DOSSIER AGENTS GĂNĂRAUX
InquiĂ©tudes au QuĂ©bec concernant APEXA APEXA a bon espoir de voir tous les assureurs et les agents gĂ©nĂ©raux adhĂ©rer Ă sa plateforme au cours de 2020. La pression que crĂ©e ce virage vers plus de conformitĂ© entrainera un Ă©crĂ©mage de la force de vente, croient des agents gĂ©nĂ©raux quĂ©bĂ©cois. TEXTEâ: ALAIN THĂRIAULT
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Cinq assureurs et quatre agents gĂ©nĂ©raux sont Ă lâorigine dâAPEXA (lancĂ©e en aout 2017)â: Canada Vie, Empire Vie, Industrielle Alliance, Manuvie et FinanciĂšre Sun Life du cĂŽtĂ© des assureurs; et FinanciĂšre HUB, Groupe Financier Horizons, IDC Worldsource et PPI du cĂŽtĂ© des agents gĂ©nĂ©raux.
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âadoption dâAPEXA a nĂ©anmoins des effets sur la stratĂ©gie des agents gĂ©nĂ©raux quĂ©bĂ©cois. Câest notamment le cas pour Yan Charbonneau, PDG dâAFL Groupe financier. AFL Groupe financier mise sur les acquisitions pour croitre. Or, M. Charbonneau estime quâun conseiller expĂ©rimentĂ© qui transfĂšrerait ses affaires Ă AFL a moins de potentiel de croissance interne. M. Charbonneau va mĂȘme jusquâĂ refuser des conseillers peu prometteurs en matiĂšre de croissance des ventes, quâils aient ou non un volume important et une longue expĂ©rience. Il dit dâailleurs en avoir refusĂ© plusieurs au cours des derniers mois. «âUn conseiller qui vend trois polices par an avec nous ne nous intĂ©resse pas. Il nous coutera trop cher.â» APEXA nâest pas Ă©trangĂšre Ă cette dĂ©cision, admet le PDG dâAFL. Car APEXA exige quâon passe par sa plateforme pour tout nouveau conseiller, ce qui entraine des couts supplĂ©mentaires pour le mettre sous contrat. Selon le PDG dâAFL, APEXA poussera les agents gĂ©nĂ©raux Ă segmenter leur groupe de conseillers. Ă AFL, ceux qui ont un important volume dâaffaires en vigueur, mais ne dĂ©sirent plus vendre de nouvelles affaires, seront invitĂ©s Ă vendre leur volume, explique Yan Charbonneau. Garder des conseillers inactifs dans ses rangs peut aussi avoir des rĂ©percussions en conformitĂ©, signale M. Charbonneau. Veiller Ă la conformitĂ© coute de plus en plus cher aux agents gĂ©nĂ©raux, dit-il. Un agent gĂ©nĂ©ral doit aussi sâassurer que les politiques de conformitĂ© des conseillers sont Ă jour. «âPour certains qui travaillent Ă temps partiel, elles ne sont souvent pas Ă jour⊠quand il y en a. Pour Ă©viter les problĂšmes, nous refuserons de nous associer Ă eux.â» Les couts prĂ©occupentâ: une facture dans les six chiffres Les agents gĂ©nĂ©raux reconnaissent quâun systĂšme comme APEXA sâimpose dans un environnement oĂč la conformitĂ© prend de plus en plus de place, mais pas Ă nâimporte quel prix. Vice-prĂ©sident directeur gĂ©nĂ©ral de Groupe Cloutier, Michel Kirouac croit quâAPEXA est la voie de lâavenir, parce que la plateforme permet dâuniformiser la mise sous contrat des conseillers. APEXA a toutefois ses forces et ses faiblesses, dit celui qui figure parmi les six agents gĂ©nĂ©raux Ă siĂ©ger Ă son comitĂ© de gouvernance.
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58 JOURNAL DE LâASSURANCE AVRIL 2020
Il souhaite des Ă©claircissements sur la tarification. «âLa tarification nâest pas idĂ©ale. Ă 2 000 conseillers, multipliĂ© par des frais annuels de 75 $ plus taxes, il nous en coutera 150 000 $ par an. Si je compte tous les conseillers qui ont au moins un contrat dâassurance avec nous (3 000), ça fait une facture de 225 000 $. Nous nâavons pas lâintention dâabsorber seuls cette factureâ», sâinsurge M. Kirouac. APEXA est aussi un enjeu pour MICA Services financiers. «âLe systĂšme est extrĂȘmement onĂ©reux et inefficace, Ă lâheure actuelle, lance Gino Savard, PDG de MICA. Ce ne sont pas tous les assureurs qui y ont adhĂ©rĂ©, ce qui nous oblige Ă travailler en double dans ces cas-lĂ . En plus, les ressources dâAPEXA ne sont pas trĂšs bilingues.â» MICA sâest sentie forcĂ©e dây adhĂ©rer, affirme M. Savard. «âCâest maintenant la seule façon de coder de nouveaux reprĂ©sentants. Ăa ne veut pas dire que nous sommes dâaccord.â» Les choses Ă©voluent rapidement Membre dâun sous-comitĂ© créé par APEXA pour traiter de ces questions, Martin Savard, associĂ© et vice-prĂ©sident directeur de MICA, souligne que dix assureurs avec qui MICA traite actuellement passent par APEXA. Il se demande ce quâil en sera lorsque les 19 fournisseurs de MICA le feront. «âPour lâinstant, Manuvie, Canada Vie et iA Groupe financier exigent que toutes les nouvelles affaires et tous les nouveaux conseillers passent par APEXA. Je nâai toutefois pas entendu quâun nouveau reprĂ©sentant ait Ă©tĂ© refusĂ© par un assureur parce quâil nâĂ©tait pas sur APEXA. Nous avons lu une lettre dâEmpire Vie selon laquelle lâexigence serait en place le 1er avrilâ», prĂ©cise Martin Savard. Oui, APEXA coute cher, poursuit-il. Il sâagit dâun cout annuel rĂ©current de plus de 15 000 $ pour MICA, sans compter les tĂąches additionnelles entrainĂ©es le processus. Un questionnaire sâimpose lorsquâun agent gĂ©nĂ©ral veut coder un nouveau reprĂ©sentant. «âIl y a aussi le permis et la preuve de possession dâune assurance responsabilitĂ© erreur et omissionâ», dit M. Savard. Tous ne fonctionnent pas de la mĂȘme façon, ajoute lâassociĂ© et vice-prĂ©sident directeur de MICA. «âNeuf assureurs demandent que nous entrions nous-mĂȘmes lâinformation des conseillers. Dans lâautre cas, câest le conseiller qui doit les entrer. Jâaurais prĂ©fĂ©rĂ© que ce soit nous tout le temps. Le conseiller qui doit entrer lui-mĂȘme ses donnĂ©es a de bonnes chances dâavoir besoin de notre aide. Lâimplantation coutera plus cher la premiĂšre annĂ©e, car il y aura surchauffe de notre service Ă la clientĂšleâ», dit M. Savard.