La Mouche n°6

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Journal collectif, libre

06

Avril 2016

La Mouche

Deliquescence



La Mouche : Manifeste La Mouche est un journal collectif, participatif et artistique. La Mouche se télécharge, se photocopie, s’agrafe, se répand, se prête, se détourne, s’affiche, s’arrache. L’impression et la diffusion se font de manière autonome et par les moyens du bord. Par définition, La Mouche est libre. Chacun-e s’en empare comme elle-il le souhaite et peut participer en envoyant des textes, des images, des manifestes, des BD, des illustrations, des affiches, des photos et tout ce qui s’imprime à:

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AVANT D'ENTRER

Je sens un goût de sirop Au Paradis de ta bouche, La tête branle et l'oeil louche, Huit et cinq, total zéro. Qu'elle est moite en son fourreau L'âme tendre qui se couche, Libellule qu'effarouche La grosseur du numéro! Et nous allons sans rien faire, Après tout la grande affaire, Sirius te la dira, Et ma chanson rose et grise, De ton petit Opéra Frise et défrise la frise. "Les Déliquescences, poèmes décadents d'Adoré Floupette" (Gabriel Vicaire et Henri Beauclair, 1885)




Le premier jour de printemps est toujours magnifique, pas celui du calendrier, celui du beau temps où l’on se réveille d’un coup soudain, frais, au clair avec la motivation de soulever des montagnes et déplacer des océans. On se dit déjà qu’aujourd’hui, on va commencer par sourire, être aimable, profiter de ce que les gens ont de bon à donner, partager avec eux le meilleur de ce qu’on a à offrir. Ensuite on va s’impliquer dans ce qu’on fait, se donner de la peine, apporter le petit plus, faire en sorte que ce que l’on fait ait un sens. Après, on pense à tout ce qu’on ne fait pas, outre les deux premières choses cihaut, le monde, les autres, les suivants. C’est vrai qu’il y a plein d’associations qui ont besoin de soutien, plein de gens qui n’ont le soutien d’aucune association, des amis dans la galère, pourquoi ne pas les appeler ? Allez c’est parti ! On a du temps, on prend un papier, un crayon, et on attaque un projet ! N’importe quoi ! Une chanson, une assoc’, un groupe, une équipe de beach volley, un club de cuisine, un putain de texte à la con pour un zine prix libre ! Go ! On y va, aujourd’hui on change le monde. On savoure une tisane à la fenêtre, et le soleil nous aide à garder ce sourire radieux et plein de bonne volonté. C’est le printemps ! Au fond, on sait très bien que nous sommes conditionnés à recevoir le premier jour de beau temps de manière positive, la chimie naturelle, nos hormones, nos gènes, ou peut-être simplement l’habitude. Ca contraste avec le ciel gris ciment et le perpétuel automne nucléaire.

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Complètement pathétique et pitoyable, ce premier jour de printemps, comme un Noël ou une Saint-Valentin, qui a le bon ton de nous donner la licence d’être un connard à plein temps pour les jours qui restent. Alors on se dit, à quoi bon ? Clairement, à quoi bon ? La vie est absurde, on le savait déjà, la question n’est pas là, elle réside dans le fait d’accueillir le premier venu à coeur ouvert pour qu’il te chie à la gueule.

Putain c’est vulgaire, mais que veux-t-on ? Se donner de la peine à faire de jolies phrases ? Etre littérairement plaisant ? Dessiner des sourire avec des mots ? Même un sourire hautain, juste parce qu’il manque un s, ou des guillemets. Tout ça pour quoi ? S’envoler dans élan plutôt mou ? Rire ? Trouver un sens pour tomber dans le néant ? Soulever des montagnes ? Ben non, la montagne, on l’a devant la gueule et elle pas prête de dégager, alors on reste là ou on prend une corde. Pareil pour les océans, ils bougent mais ne vont pas bouger, on nage ou on plonge, des fois on rame comme on peut sur le pont d’un radeau de fortune qui s’épuise de semaine en semaine. On cherche un sens là où il n’y en a pas là où il y en avait et là où il y n’y en a plus il y a une montagne il y a un océan il y a une phrase il y a un point puis un autre une destination un point final

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Jeunesse Tremblez, mortels ! Je suis la Jeunesse invincible, De la santé, moi seule ai l’intime secret. Sous mon aile, je tiens ceux que j’ai pris pour cible, Et ceux qui m’ont perdue en gardent le regret ! Mon cœur est éternel, ma flamme est éphémère ; Je séduis, tour à tour, chaque infime être humain Avant de lui laisser une douleur amère, Et mes amants, toujours, veulent prendre ma main ! Je suis libre et fatale, ainsi qu’une sirène, Attirant, par son chant, les marins sur l’écueil. Je creuse une blessure, et la lente gangrène Dévore l’Homme mûr qui supporte mon deuil ! Lorsqu’une âme me perd, je demeure impassible Et ne reviens jamais sur mes pas, le passé Ne m’intéresse pas, je suis inaccessible Et je sème, en chacun, mon souvenir glacé !








La pomme, la création et le spécisme L'humain a faim, il voit sur un arbre un fruit qui pend, poussé par l'instinct, il va et le prend, satisfait son besoin en le mangeant, mais cela le surprend, car il avait faim et il y avait un fruit, mais ce n'est pas lui qui l'a fait alors il pense que quelqu'un l'a créé pour lui et que tout ce qui existe a été créé par un dieu que ce soient les arbres, les animaux, la terre, l'eau ou le soleil radieux dans le seul but de satisfaire l'humain et tous les autres êtres sensibles ne comptent pour rien il peut les faire souffrir, les tuer, les enfermer dans une cage... Ben ouais, ce n'est pas eux que dieu a créé à son image. Ils habitent sur la même terre, ils respirent le même air, mais l'humain a réduit en esclavage ses sœurs et frères : Dans les labos, emprisonnés dans des cages, réduits à l'état de marchandise dans les élevages. A ces crimes, la création a servi et sert de justification, car l'humain avait assez d'imagination pour inventer cette fiction mais pas assez de réflexion pour comprendre que son dieu n'est qu'illusion.


Toute la culture est contaminée par la religion et même les athées, inconsciemment, sont influencés par sa vision. Sexisme, racisme, spécisme, fascisme, dans tous les cas c'est la même logique que l'on voit : mépris de l'autre parce qu'il est différent de toi. Le racisme est l'idéologie qui considère que la vie et les intérêts d'autrui peuvent être omis parce qu'il a une autre couleur de faciès. Et le spécisme est l'idéologie qui considère que la vie et les intérêts d'autrui peuvent être omis parce qu'il est d'une autre espèce. On constate facilement la ressemblance, refus de l'autre en prétextant la différence sans prise en compte de son vécu, sans prise en compte de sa souffrance, Alors qu'on veut tou-te-s vivre une vie heureuse sans subir aucune violence. La vérité est claire comme de l'eau de source quoi qu'en disent tous leurs lobbys. On traite les animaux comme une ressource et on met le biz avant les vies. La loi considère les animaux comme des choses, mais il y a l'éthique au-dessus des normes, alors comprends que les seuls poulets que je mange sont ceux qui portent l'uniforme ! Neam Jay





Slam Al Malek De Salad à Malek Tous s’en battent les steaks De ces salamalecs. A coups répétés de Bismila Tu leur as mis dans l’baba ! Et ces petits gars sont partis là-bas Pour imposer à tous leur Charia. Ils se sont mis dans de beaux draps ! De Salad à Malek Je slam à Malek Que des salamalecs Dont on se bat les steaks. Tu rêves de Califat et tu te prétends état, Mais d’islamique tu n’as que les mimiques. Quoi que tu dises et revendiques Tu te perds en rhétoriques fantasmagoriques. Tu violes exécutes et asservis, drôle de tactique Drôle de destin pour des fanatiques.. Et des salamalecs Que de Salad à Malek Je slam à Malek Tu t’en bats les steaks. Tous barbus, tous faux-cul, tous déchus. Une belle bande d’ hurluberlus. Même le vieux sur sa montagne serait déçu. Mais par quelle rage as tu été mordu ! Toi qui crois que notre jeunesse était foutue De l’avenir que tu lui prépares on a un bel aperçu. Ne m’en veux pas si je ne suis pas venu Avec fierté pour un mécréant je veux être tenu ! Et encore et encore je slam à Malek Mais le monde s’en bat les steaks De Salad et de Malek Et de leur salamalecs. X.MEN ( 2016- Rien n’est vrai, tout est permis.)



PREMIÈREMENT :

à toi de trouver le titre des dieux et livré en pâture aux démons Doc Dollar et Sister War ! C’est ça, voilà le bon angle de ce papier : Avant c’était la Crise, une dure réalité, mais l’espoir de jours meilleurs, d’une reprise des marchés accouchant la Là : huitième ligne, c’est de sainte Croissance permettait la police Regular, ça veut dire de tenir le coup, d’étayer que l’article est entré dans la les fondations de son phase de développement du modeste 150 m2 pour mieux sujet traité. Faut se lancer, reconstruire demain. seul devant l’écran blanc Aujourd’hui, c’est la Guerre – et ce n’est pas toi qui vas ou presque. Les attentats, pouvoir donner des lignes à les assauts des forces ce papier vu que tu es lectrice spéciales, les arrestations, le ou lecteur, ou les deux – et matraquage de manifestants, que cette activité s’annule si l’état d’urgence et de la page reste vierge. suspicion de toutes et tous. Il y a aussi un autre proInconsciemment, bien blème : un texte sans titre que largement aidé par les avec un chapeau (texte médias et les gouvernements, “bold” en haut de cette chacune et chacun sent colonne) qui explique poindre le devoir de réserve. justement que le titre reste à Ou, comme le crétin de faire, et par toi en plus, ça va Renaud, vieux ex-chanteur donc être difficile d’exposer ivrogne en cure de désintox. un sujet avec si peu, voire qui se devait d’écrire une rien. chanson à la con : Et si c’était une page totale « j’ai embrassé un flic » pour libre, où l’on peut brandir montrer que le vieil anar toutes les vérités ? Ou faire friqué sait ouvrir son cœur une razzia des sujets “hot” du aux keufs qui allaient faire moment ? Mieux encore : régner l’état d’urgence un procès-verbal de l’état made in France. Trouver pitoyable de ce monde oublié et remercier par avance

Ça fera déjà ça de moins à se taper. En plus, comme on est en pleine période de « partage » et de « démocratie participative », ça te donne du taf autogéré et bénévole.

des sauveurs qui sauront repousser les envahisseurs ! 21ème siècle des chrétiens ? Plutôt retour vers le 11ème de ces derniers : Guerres des Croisades XVII, la revanche des Wahhabites. Bon, ça commence à faire Nuit debout à Tolochenaz, 8 manifestants selon la police, 12 selon les organisateurs. Mais la page est full. Comme quoi le malheur des unes et des uns fait bien le bonheur des autres. n Dans le prochain numéro :

Rétrospective de l’€uro de foot, les équipes, les matchs, les plus beaux buts, et/ou les stades des attentats, le nombre de morts, de blessés et les meilleurs moments des actions de secours.



Le Professeur Déliquescence a mangé toutes les guerres, toutes les maladies, toutes les insultes, toute l’Afrique, tout l’uranium, toutes les inégalités, tous les jeunes, tous les voleurs, tous les chiens d’attaque, tous les problèmes, tous les déchets, tout le diesel, tout le sida, tout l’internet, tous les curés coquins, toute la faim dans le monde, tous les PD, tous les changements climatiques et maintenant, c’est bon, tout va bien, c’est cool.





Dans une pièce sombre en pierre blanche, Un grand bocal posé sur un napperon en dentelle ancienne. Un cerveau immergé et conservé en tranches, Règne sur les univers infinis reliés par des tyroliennes. Un tapis recouvre la trape d’accès à la pièce, celle-ci étant scellée, Impossible d’y entrer Depuis dix-sept milliards d’années. Une table en bois gravé d’un autre temps supporte le poids du démiurge De cesse habité par l'infinie fascination d’un dramaturge. L’univers ou se trouve la terre en est son champ de bataille … L’infini , le symbole bouclé, la prison des esprits, la tripaille ! Un gâchis monumentale, une farce grandiose un trompe l’oeil … Depuis son bocal, il sculpte notre histoire la sotie tape-à-l’oeil ! La trappe personne n’en a eu mot de son existence et personne ne sait Qu’il y en a sept autres, dans sept univers parallèles à celui qu’on connaît. Huit bocaux, huit cerveaux coupés en tranches, huit tables gravées Ainsi que huit napperons en dentelles anciennes et huit tapis très usés ! Il y a dix-sept milliards d’années, quatre hommes et quatre femmes Sont partis à la recherche d’un univers habitable. Ne sachant que faire de leurs existences et pour éviter le drame, Ils ont parcourus le néant et établis une conception de vie pitoyable. L’infini symbolisé par un huit couché, une boucle infernale, une prison Pour les esprits vivants, un ergastule bien organisé, fomenté, fermé … La peine capitale, la perpétuité à jamais scellée dans la déraison . Nier l’infini possible, trancher la vie et lui retirer ses incroyables possibilités. PLK 15/12/15 19:34 LE HUITIèME TITRE



Une table en bois massif et brut, d’une taille faite pour une assemblée. Ornée de bouteilles de gouttes, de tabacs et autres plaisirs des sens festifs et décomplexés. De la nourriture de campagne avec des plats typiques en accords ou pas, avec les vins. Une ambiance sincère et survoltée, un brin désinvolte et au finale carrément zinzin. Des conversations houleuses et franches avec toujours cette touche argotique … Les scènes qui restent gravées dans la mémoire à jamais, toutes simplement mythiques ! L’odeur du feu de bois et sa lumière si particulière d’un autre temps… La chaleur humaine berce le chaudron populaire, c’est resplendissant ! Dans l’obscurité d’une zone industrielle, parfois l’étincelle d’une découverte stupéfiante. Pousse son être dans les profondeurs d’un sous-sol ou l’émulation est véritablement vivante. Le contact des gens et l’atmosphère enfumé par le son , qui fait même groover les murs Et les fondations, marquent à quel point nous sommes faits de valeurs sociales venues de diverses cultures. Parfois une maison plantée dans un décor de nantis est occupée et ouvre ses portes à qui veut, On peut se laisser guider par la liberté totale d’action occasionnée par ce genre de lieu. L’organisation des gens ensembles et la prise en main de leurs destins malgré les embuches Provoquées par les règles du système en place coupable de la destruction de nos "ruches" ! Une cave humide et bien pourrie retapée pour l’occasion en lieu de culture souterraine… Un terrain vague envahi de camions et autres roulottes avec du haschich dans les madeleines. Un cabanon ancien qui cache un alambic artisanal tenu par une femme au savoir ancestral…


Un garage aux milles possibilités occupé par des carambouilleurs complètement fractales. Un immeuble bourgeois ou la plupart des murs sont tombés avec de la vie à tous les étages, Une rue vivante ou les gens ensembles sourient leurs dents aux nez des si petits commérages. Un quartier en couleurs ou personne ne laisse tomber son voisin, des repas communs, du partage Et de l’amour conscient pour son prochain ainsi que le respect de l’ancien … La fin du compartimentage ? Des le lendemain des festivités, retour des mains dans la terre pour entretenir et cultiver le jardin potager. L’organisme populaire se divise les tâches dans un roulement polyvalent et agréable pour la communauté… La gueule de bois est respectée car il n’y a plus d’horaire ni de temps de travail, une autonomie autogérée Simplement dans la cohérence et une certaine justice quand à la distribution des tâches de la journée/soirée. Le rythme de vie de tout un chacun(e) est aussi complètement disparate , le sommeil réveille et le réveil sommeille. Les artisans du bois construisent, fabriquent, détruisent en fonction des demandes du génie-conseil. Même école pour tous les artisans des branches de l’arbre de la population et tout cela sans une once d’oseille ! Les enfants sont dans la nature, les forêts, la plaine jusqu’au bords des rivières et apprennent les merveilles...

… APRèS LA TROISIèME GUERRE MONDIALE !

PLK 03/01/2016 LE TREIZIèME TITRE





le magicien


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