARIA - L'exposition qui va ouvrir le 9 octobre prochain à la Maison Bonaparte mettra en perspective les documents recueillis et les aquarelles de Pierre-Alexandre Soulat, en écho à l'ouvrage paru : la synergie catalogue / exposition vous semble-t-elle désormais indispensable pour sensibiliser ou conquérir de nouveaux publics ? Jean-Marc OLIVESI - Après la recherche vient la diffusion de ces connaissances nouvelles au grand public : L’exposition et la publication d’un catalogue sont de très bons supports, la base de toute médiation, mais il est intéressant de les accompagner d’opérations plus interactives, c’est pour cela que nous avons demandé au LRA d’inventer pour nous un atelier d’initiation à l’architecture, pour apprendre à lire les façades notamment, et que le CAUE 2A a réalisé des maquettes des escaliers les plus originaux que nous avons découverts dans l’île : suspendus sur des colonnes dans une cour aérienne ou à volées partant en sens inverse mais réunies par un palier central : quelle créativité ! ARIA - Cette publication s'articule autour de nombreuses contributions, et met en avant des lieux remarquables, parfois méconnus. Que pouvons-nous apprendre sur la société insulaire à travers l'étude de ces grandes demeures et de leurs attributs particuliers ? Sur la Maison Bonaparte par exemple ? Jean-Marc OLIVESI - Le corpus de ces grandes demeures corses se mobilise entre deux partis architecturaux diamétralement, et dialectiquement, opposés. D’un côté la grande demeure massive qui tend vers le cube, mais sans tout le vocabulaire des corniches,

AJACCIO, Décor du grand salon de la maison Muracciole © Michel-Edouard NIGAGLIONI

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CULTURE PATRIMOINE

SARTENE, Elévation principale de l'hôtel particulier de Philippe de Rocca-Serra © Audrey GIULIANI bandeaux, fenêtres à fronton … ( la maison Bonaparte par exemple ). C’est une construction dont la taille, la massivité affirment l’origine patricienne ( Les Bozzi par exemple ) et racontent les racines profondément corses. De l’autre la demeure originale, raffinée parce que chaque détail a été étudié, cultivée parce qu’elle fait référence à des créations exceptionnelles d’Italie, de Provence ou parisiennes. C’est le cas par exemple de l’hôtel particulier du comte Valery à Bastia ( détruit ), qui évoquait à la fois les palais Gondi et Médicis à Florence. Le tout dessiné par Poggi, un excellent architecte qui a travaillé aux bâtiments de Florence, lorsqu’elle était capitale de l’Italie. On reconnait cette capacité des élites corses à cultiver Décors peints de la Maison Bonaparte, 1857 © Pierre-Claude GIANSILY

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leurs racines et à s’ouvrir au monde dans le même temps.


CULTURE PATRIMOINE

AJACCIO, Maison Bonaparte, encre et aquarelle sur papier de Pierre-Alexandre Soulat,2019 © Pierre-Alexandre SOULAT / MB

CENTURI, Château Stoppielle © CdC/Pascale NERI

ARIA - De quelle manière avez-vous travaillé, notamment pour l'iconographie et la collecte des documents ? Avez-vous rencontré des difficultés au cours de vos recherches, ou fait des découvertes surprenantes ? Jean-Marc OLIVESI - Il y avait une série de demeures connues pour leurs belles façades, la qualité de leur décor intérieur…Nos chercheurs ont reconstitué leurs historiques et les ont mises en rapport avec d’autres maisons. Et puis il y a celles que l’équipe a rapporté, comme à la chasse, chacun en fonction de sa période de recherche ou de sa région d’origine. Vous trouverez donc des éclairages particuliers sur la Balagne, le Cap, Bonifacio ou, plus inédites : les maisons d’Egyptiens de Sartène ( dopu e case di l’Americani, e case di l’Egizziani ! ). Parmi les découvertes : Fabio Benedetucci, du Musée d’Histoire de Rome, a reconstitué le séjour à Ajaccio de Giuseppe Barberi sous l’Empire, et un plan signé nous donne l’auteur du palais Pozzo-di-Borgo : Vaudoyer père. ARIA - Ce catalogue s'inscrit dans la filiation du travail remarquable, et totalement inédit, que vous avez mené précédemment sur le mobilier insulaire, en ouvrant de nombreuses pistes d'étude. Quelle est la prochaine étape ? Jean-Marc OLIVESI - rsque le directeur d’un grand musée corse nous a dit : « Après l’ouvrage de référence sur le mobilier en Corse, voici celui sur les grandes demeures », nous avons été très contents, mais il faut bien se dire que sans l’aide des musées de l’île, du service de l’inventaire de la Collectivité de Corse, de la passion des chercheurs insulaires qui mettent à notre disposition dix, vingt ans d’enquêtes sur le terrain ou en archives, tout cela n’aurait pas eu lieu ! La prochaine étape ? Un peu de suspense sied aussi aux musées … n PROPOS RECUEILLIS PAR SANDRA ALFONSI INFORMATIONS WWW.MUSEE-MAISONBONAPARTE.FR

AJACCIO, Grand salon du château Conti © DR JUILLET 2020

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ZOOM

CINEMA

LA NUIT VENUE, ENFIN… Après quelques mois de retard dus à la crise sanitaire, La nuit venue, premier long métrage de l’ajaccien Frédéric Farrucci sort enfin en salles le 15 juillet. Présenté en avant-première nationale à Ajaccio en décembre dernier, cet opus à la fois vif, magnétique et crépusculaire, d’un esthétisme maîtrisé, joue sa partition originale dans la cour des grands. Sur fond de problématique sociétale, le film raconte l’histoire d’amour compliquée entre Jin, chauffeur de taxi clandestin d’origine chinoise, et Naomi, une jeune strip-teaseuse - respectivement incarnés par Guang Huo et Camelia Jordana qui vivent leur romance au coeur d’une nuit parisienne ici mise en images et en musique de façon totalement inédite. Entretien avec le réalisateur, Frédéric Farrucci.

INTERVIEW

FRÉDÉRIC FARRUCCI

ARIA - "La nuit venue" est votre premier long-métrage. Comment et pourquoi, avec vos deux co-auteurs, avez-vous choisi de raconter cette histoire d'amour improbable ? Frédéric FARRUCCI - Plusieurs choses se sont entrecroisées. Nicolas Journet, l’un de mes coauteurs, avait enquêté sur le métier de strip-teaseuse et découvert que beaucoup d’entre elles sont également call-girls et qu’elles ont toutes un chauffeur « régulier » qui leur offre un sas de décompression et une forme de sécurité à l’issue de leur effeuillage. C’est comme ça qu’est née l’idée de l’histoire d’amour entre Naomi, strip-teaseuse et call-girl, et Jin, chauffeur de taxi. Ce qui m’attirait au premier chef dans cette romance était qu’elle se déroule de nuit. J’ai longtemps été un noctambule, j’aime Paris la nuit : c’est un moment où la norme se mêle à la marge, et cela conduit à des rencontres (parfois amoureuses) GUANG HUO © JOUR2FÊTE / KORO FILMS

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CINEMA ZOOM

GUANG HUO & CAMELIA JORDANA © JOUR2FÊTE / KORO FILMS

qui ne pourraient pas se produire le jour, qui est plus clivant.

du casting sauvage dans Paris, passé des annonces via des

Nous avons enquêté auprès de taxis de nuit et une légende

associations ou des plateformes comme WeChat, très utilisée par

urbaine revenait régulièrement dans les témoignages : la

la communauté chinoise. Quand Guang Huo s’est présenté, il s’est

mafia chinoise équiperait de faux taxis et exploiterait des

passé quelque chose de fort. Il avait déjà le physique du personnage

hommes en les mettant au volant. Cela a créé immédiatement

tel que je l’avais imaginé, son côté ténébreux, secret, sa façon de

un désir de fiction. C’était une véritable matière de film

se mouvoir... Et d’emblée, la caméra semblait l’aimer. C’est après

noir. Notre chauffeur est donc devenu un Chinois sous la

avoir choisi Guang que j’ai pensé à Camélia Jordana. Il est très

coupe de la mafia et le taxi s’est par la suite transformé en

difficile de dire comment a germé l’idée mais j’avais l’intuition

VTC, plus contemporain, plus « clandestin » car n’arborant

que quelque chose de très magnétique et sensuel pouvait se

aucun signe distinctif, plus en phase aussi avec la perversion

nouer entre eux.

ultralibérale de notre époque.

J’aime beaucoup de choses chez Camélia : la chanteuse, la comédienne, le personnage public et sa parole politique. Elle

ARIA - Les deux comédiens principaux, Camelia Jordana et Guang

incarne pour moi une féminité très contemporaine et l’idée de

Huo, ont deux parcours très différents, dans la vie comme dans

lui proposer un rôle de femme un peu archétypale, ultra sexy et

votre film d'ailleurs, mais finissent par créer une véritable

consciente de l’être, m’excitait énormément. J’étais ravi qu’elle ait

"alchimie" à l'écran. De quelle manière les avez-vous rencontrés

envie d’incarner Naomi.

et qu'est-ce qui a déterminé votre envie de les réunir dans ce film ?

ARIA - L’univers esthétique de ce long métrage, particulièrement

Frédéric FARRUCCI - Concernant Guang Huo, j’ai assez tôt

abouti, évoque à la fois certains des codes du film noir "classique"

compris que son rôle devait être interprété par un natif de

et une vision très contemporaine, très contrastée des environnements

Chine dans un souci de justesse. Ça a donc été un long

urbains que l'on retrouve notamment dans le cinéma asiatique

processus car il y a très peu de comédiens chinois professionnels

d'aujourd'hui. Qu'avez-vous cherché à exprimer ainsi ?

en France et nous n’avions pas les moyens de faire venir

Frédéric FARRUCCI - Le cinéma noir est un genre que j’adore

des comédiens travaillant en Chine. Nous avons donc fait

car sous couvert d’intrigues criminelles, il porte souvent un regard

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ZOOM

CINEMA

GUANG HUO © JOUR2FÊTE / KORO FILMS

CAMELIA JORDANA © JOUR2FÊTE / KORO FILMS

sur l’époque, sur la société, sur l’humain. J’aime aussi l’esthétique marquée

ARIA - Parlons de la musique, omniprésente dans "La nuit venue",

qu’on y trouve, son rapport à la ville et son rythme atmosphérique,

dont la bande originale - primée dans plusieurs festivals - est

plus introspectif que dans les thrillers. J’étais très désireux de reprendre

signée Rone. De quelle façon avez-vous collaboré avec lui pour

à mon compte ces enjeux à la fois esthétiques et sociétaux pour les

obtenir cette tonalité musicale particulière, consubstantielle à

appliquer au Paris contemporain, à la manière d’un certain cinéma

l'identité même de votre film ?

asiatique, sans doute. J’avais envie de faire un film de point de vue et

Frédéric FARRUCCI - J’adore l’univers de Rone, ses notes planantes,

d’adopter celui de Jin, le héros, dont le regard s’arrête sur ce que les

mélancoliques, avec des percées de joie solaire. Cela me projette

gens de « la norme » ne voient pas toujours. Parce qu’il est lui-même

toujours dans un imaginaire cinématographique et j’avais la

précaire. Suivre son point de vue m’a conduit à utiliser le travelling

conviction que son univers correspondait au film. De son côté, sa

naturel de la circulation en voiture pour rendre compte de la beauté

lecture du scénario a été d’emblée très juste, il en a tout de suite

parfois crue que recèlent de nombreux quartiers de cette ville la nuit

saisi les intentions narratives et esthétiques. Du coup la communication

et m’écarter de la carte postale, pour évoquer aussi ce qui m’y trouble

a été très fluide entre nous. On a beaucoup parlé au départ de

et qui en fait une métropole complexe : les marges qui s’y côtoient,

références musicales, notamment filmiques, sur lesquelles on s’est

l’économie souterraine qui s’y déploie la nuit.

accordés. Ensuite, dans le détail, pour chaque séquence musicale, nous discutions du sens et de l’atmosphère de la scène et nous

ARIA - Le film, au-delà de l'histoire d'amour entre les deux

étions tellement en phase que les premières propositions de

personnages principaux, est ancré dans une réalité sociale dure,

Rone étaient toujours justes à mes oreilles. Ce qui fait qu’après

rarement traitée au cinéma, en particulier lorsqu'il s'agit de la

quelques retouches, on aboutissait très vite au résultat final.

communauté chinoise et de certaines filières d'immigration clandestine. Avez-vous le sentiment d'avoir réalisé un film "politique"

ARIA - Réussir à produire un premier long métrage n'est pas

de ce point de vue -là ?

chose facile : dans le cas de "La nuit venue", comment cela s'est-

Frédéric FARRUCCI - C’était un désir fort de ma part. Je suis

il passé ?

particulièrement sensible à l’afflux de migrants en France ces dernières

Frédéric FARRUCCI - La nuit venue n’a pas fait exception à cette

années et au déficit d’accueil voire à l’hostilité qu’ils rencontrent. En

règle, ce fut une sacrée bataille, une longue bataille ! Il s’est

discutant avec eux, on constate que s’ils arrivent à Paris déjà complètement

écoulé sept ans entre l’écriture des premiers mots du scénario et

fragilisés, cette ville les rend encore plus vulnérables. Ils viennent

la finition du film. Nous avons tourné avec un très petit budget

souvent via des réseaux dirigés par des mafias intracommunautaires

qui nous a poussé à redoubler d’imagination pour parvenir à

ou bien ils sont récupérés par elles. Ces mafias les utilisent en leur

s’approcher du film que j’avais imaginé. Mais quand on a la joie

offrant une apparente protection qui s’avère être un moyen de pression

de sortir le film en salle et de rencontrer le public, on oublie vite

et d’oppression. C’est de l’esclavagisme moderne. Plonger au cœur de

toutes ces difficultés. n

la communauté chinoise relève également d’une volonté politique. Le cinéma français a tendance à s’en désintéresser. L’opinion publique la décrit souvent comme « opaque », ce qui n’est pas loin de s’apparenter à une forme de racisme.

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JUILLET 2020

PROPOS RECUEILLIS PAR SANDRA ALFONSI SORTIE NATIONALE LE 15 JUILLET. EN PROGRAMMATION AU CINÉMA L’ELLIPSE ( À AJACCIO ) AU RÉGENT ( À BASTIA ) ET AU GALAXY À LECCI DE PORTO-VECCHIO ( PRÉSENTATION DU FILM LE 18 JUILLET AU CINÉMA GALAXY ).



FOCUS / ART CONTEMPORAIN

LÉNA PIANI, L’ÉCHAPPÉE BELLE Originaire à la fois de Cannelle d’Orcino, dans la Cinarca, et de Lozzi, dans le Niolu, Léna Piani est une artiste subtile, qui sait aussi s’impliquer « physiquement » dans certaines de ses créations pour saisir l’instant, l’impulsion qui transforme l’objet du quotidien en oeuvre, en symbole à plusieurs lectures ou en message engagé parfois, en signe de libération toujours. D’instinct, avec une acuité déconcertante, elle capte la vibration ou l’éclat de lumière qui dynamise et qui affranchit en un même élan. Son travail - alternant vidéos, photographies, installations, figuration et abstraction déjà remarqué aux Etats-Unis comme en Europe, a d’ailleurs été récompensé l’année dernière par deux distinctions internationales. Après la période de confinement, qui lui a inspiré plusieurs oeuvres, Léna Piani, actuellement exposée à Budapest, aborde l’avenir avec confiance. Interview.

LIBRE, PHOTO EXPOSÉE À LA GALERIE SITE:BROOKLYN EN JANVIER 2020 © Léna PIANI

INTERVIEW

LÉNA PIANI

ARIA - Comme en écho à la dimension internationale de votre travail, déjà présenté dans plusieurs galeries aux Etats-Unis ou en Europe, vous avez obtenu il y a quelques mois le premier prix - catégorie Photographie - puis la Mention Spéciale du Jury - catégorie Installation - pour deux de vos oeuvres lors de l'édition 2019 du Mediterranean Contemporary Art Prize organisé en Italie par la Fondation Porta Coeli. De quelle manière avezvous appréhendé cet évènement et ces distinctions ? Léna PIANI - J’ai été honorée d'être sélectionnée et très fière d'être primée. C’était une compétition importante avec 72 artistes, répartis en cinq catégories, venus de 26 pays ; une expérience

I WAS ABOUT TO WRITE PHOTO EXPOSÉE À LA GALERIE SITE:BROOKLYN EN JANVIER 2020 © Léna PIANI

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JUILLET 2020

artistique et humaine exceptionnelle. « Dora », la photographie


FOCUS / ART CONTEMPORAIN

primée, a une histoire que ne connaissait pas le jury. J'ai été très émue qu'elle suscite leur enthousiasme. Elle présente une installation réalisée à la plage du Scudo, à Ajaccio, et propose une représentation symbolique du lien entre la terre et la mer, la mer et le ciel, entre la mer et la mère. Elle a été prise la veille du décès de ma maman. Elle lui rend hommage. ARIA - Vous attachez une grande importance, dans vos oeuvres, à la notion de mouvement, d'envol ou d'impulsion, souvent combinée d'ailleurs à l'omniprésence de la lumière, traitée sous forme "dynamique". Cette association originale est presque une sorte de "signature". Que voulez vous exprimer ainsi ?

Léna PIANI - Je cherche le plus souvent à évoquer le mouvement de l'élan, ce moment d'impulsion en effet, la libération ressentie

MELI-MELO, PHOTO EXPOSÉE À LA GALERIE PH21 À BUDAPEST, HONGRIE.

alors. Et les jeux de lumière captés à grande vitesse ou au ralenti

Exposition internationale de groupe. 4-27 juin 2020 © Léna PIANI

sont un moyen opportun selon moi, pour suggérer cet envol et lui donner une esthétique aérienne. Je voudrais atteindre une certaine légèreté à travers ces images, loin des entraves. Le point commun entre mes œuvres parfois très différentes est cette quête de légèreté, la volonté d'échapper à la pesanteur de mon histoire dans des tentatives d'évasion. Ces instants de créations sont les seuls moments où je me sens libérée et exister ici et maintenant. ARIA - L'alternance entre médias - vidéo, photographie, installation - semble naturelle dans votre processus créatif. Qu'est ce qui détermine votre envie, ou la nécessité, d'utiliser tel ou tel moyen d'expression lors de la genèse d'une oeuvre ? Léna PIANI - Tout d'abord, je réalise une installation en intérieur ou en extérieur ou je développe des effets lumineux que je photographie et filme ensuite. C'est souvent un objet trouvé,

I BELIEVE IN SCIENCE, dessin, pastels. 24 x 32cm © Léna PIANI

retrouvé, remarqué qui va générer mes idées. Comme des boas en plumes rouges chinés dans une brocante que j'ai installés aux pieds des arbres dans la foret de Valdu Niellu, dans l'installation « Source », ou un clavier d'ordinateur lumineux que je photographie très vite, captant la suspension des lettres colorées dans la série photographique « I was about to write » ou encore du papier irisé d'emballage pour cadeaux que j'agite à la lumière du soleil et dont je vais filmer les reflets sur le mur, des billes translucides... Et puis je retourne au dessin ou aux installations de miniatures, des « petits théâtres de vie » souvent placés à l’intérieur de vieux tiroirs en bois, dans une scénographie de la mémoire. J'évolue entre l'abstraction et le figuratif comme si l'un me reposait de l'autre. J'ai généralement plusieurs pièces en cours parce que ce qui est essentiel pour moi, c'est de m’occuper les mains.

PERILOUS EFFRONTERY © Léna PIANI JUILLET 2020

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FOCUS / ART CONTEMPORAIN

DORA PREMIER PRIX DANS LA CATÉGORIE PHOTOGRAPHIE AU MEDITERRANEAN ART PRIZE 2019, ITALIE © Léna PIANI ARIA - Une autre caractéristique de votre travail est la spontanéité,

Pour les vidéos qui sont souvent au ralenti, je tiens l'objet que j'agite

l'instant saisi, qui évoquent aussi l'élan vital : vous utilisez souvent

d'une main et je tiens mon smartphone de l'autre. C'est assez malaisé

d'ailleurs un smartphone comme "outil" immédiat, et ne retouchez

mais cela me permet de mieux contrôler les mouvements, comme

jamais les images obtenues. Certaines de votre créations supposent

quand je place des guirlandes lumineuses derrière un carreau de porte

aussi une implication physique parfois périlleuse. De quelle manière

ancienne en verre dépoli et que je colle mon appareil contre la vitre,

travaillez-vous, et pourquoi ?

ou que je filme l’intérieur d'une couverture de survie que je vais froisser

Léna PIANI - En ce qui concerne le travail photographique avec la

en même temps. Le son a aussi une place importante dans mes vidéos

lumière, ma démarche est expérimentale autour de l'objet qui m'inspire.

et notamment le son ralenti qui est amplifié et crée une atmosphère

Je vais essayer toutes les approches possibles ; prises de vue, angles,

onirique. Je n'utilise pas de logiciels de retouches d'images car je

éclairages, matières additionnelles ou pas... C'est un processus dynamique

préfère la mise en relief plus profonde, le rendu des jeux d'ombres

qui engage le corps. Je travaille debout, pieds nus, mes mouvements

plus denses des images produites à partir d'un objet réel.

et ma respiration sont rythmés par la cadence de la prise des clichés

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JUILLET 2020

parce que je bouge très rapidement en photographiant. L'objet est

ARIA - Il y a dans vos oeuvres une prise de distance avec la réalité, les

souvent posé au sol, immobile; c'est moi qui suis en mouvement.

contraintes du quotidien, dont vous utilisez souvent les codes ou les

Ensuite, je reprends mon souffle en triant les nombreuses photos que

objets familiers en les détournant pour mieux vous en affranchir. Mais

je viens de prendre et je recommence ainsi de suite, jusqu'à ce que je

on y trouve aussi parfois des résonances avec l'actualité : comment

considère que je suis allée au bout de l’expérimentation. Je cherche à

celle-ci vous influence-t'elle artistiquement ? Qu'est-ce que la période

rendre l'objet méconnaissable ou à le sublimer jusqu'à l'abstraction.

de confinement que nous venons de vivre vous a inspiré ?


FOCUS / ART CONTEMPORAIN

POINT OF VIEW PHOTO EXPOSÉE À LA GALERIE SITE:BROOKLYN EN NOVEMBRE 2019 © Léna PIANI Léna PIANI - Bien sûr ce qui m'entoure, nous entoure, résonne parfois

ARIA - La pandémie liée au coronavirus a mis en suspens beaucoup

dans mes réalisations. L’installation « Jerejef Mama ! » à laquelle le

de projets culturels, expositions ou biennales internationales

jury du MC Art Prize a attribué une mention spéciale a pour sujet l'exil.

auxquelles vous deviez participer. On peut certes, heureusement,

Elle évoque les femmes migrantes africaines au seuil d'une autre vie,

découvrir votre travail sur votre site internet, très complet, avec de

faisant face à un avenir de tous les possibles. Je m'interroge aussi sur

nombreuses vidéos. Comment envisagez-vous aujourd’hui l'avenir ?

la société de consommation, la valeur de l'art et sur les rôles de

Léna PIANI - En effet, la situation est encore délicate pour le domaine

l’émetteur et du récepteur dans la création d'une œuvre. Dans une

culturel et artistique. Je participe à une exposition collective de

installation interactive et éphémère, j'ai déroulé des bobines vierges

photographies actuellement à la galerie PH21, à Budapest. Les horaires

de papier de caisse enregistreuse dans une boite en bois, en éclairant

sont aménagés et la galerie reste active. En revanche la fondation

les volutes de l'intérieur. Il s'agit ici pour le spectateur d'avoir la

Porta Coeli a reporté sine die, l’exposition collective des lauréats des

possibilité d'écrire quelques mots sur le bout d'un des rouleaux de

premiers prix du MC Art Prize, qui devait avoir lieu au Caire. Khloaris,

papier que j'ai mis en évidence à travers une fente et de l'emporter

le collectif new-yorkais de production et de diffusion de films

avec lui ou pas. Cette période récente de confinement m'a inspiré des

expérimentaux a reporté la projection de vidéos à laquelle je devais

réalisations comme le dessin aux pastels « I believe in science », ou

participer dans les locaux de la radio indépendante WFMU, mais ce

des installations filmées telles que « Pas de quartier », « Un petit coin

n'est que partie remise. Je suis confiante et j'aimerais beaucoup aussi,

de ciel bleu », « Seaview », « Prémonition » ou encore un ready-made

exposer ici, en Corse. n

« L'un ici l'autre las ». D'autres créations antérieures pourraient être reliées à cette notion d'isolement liée au désir d'évasion dont je parlais.

PROPOS RECUEILLIS PAR SANDRA ALFONSI SITE INTERNET DE L’ARTISTE : WWW.LENAPIANI.COM

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AGENDA CORSE

ARIA JUILLET 2020

n CORTE n EXPOSITION / EVÉNEMENT

(

JUSQU’AU 31 MARS 2021

)

n COGGIA, EVISA, VICU, RENNU n MUSIQUE/FESTIVAL

(.DU 21 AU 30 JUILLET )

A citadella di Corti, une citadelle Sorru in Musica Estate 2020 pour horizon Expériences immersives 17e édition La citadelle de Corte, de sa construction à son avenir, racontée par une pluralité d’acteurs ( élus, chercheurs, artistes…) et illustrée par le fonds de plans du Service historique de la Défense. Dominant le paysage et la ville de Corte, la citadelle en est devenue le symbole au point de figurer sur tous les livres, brochures ou cartes postales représentant la cité paoline. Première vision des voyageurs, qu’ils viennent de Bastia, Aleria ou Ajaccio, elle se détache du reste de la ville et caractérise l’horizon paysager et géographique. Mais elle a aussi été pour l’armée française un horizon à atteindre, un but ultime, une utopie à finaliser : construire une citadelle imprenable au centre de la Corse. Durant plus de cent ans, les militaires vont n’avoir de cesse d’améliorer ses défenses, de la doter de tous les perfectionnements techniques, de la rendre parfaite. Sans doute était-il utopique de penser qu’une armée de siège puisse amener ses canons jusqu’à Corte ; mais les officiers du Génie y ont cru et ont, avec minutie et ténacité, réglé les moindres détails pour qu’elle puisse résister à une force ennemie bien supérieure en nombre. Ainsi l’horizon a été atteint, l’utopie est devenue réalité et la citadelle a marqué de son empreinte toute l’histoire de la ville. Mais les puissantes fortifications de Corte n’ont en fait jamais servi dans la mesure où elles n’ont jamais été attaquées et la ville est longtemps restée une ville de garnison. Cette présentation convie le visiteur à vivre une expérience immersive qui évoque la place de ces fortifications dans l’histoire de la Corse et leurs transformations. Cette installation, sous la forme d’un spectacle audiovisuel et graphique, éclaire ce patrimoine architectural et paysager et laisse entrevoir ce que pourrait être le futur de la citadelle. A cette occasion, les visiteurs pourront découvrir sous la forme de reproduction et de projections, une partie de la collection de plans consacrés à la place forte de Corte du Service historique de la Défense, Centre d’archives du Ministère des Armées. Une série d’interviews, projetée autour d’une maquette en relief, raconte la citadelle de Corte, de sa construction à son avenir. Pour vivre également l’expérience en extérieur sur le site, un nouveau parcours de visite, enrichi d’une expérience de réalité augmentée, est ouvert sur le chemin de ronde ouest pour permettre au visiteur de découvrir des lieux méconnus du site et de prendre toute la mesure de son potentiel. Deux déclinaisons viennent compléter ce spectacle et ce parcours : "In Terra d’Omi », Exposition photographique d’Armand Luciani ( Textes de Marie Ferranti & Jean-Yves Acquaviva ) et "Derrière les murailles », un espace pédagogique et interactif dédié au jeune public ( 6-11 ans ). Musée de la Corse, la Citadelle - Renseignements 04 95 45 25 45

La 17è édition du festival Sorru in Musica aura lieu, du 21 au 30 juillet à Vicu, et dans les villages de Rennu, Coggia, Evisa... En parallèle, l'Académie de musique Sorru in Musica accueillera ses élèves au couvent Saint-François de Vicu. Au programme : lectureconcert avec Robin Renucci, en partenariat avec l’ARIA; ciné-concert, en partenariat avec la cinémathèque de Corse-Casa di Lume; soirées lyriques avec un Cosi Fan Tutte, revisité et chanté par Jean Marc Jonca, Julia Knecht, entre autres... et une soirée avec le ténor Florian Laconi, habitué du théâtre antique d'Orange, fabuleux interprète d'une Marseillaise a capella, sur les Champs Elysées; concert-fiction avec Marie-Pierre Nouveau sur une musique originale composée par Didier Benetti ...De la musique, encore et toujours, du partage ( dans le respect des mesures barrières ), le spectacle vivant et ses vibrations, pour tous, en entrée libre. Des interprètes de renom dont Bertrand Cervera, violon solo de l'Orchestre national de France ( fondateur et directeur artistique de Sorru in Musica ), la jeune violoniste franco coréenne du Concergebouw d'Amsterdam JaeWon Lee, Lucie Horsch, flûtiste prodige de 21 ans, Raphaël Perraud, super soliste de l'Orchestre national de France ou Sandrine Luigi, concertiste de guitare classique, professeur au Conservatoire de musique Henri Tomasi (Bastia)… Renseignements sur Facebook - Twitter - Youtube Sorru in Musica et sur www.sorru-inmusica.corsica

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n CORTE n EXPOSITION / ART CONTEMPORAIN

DU 7 JUILLET AU 24 OCTOBRE

)

JOANA HADJITHOMAS & KHALIL JOREIGE J’AI REGARDÉ SI FIXEMENT LA BEAUTÉ lll « Le projet de l’exposition consacrée à Joana Hadjithomas et Khalil Joreige a été envisagé avec les artistes et la galerie Fabienne Leclerc après l’acquisition par le FRAC de l’œuvre Waiting for the Barbarians en novembre 2018. L’exposition, intitulée J’ai regardé si fixement la beauté, a pu être mise en œuvre malgré les incertitudes dues à la conjoncture, grâce à la disponibilité dont ont fait preuve les artistes et le soutien de la Collectivité de Corse. L’exposition est conçue comme un parcours narratif, tel qu’une construction littéraire, qui amène le visiteur à travers les salles, à découvrir les œuvres comme autant d’expériences. Joana et Khalil viennent de réaliser l’œuvre vidéo multi écrans synchronisés Where is my mind qui est présentée dans l’exposition pour la première fois.« Il existe des livres qui font ressentir un amour plus intense que celui qu’on a connu, un courage plus grand que celui dont on a fait preuve. C’est l’effet que doit produire l’art : il dépasse l’expérience personnelle, il fait atteindre des limites inconnues au corps, aux nerfs, au sang. » Erri De Luca, La nature exposée 2016 ( Edition Gallimard pour la traduction française 2017, Collection du monde entier ). Joana Hadjithomas et Khalil Joreige sont nés à Beyrouth ils vivent et travaillent à Beyrouth et Paris. Ils sont cinéastes et artistes, auteurs de films de fiction et de documentaires, d’œuvres vidéo, de photographies, de sculptures, de textes. Leur carrière est internationale.

Leurs films sont sélectionnés pour les plus importants prix et festivals. En 2017 ils ont remporté le prestigieux prix Marcel Duchamp. Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ont vécu les guerres civiles qui ont terriblement transformé Beyrouth et le Liban, destructions, reconstructions se succédant comme nulle part ailleurs, ou simultanées. Le chaos, la confusion, les absences, la beauté sont restitués par l’observation, la relation, le regard et l’attention, la poésie. Ils se définissent comme chercheurs. Les œuvres de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige traitent de l’image, de son © Joana Hadjithomas & Khalil Joreige origine à sa révélation et de son pouvoir vivant. C’est parce qu’ils l’abordent comme mystère qu’ils atteignent des zones sensibles et profondes de la perception. Que sait-on en effet des relations entre mémoire, imaginaire et géographie physique du réel ? Le temps, les lieux, le jour qui se lève ou qui s’éclipse, les photos les unes à côté des autres ou superposées aux autres, les souvenirs d’hier et d’avant notre ère, les projets d’avenir terrestre ou stellaire...le monde existe à travers des ressentis qui, s’ils ne sont pas tous les nôtres, leur ressemblent. Pourquoi sinon cette émotion et cette inexplicable et abyssale sensation de comprendre… » ( Anne Alessandri, directrice du FRAC Corsica ) FRAC Corsica, la Citadelle - Renseignements 04 20 03 95 33


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G uv er na t or i

VOYAGER SANS DÉROGATION Bastia reprend vie, son musée aussi

Ouverture

Berny. pour Déa Communication

Du 2 juin au 30 septembre, 10H00 >18H30 Fermé les lundis en mai, juin, septembre Ouvert tous les jours en juillet et en août

© Ghjugnu di u 2020 - Cità di Bastia serviziu cumunicazione - Ritrattu : J.A. Bertozzi

Palazzu


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ARIA JUILLET 2020 2018

AGENDA PROVENCE

n MARSEILLE n ARTS DÉCORATIFS / EXPOSITION

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JUSQU’AU 27 SEPTEMBRE

)

L’héritage surréaliste dans la mode 30 modèles des collections du musée Borély Le château Borély s’amuse avec la grammaire surréaliste et prolonge le plaisir de l’exposition « Man Ray et la Mode », présentée, à la suite de Marseille, au musée du Luxembourg à Paris. Héritiers d’Elsa Schiaparelli, des créateurs comme Issey Miyake, Castelbajac, Hermès, ou Jean-Rémy Daumas laissent libre court à l’imaginaire, démontrant, si besoin est, que la mode est plus qu’un art appliqué, un véritable moyen d’expression artistique, de "l’art à porter ». Corps écorché - Le corps, son animalité, son étrangeté, est, pour les surréalistes, le laboratoire de ce qu’ils nomment, la «beauté convulsive». Chez les couturiers, il ne deviendra sujet d’inspiration qu’à partir des années 30. Entier ou morcelé, il s’affichera, dès les années 60/70, dans un contexte de libération sexuelle, dénué désormais de toute symbolique surréaliste, pur prétexte créatif. L’envers ou l’intérieur du corps révélés (squelettes, organes, chair) rappellent la beauté morbide qu’André Breton et les Surréalistes accordaient aux images des écorchés (Robe écorchée d' Isabelle Ballu, Prêt-à-Porter AH 1998-99). Corps morcelé - Le motif des lèvres fait partie des sujets de prédilection des couturiers, comme il le fut par exemple chez Man Ray qui, en 1932, fait de la bouche de Lee Miller, un objet central de son tableau « A l'Heure de l'observatoire - les amoureux » (Bernard Perris, robe ventriloque de 1980). D’autres parties du corps, comme l’œil ou la main, reviennent de manière récurrente depuis les années 60 dans l’univers de la mode. Les membres du groupe surréaliste firent de l’œil un organe ambivalent, entre contemplation et phobie, tandis qu’il apparaît dans la mode comme un talisman plus qu’un symbole (Robe Issey Miyake). Trompe-l’œil - Tous les arts ont pratiqué le jeu de l’illusion. Le trompe-l’œil s’applique aussi sur les textiles. Depuis le début du XXe siècle, l’impression au cadre plat offre la possibilité aux couturiers de reproduire des détails précis sur leurs étoffes (Jean-Charles de Castelbajac 1978 / Hermès , 1998). Aujourd’hui, l’impression couleur numérique HD ouvre le champ des possibles quel que soit le support textile (Mary Katrantzou, 2009) Musée Borély - Musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode - 132 avenue Clot Bey - Exposition gratuite

n AUBAGNE n ART CONTEMPORAIN / EXPOSITION

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PROLONGATION JUSQU’AU 31 AOÛT

)

Olivia Paroldi - Estampes urbaines Olivia Paroldi crée des estampes urbaines dont le thème principal est l’enfance. Jeune artiste graveuse, son travail respire la générosité, le partage. Elle a affirmé son expérience de graveuse auprès des plus grands du métier. Pour cette exposition Olivia Paroldi a créé des oeuvres originales, comme la Chrysalide, image de la construction de l’enfant. L’exposition est à la fois expérimentale, évolutive et participative. Imaginée sous la forme d’un parcours de découverte, elle permet aussi aux visiteurs de s’exprimer via un mur de boîtes à lettres qui récolteront les mots dont l’artiste s’inspirera pour créer une fresque évolutive dans le centre d’art contemporain Les Pénitents Noirs. Artiste Graveur depuis 2011, Olivia Paroldi, titulaire d’un Diplôme des Métiers d’Art en Gravure et d’un Diplôme Supérieur des Arts Appliqués, Graphisme et Illustration Médicale de l’ École Estienne ( Paris ) est artiste résidente du Suquet des Artistes à Cannes entre 2013 et 1016. Elle enseigne aussi l’Art et est responsable de l’atelier de Gravure à l’Institut National des Jeunes Aveugles à Paris. Centre d’art contemporain Les Pénitents Noirs, Les Aires, chemin de Saint Michel - Entrée libre - Infos 04 42 18 17 26

n ARLES n EXPOSITION / ÉVÉNEMENT

LA BOITE DE PANDORE UN CABINET DE CURIOSITÉS CONTEMPORAIN S’inspirant d’une série de photographies réalisée par Corinne Mercadier en 2019 dans une réserve de la commanderie Sainte-Luce et puisant son inspiration dans l’esthétique et l’esprit des cabinets de « curiosités », le nouvel accrochage des collections du musée Réattu érige la figure de Pandore en allégorie d’une mission fondamentale pour une institution labellisée « Musées de France » : le récolement. Peu connu du grand public, le récolement est pourtant un exercice passionnant, qui consiste à vérifier la présence et l’appartenance légale de tout objet constituant une collection muséale. S’il est l’occasion de s’immerger en profondeur dans le corps des collections, il ouvre aussi, souvent, sur un abîme vertigineux d’inconnu et de recherche. Lorsqu’un fonds atteint, comme celui du Réattu, plusieurs milliers d’objets, le conservateur ne sait en effet pas toujours ce qui l’attend lorsqu’il pousse la porte d’une réserve, qu’il rouvre un grenier, une boîte ou une armoire ancienne mise de côté depuis des années... Et il ne sait pas toujours vers quelles histoires les objets vont le mener. Parfois, ce sont les artistes invités par le musée qui ont joué les éclaireurs. Explorant les lieux les plus improbables, ils ont incité les conservateurs à s’interroger et à se renseigner sur des patrimoines moins connus ou d’un intérêt a priori secondaire pour la recherche. Ils ont aussi fixé sur pellicule des objets aujourd’hui disparus, doublant l’intérêt artistique de leurs œuvres d’une valeur mémorielle inestimable. Cette exposition nous invite donc à suivre Pandore – dont la curiosité proverbiale, souvent prise en mal, est ici réhabilitée –, à ouvrir des chapitres peu connus de l’histoire d’Arles et du musée et a découvrir sous un nouveau jour des collections que l’on pensait connaître. La présentation décline différents univers en plusieurs séquences. Ces objets insolites – animaux naturalisés, moulages de plâtre anciens, objets liturgiques etc. – dont le musée s’est retrouvé dépositaire au cours de son histoire, sont mis en regard d’œuvres contemporaines issues des collections ou empruntées pour l’occasion, qui invitent toutes à s’interroger sur le devenir de ces précieux patrimoines. Musée Réattu - Musée des beaux-arts, 10 rue du Grand Prieuré - Informations 04 90 49 37 58

lll

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DU 11 JUILLET AU 31 DÉCEMBRE

)


AGENDA PROVENCE n AIX EN PROVENCE n ART CONTEMPORAIN / EXPOSITION

FrĂŠdĂŠrique Nalbandian Chemin de Roses

ARIA JUILLET 2020

(PROLONGATION JUSQU’AU 25 OCTOBRE ) n MARSEILLE n EXPOSITION / ÉVÉNEMENT (

Emplâtre I, 2020 - rose et plââtre, copyright FrÊdÊrique Nalbandian, ADAGP Paris 2020.

Voici une dĂŠcennie maintenant que le MusĂŠe du Pavillon de VendĂ´me invite chaque printemps des artistes Ă s’approprier ce lieu, joyau architectural aixois du XVIIe siècle en y intĂŠgrant leurs crĂŠations en rĂŠsonance avec l’histoire, l’architecture et les collections du musĂŠe. Ces crĂŠations in situ offrent ainsi une nouvelle approche et une perception Ă chaque fois diffĂŠrente du lieu entre patrimoine et art contemporain. En invitant FrĂŠdĂŠrique Nalbandian, dont les matĂŠriaux de prĂŠdilection sont - entre autre - le plâtre, le savon et les roses, le lien avec le Pavillon de VendĂ´me est tout Ă fait ĂŠvident. ImprĂŠgnĂŠe du lieu, aussi bien lĂŠgendaire que formel, l’artiste a crĂŠĂŠ des Ĺ“uvres et des installations spĂŠcifiquement pour cette exposition et en a ĂŠgalement redĂŠployĂŠes d’autres plus anciennes. FrĂŠdĂŠrique Nalbandian a l’habitude de s’emparer de manière poĂŠtique de lieux chargĂŠs, symboliques et discrets : un jardin, une ĂŠglise, un château...La mĂŠmoire, la trace, l’empreinte, le vestige, le fragment, la mĂŠtamorphose sont au cĹ“ur de son Ĺ“uvre. La rose rouge, symbole de l’amour par excellence, celui de l’amour interdit entre la Belle du Canet et le Duc de VendĂ´me, sera au cĹ“ur de ses diffĂŠrentes installations. Qu’elle soit plâtrĂŠe, sculptĂŠe, modelĂŠe, dessinĂŠe, toujours en rĂŠsonance avec les roses prĂŠsentes dans les dĂŠcors en gypseries du Pavillon de VendĂ´me, mais ĂŠgalement dans les ĂŠlĂŠments dĂŠcoratifs et les Ĺ“uvres peintes faisant partie des collections du MusĂŠe. Une voĂťte de roses plâtrĂŠes suspendues, des colonnes torsadĂŠes et sculptĂŠes en savon, des arches construites en ĂŠchos avec l’ancien passage Ă carrosses, telles sont les installations crĂŠĂŠes in situ par FrĂŠdĂŠrique Nalbandian pour le Pavillon de VendĂ´me, ĂŠvocation de cet aller-retour entre intĂŠrieur et extĂŠrieur, entre passĂŠ et prĂŠsent, entre construction et vestiges, entre vĂŠgĂŠtal et minĂŠral‌ MusĂŠe du Pavillon de VendĂ´me - 13, rue de la Molle ou 32, rue CĂŠlony - Renseignements 04 42 91 88 75 MusĂŠe du Pavillon de VendĂ´me Aix-en-Provence

JUSQU’AU 6 DÉCEMBRE

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Vêtements modèles

EXPOSITION

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Du dĂŠbardeur au jogging en passant par le bleu de travail, le kilt et l’espadrille, l’exposition ÂŤ VĂŞtements modèles Âť propose de suivre le parcours de cinq pièces qui ont traversĂŠ le temps et les modes.Comment le dĂŠbardeur ou le bleu de travail, conçus pour habiller des mĂŠtiers, se sont-ils imposĂŠs comme des sources d’inspiration ou comme des ÂŤ basiques Âť de l’industrie de la mode ? Pourquoi le kilt et l’espadrille, associĂŠs Ă des gĂŠographies bien prĂŠcises, ont-ils connu une diffusion mondiale jusqu'Ă ĂŞtre adoptĂŠs dans le vestiaire courant ? Quels chemins le jogging emprunte-t-il pour s’affranchir de l’usage sportif et devenir l’un des emblèmes de la culture urbaine ? Ă€ rebours de l’image d’une mode appuyĂŠe sur le cyclique et l’ÊphĂŠmère, ces itinĂŠraires s’inscrivent dans un temps long de plusieurs siècles. Riches de leur ĂŠpaisseur historique et symbolique, ces ÂŤ vĂŞtements modèles Âť sont au cĹ“ur d’une grammaire vestimentaire qui prĂŠfère le style Ă la tendance. Ă€ l’heure oĂš l’on s’interroge sur la notion de durabilitĂŠ, ils permettent ĂŠgalement de mettre en lumière les notions d’artisanat et de patrimoine vivant dans leurs interactions avec les sociĂŠtĂŠs, et d’Êvoquer les enjeux de conservation et de sauvegarde qui les accompagnent. Le textile est ĂŠvidemment au cĹ“ur de cette exposition qui prĂŠsente environ 200 pièces : prĂŞt-Ă porter, haute couture, mais aussi sous-vĂŞtements, sĂŠlection de matĂŠriaux Ă toucher‌ Ces ensembles sont prĂŠsentĂŠs en dialogue avec des dessins, estampes, photographies, films, clips, archives ; soit une iconographie riche et variĂŠe, permettant de parler du vĂŞtement comme d’un vĂŠritable phĂŠnomène de sociĂŠtĂŠ. MuCEM, MusĂŠe des civilisations de l'Europe et de la MĂŠditerranĂŠe, ( Bâtiment GHR ) EntrĂŠe gratuite jusqu’au 21 juillet - Renseignements 04 84 35 13 13

n MARSEILLE n ART / EXPOSITION

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JUSQU’AU 30 AOÛT

)

La Provence de Giono Le MusĂŠe Regards de Provence met Ă l’honneur ÂŤ La Provence de Giono Âť dans le cadre du cinquantenaire de la disparition de Jean Giono. Cette exposition, dont l’ensemble des Ĺ“uvres est issu de la collection de la Fondation Regards de Provence, rĂŠunit près de 70 toiles des XIX° et XX° siècles. Elle propose un voyage dans le temps Ă travers la campagne provençale et met en lumière le pays natal de Giono par la beautĂŠ et le rĂŠalisme des Ĺ“uvres des peintres de l’Ecole des Paysagistes de Marseille. Marseille, les Bouches du RhĂ´ne, le Var, le Vaucluse, leurs paysages, leurs villages emblĂŠmatiques et les campagnes avoisinantes sont autant de lieux qui fascinent par leur particularitĂŠ, leur lumière, leurs coloris et par la joie, la sympathie et l’accent des provençaux qui les animent. Au milieu du XIXème siècle, les artistes commencent Ă peindre sur le motif donnant une autre vision de la nature et des scènes de la vie quotidienne. Au fil des toiles, nous croisons la Provence vivante ou sauvage qui est reprĂŠsentĂŠe par Auguste Aiguier, Marius Barthalot, Paul Guigou, ThĂŠodore Jourdan, Emile Loubon, Adolphe Monticelli, ‌. Des sites paisibles et sereins oĂš la nature domine par sa splendeur, sa puretĂŠ et sa force et oĂš l’homme et ses animaux s’y unissent au quotidien. Les artistes amoureux de la nature comme HonorĂŠ Boze, Joseph Cabasson, Paul Guigou ou François Simon,‌, recherchent et retracent la sĂŠrĂŠnitĂŠ, la majestĂŠ de ses paysages et s’Êmerveillent devant ces scènes pastorales, comme les lavandières, la transhumance, la chasse et les ramasseuses de lavande ou de bois. Ils composent dans leurs peintures des ambiances rĂŠalistes, naturalistes marquĂŠes d’un certain romantisme. MusĂŠe Regards de Provence - Rue Vaudoyer - Renseignements 04 96 17 40 40

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n AIX EN PROVENCE n EVÉNEMENT / EXPOSITION

DU 10 JUILLET AU 1ER NOVEMBRE

JOAQUĂ?N SOROLLA, LUMIĂˆRES ESPAGNOLES lll En 2020, l’HĂ´tel de Caumont met Ă l’honneur JoaquĂ­n Sorolla (1863-1923), l’un des plus grands noms de la peinture espagnole du XXe siècle. On lui doit une des reprĂŠsentations les plus marquantes et ĂŠclatantes d’une Espagne lumineuse et mĂŠditerranĂŠenne, optimiste et moderne. FondĂŠe sur le naturalisme, sous l’influence de Bastien-Page, sa peinture est très marquĂŠe par la constante rĂŠfĂŠrence Ă VelĂĄzquez, que Sorolla considère comme son grand maĂŽtre. Cet apprentissage est enrichi par un coup de pinceau libre et lumineux, proche de l’impressionnisme, et par une interprĂŠtation de la lumière et de la couleur incroyablement vitaliste et novatrice. Ses compositions magistrales, informĂŠes par les nouvelles possibilitĂŠs de cadrage de la photographie, ainsi que par l’influence de l’estampe japonaise, nous captivent par leur spontanĂŠitĂŠ, leur immĂŠdiatetĂŠ et leur modernitĂŠ. L’exposition de l'HĂ´tel de Caumont s’appuie sur plusieurs recherches afin d’aborder la manière dont Sorolla a construit son oeuvre, s’attachant Ă trois questions fondamentales

: le processus crĂŠatif de l’artiste, les sources des principaux sujets de son oeuvre et l’Êvolution de ces sujets au sein de sa production. Aux cĂ´tĂŠs d’oeuvres ambitieuses de grand formats, sont exposĂŠs de petits dessins et esquisses Ă l’huile, qui ĂŠclairent d'une lumière nouvelle sa conception de l'art, dont le trait principal est la luminositĂŠ et la spontanĂŠitĂŠ. Essentielles dans son processus de travail, ces esquisses de petits formats lui permettent de cerner les sujets qu’il explore, de tester des compositions ou des combinaisons de couleurs. L'exposition est aussi l'occasion de faire connaĂŽtre, Ă travers l’abondante correspondance de l’artiste et quelques photographies de lui-mĂŞme et de son entourage, le caractère infatigable, quasi obsessionnel de son travail, et permet d’analyser la manière dont Sorolla a ĂŠlaborĂŠ son style le plus personnel. Hotel de Caumont - Centre d’Art, 3 rue Joseph Cabassol - Informations 04 42 20 70 01

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AGENDA CÔTE D’AZUR

ARIA JUILLET 2020

n NICE n ART CONTEMPORAIN / EXPOSITION

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JUSQU’AU 26 JUILLET

Charlotte Pringuey-Cessac Bruit originaire Bruit originaire est une invitation à un voyage dans le temps, des premières traces d’occupation humaine à Nice il y a 400 000 ans et du témoignage des pierres taillées laissées par cette communauté, aux expériences menées aujourd’hui par l’artiste Charlotte Pringuey-Cessac pour convoquer la mémoire vibrante de ces vies passées. La préhistoire, les outils et méthodologies de l’archéologie constituent une source pour son travail, une matière à partir de laquelle elle tisse des expériences et des récits, s’autorisant des vagabondages entre la science et la licence poétique, la trace laissée par l’histoire et sa réinvention contemporaine. Pensée comme un parcours, son exposition à Nice se déploie du musée de Préhistoire de Terra Amata, épicentre de l’activité de ces premiers hommes, au MAMAC, en passant par la colline du château où, en 2013, fut découverte une sépulture peuplée de restes funéraires datant des XIIe et XIIIe siècles. Cette promenade à travers les siècles s’articule autour de l’idée d’un Bruit originaire, expression empruntée au poète Rainer Maria Rilke. Après qu’il ait découvert avec émerveillement le potentiel des premiers phonographes, il rêve à « une chose inouïe » : « mettre en sons les signatures innombrables de la création qui durent dans le squelette, dans la pierre, (…), la fissure dans le bois, la démarche d’un insecte », et entendre la mémoire d’un être disparu en parcourant les sillons du crâne avec l’appareil… Entre pensée romantique et fantasme démiurgique, cette aspiration de Rilke à ré-animer l’absence, est un fil conducteur de la proposition de Charlotte Pringuey-Cessac. La convocation d’un monde révolu, le dialogue intime avec les témoins du passé et la pensée magique dont elle investit ce qui semble inerte, dessinent une ode sensible à la mémoire et aux bruissements de ce qui n’est plus : nos origines. Musée Réattu, 10 rue du Grand Prieuré - Renseignements 04 90 49 37 58

) n SAINT PAUL DE VENCE n ART CONTEMPORAIN (

DU 1ER JUILLET AU 22 NOVEMBRE

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Jacques Monory La Fondation Maeght propose la première exposition monographique de Jacques Monory depuis sa disparition en 2018 et lui rend ainsi hommage. Intitulée simplement « Jacques Monory », l’exposition présente soixante ans de carrière et revisite l’œuvre de cette figure majeure de la Figuration Narrative, constamment tendu par la modernité et par la singularité de ce bleu qui l’a rendu célèbre. Organisée par Laurence d’Ist, commissaire de l’exposition, cette traversée se fait le long d’un parcours non chronologique, mais qui tente de faire jouer à plein, d’une salle à une autre, les échos et les écarts de cette œuvre singulière qu’il est temps de revisiter. De tous les peintres dits de la Figuration Narrative, Monory aura sans doute été le seul à être pleinement narratif. Parfois hyperréalistes, les scènes énigmatiques qu’il peint et qu’il juxtapose forment comme le journal de bord hanté d’un peintre qui chaque jour s’interroge sur la réalité du monde. Le bleu qui l’a rendu célèbre, qu’il soit monochrome, ou qu’il accueille d’autres couleurs du spectre, est la couleur de ce doute. Il agit comme un voile onirique et comme une mise à distance. Monory ne donne pas de leçon, il s’interroge et nous interroge : comment vivre dans un monde violent, déraisonnable, illogique, surprenant et souvent faux ? Sa peinture, qui se fait l’écho d’une modernité dont il conjure la violence en lui donnant libre cours nous revient aujourd’hui en pleine face, comme un très long métrage dont on aimerait pouvoir isoler chaque plan tout en se laissant emporter par la puissance d’un montage impitoyable. Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes - Informations 04 93 32 81 63

n NICE n EVÉNEMENT / EXPOSITION

( PROLONGATION EXCEPTIONNELLE JUSQU’AU 15 SEPTEMBRE )

Matisse Métamorphoses Reconnu pour être l’un des plus grands peintres de la première moitié du XXe siècle, Henri Matisse sculpteur reste encore à découvrir. Riche de quatre-vingt-quatre pièces réalisées entre 1900 et 1950, cette partie de l’œuvre couvre toutes les périodes de son parcours artistique et accompagne ses réalisations picturales, dont elle est indissociable. Même si la peinture demeure son principal mode d’expression, Henri Matisse est de ces artistes complets dont la pratique multiple explore des médiums variés. La sculpture de Matisse constitue une œuvre à part entière à mettre en regard de celle des grands sculpteurs du XXe siècle venus après Auguste Rodin. L’exposition prend pour point de départ la méthode de création de l’artiste et son travail de transformation de la figure selon des déclinaisons sérielles. Elle montre également un important ensemble de sculptures extra-occidentales issu de la collection de l’artiste, source d’inspiration, en dialogue avec l’œuvre de Matisse. Commissariat : Sandra Gianfreda, conservateur Kunsthaus Zürich, Claudine Grammont, directrice du musée Matisse, Nice. Musée Matisse - 164 avenue des Arènes de Cimiez - Renseignements 04 93 81 08 08

n VALLAURIS n ART CONTEMPORAIN / EXPOSITION

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DU 11 JUILLET AU 2 NOVEMBRE

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MOUNIRA AL SOLH "MON HEURE PRÉFÉRÉE EST UNE HEURE DE LA NUIT: AL FAHMAH" lll Artiste multidisciplinaire travaillant aussi bien la vidéo, la photographie, l’installation, le dessin ou la broderie,

Mounira Al Solh (née en 1978 à Beyrouth ) aborde les enjeux de déplacements à l’échelle de l’Europe et de la Méditerranée, et notamment la crise des réfugiés syriens, à l’origine de plusieurs séries d’œuvres depuis 2012. Son œuvre se nourrit de récits collectés, mêlant histoires collectives et histoires personnelles, qui forment autant de manières d’évoquer la résilience face aux conflits contemporains. À l’occasion de son invitation au musée national Pablo Picasso de Vallauris, Mounira Al Solh expose l’œuvre récente Mina El Shourouk ila Al Fahmah – Lackadaisical sunset to sunset, une tente brodée des vingt-quatre noms arabes désignant les heures du jour et de la nuit, comme «Al Fahmah », heure de la nuit se traduisant par le mot « charbon ». Dans l’espace intime et protégé formé par la tente, sont inscrits plusieurs récits qui traitent de l’émancipation féminine dans le monde arabe. Cette installation est complétée par une broderie spécialement conçue pour l’occasion, détournant le personnage du guerrier de la paix peint par Picasso d’un point de vue féministe, et mis en relation avec le mouvement de contestation actuel au Liban.Ce projet s’inscrit dans la série des invitations faites par les musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes à des artistes contemporains d’exposer dans la chapelle du musée national Pablo Picasso de Vallauris. Pensées en résonance avec le chef-d’œuvre de Picasso La Guerre et la Paix, ces expositions explorent chacune à leur façon la notion d’engagement. Musée national Pablo Picasso - Chapelle La Guerre et la Paix, place de la Libération – Renseignements 04 93 64 71 83 © Mounira El Solh, Mina El Shourouk ila Al Fahmah (détail), 2 parasols, tentes brodées, 3.5 x 3.5 m, 2019. Courtesy de l'artiste et de la Sfeir-Semler Gallery (Beyrouth, Liban),2020


AGENDA CÔTE D’AZUR n NICE n PHOTOGRAPHIE / EXPOSITION

ARIA JUILLET 2020

( PROLONGATION JUSQU’AU 20 SEPTEMBRE ) n NICE n PHOTOGRAPHIE / EXPOSITION

Marc Pollini - Islande, île noire De ses origines Corses, Marc Pollini a gardé une forme de simplicité dans son écriture photographique. A sa manière, tantôt très directe, tantôt par des découpages coloristes et contrastés, il montre le monde tel qu’il le voit. La thématique du vide, celle du calme et de l’absence de traces humaines y sont souvent explorées. Et pourtant il revient sans cesse dans ses photos une présence humaine, ses conditions, ses affres, tel au fil d’un voyage, d’une balade, d’une errance comme pour nous raconter une histoire. Le subjectif, le hors champs est ce qu’il privilégie dans la photo. « J’ai voulu au travers de cette série photo sur l’Islande, mettre en avant certaines particularités de cette île. Une île où la rudesse de sa nature et son immensité prennent le dessus sur l’homme. Une forme d’enfermement s’exerce sur celui-ci et étant moi même insulaire je connais cette sensation paradoxale de nature souvent synonyme de liberté et de notion d’enfermement. C’est ce paradoxe que j’ai voulu mettre en avant dans ce travail qui a duré plus d’un an pour lequel je me suis rendu plusieurs fois en Islande en des lieux et des saisons différentes. Bien que le cadre de cette série semble clairement défini, je l’ai conçue comme à mon habitude dans la photo telle une balade ou plutôt une errance sans jamais savoir précisément ce que je cherche, dans l’attente, dans la contemplation de cette nature ou à l’affût que quelque chose se passe, comme cette rencontre avec ce vieil homme handicapé, ou cet homme tatoué qui accepte de poser pour moi dans un lieu improbable après m’avoir indiqué mon chemin à l’extrémité nord de l’île. Le choix du noir et blanc c’est imposé à moi, comme une évidence. » Musée de la photographie - 1, Place Pierre Gautier - Renseignements 04 97 13 42 20

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JUSQU’AU 30 AOÛT

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Ikuru Kuwajima Sentier Après avoir grandi au Japon et étudié le journalisme à l’Université du Missouri (USA), Ikuru Kuwajima s’installe en 2009 dans plusieurs pays “postsoviétiques” (Roumanie, Ukraine, Kirghizistan, Kazakhstan et Russie). Il travaille depuis sur des projets photographiques et vidéo en lien avec ces régions dans la presse ainsi que dans le domaine de l’édition et expose dans des manifestations d’art contemporain et photographiques. Il vit actuellement à Moscou. À l’occasion de son exposition au Musée départemental des arts asiatiques de Nice, l’artiste présente deux séries. La première, intitulée « Sentier », nous emmène à travers seize photographies panoramiques en noir et blanc à la frontière de l’Afghanistan et du Tadjikistan. Pris de la rive tadjik, ces panoramiques en noir et blanc font état de la beauté des paysages afghans, montagneux, grandioses et hostiles, à travers un fil directeur, l’unique sentier, inscrit dans la roche, qu’Ikuru Kuwajima choisit de suivre du regard sur des centaines de kilomètres. La seconde série, intitulée « Balkhach », composée de six photographies a été réalisée en couleur au Kazakhstan dans la région du lac Balkhach. Les extraits de la série «Balkhach» reflètent en partie la vie des populations russes et kazakhes quelque part dans la steppe du sud-est du Kazakhstan autour du lac Balkhach et des anciennes villes militaires soviétiques de la zone de Sary-Shagan. Ce site de lancement de missiles antibalistiques durant la période soviétique est aujourd’hui en grande partie abandonné. Toutefois, des familles continuent d’y vivre ou viennent y glaner quelques pièces de ferraille au milieu de la steppe et des bâtiments délaissés. Musée départemental des Arts asiatiques, 405 promenade des Anglais - Entrée libre - Rens 04 92 29 37 00

n BIOT n ÉVÉNEMENT / EXPOSITION

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JUSQU’AU 16 NOVEMBRE

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Images d’utopie - Gilbert & George Le musée national Fernand Léger propose au visiteur une immersion dans deux chefs-d’œuvre du XXe siècle : d’un côté, Les Constructeurs (Définitif, 1950), peint par Fernand Léger (1881-1955) au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ; de l’autre, le triptyque Class War, Militant, Gateway, créé en 1986 par le couple d’artistes britanniques Gilbert & George, nés respectivement en 1943 et 1942. Dans un écho contemporain visuellement saisissant, l’œuvre monumentale de Gilbert & George, propriété de la Fondation Louis Vuitton à Paris, ouvre un dialogue inédit avec la puissance plastique de l’un des tableaux majeurs de l’histoire de l’art du XXe siècle, œuvre emblématique du musée national Fernand Léger. Le triptyque de Gilbert & George s’inscrit ici dans la continuité de l’œuvre de Fernand Léger, pionnier de l’avant- garde française : leur émerveillement devant le spectacle de la ville, leur engagement qui les conduit à scruter les mutations de la société, leur évolution vers une monumentalité affirmée et leur conviction de la nécessité d’un art pour tous, sont autant de points communs qui unissent ces artistes par-delà les générations. Ces deux œuvres interrogent aussi la notion d’utopie, ce gouvernement imaginaire et idéal décrit au XVIe siècle par le philosophe britannique, Thomas More. La portée symbolique et le souffle épique qui traversent ces œuvres exaltent l’espoir des artistes dans la conquête des libertés individuelles et dans l’avènement d’un monde meilleur. Chroniqueurs de leurs temps, ils parviennent à dépasser le simple contexte politique dans lequel ils vivent et créent pour donner à leurs images une dimension universelle. Musée national Fernand Léger - 255 chemin du Val de Pôme - Informations 04 92 91 50 20

n NICE n EXPOSITION / ART CONTEMPORAIN

PIERRE SOULAGES - LA PUISSANCE CRÉATRICE lll « La première fois que je vis un tableau de Pierre Soulages, ce fut un choc. Je reçus, au creux de l’estomac, un

coup qui me fit vaciller, comme le boxeur, touché, qui, soudain s’abîme ». ( Léopold Sédar Senghor, 1958 ) Pierre Soulages est le plus célèbre des artistes français vivants. Cette exposition s’inscrit dans la célébration de son centième anniversaire après l’ouverture des manifestations du Centre Pompidou et celle du Louvre avec la réunion de 20 peintures venues de grands musées dans le monde. Pour l’hommage rendu à Nice par le Conseil départemental, plus de cent œuvres originales ont été réunies : peintures, œuvres gravées, bronze, livres illustrés. Pour mieux comprendre et connaître l’univers et les références de ce peintre d’exception, ont été rassemblés les témoignages et les œuvres d’artistes faisant partie du monde Soulages et de ses dialogues avec les cultures. Le titre de cet événement a été composé par un citoyen d’honneur de la ville de Nice, Léopold Sédar Senghor, poète et chef d’État sénégalais qui fut aussi ami et analyste de Pierre Soulages. Le poète participa personnellement à la conception d’expositions P. Soulages tant à Dakar qu’à Lisbonne. Ces liens historiques ont permis le choix du poète pour accompagner cette exposition maralpine. Le parcours présente soixante-douze œuvres originales peintes et gravées de l’artiste en un itinéraire chronologique de 1946 à 2008. Pour compléter l’étude de l’oeuvre de l’artiste, ces références et ces temps forts des dialogues de culture de Pierre Soulages prennent place dans l’exposition afin de mieux entrer dans l’univers du peintre. En terre méridionale, l’exposition de ce peintre méditerranéen a vocation à consacrer Pierre Soulages comme l’inventeur d’une nouvelle peinture d’une beauté mystérieuse. Cette exposition est l'occasion de découvrir : 72 œuvres de Pierre Soulages réunies dont 25 peintures rarement présentées au public; un parcours chronologique sur l’oeuvre de Pierre Soulages de 1946 à 2008; la présentation d’une statue menhir chère à l’artiste, pièce archéologique quittant pour la première fois les salles du musée Fenaille (Rodez); un catalogue d’exposition inédit publié dans le cadre de l’exposition. Espace Lympia, 52 boulevard Stalingrad - Entrée libre - Renseignements 04 89 04 53 10

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PROLONGATION JUSQU’AU 23 AOÛT

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AGENDA PARIS

ARIA JUILLET 2020

n 1ER ARRONDISSEMENT n EXPOSITION / ARTS DÉCORATIFS

(PROL. JUSQU’AU 4 JANVIER 2021) n 1ER ARRONDISSEMENT n EVÉNEMENT / EXPOSITION

Harper’s Bazaar, premier magazine de mode À l’occasion de la réouverture des galeries de la mode, entièrement rénovées grâce au mécénat de Stephen et Christine Schwarzman, le Musée des Arts Décoratifs présente jusqu’au 14 juillet 2020 une grande exposition consacrée au célèbre magazine de mode américain Harper’s Bazaar. Soixante créations de couture et de prêt-à-porter, issues essentiellement des collections du musée, ponctuées de prêts de pièces iconiques prestigieuses sont présentées en correspondance avec leur parution dans ce magazine. Le regard des grands photographes et illustrateurs qui ont fait le renom de Bazaar est ainsi mis en perspective pour résumer un siècle et demi d’histoire de mode. Man Ray, Salvador Dali, Richard Avedon, Andy Warhol, ou encore Peter Lindbergh ont, en effet, contribué à l’esthétique hors pair du magazine. « Harper’s Bazaar, premier magazine de mode » retrace les moments forts de cette revue mythique, son évolution depuis 1867, en rendant hommage aux personnalités qui l’ont façonnée : Carmel Snow, Alexey Brodovitch et Diana Vreeland. Tous trois, à partir des années trente propulsent le magazine dans la modernité de la mode et du graphisme instaurant une exigence qui fait encore école. La scénographie, tout comme la rénovation et l’aménagement des galeries, a été confiée à l’architecte et designer Adrien Gardère. Musée des Arts Décoratifs , 107 rue de Rivoli - Informations 0144 55 57 50

( PROLONGATION TOUT L’ÉTÉ )

Figure d’artiste À compter de la réouverture du musée le 8 juillet, l’exposition Figure d’artiste est prolongée tout l’été. La Petite Galerie du Louvre propose, pour sa 5e saison, une exposition intitulée « Figure d’artiste ». Elle accompagne le cycle d’expositions que le musée consacre en 2019-2020 aux génies de la Renaissance : Vinci, Donatello, Michel-Ange ou Altdorfer. C’est à la Renaissance que l’artiste affirme son indépendance et cherche à quitter le statut d’artisan pour revendiquer une place particulière dans la cité. Cette invention de la figure de l’Artiste a cependant une histoire plus ancienne et complexe que l’ampleur des collections du Louvre permet de mesurer, des premières signatures d’artisans dans l’Antiquité aux autoportraits de l’époque romantique. La signature, l’autoportrait, l’invention du genre de la biographie d’artiste servent son dessein : mettre en images les mots et accéder à la renommée accordée aux poètes inspirés par les Muses. En France, l’Académie royale de peinture et de sculpture et le Salon, première exposition temporaire d’art contemporain, apportent, sous le regard de la critique, la reconnaissance et les commandes aux artistes avant qu’ils ne soient consacrés par leur entrée au musée. C’est ainsi que le lien ancien entre les arts visuels et les textes a conduit à inviter, cette année, la littérature pour un dialogue fécond entre textes et images. Musée du Louvre ( Petite Galerie, aile Richelieu ) rue de Rivoli - Renseignements 01 40 20 53 17

n VII ARRONDISSEMENT n EVÉNEMENT / EXPOSITION

( JUSQU’AU 13 SEPTEMBRE )

James Tissot, l’ambigu moderne Né à Nantes, formé à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris et ayant mené carrière des deux côtés de la Manche, Jacques Joseph Tissot, est un artiste majeur de la seconde moitié du XIXe siècle, à la fois ambigu et fascinant. S'il est très régulièrement représenté dans les expositions dédiées à cette période, cette rétrospective est la première qui lui est consacrée à Paris depuis celle organisée au Petit Palais en 1985. A la fin des années 1850, Tissot fait ses premières armes dans la capitale où sa passion pour l'art japonais comme ses relations avec les cercles les plus influents nourrissent sa peinture. Dans le creuset parisien, à une époque où la modernité théorisée par Baudelaire trouve son expression sous le pinceau de Whisler, Manet ou Degas, Tissot et son esprit dandy sont appréciés par la société mondaine. Après la guerre de 1870 et la Commune de Paris, il s'installe à Londres et poursuit une carrière en vue qui le voit naviguer dans les meilleures sphères. Peu à peu, son oeuvre se concentre sur la figure radieuse puis déclinante de sa compagne Kathleen Newton, incessamment présente dans ses tableaux. La mort de cette dernière en 1882 scelle le retour en France de Tissot. Sa carrière se poursuit dans la description des déclinaisons multiples de la Parisienne, objet d’un grand cycle (La Femme à Paris), et les explorations de sujets mystiques et religieux, avec le cycle du Fils prodigue et les centaines d'illustrations de la Bible, qui rendront l'artiste immensément célèbre au tournant du XIXe au XXe siècle. Centrée sur la figure de James Tissot, veillant à ancrer l'art de ce peintre dans le contexte artistique et social de son temps, cette exposition présente les grandes réussites d'un artiste aux images souvent iconiques, et ses recherches les plus audacieuses. Elle explore également la fabrique de son oeuvre : les thèmes qui lui sont chers et leurs variations, mais également sa volonté de s'exprimer dans des techniques variées, telles que l'estampe, la photographie ou l'émail cloisonné, en sus de la peinture. Musée d’Orsay - 1, rue de la Légion d'Honneur - Informations 01 40 49 48 14

n VIIÈME ARRONDISSEMENTn PHOTOGRAPHIE / ART CONTEMPORAIN

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JUSQU’AU 1ER NOVEMBRE

« À TOI APPARTIENT LE REGARD ET (...) LA LIAISON INFINIE ENTRE LES CHOSES » lll Plein phare sur la création contemporaine. Pour la première fois, le musée du quai Branly – Jacques Chirac invite vingt-six artistes du monde entier dans une exposition résolument contemporaine centrée sur différents rapports à l'image photographique et filmique. Photographie, vidéo, installation : pour la première fois, le musée du quai Branly-Jacques Chirac consacre dans ses murs une exposition d’envergure à l’image contemporaine sous toutes ses formes. Dans le sillage de son programme de résidences et des prospections menées depuis une dizaine d'années, l’exposition met à l’honneur vingt-six artistes extra-européens. Des artistes aux profils très divers, jeunes et émergents comme Gosette Lubondo ( RDC ), Lek Kiatsirikajorn ( Thaïlande ) ou José Luis Cuevas ( Mexique ), mais aussi de nombreux auteurs majeurs, parmi lesquels Dinh Q. Lê ( Vietnam ), José Alejandro Restrepo ( Colombie ), Dayanita Singh ( Inde ), Sammy Baloji ( République démocratique du Congo ), Rosângela Rennó ( Brésil) ou Brook Andrew ( Australie ). Au sein d’un parcours s’ouvrant sur l’œuvre spectaculaire du camerounais Samuel Fosso, l'exposition organise des rencontres fécondes entre des œuvres rarement vues en France. Elles évoquent les rapports à l’image, la perception du monde et la représentation de soi ( The Black Photo Album / Look at me: 1880-1950 du sud-africain Santu Mofokeng ), celle du paysage et des territoires (les travaux de Carlos Garaicoa, Heba Y. Amin, Mario García Torrès) ou la réappropriation du récit historique et politique (The Indian Project: Rebuilding History du mexicain Yoshua Okón). Le titre choisi pour l’exposition est une citation de August Ludwig Hülsen traduite par Roland Recht dans La lettre de Humboldt, du jardin paysager au daguerréotype, éd. Christian Bourgois, 1989. Musée du quai Branly - Jacques Chirac, 37 Quai Branly - Infos 01 56 61 70 00

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AGENDA PARIS n VIIÈME ARRONDISSEMENT n EXPO / ARTS PREMIERS

ARIA JUILLET 2020

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ÈME ( PRO. JUSQU’AU 27 SEPTEMBRE 2020 ) n XVI ARRONDISSEMENT n EVÉNEMENT / EXPOSITION ( JUSQU’AU 3 JANVIER 2021 )

Helena Rubinstein La collection de Madame

Cézanne et les maîtres Rêve d’Italie

Regards sur les arts extra-occidentaux au travers de la collection Helena Rubinstein. L’exposition révèle la fascination pour l’art africain de la pionnière des cosmétiques, mécène et collectionneuse avant-gardiste au début du 20e siècle. Personnalité hors-norme, première femme d’affaires du XXe siècle, self-made-woman affranchie et visionnaire… Si les superlatifs fusent pour décrire l’ascension vertigineuse d’Helena Rubinstein (1870-1965), l’Impératrice de la beauté selon Cocteau, on en oublie parfois son parcours de collectionneuse aguerrie et son rôle pionnier dans la reconnaissance des arts africains et océaniens en Europe et outre-Atlantique. Construite essentiellement à Paris, au gré de ses rencontres, « la collection de Madame », aujourd’hui dispersée, rassemblait plus de 400 pièces d’art extraeuropéen, précieux gardiens de reliquaires kota ou fang, pièces d’exception baoulé, bamana, senoufo ou dogon, qui voisinaient avec les œuvres de peintres et sculpteurs de la modernité, Chagall, Braque ou Picasso, et beaucoup d’autres domaines de collection. À travers une soixantaine de pièces, l’exposition met à l’honneur sa passion pour les arts extra-occidentaux, principalement l’art africain, et sa fascination pour leur intensité expressive et leur caractère. Des arts qu’elle a découverts dans les années 1910, au contact du sculpteur Jacob Epstein puis de collectionneurs d’avant-garde parisiens, et qu’elle mettra un point d’honneur à mettre en valeur dans ses intérieurs de Paris, New-York et Londres mais aussi, dans un souci d’éducation de sa clientèle féminine, dans ses salons de beauté du monde entier et en participant à de grandes expositions. Musée du quai Branly - Jacques Chirac, 37 Quai Branly ( Galerie Marc Ladreit de Lacharrière ) - 01 56 61 70 00

Le musée Marmottan Monet propose au public une exposition inédite intitulée « Cézanne et les maîtres. Rêve d’Italie ». Pour la première fois l’œuvre du peintre aixois sera mise en regard de chefs-d’œuvre des plus grands maîtres italiens, du XVIe au XIXe siècle. Ainsi une exceptionnelle sélection de toiles de Cézanne dont l’iconique Montagne Sainte-Victoire, les incontournables Pastorale et natures-mortes, feront face à un rare ensemble de peintures anciennes signées Tintoret, Le Greco, Ribera, Giordano, Poussin, et pour les modernes Carrà, Sironi, Soffici, Pirandello sans oublier Boccioni et Morandi. Riche d’une soixantaine de chefs-d’œuvre provenant des plus importantes collections publiques et privées du monde entier (musée du Louvre, Orsay, National Gallery of Art de Washington, collection ThyssenBornemisza de Madrid, Pola Museum de Kanagawa, Walker Art Gallery de Liverpool, …), la première partie du parcours mettra en évidence l’impact de la culture latine dans l’œuvre de Cézanne et la manière dont il s’est nourri de l’exemple de ses illustres prédécesseurs pour asseoir une peinture « nouvelle ». Forte de cette italianité, il n’est pas étonnant que l’expérience du maître aixois ait aussi marqué les artistes de la péninsule. La dernière section de l’exposition illustre ainsi l’influence décisive de Cézanne sur les grands maîtres du Novecento italien. Revisitant ses recherches, des œuvres de Carrà, Morandi, Boccioni, etc. soulignent la valeur intemporelle de l’œuvre de Cézanne, pivot de l’art du XXe siècle. Musée Marmottan - Monet, 2 rue Louis-Boilly - Informations 01 44 96 50 33

n VIIIÈME ARRONDISSEMENT n EXPOSITION / PARCOURS IMMERSIF

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DU 1ER JUILLET AU 27 SEPTEMBRE

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Pompéi Un parcours immersif plonge le visiteur au cœur de Pompéi, du temps de sa splendeur et pendant la tragédie de sa destruction, par des projections 360° en très haute définition, des créations sonores et des reconstitutions en 3D des rues et habitations. Alliant technologies et archéologie, l’exposition raconte l’histoire fascinante de cette Cité et des (re)découvertes permises par les fouilles menées à toutes les époques, jusqu’à aujourd’hui. Partageant les trésors et découvertes archéologiques les plus récentes, le Grand Palais vous propose une expérience d’un genre nouveau et donne à voir Pompéi sous ses nombreux visages. Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais et Gedeon Programmes, en collaboration avec le Parc archéologique de Pompéi. Grand Palais ( Salon d’Honneur, Square Jean Perrin ) 3, avenue du Général Eisenhower - Infos 01 44 13 17 17

n RÉGION PARISIENNE / ESSONNE n ÉVÉNEMENT / ART CONTEMPORAIN

BEN - ETRE LIBRE

Figure artistique majeure de la seconde moitié du XXe siècle, Ben est connu pour ses actions, peintures et écritures. Ses phrases courtes et concises interrogent la vie, l’art et son ego. Son œuvre, à la fois réflexion philosophique et impertinente sur l’art, intègre notre quotidien dans ce qu’il a de plus particulier. Il témoigne en cela d’un esprit critique qui n’hésite pas à remettre en cause tout le monde - y compris son propre ego. Depuis la fin des années 1950, Ben est reconnu en tant qu’artiste, performeur, organisateur, revendicateur des langues des peuples du monde et nouveau penseur de l’art. Pionnier du mouvement Fluxus en Europe, lié à George Maciunas, Robert Filliou et George Brecht, il participe aussi à l’École de Nice, aux côtés de ses amis artistes Arman, Daniel Spoerri et Yves Klein. Pour le Domaine départemental de Chamarande, Ben rassemble plus de 400 œuvres, issues pour la plupart de sa collection personnelle, mais aussi de collections particulières. L’exposition Être libre révèle les multiples facettes d’un artiste iconoclaste et provocateur qui récuse la pensée unique depuis plus de 50 ans. Elle permet de découvrir son œuvre dans toute sa complexité et ses contradictions, son ampleur joyeuse et son foisonnement, qui traversent tous les champs de l’art et de la vie. Une partie historique présente une sélection d’œuvres significatives des années 1958 à 1978. À la fin des années 1950, Ben signe tout, lll

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DU 11 JUILLET AU 11 OCTOBRE

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s’appropriant ainsi, par ses images et ses actions, le monde comme un tout. Pour illustrer ces années, des documents de l’époque sont présentés : affiches, archives photographiques et vidéos, ainsi qu’une sélection de ses performances intitulées « Gestes ». Il est l’un des premiers artistes à mettre l’art directement dans la rue, en Europe à partir de 1959, en pratiquant ses « Actions de rues ». Il s’agit de gestes quotidiens, tels que l’attente à un arrêt de bus, traverser le port de Nice à la nage avec son chapeau et ses vêtements ou manger des pâtes en pleine rue installé à une Être libre, 2020 © Ben VAUTIER table.Avec ses nombreuses actions, Ben devient dans les années 1960 une figure essentielle du mouvement Fluxus en Europe.Une seconde partie de l’exposition nous ouvre les portes de l’univers de Ben qui investit les différentes salles du château avec des installations plus actuelles et de nouvelles œuvres, au travers d’une succession de thématiques caractéristiques : les petites idées, les portraits, les miroirs, la photographie, l’ego et le jeu. Il poursuit son introspection dans un parcours à travers lequel le visiteur est invité à son tour à s’interroger sur sa condition, son temps, sa société. Chaque nouveau mot, chaque nouveau geste participe d’une quête de sens et de vérité. Domaine départemental de Chamarande - 38, rue du Commandant Arnoux - Accès libre - Renseignements 01 60 82 52 01





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