Journal de l'assurance — Édition d'avril 2020

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DOSSIER CAMIONNAGE

Former adĂ©quatement les conducteurs : la recommandation des assureurs Au Bureau d’assurance du Canada, le durcissement du marchĂ© de l’assurance du transport routier n’est pas passĂ© inaperçu. DĂšs 2018, l’organisme a rĂ©uni les intervenants de l’industrie du transport avec des courtiers spĂ©cialisĂ©s et des assureurs pour faire le portrait de la situation et Ă©changer sur les prĂ©occupations de chacun. TEXTE : ALAIN CASTONGUAY

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RECOMMANDATIONS DU BAC POUR LE CAMIONNAGE

Prévoir une formation initiale et obligatoire des conducteurs

Mettre en place un processus de formation continue obligatoire

Trouver le moyen de reconnaitre les bons comportements des conducteurs

Réduire la distraction au volant

S

elon les donnĂ©es compilĂ©es par le Groupement des assureurs automobiles (GAA), dont le mandat est chapeautĂ© par le Bureau d’assurance du Canada (BAC), pour chaque dollar de prime reçu par l’entremise des transporteurs, les assureurs ont dĂ©boursĂ© de 1,30 $ Ă  2,70 $ en cout des sinistres au cours des derniĂšres annĂ©es. « Les augmentations Ă©taient inĂ©vitables. C’est ce qui est arrivĂ© dĂšs le dĂ©but de 2018 », prĂ©cise Anne Morin, responsable des affaires publiques au BAC. En 2018, pour l’ensemble du marchĂ© de l’assurance automobile au QuĂ©bec, tous types de contrats confondus, le ratio sinistres/primes a Ă©tĂ© de 74 %. Si on y ajoute des frais d’administration d’environ 30 %, les assureurs auraient dĂ©pensĂ© environ 1,04 $ en rĂ©clamations pour chaque dollar de prime perçu en 2018, indique Mme Morin. Ce qui explique pourquoi les primes ont augmentĂ© encore en 2019 et continueront de grimper, tant que la rentabilitĂ© ne sera pas rĂ©tablie. Les problĂšmes constatĂ©s Deux rencontres ont eu lieu entre des reprĂ©sentants du BAC, de l’Association du camionnage du QuĂ©bec (ACQ) et de l’Association des routiers professionnels du QuĂ©bec. Les premiers constats de ces Ă©changes tripartites ont permis de relever plusieurs problĂšmes : conditions de travail, Ă©tat des routes et des infrastructures, congestion liĂ©e aux travaux de rĂ©fection, concurrence trĂšs vive entre les transporteurs, hausse du cout des sinistres liĂ©s Ă  plusieurs facteurs dont les dommages Ă  l’environnement, comportement et distraction au volant, etc. La majeure partie des problĂšmes ciblĂ©s dĂ©coulent de la raretĂ© de la main-d’Ɠuvre dans le camionnage. Comme les conducteurs se font rares, des employeurs rĂ©duiraient leurs exigences Ă  l’embauche. « Auparavant, on pouvait avoir une certaine tolĂ©rance, par exemple envers l’absence d’un programme de prĂ©vention ou de mesures de perfectionnement des chauffeurs. DĂ©sormais, cette absence est considĂ©rĂ©e comme Ă©tant plus Ă  risque et elle n’est plus tolĂ©rĂ©e, vu l’état de l’ensemble du marché », indique Pierre Babinsky, directeur des communications du BAC.

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Garantir l’accĂšs Lorsque des transporteurs peinent Ă  assurer leurs activitĂ©s et essuient des refus des assureurs, le GAA est mandatĂ© par la Loi sur l’assurance automobile afin de garantir l’accĂšs Ă  l’assurance obligatoire prescrite par la loi, soit la l’assurance de la responsabilitĂ© civile. Chaque titulaire de permis de conduire, toutes classes confondues, doit dĂ©tenir une telle assurance contre les dommages causĂ©s Ă  autrui. Au QuĂ©bec, les dommages corporels sont couverts par le rĂ©gime d’indemnisation de la SociĂ©tĂ© d’assurance automobile du QuĂ©bec (SAAQ). Le montant minimal de la garantie varie selon l’usage du vĂ©hicule. Pour le transporteur dont les activitĂ©s se limitent au QuĂ©bec, le minimum en responsabilitĂ© civile est d’un million de dollars. Pour les vĂ©hicules qui transportent des matiĂšres dangereuses, comme du carburant ou des produits chimiques, le minimum est de deux millions de dollars. Avant d’intervenir, le GAA exige que l’assurĂ© ait fait les dĂ©marches nĂ©cessaires pour obtenir de l’assurance auprĂšs de plusieurs fournisseurs. « Le fait que l’assureur prĂ©cĂ©dent ait dĂ©cidĂ© de ne pas renouveler la police ne veut pas dire que le client n’y a plus accĂšs et qu’il n’existe plus de marchĂ© pour lui. Il doit prouver qu’il a fait l’effort d’obtenir des soumissions de la part d’un ou de plusieurs courtiers », indique Anne Morin. Hausse des plaintes Il y a eu une hausse des plaintes faites au BAC au QuĂ©bec en 2019 en lien avec la couverture du risque automobile. Le GAA est effectivement intervenu dans 550 dossiers en 2019, en assurance des particuliers et des entreprises, comparativement Ă  314 dossiers l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Chez les transporteurs, ce sont 219 dossiers dans lesquels le GAA a eu Ă  intervenir en 2019. Le GAA n’intervient pas sur la prime dĂ©terminĂ©e par l’assureur; son pouvoir est seulement de garantir l’accĂšs Ă  la couverture minimale.


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