Éclosion - No. 2

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Dépot Légal : ISSN-0318-1710

Hiver 2018 parution N°2 Semaine du 27/03

GIACOMET TI

MODÈLE ÉCONOMIQUE

ART CORPOREL MORT BIODÉGRADABLE


TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES

MOT DE LA COORDO

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COMMUNAUTÉ 4

NOTRE ÉQUIPE

MONNAIE LOCALE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE ; UN MODÈLE ÉCONOMIQUE À CONNAÎTRE

COORDONNATRICE:

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CULTURE 6

GIACOMETTI AU MNBAQ

L’IMPORTANCE DE L’ART CORPOREL DANS NOTRE SOCIÉTÉ

EN PLEIN CŒUR DE L’HIVER

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LA_MORT_BIODÉGRADABLE

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BILLY POÈME

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HIER, J’AI TUÉ QUELQU’UN.

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L’ARCHITECTURE SE DÉCOUVRE EN MARCHANT

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AUTRES

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GRAPHISTE:

Maxence Larouche RÉDACTEURS:

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CITATIONS LITTÉRAIRES

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JEUX

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LES PETITES ANNONCES

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Sarah Gingras

Camille Auclair Kim Lehouillier William Leclerc Sara Lucia Pena Ariane Sousa-Caron Sarah Gingras Charles Roberge Iseult Bacon-Marcaurelle Jeanne Lalonger-Laurent

NOTRE ÉQUIPE CORRECTEURS:

Philippe Bergeron Iseult Bacon-Marcaurelle Jeanne Lalonger-Laurent


MOT DE LA COORDO MOT DE LA COORDO

Bonjour à vous, chers lecteurs dévoués,

Aujourd’hui, nous entamons la deuxième parution de la session d’hiver. De retour de la relâche, les travaux et les examens abondent. Courage, il ne reste que quelques semaines avant la fin des classes. Les vacances sont bientôt à nos portes. Enfin, dans quelques semaines, le soleil nous brûlera la peau, mais d’ici là, ne perdons pas notre concentration sur la réussite prochaine. Nous sommes toujours à la recherche de journalistes et de chroniqueurs dévoués pour se joindre à notre équipe. Ne laissez pas le temps gris et la névasse (autre mot pour dire slush, mais ça, vous le saviez déjà) vous casser le moral. De votre coordonnatrice adorée,

www.facebook.com/journaletudiantleclosion j.leclosion@gmail.com

Sarah Gingras, Coordonnatrice du Journal étudiant l’Éclosion

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Communauté

MONNAIE LOCALE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE

UN MODÈLE ÉCONOMIQUE À CONNAÎTRE PAR SARA LUCIA PENA

Alors que les plus pessimistes ont perdu espoir devant leur idée d’un avenir catastrophique en raison des changements climatiques, des optimistes ont revu nos modèles économiques et ont trouvé des systèmes plus éco-responsables et durables, dont la création de monnaies locales complémentaires. UNE MONNAIE LOCALE COMPLÉMENTAIRE, C’EST QUOI? En lisant le terme « monnaie locale complémentaire », on peut comprendre que c’est une devise basée en un endroit restreint et qui opère en parallèle d’une devise officielle… mais cette définition est un peu abstraite. La meilleure façon de comprendre ce concept est d’en faire une analogie. Disons que le Cégep de Sainte-Foy imprimait de l’argent. Toutefois, ce n’est pas une imitation du dollar canadien, mais une monnaie totalement nouvelle qui s’appellerait le dollar du cégep. Les étudiants pourraient changer leur argent canadien en argent du cégep, tel qu’on le fait dans les bureaux de change lorsqu’on voyage. Or, contrairement aux devises étrangères légalement reconnues, le dollar du cégep n’aurait aucune valeur à l’extérieur de celui-ci. Oui, vous avez bien lu : on ne pourrait se servir du dollar du cégep qu’à la cafétéria, la Coop et autres services offerts au cégep. Il se-

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rait toutefois toujours possible de faire ses achats avec de l’argent canadien. Dans cette analogie, le cégep représente une ville souhaitant devenir plus indépendante; le dollar du cégep et le dollar canadien représentent, respectivement, une monnaie locale complémentaire et la devise nationale officielle; la Coop, le wazo, etc., représentent des entreprises locales, telles que la boulangerie du coin, un atelier de menuiserie ou un restaurant indépendant; enfin, les étudiants représentent les citoyens, consommateurs des divers services offerts dans cette ville. Même si cela peut paraître étrange, il est légal de créer et d’utiliser une nouvelle monnaie. Dans le contexte d’un cégep, la mise en place d’une telle chose semble plutôt inutile et dépourvue de sens, mais dans un autre type de communauté, comme un quartier ou une ville, elle prend tout son sens. L’UTILITÉ DES MONNAIES LOCALES La principale fonction de la monnaie locale est de permettre à une communauté de « relocaliser une partie de [son] économie », tel qu’énoncé dans le documentaire français Demain, c’està-dire de mettre l’accent sur l’essor économique local. D’abord, le fait qu’une telle monnaie n’ait aucune valeur ailleurs permet de


conserver la richesse à l’endroit où on l’utilise. En effet, elle ne peut pas se perdre ou s’échapper dans l’économie mondiale, car elle n’y vaut rien. Elle favorise aussi le développement d’entreprises locales, puisqu’il est impossible de dépenser la monnaie locale dans des succursales de multinationales telles que Walmart ou McDonald’s. L’argent de ladite communauté y donc est réinvesti et y circule continuellement, comme l’explique Rob Hopkins, initiateur de la livre de Totnes en Angleterre, dans Demain. De plus, ce modèle économique rend une communauté plus résiliente aux crises économiques. Il présente aussi des bienfaits écologiques. En effet, le transport des produits commercialisés se fait sur de courtes distances, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre. Il favorise aussi l’agriculture biologique. UNE MONNAIE LOCALE ICI, À QUÉBEC Même s’il est encore plutôt étranger, le concept de monnaie locale complémentaire se répand partout dans le monde et le Québec ne fait pas exception. En effet, le mouvement MLC-Québec (monnaie locale complémentaire à Québec) voit tranquillement le jour dans notre ville dans le but de promouvoir une économie sociale, solidaire et durable.

Source: Dion, Cyril et Laurent, Mélanie. Demain. Doumentaire, 2015. Murray-West, Rosie. « What Is the Point of Local Currency? », 7 février 2012, sect. Finance. https://www.telegraph.co.uk/finance/personalfinance/money-saving-tips/9066072/What-is-thepoint-of-local-currency.html. Woodruff, Graham. « Totnes Pound ». Totnes Pound. Consulté le 12 mars 2018. http://totnespound.org/. https://www.coindesk.com/local-london-currency-thrives-bitcoins-shadow/

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Culture

GIACOMETTI AU MNBAQ PAR JEANNE LALONGER-LAURENT Depuis le 8 février 2018 et jusqu’au 13 mai se tient au Musée national des beaux-arts du Québec l’exposition Alberto Giacometti, sur la vie et l’art de ce grand artiste. D’ailleurs, des affiches ont été placées dans le cégep, représentant ses personnages faits tout en long qui ressemblent presque à des bonhommes allumettes. Ces affiches ne font évidemment pas justice à l’oeuvre de Giacometti, qui ne fut pas uniquement sculpteur, mais également peintre. L’exposition est en ordre chronologique et montre le développement de la pensée et de la pratique de l’artiste. Né en Suisse en 1901, il déménage en 1922 à Paris, où il découvre plusieurs styles qui influencèrent son oeuvre : le cubisme, l’art africain et les statues grecques. Giacometti représente principalement la figure humaine grâce à divers procédés et les premières sculptures de l’exposition, qui sont dites cubistes, représentent des formes humaines peu concrètes, mais

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dont le sujet reste reconnaissable. Par exemple, une sculpture de femme cuillère est la première oeuvre qui frappe le regard du spectateur en entrant. Les traits que l’on arrive difficilement à distinguer sur les sculptures ne vont pas sans rappeler ceux des masques africains. Giacometti arrive ainsi dans son oeuvre à combiner plusieurs styles déjà existants tout en leur donnant sa propre signature. Des bustes plus concrets sont aussi exposés près de ces sculptures cubistes, ce qui montre que Giacometti ne se limitait pas dans les styles qu’il explorait. Certains modèles humains de l’artiste seront repris au fil des ans, ce qui permet d’observer sa progression de la représentation humaine d’une façon très concrète. Giacometti se pencha aussi sur la sculpture «abstraite», comme son oeuvre Boule suspendue le montre. L’un des points culminants de la vie de Giacometti, et dont l’exposition


fait souvent mention, est sa rencontre avec André Breton et le surréalisme vers les années 1930. Il côtoya Breton, mais aussi Salvator Dalí et plusieurs autres surréalistes qui firent prendre à son oeuvre un tournant plus collectif. Un recueil de poésie est exposé parmi plusieurs autres oeuvres et croquis à teneur surréaliste, montrant d’un côté un poème d’André Breton, et de l’autre, un dessin de Giacometti. Puis, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Giacometti se sépara du surréalisme pour commencer ses personnages filiformes. Cette séparation avait déjà été amorcée au milieu des années 30, mais ce n’est que vers 1946 qu’il commença à exploiter le style qu’on lui connaît si bien. C’est aussi vers cette période qu’il s’intéressa particulièrement à l’existentialisme et à ses patrons. En effet, l’artiste se lia d’amitié avec le couple formé par Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre. Certains bustes présentés dans l’exposition les représentent d’ailleurs. L’exposition compte un tapuscrit de l’essai La recherche de l’absolu (1949) de Sartre annoté, par Giacometti. Les dernières salles de l’exposition montrent aussi des huiles sur toiles dont les couleurs sont très sombres

et qui représentent principalement des visages humains de personnes de l’entourage de l’artiste. Tandis que les oeuvres de Giacometti étaient plutôt idéalistes et quelque peu «abstraites» au début de sa carrière, les dernières montrées en exposition semblent très mélancoliques. Ses personnages sont aussi rendus plus grands que le format humain, alors que les oeuvres étaient plutôt petites vers le début et le milieu de sa carrière. En voyant l’exposition, il m’a semblé que l’oeuvre et l’existence de Giacometti prenaient vie sous mes yeux : sa jeunesse, ses déceptions, sa maturité et sa mélancolie.

Source: http://www.fondation-giacometti.fr/fr/art/16/ decouvrir-l-œuvre/ https://www.mnbaq.org/exposition/alberto-giacometti-1253 https://fr.wikipedia.org/wiki/Alberto_ Giacometti#Sculptures https://www.francetvinfo.fr/culture/expos/troiscles-pour-comprendre-l-oeuvre-d-alberto-giacometti_276407.html http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1081318/ oeuvres-alberto-giacometti-musee-mnbaq

Les billets pour accéder aux expositions du Musée des beaux-arts de Québec sont à 11$ pour les 18 à 30 ans, 6$ pour les 13 à 17 ans et 20$ pour les adultes. Il y a toutefois une promotion le mercredi de 17h à 21h (seule soirée où le musée ferme après 17h) de demi-tarif.

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L’IMPORTANCE DE

L’ART CORPOREL

DANS NOTRE SOCIÉTÉ PAR SARAH GINGRAS

L’art est un sujet tabou dans notre société. L’art contemporain, ou moderne comme diraient certains, ne plaît pas à la majorité de la population. Prenant différents angles et différentes significations, l’art corporel se fait de plus en plus présent. L’art du tatouage remonte à plusieurs milliers d’années, plus exactement à 5300 ans dans le passé. Le premier tatoué, selon les chercheurs, se nommait Ötzi. Il a été retrouvé à la frontière italo-autrichienne en 1991. Il portait un grand total de 61 tatouages, principalement des lignes sur ses jambes. Les dessins sur ses jambes servaient probablement à guérir l’arthrose dont il souffrait. La technique de l’époque consistait en l’incision du membre puis la friction de celui-ci avec du charbon de bois. C’est bien différent aujourd’hui, je vous le confirme ! LES STÉRÉOTYPES Attaquons nous d’abord aux plus grand stéréotypes. Certaines de ces idées préconçues sont encore taboues dans notre société. Cette dernière a bien vite associé tatouage à prison, motard, goût du danger et illégalité, tout cela mélangé dans un même ensemble. Par ailleurs, selon certains, ce n’est pas professionnel de travailler dans un milieu public avec des tatouages voyants ou trop osés pour la société conservatrice. Encore de nos jours, certaine institutions publiques refusent les tatouages voyants pour des raisons esthétiques. Mais quelques députés, ou jeunes personnes à l’avant-garde, tentent de briser ces stéréotypes bien ancrés dans notre mentalité. 8

L’ORIGINE DU MOT On aurait répertorié sa provenance en Polynésie. Il vient du mot « tatau » qui signifie marquer, dessiner ou encore frapper. On peut bien vite remarquer le lien entre les méthodes utilisées aujourd’hui et celles d’antan pour prodiguer cet art. «Tatau» vient de l’expression « Ta-Tatouas », «Ta» voulant dire dessin et «Autua», esprit ou dieu. À l’origine, ces termes étaient utilisés pour désigner des cérémonies de rite de passage. Lors de ces pratiques, on colorait la peau des initiés à chaque étape de vie importante. C’était une pratique ancestrale prodiguée depuis 1300 avant Jésus Christ, ce qui laisse sous-entendre que leurs méthodes diffèraient grandement de celles d’aujourd’hui. En effet, à cette époque, les dents de requin et les os taillés servaient d’aiguille, et seulement l’élite de la communauté y avait droit. DANS LES AUTRES CULTURES LE TATOUAGE MAORI Les Maoris sont un peuple majoritairement établi en Nouvelle-Zélande. Pour eux, les tatouages représentent les différentes classes sociales et la fonction de chaque individu dans la société. Cette pratique leur vient des civilisations polynésiennes, mais au gré du temps, la tribu a développé son propre style tribal. Ce concept fut transmis grâce aux multiples voyages de certains indigènes dans les terres voisines. Le concept de tatouage facial ou corporel se prénomme Moko chez les Maoris et il était symbole de spiritualité légendaire.


Les guerriers ornaient leurs visages tandis que les femmes décoraient leur menton, tous de manière complexe. De nos jours, cette pratique ancestrale est presque éteinte. Certains descendants directs de cette tribu arborent encore de nos jours le Moko et plusieurs occidentaux ont le corps tatoué selon cette tradition. On peut même apercevoir certaines célébrités, comme les rugbymen de la sélection des All Blacks, porter le Moko. LE JAPON Dans les années 1600-1800, le tatouage au Japon était perçu comme une punition. Les malfaiteurs étaient tatoués de force sur les bras ou sur le front. Cette pratique avait pour nom l’irezumi. Ce mot signifie insertion d’encre, mais le terme le plus répandu pour parler desdits tatouages est horimono, qui encore au sens littéral signifie sculpture. Malgré la mauvaise image des pratiques de cet art ancestral, plusieurs se faisaient tatouer tout le corps, majoritairement avec des dragons. Cela eu pour conséquence qu’en 1872, tout art corporel fut interdit et l’amendement sera levé seulement en 1948, lors de l’occupation américaine. EN EUROPE Il n’y a pas qu’au Japon que la culture du tatouage a ébranlé les structures sociales. En 1787, l’Église fait interdire tout dessin sur la peau, car elle

jugeait cet art païen. Selon les paroles de l’Ancien Testament, «Vous ne ferez point d’incision dans votre chair pour un mort, et vous n’imprimerez point de figures sur vous. Je suis l’Eternel ». Par contre, la pratique revient au 18ème siècle grâce à des marins européens qui revenaient de Polynésie. Coïncidence? Je ne le crois pas. EN RUSSIE Dans ce pays, le tatouage prend une signification différente. En 1922, l’art corporel devient central dans les prisons et les goulags. Les symboles qu’on retrouvait sur le corps des détenus avaient une signification bien particulière. Par exemple, une tête de mort tatouée signifiait qu’ils avaient été emprisonnés pour meurtre, une sirène, pour abus sexuel sur mineur, et le nombre de coupoles tatouées sur le torse signifiait la durée de séjour du prisonnier. Bien pratique pour déterminer à qui on avait affaire, car grâce à cette classification, une hiérarchie a vu le jour. Ce n’est qu’en 1960 que les autorités soviétiques ont commencé à s’attarder à la signification de ces symboles. AUJOURD’HUI Selon plusieurs sondages de IFOP, réalisés en novembre 2016 en France, 1002 personnes, soit 14% des répondants, ont déjà couvert une partie de leur corps d’art. Mais cette mode se

voit plus présente chez les jeunes de 18 à 24 ans, qui eux ont dépassé le 26% de personnes tatouées. Selon un sondage effectué en 2012 par IpsosReid, un Canadien sur cinq était tatoué. Selon une autre étude, cette fois effectuée par l’institut Harris en février 2016, 29% des Américains ont un tatouage, dont 47% sont des personnes âgées entre 18 et 35 ans. Au Royaume-Uni, c’est un Britannique sur cinq qui arborerait de l’art corporel, selon les estimations du quotidien Metro en 2013. Cette pratique inclut 29% de la population âgée entre 16 et 44 ans.

Source: http://www.lemonde.fr/culture/article/2018/03/10/le-tatouage-un-art-primitif-devenu-populaire_5268864_3246.html https://fr.wikipedia.org/wiki/Tatouage http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1066108/ expo-tattoo-capitale-fonction-publique http://www.tattoo-tatouages.com/styles/tatouage-maori-tribal.html http://www.lefigaro.fr/actualitefrance/2016/03/04/01016-20160304ARTFIG00252-le-tatouage-se-transforme-enculture.php

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EN PLEIN CŒUR DE L’HIVER PAR KIM LEHOUILLIER

Après la lecture de Kamouraska d’Anne Hébert, Gabrielle FilteauChiba s’est acheté une cabane en plein milieu de la forêt, une cabane chauffée au bois dont l’électricité vient de panneaux solaires, sans toilette et sans douche. Un retour aux sources radical. L’auteure raconte ses premiers moments dans cet endroit, « encabané avec sa plume ». Le premier roman de Gabrielle FilteauChiba est un COUP DE COEUR! Encabanée, c’est 100 pages sous forme de carnet de notes. Des dessins, des listes, des angoisses et des peurs traversent ce roman de part en part. Anouk, le personnage principal, décide de tout abandonner de la vie urbaine et s’aventure en plein cœur de la forêt durant les rudes mois de l’hiver. « [...] je ne veux de toute façon compter que sur moi-même pour ma survie. Je ne veux pas de votre argent, ni de vivre l’asservissement du neuf à cinq et ne jamais avoir le temps de danser. Rêver d’un bal comme d’une retraite anticipée ou d’un voyage tout inclus avec un prince de Walt Disney. Pas pour moi. Je veux marcher dans le bois sans jamais penser au temps. » (p.26) Une cabane autosuffisante révèle la difficulté de vivre seul dans notre hiver québécois. Entretenir le feu, couper le bois, tout cela se révèle bien plus difficile qu’elle ne le croyait. La solitude l’emporte sur la vision marginale. Si ce n’était de son auto tombée en panne au début de l’hiver, elle n’aurait pas poursuivi ce périple. Maintes fois, elle a marché vers cette auto, maintes fois,

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elle a été découragée, maintes fois, elle a voulu tout abandonner. Il faudra un homme, de la chair, pour éveiller la coriace en elle. C’est un premier roman au style unique. Le carnet de notes convient parfaitement aux réflexions qu’a Anouk. Il permet d’aller au plus profond d’ellemême, de creuser dans ses peurs et ses angoisses constantes. La poésie vient adoucir le tout et permet de se sentir interpellé, touché par le récit. Elle raconte le tout accompagné d’autres auteurs. Elle cite Kamouraska d’Anne Hébert, Le dôme de Jean Leloup, Félix Leclerc et bien d’autres artistes et auteurs du Québec, des petites touches d’ailleurs qui viennent enrichir la lecture et qui donnent le goût de poursuivre notre aventure dans les bois avec d’autres artistes. Vivre isolé et soumis à la température remet notre mode de vie en perspective. Encabanée est un petit livre engagé qui prend position sur les problèmes environnementaux, un aspect du livre qui arrive tard, mais qui frappe au bon moment. Après avoir mis en contexte, après avoir touché par la difficulté de vivre en forêt, l’auteure amène l’aspect des déversements de pétrole. C’est touchant et frappant. 100 pages, ce n’est pas assez. J’en aurais voulu plus! Beaucoup plus! Je lève mon chapeau à Gabrielle FilteauChiba et lui donne un 100% pour ce magnifique petit roman.


ENCABANÉE, GABRIELLE FILTEAU-CHIBA, ÉDITIONS XYZ, 90 PAGES

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LA MORT BIODÉGRADABLE PAR JEANNE LALONGER-LAURENT

ou animales et aux soins nécessaires, se transformera en arbre. La compagnie Eternal reefs a, quant à elle, développé un système permettant de transformer les cendres en corail artificiel. Ce corail permet ensuite d’aider au développement des écosystèmes marins. Le projet Recompose de Katrina Spade est un autre moyen écologique de se départir des défunts en utilisant un processus de compost sécuritaire et sanitaire permettant de transformer les corps en un matériau riche pour le sol. Ce processus consiste à atteindre un équilibre entre les matières azotées et les matières carbonées, et ce compost est ensuite utilisé dans des fermes et des jardins communautaires pour aider à la production agricole.

La mort est un événement troublant pour le genre humain. Il est conscient de sa propre mortalité et cela semble contribuer à le distinguer des animaux qui, bien qu’ils sentent le danger, ne conçoivent généralement pas leur propre mort. L’homme se demande ce qui lui arrivera après la mort, et de nombreuses réponses ont été formulées selon divers contextes sociaux et historiques. Cette interrogation est tout à fait légitime, puisque personne encore n’est revenu à la vie pour expliquer la réalité humaine post-trépas. L’homme ira au Paradis, l’homme ira aux Enfers, l’homme cessera simplement d’être, l’homme se réincarnera. Les connaissances scientifiques, les croyances religieuses et les préoccupations sociales des différentes époques influencèrent les rites funéraires qui furent pratiqués. Par exemple, en Égypte antique, les morts étaient momifiés afin de rejoindre le dieu Osiris et de pouvoir exister dans l’au-delà. Tandis que les rites funéraires qui sont pratiqués en Occident sont principalement l’inhumation et la crémation, de 12

nouveaux rites funéraires commencent à être popularisés. Ces rites font écho aux préoccupations sociales et aux connaissances scientifiques du 21ème siècle, puisqu’ils cherchent à être plus écologiques que les rites traditionnels. L’inhumation (l’enterrement) est le rite qui est le plus dommageable pour la planète, puisque chaque corps est contenu dans un cercueil qui est parfois fait de bronze, d’acier ou de cuivre. Une quantité phénoménale de métal est enterrée chaque année dans les cimetières. La crémation est moins nocive pour la planète, mais elle ne contribue pas non plus à l’amélioration de l’environnement. Il s’agit en quelque sorte de l’option neutre. Quelles sont les options positives? Quels nouveaux rites funéraires pourraient aider à améliorer la condition environnementale de la planète ? Il y en a plusieurs, mais certains sont particulièrement intéressants. La compagnie Bio Urns a créé des urnes funéraires biodégradables qui contiennent chacune une graine qui, grâce à un mélange de terre, aux cendres humaines

Ce sont tous des procédés qui permettent de se «départir» du corps à la manière de la crémation, c’est-à-dire sans accorder un espace sous-terrain considérable au défunt. Un autre problème que rencontre l’inhumation n’est pas d’ordre environnemental, mais bien physique. Les cimetières deviennent trop chargés; il manque de place pour enterrer les morts. Alors, que ce soit en raison d’une conscience écologique grandissante ou d’un simple manque d’espace sur la planète pour enterrer les morts, il semble que l’humanité sera obligée de se diriger vers des options plus vertes. Source: https://www.echoinggreen.org/fellows/katrinaspade https://fr.wikipedia.org/wiki/ Compostage_%28biologie%29 https://fr.wikipedia.org/wiki/Rite_ funéraire#L’époque_contemporaine http://vignol.free.fr/origines.html http://www.eternalreefs.com https://www.urnsforashes.co.uk/urns/biodegradable-urns/land-burial/bio-urn-tree https://www.ted.com/talks/katrina_spade_ when_i_die_recompose_me#t-326781


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Billy

Poème

Une goutte d’encre chute du haut d’une toile Aucune trace C’est nous

PAR BILLY CHARLAND

CÉLÈBRES TÉNÈBRES

REGARDE-MOI ENCORE

La fabrique de rêve ouvre ses portes sourde émeute

Un brasier d’émeraude s’allume dans un souffle désiré La flamme d’un océan d’azur Se perdre dans ton regard

«Calmez-vous tous pourront se noyer» J’avance On me tend un verre vide Je le bois demain j’irai mieux

MONDE TORTURÉ Crevez mes yeux J’ai souvenir Cassez mes os Je comprendrai Coupez ma langue Peuple libre Brûlez ma peau empathique Torture sois-tu Théâtre de mes songes Si le monde est tel La beauté éteinte N’est-ce pas ce qu’est le nôtre?

FERMONS LES LUMIÈRES Une romance d’un soir Un arc de fin de soirée Souvenir d’une ombre éteinte

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Retrouver son chemin par

hasard

DEVANT TOI P’tit regard vers le sol Pommettes gonflées Rougeur charmante Cache-cache d’un sourire Il n’y a pas de gêne à être gênée TOUT EST DIT Une coupe de vin rouge réchauffe Une chandelle parfumée coule Un air de blues pleure Le silence n’y trouve rien à dire Un pissenlit de feu bourgeonne tes yeux caché dans la fumée d’une cigarette Nos cœurs deux tisons rêveurs Une dernière soirée


HIER, J’AI TUÉ QUELQU’UN. NOUVELLE PAR WILLIAM LECLERC

C’était la première fois que j’essayais. Je comprends ce que tous ceux qui sont passés avant moi ont ressenti lors de l’acte. On en ressort grandi. Changé. Libre. J’ai choisi de commettre mon meurtre chez moi, non pas stratégiquement, mais parce que je n’avais alors nulle part ailleurs où le faire. Je ne l’ai pas pris par surprise cependant : il s’attendait depuis un bon moment à ce que quelque chose (ou, dans ce cas, quelqu’un) cause sa perte, et avec raison. Lorsqu’il est entré dans la maison où j’habitais, je l’ai confronté. Son haleine puait encore, comme à son habitude, mais j’ai été forcé de me reconnaître dans l’inconnu qu’il était. Ses yeux étaient ornés de lourds cernes et son corps entier semblait être sous le poids quotidien des jours mauvais. La peau flasque qui recouvrait ses bras témoignait d’une laideur effrayante, et quiconque l’aurait vu trainer ailleurs qu’ici aurait bien fait d’appeler la police. Mais je n’en ai rien fait. L’homme devant moi, je le connaissais bien. -Quelle heure pour rentrer! Tu sais que tu travailles demain, n’est-ce pas? lui criais-je, hors de moi. -Ce n’est pas de tes affaires, me répondit-il. -Où est Line? lui demandais-je. Je craignais déjà sa réponse. -Elle est partie, pour de bon cette fois. Arrête de m’embêter avec ça! Je ne me rappelle plus de la chronologie exacte des évènements, mais j’ai le souvenir que le saoul ne l’a pas vu venir. Je l’ai attrapé par le cou et mon coup l’a attrapé. Mais je m’imagine

peut-être des choses, car c’est probablement son esprit qui a le plus souffert de cette bagarre à l’intérieur de ma maison. C’est alors que j’ai fait une promesse à sa place, car il n’était clairement pas capable de les tenir. Ses propos et son attitude venaient de le confirmer. Plus jamais il ne toucherait à une bouteille de sa vie, et pour m’en assurer, je l’ai frappé de toutes mes forces en lui disant que c’est à cause de son problème que personne ne s’approchait de lui. Je pense que c’est ce coup-là qui l’a achevé. Il ne restait que moi qui respirait dans la maison. J’ai pris son corps et j’ai jeté ses vêtements déchirés. Il était temps de renouveler sa garde-robe, parce qu’à force de traîner dans les bars, on finit par peu se soucier de son apparence à l’extérieur. J’avais honte de la condition de ma victime. En l’observant, je me suis demandé comment il en était arrivé là. Il me semblait qu’hier encore, il prenait une bière ou deux avec ses amis, de temps en temps, et il vivait heureux. Que s’était-il passé? Mais peu importait désormais, car il était mort. J’ai fouillé dans le réfrigérateur et j’en ai extrait tout ce qui pouvait contenir ne serait-ce qu’une once d’alcool. J’ai rassemblé les bouteilles dans une boite, et je suis sorti dans la cour arrière. Le vent était frais, synonyme d’air nouveau et d’ère nouvelle. Les tulipes me détesteront probablement pendant des années pour avoir enterré un coffre maudit aussi près de leur terre d’humus, mais j’espère qu’elles me pardonneront. J’ai creusé un trou et j’y ai enfoui la boîte. Je me suis dit que j’aurais pu enterrer le corps, lui aussi. Mais à quoi bon? Je n’avais tué que mon passé.

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L’ARCHITECTURE SE DÉCOUVRE EN MARCHANT PAR ARIANE SOUSA-CARON

L’architecture a le don de représenter la mentalité d’une époque et de servir l’homme au quotidien. Elle l’assiste, le soulève et le retient même lorsqu’il croit tomber dans le creux d’une impasse. Mais peut-elle amener, inciter l’homme à évoluer et à se dépasser? Peut-elle, au même titre que l’art visuel, nous pousser à voir plus loin, nous développer dans des propensions inimaginables? D’une beauté frappante, d’une présence vitale et d’un génie indubitable, l’architecture est une illustration de notre civilisation. Elle peint l’humanité en briques et en pierres pour la servir, évidemment, mais aussi pour l’enraciner dans sa propre existence. Elle marque l’espace de notre présence. Voici cinq architectes qui définissent la modernité et la postmodernité. Chapelle Notre-Dame-duHaut à Ronchamp (1950), Le Corbusier

LE CORBUSIER (1887-1965) Lorsque l’on parle de géants de l’architecture, il est inévitable de parler de Le Corbusier. Ce pseudonyme d’artiste nous introduit parfaitement à son univers prolifique et coloré. C’est lui qui définit le modernisme de façon claire selon cinq principes : les pilotis, la fenêtre-bandeau, le plan libre, la façade libre et le toit-terrasse. Principes qu’il appliquera dans ses réalisations. Le Corbusier n’était pas seulement un architecte. Il était un designer, un urbaniste et un peintre également. Il fut un homme de lettres extrêmement cultivé et instruit. Il voyagera d’ailleurs énormément. Ses inspirations et ses intuitions viendront de ses multiples périples.

ALVAR AALTO (1898-1976) ET MIES VAN DER ROHE (1886-1969), AUTRES REPRÉSENTANTS DU MOUVEMENT MODERNE

« Le Corbusier a construit 78 bâtiments dans 12 pays différents et a travaillé sur près de 400 projets architecturaux. La valeur de l’œuvre patrimoniale de Le Corbusier réside dans le fait qu’il s’agit d’un patrimoine vivant, dont les édifices ont conservé leur usage originel privé ou public. Le Corbusier a publié près de 40 livres et a écrit des centaines d’essais, dont certains figurent parmi les textes les plus influents de la pensée culturelle moderne. »

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Église de Sainte Marie en Riola de Vergato (1966-1978)

Farnsworth House (1946-1950)


PIERRE THIBAULT Maintenant, passons à la relève québécoise. Par ses lignes minimalistes et son usage de matériaux contemporains, Pierre Thibault s’agence parfaitement avec ces derniers piliers architecturaux pour assurer la continuation de leur influence dans notre paysage urbain. Avec plusieurs constructions à son actif, il est également professeur d’architecture à l’Université Laval, où il est décrit comme étant un enseignant qui « croit en une démarche de conception qui place en interaction constante l’être humain et le territoire à habiter, qu’il soit naturel ou urbain. Il veut mettre en évidence un dialogue avec l’environnement et ce, au fil du temps. Son cheminement s’est concrétisé à travers des réalisations d’envergure en architecture du paysage et dans les secteurs culturels, institutionnels et privés. »

Maison de Baie St-Paul, Pierre Thibault

ROGER D’ASTOUS (1926-1998) Roger d’Astous a fait en sorte que notre réputation architecturale soit de renommée internationale. Quoique né et mort à Montréal, il fréquenta toutefois les États-Unis régulièrement, où il fit la rencontre de Frank Lloyd Wright, un géant incontestable du milieu. Principalement connu pour ses églises, il ose frapper notre imaginaire de lignes inattendues, flamboyantes et mouvementées, s’il m’est permis de qualifier une ligne de mouvementée. On peut dire que nous sommes loin des lignes de Thibault qui suscitent le calme et l’apaisement. Peut-être que cette caractéristique est due au fait qu’il a étudié et enseigné à l’École des Beaux-Arts de Montréal? Son style est tout de même rattaché au modernisme nordique.

Église Notre-Dame-des-Champs de Repentigny, 1963

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Autres

CITATIONS LITTÉRAIRES 1 « C’est une vérité universellement reconnue qu’un célibataire pourvu d’une belle fortune doit avoir envie de se marier » livre : _________________________________ ,Jane Austen 2 « Ce n’était pas un trou déplaisant, sale et humide, rempli de bouts de vers et d’une atmosphère suintante, non plus qu’un trou sec, nu, sablonneux, sans rien pour s’asseoir ni sur quoi manger » livre : _________________________________ ,J.R.R. Tolkien 3 « Une fois, par un minuit lugubre, tandis que je m’appesantissais, faible et fatigué, sur maint curieux et bizarre volume de savoir oublié » livre : _________________________________ ,Edgar Allan Poe 4 « C’était une journée d’avril froide et claire. Les horloges sonnaient treize heures. » livre : _________________________________ , George Orwell 5 « Quand j’étais plus jeune, ce qui veut dire plus vulnérable, mon père me donna un conseil que je ne cesse de retourner dans mon esprit: «Quand tu auras envie de critiquer quelqu’un, songe que tout le monde n’a pas joui des mêmes avantages que toi. » livre : _________________________________ ,Francis Scott Fitzgerald 6 « Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » livre : _________________________________ ,Antoine de Saint-Exupéry 7 « Ces plaisirs violents ont des fins violentes. Dans leur excés, ils meurent tels la poudre et le feu que leur baiser consumme. » livre : _________________________________ ,William Shakespeare 8 « Quoi que puisse dire Aristote et toute la philosophie, il n’est rien d’égal au tabac: c’est la passion des honnêtes gens, et qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre. » livre : _________________________________ ,Molière 9 « L’enfer c’est les autres » livre : _________________________________ ,Jean-Paul Sartre

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1-Orgueil et Préjugés, 2-Bilbo le Hobbit, 3-Le Corbeau, 4-1984, 5-Gatsby le Magnifique, 6-Le Petit Prince, 7-Roméo et Juliette, 8-Dom Juan, 9-Huis clos

LES PETITES ANNONCES

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