Journal de l'assurance — Édition d'avril 2020

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DOSSIER CAMIONNAGE

Les solutions proposĂ©es par les courtiers Les hausses de primes ont forcĂ© les gestionnaires de parcs et les petits transporteurs Ă  revoir leurs pratiques d’affaires. Pour les entreprises de plus grande taille, la technologie offre dĂ©sormais des moyens de mieux suivre le comportement des conducteurs et des autres utilisateurs du rĂ©seau routier. Les courtiers peuvent aider leurs clients en matiĂšre de prĂ©vention du risque. TEXTE : ALAIN CASTONGUAY

S

elon le voiturier-remorqueur Bruce Cashman, la circulation sur l’autoroute 401 qui relie Cornwall Ă  Toronto est menacĂ©e par des conditions changeantes. « C’est une route considĂ©rĂ©e comme dangereuse parce qu’elle longe les Grands Lacs. On a souvent affaire Ă  des changements de climat inattendus et trĂšs rapides. Il peut y avoir de la pluie, puis de la neige; ça peut devenir trĂšs glissant dans le temps de le dire. C’est l’un des corridors routiers les plus achalandĂ©s en AmĂ©rique du Nord », dit-il. Les transporteurs doivent eux-mĂȘmes adopter des mesures de prĂ©vention lorsque les conditions routiĂšres se dĂ©tĂ©riorent. Selon Kathleen Ann Rake, courtiĂšre spĂ©cialisĂ©e en transport Ă  Univesta Rake, les changements climatiques sont un Ă©lĂ©ment Ă  prendre en compte en prĂ©vention du risque. « Quand on a du verglas, les terminaux de transport devraient ĂȘtre fermĂ©s. Les clients doivent comprendre – pas les transporteurs, mais les gens pour lesquels ils livrent la marchandise – qu’on ne peut pas mettre Ă  risque la vie des camionneurs pour faire une livraison », dit-elle. Mme Rake confirme les problĂšmes liĂ©s au remorquage sur la A-401. « Il n’y a pas de rĂšglementation entourant le remorquage en Ontario, comme nous en avons une au QuĂ©bec. J’ai vu des remorqueurs prendre en charge un camion sur deux kilomĂštres et nous envoyer une facture de 25 000 $. Une fois que le remorqueur a en main le camion de notre assurĂ©, si on ne le paie pas, le camion reste là », dit-elle. Pierre Gagnon, courtier Ă  Burrowes, raconte une anecdote similaire concernant le remorquage d’un camion sur l’autoroute 401. « Le remorqueur n’a mĂȘme pas eu Ă  s’occuper de la remorque, parce qu’on avait un autre camion dans le secteur qui a pu reprendre le voyage. On s’en est occupĂ© nous-mĂȘmes. MalgrĂ© ça, nous avons reçu une facture de 23 500 $ pour le remorquage du camion, pour une distance parcourue de 5,5 km sur l’autoroute 401. Finalement, aprĂšs l’avoir menacĂ© d’appeler la police, on a Ă©tĂ© capable de nĂ©gocier en bas de 10 000 $. C’est extrĂȘmement dispendieux, tout ce qu’il se passe sur la 401. C’est un Ă©norme problĂšme », dit-il.

KATHLEEN ANN RAKE

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Sensibilisation des conducteurs et bonnes pratiques Mme Rake ajoute que les assurĂ©s doivent continuer de mettre l’accent sur la prĂ©vention et la sĂ©curitĂ©. « Les transporteurs au QuĂ©bec font bien les choses. Ça a beaucoup changĂ© au cours des 20 derniĂšres annĂ©es. Ils sont plus consciencieux. Ils mettent beaucoup d’efforts Ă  ĂȘtre plus sĂ©curitaires et dans la formation des chauffeurs. Il ne faut jamais arrĂȘter », dit-elle. Son travail de courtiĂšre n’a pas toujours Ă©tĂ© facile au cours des deux derniĂšres annĂ©es, surtout lorsqu’elle a dĂ» annoncer de fortes hausses des primes Ă  ses clients. Des transporteurs ont dĂ» amĂ©liorer grandement leurs pratiques internes, notamment en ce qui a trait Ă  la prĂ©vention et Ă  la sĂ©curitĂ©. De plus en plus de transporteurs installent des camĂ©ras, communĂ©ment appelĂ©es dash cams. « Les gens ont Ă©tĂ© Ă©branlĂ©s, affirme Mme Rake. Mais ça les a aidĂ©s Ă  devenir de meilleurs transporteurs. » Pierre Gagnon souligne que les dispositifs Ă©lectroniques installĂ©s dans les camions permettent de mieux analyser le comportement individuel des conducteurs. Le systĂšme peut fournir de l’information sur les virages brusques, les freinages tardifs, etc. De grandes flottes peuvent ainsi recourir aux services d’un prĂ©ventionniste qui, muni de ces donnĂ©es, peut conscientiser les conducteurs. « On a moins de rĂ©clamations. La sĂ©curitĂ© est meilleure. C’est plus facile de faire un renouvellement, aujourd’hui. Dans les quatre ou cinq derniers dossiers que nous avons renouvelĂ©s, avec une prime de base de 500 000 $ et plus, les hausses ont Ă©tĂ© de l’ordre de 3,5 % Ă  7,5 %. Nous avons mĂȘme un client dont la prime est demeurĂ©e identique Ă  celle de l’an dernier », relate-t-il. Augmenter les franchises Pour limiter les hausses de primes, des flottes doivent accepter de couvrir elles-mĂȘmes une partie plus importante du risque en augmentant les franchises. Des transporteurs sont en mesure d’assumer eux-mĂȘmes une partie du cout des rĂ©parations lorsqu’ils exploitent leur propre atelier d’entretien. « À l’époque, pour un voiturier-remorqueur, communĂ©ment appelĂ© broker, on voyait des franchises Ă  2 500 $. Elles sont maintenant Ă  7 500 $. Pour une flotte, on avait des franchises Ă  10 000 $ ou Ă  15 000 $. Il est maintenant frĂ©quent d’avoir des franchises Ă  25 000 $ ou Ă  50 000 $ », affirme Matthieu PrĂ©fontaine, prĂ©sident de M2 Assurance. Hub International offre Ă  ses clients les services d’un consultant en gestion des risques spĂ©cialisĂ© en transport, souligne Maxime Brien. Il peut conseiller les flottes en matiĂšre de prĂ©vention. « Le transporteur


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