projet indus

Page 24

remplacé la pierre par de la brique, moins onéreuse), ce palais est l'une des plus impressionnantes constructions mauresques d'Europe et l'exemple le plus raffiné qui nous soit parvenu de l'art et de l'architecture nasride. Ses pièces et ses patios aux proportions parfaites mêlent harmonieusement espace, lumière, eau et verdure. Les mosaïques, les voûtes en muqarnas (alvéoles) et les boiseries ont survécu, mais ce sont surtout les stucs subtilement ouvragés qui émerveillent. L'inscription arabe "Wa la ghaliba illa Allahî" ("Il n'y a d'autre vainqueur que Dieu") couvre presque toutes les parois en variant les styles calligraphiques, qui transforment les louanges divines en motifs géométriques. Toutefois, rares sont les traces confirmant les fonctions des palais, construits en deux phases principales ; l'une des seules certitudes est que les niches ménagées dans les murs servaient sans doute à poser des cruches à eau. L'entrée se fait par le Mexuar du XIVème siècle, qui était peut-être une antichambre pour les personnes sollicitant une audience. Deux siècles plus tard, il fut transformé en chapelle. Vous accédez ensuite au Patio del Cuarto Dorado, qui aurait été une avant-cour du palais principal. Les portes symétriques sur la droite, encadrées de carreaux vernissés et de stuc, dissimulent un piège : la porte de droite conduit à l'extérieur tandis que celle de gauche ouvre sur un couloir en angle (une astuce pour préserver l'intimité des chambres) menant au Patio de Comares, centre d'un palais construit au milieu du XIVème siècle pour servir de résidence à l'émir Yousouf Ier. Les pièces donnent sur un bassin rectangulaire bordé de myrte. On peut y distinguer des traces de peinture bleu cobalt sur les voûtes en muqarnas, dans les niches latérales du côté nord. À l'origine, tous les murs étaient polychromes ; sur le stuc des murs de la Sala de la Barca, juste à côté, l'effet devait être étonnant. Les visiteurs de Yousouf Ier passaient dans cette annexe avant de le rejoindre au Salon de Comares, dont la merveilleuse coupole en marqueterie se compose de plus de 8 000 morceaux de cèdre dessinant des étoiles, représentation des sept paradis de l'islam. À côté, le Patio de los Leones (cour des lions) fut construit durant la seconde moitié du XIVème siècle, sous Mohammed V, lors de l'apogée politique et artistique de l'émirat. La fontaine au centre, avec ses 12 lions de marbre de la bouche desquels jaillit l'eau, date du XIe siècle. Utilisant les propriétés du nombre d'or, l'architecture de la cour montre la complexité de la géométrie arabe - les 124 colonnes sont placées de telle manière qu'elles sont symétriques selon plusieurs axes. En faisant le tour du patio dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, vous verrez d'abord la Sala de los Abencerrajes qui fut le théâtre de l'assassinat des membres de la famille Abencérages qui soutint le jeune Boabdil lors d'une lutte de pouvoir au sein du palais, et dont le chef aurait osé courtiser Zoraya, la favorite d'Abu al-Hassan. Les taches couleur rouille maculant le sol seraient les traces indélébiles du sang des victimes. La haute coupole à huit branches est entièrement sculptée de muqarnas. Dans la Sala de los Reyes (salle des rois), à l'extrémité est du patio, le plafond aux caissons tapissés de cuir est orné de peintures, représentant les dix émirs nasrides, attribuées à des artistes chrétiens du XIVème siècle, probablement originaires de Gênes. Du côté nord du patio, des portes dissimulaient jadis l'entrée de la Sala de las Dos Hermanas (salle des deux sœurs) - les trous de chaque côté étaient sans doute leurs points d'ancrage. Les murs sont ornés de motifs représentant la flore locale, et la bande calligraphiée au niveau du regard est un poème glorifiant Mohammed V pour sa victoire à Algésiras en 1369. La magnifique coupole à muqarnas compte quelque 5 000 alvéoles. Les jalousies sculptées à l'étage supérieur permettaient aux femmes de voir dans la salle sans être vues. Tout au bout, le Mirador de Lindaraja était un endroit ravissant pour admirer le jardin. Il reste des traces de peinture sur LA CULTURE

Projet Option MPI


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.