DOSSIER CAMIONNAGE
Les solutions proposĂ©es par les courtiers Les hausses de primes ont forcĂ© les gestionnaires de parcs et les petits transporteurs Ă revoir leurs pratiques dâaffaires. Pour les entreprises de plus grande taille, la technologie offre dĂ©sormais des moyens de mieux suivre le comportement des conducteurs et des autres utilisateurs du rĂ©seau routier. Les courtiers peuvent aider leurs clients en matiĂšre de prĂ©vention du risque. TEXTEâ: ALAIN CASTONGUAY
S
elon le voiturier-remorqueur Bruce Cashman, la circulation sur lâautoroute 401 qui relie Cornwall Ă Toronto est menacĂ©e par des conditions changeantes. «âCâest une route considĂ©rĂ©e comme dangereuse parce quâelle longe les Grands Lacs. On a souvent affaire Ă des changements de climat inattendus et trĂšs rapides. Il peut y avoir de la pluie, puis de la neige; ça peut devenir trĂšs glissant dans le temps de le dire. Câest lâun des corridors routiers les plus achalandĂ©s en AmĂ©rique du Nordâ», dit-il. Les transporteurs doivent eux-mĂȘmes adopter des mesures de prĂ©vention lorsque les conditions routiĂšres se dĂ©tĂ©riorent. Selon Kathleen Ann Rake, courtiĂšre spĂ©cialisĂ©e en transport Ă Univesta Rake, les changements climatiques sont un Ă©lĂ©ment Ă prendre en compte en prĂ©vention du risque. «âQuand on a du verglas, les terminaux de transport devraient ĂȘtre fermĂ©s. Les clients doivent comprendre â pas les transporteurs, mais les gens pour lesquels ils livrent la marchandise â quâon ne peut pas mettre Ă risque la vie des camionneurs pour faire une livraisonâ», dit-elle. Mme Rake confirme les problĂšmes liĂ©s au remorquage sur la A-401. «âIl nây a pas de rĂšglementation entourant le remorquage en Ontario, comme nous en avons une au QuĂ©bec. Jâai vu des remorqueurs prendre en charge un camion sur deux kilomĂštres et nous envoyer une facture de 25 000â$. Une fois que le remorqueur a en main le camion de notre assurĂ©, si on ne le paie pas, le camion reste lĂ â», dit-elle. Pierre Gagnon, courtier Ă Burrowes, raconte une anecdote similaire concernant le remorquage dâun camion sur lâautoroute 401. «âLe remorqueur nâa mĂȘme pas eu Ă sâoccuper de la remorque, parce quâon avait un autre camion dans le secteur qui a pu reprendre le voyage. On sâen est occupĂ© nous-mĂȘmes. MalgrĂ© ça, nous avons reçu une facture de 23 500â$ pour le remorquage du camion, pour une distance parcourue de 5,5 km sur lâautoroute 401. Finalement, aprĂšs lâavoir menacĂ© dâappeler la police, on a Ă©tĂ© capable de nĂ©gocier en bas de 10 000â$. Câest extrĂȘmement dispendieux, tout ce quâil se passe sur la 401. Câest un Ă©norme problĂšmeâ», dit-il.
KATHLEEN ANN RAKE
20 JOURNAL DE LâASSURANCE AVRIL 2020
Sensibilisation des conducteurs et bonnes pratiques Mme Rake ajoute que les assurĂ©s doivent continuer de mettre lâaccent sur la prĂ©vention et la sĂ©curitĂ©. «âLes transporteurs au QuĂ©bec font bien les choses. Ăa a beaucoup changĂ© au cours des 20 derniĂšres annĂ©es. Ils sont plus consciencieux. Ils mettent beaucoup dâefforts Ă ĂȘtre plus sĂ©curitaires et dans la formation des chauffeurs. Il ne faut jamais arrĂȘterâ», dit-elle. Son travail de courtiĂšre nâa pas toujours Ă©tĂ© facile au cours des deux derniĂšres annĂ©es, surtout lorsquâelle a dĂ» annoncer de fortes hausses des primes Ă ses clients. Des transporteurs ont dĂ» amĂ©liorer grandement leurs pratiques internes, notamment en ce qui a trait Ă la prĂ©vention et Ă la sĂ©curitĂ©. De plus en plus de transporteurs installent des camĂ©ras, communĂ©ment appelĂ©es dash cams. «âLes gens ont Ă©tĂ© Ă©branlĂ©s, affirme Mme Rake. Mais ça les a aidĂ©s Ă devenir de meilleurs transporteurs.â» Pierre Gagnon souligne que les dispositifs Ă©lectroniques installĂ©s dans les camions permettent de mieux analyser le comportement individuel des conducteurs. Le systĂšme peut fournir de lâinformation sur les virages brusques, les freinages tardifs, etc. De grandes flottes peuvent ainsi recourir aux services dâun prĂ©ventionniste qui, muni de ces donnĂ©es, peut conscientiser les conducteurs. «âOn a moins de rĂ©clamations. La sĂ©curitĂ© est meilleure. Câest plus facile de faire un renouvellement, aujourdâhui. Dans les quatre ou cinq derniers dossiers que nous avons renouvelĂ©s, avec une prime de base de 500 000â$ et plus, les hausses ont Ă©tĂ© de lâordre de 3,5â% Ă 7,5â%. Nous avons mĂȘme un client dont la prime est demeurĂ©e identique Ă celle de lâan dernierâ», relate-t-il. Augmenter les franchises Pour limiter les hausses de primes, des flottes doivent accepter de couvrir elles-mĂȘmes une partie plus importante du risque en augmentant les franchises. Des transporteurs sont en mesure dâassumer eux-mĂȘmes une partie du cout des rĂ©parations lorsquâils exploitent leur propre atelier dâentretien. «âĂ lâĂ©poque, pour un voiturier-remorqueur, communĂ©ment appelĂ© broker, on voyait des franchises Ă 2 500â$. Elles sont maintenant Ă 7 500â$. Pour une flotte, on avait des franchises Ă 10 000â$ ou Ă 15 000â$. Il est maintenant frĂ©quent dâavoir des franchises Ă 25 000â$ ou Ă 50 000â$â», affirme Matthieu PrĂ©fontaine, prĂ©sident de M2 Assurance. Hub International offre Ă ses clients les services dâun consultant en gestion des risques spĂ©cialisĂ© en transport, souligne Maxime Brien. Il peut conseiller les flottes en matiĂšre de prĂ©vention. «âLe transporteur