DOSSIER ASSURANCE COLLECTIVE ET SANTĂ MENTALE
L'accomplissementâ: la clĂ© pour prĂ©server sa santĂ© mentale lors de changements Selon Rose-Marie Charest, tout le monde veut se sentir utile. Quand on reconnait la contribution dâune personne, on la rend heureuse et elle est moins souvent malade. TEXTEâ: ALAIN CASTONGUAY | PHOTOâ: RĂJEAN MELOCHE
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ose-Marie Charest a prononcĂ© lâallocution dâouverture au CongrĂšs de lâassurance de personnes. La rĂ©putĂ©e psychologue a livrĂ© un discours sur la maniĂšre dâaccueillir les changements technologiques au travail et dây trouver son bonheur. Son message clĂ©â? Le bonheur au travail passe par le sentiment dâaccomplissement qui accompagne la rĂ©alisation dâun projet commun. Mme Charest fait un parallĂšle avec son dĂ©but de carriĂšre comme psychologue, il y a 40 ans. Ă lâĂ©poque, la notion dâĂ©puisement professionnel nâĂ©tait mĂȘme pas enseignĂ©e sur les bancs dâĂ©cole. «âQuand on entre dans une profession, il y a les connaissances quâon a, avec la motivation quâon a; il y a ce quâon en fait au fur et Ă mesure. Câest la mĂȘme chose pour vous et ce que vous allez faire de la technologie.â» En psychologie, on estime que le changement provoque en gĂ©nĂ©ral deux sentiments chez lâĂȘtre humainâ: il est excitĂ© ou il a peur. La rĂ©sistance au changement est assez rĂ©pandue. Les gens qui rĂ©sistent ont surtout «âpeur de ne pas ĂȘtre compĂ©tentsâ», dit-elle. Ainsi, les entreprises qui veulent apporter des changements y arriveront plus facilement si elles forment et informent leurs employĂ©s pour quâils y trouvent leur intĂ©rĂȘt. Ils sentiront alors que leur apport est reconnu. Son conseil aux professionnels des assurancesâ? Conserver ce qui fait leur force, câest-Ă -dire maintenir la relation
Rose-Marie Charest 34 JOURNAL DE LâASSURANCE AVRIL 2020
humaine quâils ont avec leurs clients. «âVous avez le pouvoir dâintervenir auprĂšs des gens. MĂȘme un simple appel tĂ©lĂ©phonique a un sens. On ressent les Ă©motions de lâautre en entendant sa voix. Beaucoup plus que lorsquâon lit un messageâ! Sâadapter au changement, ce nâest pas ĂȘtre passif. Câest ĂȘtre actifâ!â» Sâadapter La capacitĂ© dâadaptation est un signe dâintelligence, poursuit-elle. Le processus se passe en deux Ă©tapesâ: lâassimilation, puis lâaccommodation. «âOn ne peut pas juste rĂ©sister et refuser dâembarquer. On peut dĂ©barquer dâun bateau, mais on ne peut pas dĂ©barquer du monde de lâunivers dans lequel on estâ», dit-elle, en ajoutant que chacun doit trouver sa maniĂšre dâadhĂ©rer au changement. Le dĂ©sir et la peur sont les deux choses qui motivent lâĂȘtre humain. «âVous dĂ©sirez quelque chose, vous avancez. Vous avez peur, vous arrĂȘtez ou vous reculez. Câest tellement simple quâon devrait tous prendre le temps de savoir oĂč sont nos dĂ©sirs et oĂč sont nos peurs. Dites-vous une choseâ: nos peurs nous affectent davantage que nos dĂ©sirs. Il ne faut jamais oublier ça.â» Rose-Marie Charest ajoute que tous les ĂȘtres humains ont besoin de se rĂ©aliser et de se sentir efficaces. Les employĂ©s en congĂ© de maladie ne sont pas ceux qui ont trop travaillĂ©, dit-elle. Ce sont plutĂŽt ceux qui nâont pas rĂ©ussi Ă rĂ©aliser quelque chose Ă lâintĂ©rieur de leur travail qui en sont victimes.«âOn a besoin de çaâ: sentir quâon est utile au monde. On a besoin de rĂ©aliser plus grand que soi. Le travail le permet.â» Avoir du pouvoir sans en abuser Avoir du pouvoir nâest pas automatiquement synonyme dâabus, dit aussi Rose-Marie Charest. «âUne fois que jâai plus de pouvoir, câest toujours moi qui mĂšne et qui dĂ©cide comment je