DOSSIER CAMIONNAGE
Former adĂ©quatement les conducteursâ: la recommandation des assureurs Au Bureau dâassurance du Canada, le durcissement du marchĂ© de lâassurance du transport routier nâest pas passĂ© inaperçu. DĂšs 2018, lâorganisme a rĂ©uni les intervenants de lâindustrie du transport avec des courtiers spĂ©cialisĂ©s et des assureurs pour faire le portrait de la situation et Ă©changer sur les prĂ©occupations de chacun. TEXTEâ: ALAIN CASTONGUAY
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RECOMMANDATIONS DU BAC POUR LE CAMIONNAGE
Prévoir une formation initiale et obligatoire des conducteurs
Mettre en place un processus de formation continue obligatoire
Trouver le moyen de reconnaitre les bons comportements des conducteurs
Réduire la distraction au volant
S
elon les donnĂ©es compilĂ©es par le Groupement des assureurs automobiles (GAA), dont le mandat est chapeautĂ© par le Bureau dâassurance du Canada (BAC), pour chaque dollar de prime reçu par lâentremise des transporteurs, les assureurs ont dĂ©boursĂ© de 1,30â$ Ă 2,70â$ en cout des sinistres au cours des derniĂšres annĂ©es. «âLes augmentations Ă©taient inĂ©vitables. Câest ce qui est arrivĂ© dĂšs le dĂ©but de 2018â», prĂ©cise Anne Morin, responsable des affaires publiques au BAC. En 2018, pour lâensemble du marchĂ© de lâassurance automobile au QuĂ©bec, tous types de contrats confondus, le ratio sinistres/primes a Ă©tĂ© de 74â%. Si on y ajoute des frais dâadministration dâenviron 30â%, les assureurs auraient dĂ©pensĂ© environ 1,04â$ en rĂ©clamations pour chaque dollar de prime perçu en 2018, indique Mme Morin. Ce qui explique pourquoi les primes ont augmentĂ© encore en 2019 et continueront de grimper, tant que la rentabilitĂ© ne sera pas rĂ©tablie. Les problĂšmes constatĂ©s Deux rencontres ont eu lieu entre des reprĂ©sentants du BAC, de lâAssociation du camionnage du QuĂ©bec (ACQ) et de lâAssociation des routiers professionnels du QuĂ©bec. Les premiers constats de ces Ă©changes tripartites ont permis de relever plusieurs problĂšmesâ: conditions de travail, Ă©tat des routes et des infrastructures, congestion liĂ©e aux travaux de rĂ©fection, concurrence trĂšs vive entre les transporteurs, hausse du cout des sinistres liĂ©s Ă plusieurs facteurs dont les dommages Ă lâenvironnement, comportement et distraction au volant, etc. La majeure partie des problĂšmes ciblĂ©s dĂ©coulent de la raretĂ© de la main-dâĆuvre dans le camionnage. Comme les conducteurs se font rares, des employeurs rĂ©duiraient leurs exigences Ă lâembauche. «âAuparavant, on pouvait avoir une certaine tolĂ©rance, par exemple envers lâabsence dâun programme de prĂ©vention ou de mesures de perfectionnement des chauffeurs. DĂ©sormais, cette absence est considĂ©rĂ©e comme Ă©tant plus Ă risque et elle nâest plus tolĂ©rĂ©e, vu lâĂ©tat de lâensemble du marchĂ©â», indique Pierre Babinsky, directeur des communications du BAC.
24 JOURNAL DE LâASSURANCE AVRIL 2020
Garantir lâaccĂšs Lorsque des transporteurs peinent Ă assurer leurs activitĂ©s et essuient des refus des assureurs, le GAA est mandatĂ© par la Loi sur lâassurance automobile afin de garantir lâaccĂšs Ă lâassurance obligatoire prescrite par la loi, soit la lâassurance de la responsabilitĂ© civile. Chaque titulaire de permis de conduire, toutes classes confondues, doit dĂ©tenir une telle assurance contre les dommages causĂ©s Ă autrui. Au QuĂ©bec, les dommages corporels sont couverts par le rĂ©gime dâindemnisation de la SociĂ©tĂ© dâassurance automobile du QuĂ©bec (SAAQ). Le montant minimal de la garantie varie selon lâusage du vĂ©hicule. Pour le transporteur dont les activitĂ©s se limitent au QuĂ©bec, le minimum en responsabilitĂ© civile est dâun million de dollars. Pour les vĂ©hicules qui transportent des matiĂšres dangereuses, comme du carburant ou des produits chimiques, le minimum est de deux millions de dollars. Avant dâintervenir, le GAA exige que lâassurĂ© ait fait les dĂ©marches nĂ©cessaires pour obtenir de lâassurance auprĂšs de plusieurs fournisseurs. «âLe fait que lâassureur prĂ©cĂ©dent ait dĂ©cidĂ© de ne pas renouveler la police ne veut pas dire que le client nây a plus accĂšs et quâil nâexiste plus de marchĂ© pour lui. Il doit prouver quâil a fait lâeffort dâobtenir des soumissions de la part dâun ou de plusieurs courtiersâ», indique Anne Morin. Hausse des plaintes Il y a eu une hausse des plaintes faites au BAC au QuĂ©bec en 2019 en lien avec la couverture du risque automobile. Le GAA est effectivement intervenu dans 550 dossiers en 2019, en assurance des particuliers et des entreprises, comparativement Ă 314 dossiers lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente. Chez les transporteurs, ce sont 219 dossiers dans lesquels le GAA a eu Ă intervenir en 2019. Le GAA nâintervient pas sur la prime dĂ©terminĂ©e par lâassureur; son pouvoir est seulement de garantir lâaccĂšs Ă la couverture minimale.